L’Institut Royal des études stratégiques (IRES) et le Plan Bleu ont organisé, les 4 et 5 février 2025 à Tanger, un atelier prospectif sur les «Chemins de transition de la Méditerranée à l’horizon 2050». Cette rencontre, qui a réuni des experts marocains et français, visait à enrichir le rapport prospectif MED2050 en mettant en lumière la vision du sud de la Méditerranée, particulièrement celle du Maroc. L’exercice de prospective MED2050, lancé en 2019 à la demande des pays signataires de la Convention de Barcelone, prend une dimension particulière alors que la région fait face à des menaces croissantes. C’est dans ce cadre que Tanger, ville emblématique du carrefour méditerranéen, a accueilli cet atelier crucial pour l’avenir de la région.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement d’anticiper les évolutions des écosystèmes méditerranéens sur les trois prochaines décennies, mais aussi de déterminer les conditions de leur protection à long terme. Plus encore, l’objectif est d’identifier les chemins de transition vers un développement durable, tout en prévenant les risques majeurs de crises qui pourraient compromettre l’avenir de la région.
La deuxième orientation identifiée par M. Mouline concerne la coopération internationale. «Face aux grandes crises, et du fait qu’on est embarqué dans le même bateau et que la destruction de la Méditerranée est très dangereuse, plus que critique, c’est la coopération internationale» qui s’impose. Cette coopération, souligne-t-il, doit dépasser le cadre traditionnel du partenariat européen pour inclure l’Afrique. Le troisième axe propose une approche novatrice : «mettre en place des modèles qui puissent être un modèle méditerranéen, en tenant compte des spécificités de chaque pays.» Cette vision s’inspire du succès du modèle alimentaire méditerranéen, suggérant qu’une approche similaire pourrait être appliquée au développement régional.
Cette position privilégiée s’accompagne de défis spécifiques. Les participants ont notamment évoqué la nécessité d’une politique volontariste pour contrer l’exode rural et rendre les zones rurales plus attractives, notamment par : le développement d’une classe moyenne rurale viable, une politique foncière facilitant l’accès à la propriété, et la réduction des disparités entre zones urbaines et rurales...
La suite de cet exercice prospectif MED2050 permettra d’affiner ces perspectives et de concrétiser les pistes d’action identifiées. Comme l’a souligné Mohammed Tawfik Mouline, «cet exercice-là ne doit pas se limiter à ce qui a été fait lors des travaux de cet atelier. Il faudrait le poursuivre». Face aux défis du XXIe siècle, la Méditerranée apparaît plus que jamais comme un espace crucial où se jouera une partie de l’avenir de notre monde. Le Maroc, par sa position géographique, sa stabilité politique et sa vision stratégique, s’affirme comme un acteur clé de cette transformation en cours, ont admis les participants à cet atelier.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement d’anticiper les évolutions des écosystèmes méditerranéens sur les trois prochaines décennies, mais aussi de déterminer les conditions de leur protection à long terme. Plus encore, l’objectif est d’identifier les chemins de transition vers un développement durable, tout en prévenant les risques majeurs de crises qui pourraient compromettre l’avenir de la région.
Le Maroc face aux défis méditerranéens : une approche stratégique innovante
La position du Maroc dans cet exercice prospectif s’avère particulièrement intéressante. Mohammed Tawfik Mouline, directeur général de l’IRES, à l’issue des débats sur le sujet, a dessiné les contours d’une vision stratégique articulée autour de trois axes majeurs. «Le premier axe consiste à préparer les pays de la Méditerranée aux crises systémiques qui sont en train de se faire», explique-t-il. Ces crises, précise-t-il, ne sont pas des phénomènes isolés, mais «des crises multidimensionnelles à répétition» qui créent des situations de plus en plus complexes et inextricables.La deuxième orientation identifiée par M. Mouline concerne la coopération internationale. «Face aux grandes crises, et du fait qu’on est embarqué dans le même bateau et que la destruction de la Méditerranée est très dangereuse, plus que critique, c’est la coopération internationale» qui s’impose. Cette coopération, souligne-t-il, doit dépasser le cadre traditionnel du partenariat européen pour inclure l’Afrique. Le troisième axe propose une approche novatrice : «mettre en place des modèles qui puissent être un modèle méditerranéen, en tenant compte des spécificités de chaque pays.» Cette vision s’inspire du succès du modèle alimentaire méditerranéen, suggérant qu’une approche similaire pourrait être appliquée au développement régional.
