Tanger, véritable carrefour des cultures et des civilisations, a accueilli en grande pompe la cérémonie d’ouverture de la 15e édition des MEDays le mercredi 15 novembre 2023. Cette rencontre, organisée par l’Institut Amadeus sous le thème «Polycrises, Polymonde», a réuni un aréopage de personnalités du Maroc et d’ailleurs pour débattre des multiples enjeux mondiaux, de leurs implications et des moyens d’y faire face.
Parmi les invités d’honneur qui ont rehaussé de leur présence la séance inaugurale figuraient des personnalités éminentes telles que Carlos Villa Nova, Président de la République de Sao Tomé-et-Principe, Roosevelt Skerrit, Premier ministre de la Dominique, Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères de la République de Hongrie, Zhai Jun, envoyé spécial du gouvernement chinois sur la question du Moyen-Orient, Ryad Mezzour, ministre marocain de l’Industrie et du commerce, ainsi que Chakib Alj, président de la CGEM, Omar Moro, président de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, et Mounir Lymouri, maire de la ville de Tanger.
L’Appel de Tanger toujours à l’ordre du jour
Dans une déclaration marquante, Brahim Fassi Fihri, président de l’Institut Amadeus, a souligné l’importance de ce rassemblement et la diversité des voix et des idées que représentent plus de 200 intervenants et 5.000 participants venus des quatre coins du globe. M. Fassi Fihri a mis en avant à cet égard la vocation essentielle des MEDays en tant que «Forum du Sud» et plateforme ouverte à tous les acteurs souhaitant contribuer à l’édification d’un nouvel ordre mondial, plus équilibré et inclusif. Il a également rappelé l’impact de «l’Appel de Tanger», lancé lors de l’édition précédente, qui soulève la question de la représentation au sein de l’Union africaine.
Le président de l’Institut Amadeus a rappelé l’importance capitale de cette initiative visant à restaurer l’impartialité et la crédibilité de l’Organisation panafricaine sur la question du Sahara marocain. «Cet appel à l’expulsion de la pseudo “rasd”, entité non étatique, des rangs de l’Union africaine s’insère dans une dynamique continentale et internationale favorable, où le réalisme et le pragmatisme prévalent», a-t-il expliqué.
Le drame de Gaza s’invite aux MEDays
Actualité oblige, le président de l’Institut Amadeus ne pouvait pas ne pas aborder la tragédie à Gaza, appelant à une solution juste et équilibrée basée sur le principe de deux États. Tout en exprimant la solidarité du Forum MEDays envers le peuple palestinien, il a rappelé l’appel de Sa Majesté le Roi à une désescalade immédiate et à la protection des civils innocents. Le président de l’Institut Amadeus a plaidé pour une paix juste et durable, rejetant la logique du statu quo qui alimente les frustrations et rappelant que la cause palestinienne est avant tout celle d’un peuple, riche de sa diversité. «Face à la complexité croissante des enjeux internationaux, la tragédie déchirante qui se déroule à Gaza suscite une profonde réflexion sur la nécessité d’une diplomatie équilibrée et proactive. Cette douloureuse réalité met en évidence les défis cruciaux qui nécessitent une résolution juste et équilibrée. Dans ce contexte, le Forum MEDays exprime son engagement indéfectible en faveur d’une solution viable pour les populations concernées. Comme proclamé depuis sa création en 2008, notre forum défend ardemment l’idée d’une cohabitation pacifique entre deux États, palestinien et israélien, dans le respect des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est/Al-Qods comme capitale de la Palestine», a-t-il précisé.
Faire entendre la voix de l’Afrique
Pour sa part, Carlos Villa Nova, Président de la République de Sao Tomé, a partagé dans son intervention ses réflexions sur la «transformation rapide du monde, caractérisée par l’émergence d’un nouvel ordre mondial multipolaire». Soulignant la richesse culturelle et les ressources naturelles de l’Afrique, il a insisté sur la nécessité d’intégrer la voix du continent dans les dialogues mondiaux. En plaidant pour la participation active des nations africaines à l’élaboration de solutions globales, il a mis en avant l’importance de promouvoir les capacités locales, les investissements dans les infrastructures et les initiatives innovantes pour l’avenir des jeunes africains.
Les défis migratoires appellent une réponse collective
Pour sa part, Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères de la République de Hongrie, a souligné la nécessité d’une coopération solide entre l’Europe et l’Afrique pour faire face aux défis migratoires. Il a mis en exergue l’importance d’une relation forte et respectueuse entre les deux continents pour trouver des solutions à ces défis communs. À cette occasion, le ministre hongrois a exposé des chiffres sur le nombre des migrants interceptés aux frontières sud de la Hongrie en 2022 (300 .000) et en 2023 (200.000), insistant sur l’importance de traiter les racines du problème pour combattre l’immigration illégale de manière globale. Péter Szijjártó a par ailleurs plaidé pour un changement d’approche en matière de relations internationales, mettant en avant la nécessité d’un débat politique international basé sur le respect mutuel et qui se garde d’interférer dans les questions souveraines des pays.
Solutions innovantes pour un avenir durable
Tout comme les autres intervenants, Ryad Mezzour, ministre marocain de l’Industrie et du commerce, a partagé sa lecture de la complexité croissante des enjeux mondiaux. Après avoir rappelé l’ampleur des crises multiples (climatiques, énergétiques, économiques et politiques) qui touchent le monde, M. Mezzour a mis en avant les stratégies mises en place sous la conduite éclairée de S.M. le Roi Mohammed VI pour en atténuer l’impact. Avec 38% de ses capacités énergétiques issues de sources renouvelables, le Royaume a réussi à développer une économie diversifiée et tournée vers l’avenir. Le ministre a appelé à saisir les opportunités qui se cachent dans les crises, prônant le dialogue et les valeurs de coexistence pour faire face aux défis actuels. M. Mezzour a en outre souligné l’engagement continu du Maroc en faveur du développement durable et de la diversification des partenariats. Grâce à ces choix, 80% des exportations du Maroc sont faites de produits transformés avec de la valeur ajoutée, a-t-il indiqué avant de conclure que face aux polycrises, il faut trouver des poly-solutions.
Plaidoyer pour une coopération internationale accrue
Dans le même ordre d’idée, Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a souligné la nécessité d’une collaboration internationale renforcée pour affronter efficacement les multiples crises actuelles. La coopération multilatérale et une approche proactive permettent de relever les défis mondiaux. Cette approche, soutient-il, non seulement renforcera la résilience, mais favorisera également la croissance économique, la création d’emplois et la prospérité. Parallèlement, Omar Moro, président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, a mis en exergue l’actualité et la pertinence du thème choisi par le Forum MEDays cette année. Soulignant la succession de crises sociétales, économiques, politiques et culturelles, surtout dans les pays du Sud, M. Moro s’est dit convaincu que les discussions de cet événement permettront de tracer une voie vers l’unification de l’humanité. Ces échanges seront déterminants pour élaborer des solutions aux problèmes mondiaux émergents. Les MEDays de cette année s’engagent ainsi à explorer des solutions novatrices pour un développement inclusif et durable, mettant en avant la coopération et l’engagement collectif face aux multiples crises. En ces temps d’enjeux complexes et d’opportunités cruciales, le Forum MEDays continue de prôner la réflexion collective et l’action concertée pour un monde meilleur, résilient et équitable pour tous, a conclu Brahim Fassi Fihri lors de cette cérémonie officielle d’ouverture du Forum MEDays.