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Maroc-Tanzanie : des relations au beau fixe ternies par la question du Sahara marocain

Les relations entre le Maroc et la Tanzanie prennent progressivement du relief. La visite de la présidente de l'Assemblée nationale tanzanienne a permis de réexprimer la volonté des deux pays d'aller de l'avant et d'explorer de nouveaux domaines de coopération. Seul hic, ce pays d’Afrique de l’Est reste toujours prisonnier de positions idéologiques surannées s'agissant de la question du Sahara. Voici pourquoi et comment surmonter cette situation.

Nasser Bourita recevant à Rabat la présidente de l'Assemblée nationale de la République-Unie de Tanzanie, Tulia Ackson.
Nasser Bourita recevant à Rabat la présidente de l'Assemblée nationale de la République-Unie de Tanzanie, Tulia Ackson.

La visite de la présidente de l'Assemblée nationale tanzanienne au Maroc a marqué le début de cette semaine. Une visite au cours de laquelle Mme Ackson s'est entretenue avec les présidents de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, et de la Chambre des conseillers, Enaam Mayara, ainsi qu'avec le président du Conseil Royal consultatif des affaires sahariennes (Corcas), Khalihenna Ould Errachid. La haute responsable tanzanienne s’est également entretenue avec Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.

Au cours de ses entretiens avec les hauts responsables marocains, la présidente de l'Assemblée nationale tanzanienne a souligné que le Maroc et la Tanzanie étaient appelés à donner un nouvel élan à leur coopération dans le domaine parlementaire, en consolidant les mécanismes de dialogue et de concertation sur les questions d'intérêt commun. Mme Ackson a mis également en exergue le niveau des relations politiques entre les deux pays, fondées sur la confiance et le respect mutuel. De même, la responsable parlementaire tanzanienne a fait part de la volonté de son pays de tirer profit de l’expérience marocaine, notamment dans le domaine des infrastructures. Elle n’a pas non plus manqué de rappeler le soutien marocain permanent au gouvernement tanzanien pour développer son secteur agricole et relever le défi de la sécurité alimentaire auquel sont confrontés plusieurs pays du continent africain.

Il est à rappeler qu’en octobre 2016, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait effectué une visite officielle en Tanzanie. Une visite marquée par la signature de 22 conventions et accords bilatéraux, notamment un mémorandum d’entente pour l’établissement d’un mécanisme de consultations politiques. Cette Visite Royale a été aussi marquée par la tenue du premier Forum maroco-tanzanien pour le commerce et l'investissement.

Sur la question du Sahara marocain, la Tanzanie avait rectifié sa position après la visite de S.M. le Roi et adopté depuis une position de neutralité positive. L’ex-président tanzanien, John Pombe Joseph Magufuli, avait exprimé le soutien de son pays au processus mené par l’ONU pour parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara marocain. Le communiqué conjoint publié à l’issue de la visite officielle effectuée par le Souverain indique également que «la Tanzanie comprend la position établie du Maroc et accueille favorablement ses efforts sérieux et crédibles et est prête à contribuer à la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations unies sur cette question». À part, cette position plutôt encourageante, la Tanzanie n’est pas allée plus loin. Bien au contraire, elle s’est alignée sur la politique sud-africaine et avait même accueilli le chef des séparatistes fin 2022.

Pourquoi la Tanzanie continue-t-elle à reconnaître la prétendue «rasd» ?

Pour le professeur de relations internationales à l’Université Mohammed V, Zakaria Abouddahab, «la Tanzanie est un important pays de l’Afrique de l’Est, ayant réalisé ces dernières années des performances économiques remarquables, au même titre que les pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda». Les relations avec le Maroc se sont nettement développées depuis la visite de S.M. le Roi Mohammed VI dans ce pays, en octobre 2016. Depuis, on a remarqué un dynamisme dans ces relations, notamment au plan économique, matérialisé par des conventions conclues sous supervision Royale.

Concernant la position de ce pays par rapport à la question du Sahara marocain et par rapport à la prétendue «Rasd», M. Abouddahab souligne que «la Tanzanie reste malheureusement enfermée dans des positions idéologiques surannées et erronées, alignées sur les postures algérienne et sud-africaine». Ces deux pays, indique le professeur, déploient tous les moyens, financiers et autres, de manière bilatérale ou à l’échelle continentale (Union africaine) pour empêcher un basculement de la position de la Tanzanie concernant la question du Sahara marocain. On ne peut nier le dynamisme des relations entre Rabat et Dodoma, attesté récemment par la visite de la présidente de l’Assemblée nationale de la Tanzanie au Maroc. Cependant, des considérations de géopolitique et d’intérêts géoéconomiques prennent en «tenaille» ce pays important, plus grand que la Namibie, un peu moins que l’Afrique du Sud.

La Tanzanie prise en tenaille entre considérations de géopolitique et intérêts géoéconomiques

De manière générale, dit M. Abouddahab, «les pays anglo-saxons, comme la Tanzanie ou le Kenya, restent très influencés par la doctrine sud-africaine entachée d’un biais cognitif excessif et d’un parti pris idéologique systématique et non moins biaisé. La vérité est que ces pays ne connaissent pas la réalité profonde du conflit artificiel sur le Sahara marocain et restent l’otage d’une vision algérienne hégémonique, ostentatoire et clivante. Le tiers-mondisme continue d’y sévir. Les principes nobles de la décolonisation sont détournés de leur vrai finalité, à savoir la libération des peuples coloniaux du joug colonial, au profit du séparatisme et de la balkanisation».

Il conviendrait donc, d’après le professeur, pour notre pays de développer un argumentaire, revu et corrigé, auprès de ces pays concernant la marocanité du Sahara, preuves historiques à l’appui. Il s’agira d’un travail de longue haleine, mené avec les moyens de communication qu’il faudra et les outils diplomatiques appropriés. Il conviendrait aussi de tabler sur les futurs leaders de ces pays, comme la Tanzanie, et les former au Maroc par le biais d’enseignements qui devraient se faire en anglais, y compris la formation militaire. On le voit, c’est un nouveau paradigme qu’il faudrait adopter pour neutraliser les réticences ou les renversements de situations et asseoir les positions sur des principes stables et pérennes.

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