La France et le Maroc sont en mission de réconciliation après près de 18 mois de tension diplomatique sourde, ponctués de silences, de reproches à peines déguisés et de récriminations non dites. En début de semaine, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a effectué une visite de travail au Maroc, la première du genre à un pays africain depuis sa nomination. Il a été reçu à Rabat par son homologue marocain, Nasser Bourita. À cette occasion, les deux hauts responsables ont annoncé la reprise et le renouvellement des relations bilatérales. «J’ai été personnellement missionné par Emmanuel Macron pour veiller au bon renouveau des relations franco-marocaines», a déclaré M. Séjourné.
Mais selon des sources diplomatiques françaises à Rabat, les propos de M. Séjourné méritent d’être creusés. «La France est le seul pays à avoir ouvert des écoles dans les régions du sud du Maroc, avec des Instituts français qui offrent des activités culturelles. Il y a aussi les questions de développement économique, touristique, de l’économie bleue... Nous sommes prêts à accompagner le développement de cette région en appui des efforts marocains», arguent-elles. Et de préciser que la France rejette la notion de «verrou» concernant ce dossier. «C’est une porte qui n’a jamais été fermée. La France a été la première à soutenir le plan d’autonomie. Il faut arriver à élargir davantage et avancer», insistent les mêmes sources. Dans la même veine, nos sources tiennent à souligner que le chef de la diplomatie française a montré l’engagement de la France pour l’amélioration des relations et tenter de projeter le dialogue à moyen terme. «L’agenda vise à structurer la relation sur le long terme pour éviter des problèmes futurs. La dynamique lancée doit aboutir à d’autres rendez-vous politiques qui préciseront ce qui n’a pas été dit lors de cette visite», analysent-elles.
Interpellées au sujet de la proposition exprimée lundi 26 février par le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné de réfléchir à un agenda de coopération pour construire un partenariat dense et fécond pour «les trente prochaines années», nos sources sont revenues sur beaucoup d’éléments qui, selon elles, exigent du temps pour leur réalisation. «Sur les grands enjeux dont la France veut discuter avec le Maroc, ce ne sont pas des sujets qui peuvent être réglés en peu de temps. Par exemple, la question énergétique et des énergies renouvelables, qui est importante pour le Maroc avec l’hydrogène, l’ammoniac... Ce sont de grands sujets pour le Royaume. Pour nous, c’est aussi crucial, nous avons besoin de reconfigurer et revoir plusieurs choses avec la montée des prix du pétrole».
L’idée est donc de se retrouver sur les grands sujets. «L’Initiative Atlantique annoncée par S.M. le Roi Mohammed VI, qui a pour objectif de favoriser l’accès des États du Sahel à l’océan Atlantique et de connecter des pays via des infrastructures de développement économique et industriel ne peut que remporter notre adhésion», analysent ces sources. Et de souligner que «cette vision d’une plateforme entre l’Afrique et l’UE est partagée, mais il faut avancer sans aller plus vite que la musique». Concernant la visite du Président français au Maroc, elles indiquent : «Il viendra au Maroc quand Sa Majesté le Roi indiquera une date. Il ne faut pas brûler les étapes. C’est une approche progressive, une volonté mutuelle de remonter les marches une à une !»
Des relations abîmées à réparer
Lors de sa visite à Rabat, le chef de la diplomatie française a adopté un discours apaisant, assurant être là pour «créer un partenariat d’avant-garde entre les deux pays pour les 30 prochaines années», en tenant compte des évolutions du Royaume. Les questions du Sahara, des provinces du Sud ou du plan d’autonomie ont été abordées en toute logique, car c’est là que le bât blesse. Rabat attend de Paris un soutien plus franc et sans ambiguïté, s’agissant de la reconnaissance de la marocanité du sud du Royaume. Or M. Séjourné a réaffirmé le soutien de la France au plan d’autonomie marocain en soulignant que Paris comptait «avancer» en favorisant le développement économique et social dans les provinces du sud du Royaume notamment. Sans plus.Mais selon des sources diplomatiques françaises à Rabat, les propos de M. Séjourné méritent d’être creusés. «La France est le seul pays à avoir ouvert des écoles dans les régions du sud du Maroc, avec des Instituts français qui offrent des activités culturelles. Il y a aussi les questions de développement économique, touristique, de l’économie bleue... Nous sommes prêts à accompagner le développement de cette région en appui des efforts marocains», arguent-elles. Et de préciser que la France rejette la notion de «verrou» concernant ce dossier. «C’est une porte qui n’a jamais été fermée. La France a été la première à soutenir le plan d’autonomie. Il faut arriver à élargir davantage et avancer», insistent les mêmes sources. Dans la même veine, nos sources tiennent à souligner que le chef de la diplomatie française a montré l’engagement de la France pour l’amélioration des relations et tenter de projeter le dialogue à moyen terme. «L’agenda vise à structurer la relation sur le long terme pour éviter des problèmes futurs. La dynamique lancée doit aboutir à d’autres rendez-vous politiques qui préciseront ce qui n’a pas été dit lors de cette visite», analysent-elles.
Sahara : la France avance étape par étape
En tout état de cause, s’agissant du dossier du Sahara marocain, les mêmes sources affirment que «notre conviction» est que M. Séjourné a tenu «un discours inédit et le terme “avancer” signifie par étapes concrètes, comme les écoles installées et l’animation culturelle, qu’aucun autre acteur ne fait sur place. Il s’agit d’accompagner le développement local et pas seulement des entreprises». Plus concrètement, nos interlocuteurs français affirment que «ce n’est pas un verrou mais une porte qui s’ouvre. Nous avons amorcé un nouveau chapitre, un mouvement pour faire aboutir politiquement cette relance, avec un engagement au plus haut niveau qui projette la relation dans le long terme et qui prend en compte les préoccupations du Maroc». À l’évidence, la visite du chef de la diplomatie française a marqué une volonté sincère de tourner la page après des mois de brouille. Mais entre une volonté et sa concrétisation, beaucoup de chemin doit être fait. À cet égard, du côté français, l’optimisme est de mise puisque l’essentiel est d’avoir brisé la glace et attaqué frontalement une crise sourde qui «pénalise les deux pays».Vers une nouvelle relation de confiance
«Nous sommes là pour travailler et donner l’envie de faire du chemin ensemble, sans s’enfermer dans un espace clos. Le contexte nous invite à passer à la vitesse supérieure pour construire l’avenir. La dynamique du Maroc est un élément qui nous incite à faire des choses avec lui», témoignent des sources diplomatiques françaises à Rabat. D’après elles, l’intention est donc de rebâtir une relation de confiance, en regardant vers l’avant et en développant des projets communs ambitieux, plutôt que de rester bloqués sur des contentieux passés.Interpellées au sujet de la proposition exprimée lundi 26 février par le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné de réfléchir à un agenda de coopération pour construire un partenariat dense et fécond pour «les trente prochaines années», nos sources sont revenues sur beaucoup d’éléments qui, selon elles, exigent du temps pour leur réalisation. «Sur les grands enjeux dont la France veut discuter avec le Maroc, ce ne sont pas des sujets qui peuvent être réglés en peu de temps. Par exemple, la question énergétique et des énergies renouvelables, qui est importante pour le Maroc avec l’hydrogène, l’ammoniac... Ce sont de grands sujets pour le Royaume. Pour nous, c’est aussi crucial, nous avons besoin de reconfigurer et revoir plusieurs choses avec la montée des prix du pétrole».
«Il faut s’accorder le temps et les moyens»
Et d’ajouter, «dans la nouvelle donne économique décarbonée, les relations à nouer avec des voisins stables comme le Maroc sont essentielles. Mais il faut voir les moyens de stockage, de distribution, les moyens adaptés pour la consommation, l’industrie... cela va prendre 20 à 30 ans. La question est de savoir comment et avec qui le faire», poursuivent-elles. Sur le plan géostratégique, nos sources soulignent que «le Maghreb, et particulièrement le Maroc, est un partenaire de tout premier rang. Puis il y a la question du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest... Il faut se donner les moyens et le temps d’être d’accord sur une vision». Elles évoquent également «l’évolution des chaînes de valeur» et la nécessité de «construire la souveraineté industrielle et passer à une nouvelle étape de la mondialisation», en citant les exemples de l’automobile et de l’aéronautique. Enfin, ces sources diplomatiques mettent en avant des sujets de long terme comme la gestion des ressources humaines, la formation et la démographie. «Tout cela nécessite une vision cohérente large, sur 20 à 30 ans», indiquent-elles.L’idée est donc de se retrouver sur les grands sujets. «L’Initiative Atlantique annoncée par S.M. le Roi Mohammed VI, qui a pour objectif de favoriser l’accès des États du Sahel à l’océan Atlantique et de connecter des pays via des infrastructures de développement économique et industriel ne peut que remporter notre adhésion», analysent ces sources. Et de souligner que «cette vision d’une plateforme entre l’Afrique et l’UE est partagée, mais il faut avancer sans aller plus vite que la musique». Concernant la visite du Président français au Maroc, elles indiquent : «Il viendra au Maroc quand Sa Majesté le Roi indiquera une date. Il ne faut pas brûler les étapes. C’est une approche progressive, une volonté mutuelle de remonter les marches une à une !»