Climat et eau : les défis critiques du développement durable
Robin Degron, directeur du Plan Bleu, a apporté, pour sa part, un éclairage crucial sur les enjeux environnementaux. «Il y a une crise du développement durable en Méditerranée qui n’est pas qu’environnementale, ou économique, ou sociale», affirme-t-il. Le changement climatique occupe une place centrale dans cette crise, «rendant tout plus difficile, et rendant l’eau déjà beaucoup plus rare». Concernant le Maroc spécifiquement, M. Degron souligne les atouts du pays : «Vous avez la chance d’avoir une gouvernance solide [...] Vous avez clairement identifié, vous avez les moyens intellectuels et les techniques de gérer la crise de l’eau». Cette reconnaissance des capacités marocaines s’accompagne toutefois d’un appel à l’action rapide, particulièrement en matière d’adaptation aux changements climatiques. «L’atténuation sera une affaire de guerre de 100 ans. L’adaptation est une affaire cruciale. Il faut y aller vite», insiste Degron, soulignant l’urgence d’agir sur le court terme tout en maintenant une vision à long terme.Les scénarios d’avenir : entre adaptation et transformation
Les travaux des trois groupes d’experts ayant eu lieu lors de cet atelier ont permis d’approfondir différents scénarios pour l’avenir de la région, chacun apportant un éclairage spécifique sur les enjeux et les opportunités pour le Maroc. Le premier groupe a mis en évidence les atouts uniques du Maroc. Sa double façade maritime (Méditerranée et Atlantique) constitue un avantage majeur pour l’atténuation des crises. Les experts ont également souligné l’importance de la régionalisation avancée comme levier de développement, plaidant pour une coopération renforcée entre les régions.Cette position privilégiée s’accompagne de défis spécifiques. Les participants ont notamment évoqué la nécessité d’une politique volontariste pour contrer l’exode rural et rendre les zones rurales plus attractives, notamment par : le développement d’une classe moyenne rurale viable, une politique foncière facilitant l’accès à la propriété, et la réduction des disparités entre zones urbaines et rurales...
L’adaptation aux crises : une réalité déjà présente
Le deuxième groupe, travaillant sur le scénario des «chocs des crises et adaptations forcées», a souligné que ce scénario n’est plus une projection mais une réalité actuelle, notamment avec la sécheresse qui frappe le Maroc. Les initiatives d’adaptation déjà engagées par le pays ont été mises en avant. Il s’agit de la construction d’une «autoroute de l’eau», le développement d’usines de dessalement, et la multiplication des barrages collinaires. Les experts ont insisté, dans ce cadre, sur la nécessité d’accélérer ces adaptations, particulièrement dans le Nord du pays où d’importantes quantités d’eau se perdent encore en mer.Vers une nouvelle approche des relations euro-méditerranéennes
Le troisième groupe a proposé une vision novatrice des relations euro-méditerranéennes, plaidant pour «des liens qui libèrent». Cette approche implique une redéfinition des relations avec l’Europe, le développement de nouveaux axes de coopération, notamment vers l’Afrique, et l’exploitation du potentiel énergétique du Maroc comme levier de développement régional.Les perspectives d’avenir : entre défis et opportunités
Le directeur du Plan Bleu, Robin Degron, a conclu sur une note à la fois optimiste et réaliste : «Le Maroc s’en sortira parce que vous avez une ligne de fuite qui est la ligne de fuite atlantique et la ligne de fuite africaine». Cependant, il avertit que «si on n’est pas capable de s’unifier à une échelle européenne, euro-méditerranéenne, euro-africaine, on sera sur les marges du monde». Cette vision est complétée par Mohammed Tawfik Mouline qui insiste sur l’importance de la connaissance et des données fiables pour bâtir des politiques publiques efficaces. «Ce n’est pas seulement la connaissance R&D, la connaissance c’est avoir des données fiables pour bâtir des politiques publiques», souligne-t-il.Un développement plus durable et plus équilibré
L’atelier de Tanger a ainsi marqué une étape décisive dans la réflexion sur l’avenir de la région méditerranéenne. Il a mis en lumière non seulement les défis considérables auxquels la région fait face, mais aussi les opportunités de transformation et les voies possibles vers un développement plus durable et plus équilibré. Les discussions ont mis en lumière la nécessité d’une approche intégrée pour l’avenir de la région. Cette vision holistique place l’adaptation aux changements climatiques au cœur des préoccupations, tout en s’appuyant sur une coopération régionale renforcée. Elle promeut également le développement de modèles économiques innovants qui concilient la préservation des ressources naturelles avec un investissement soutenu dans le capital humain. Cette approche multidimensionnelle reconnaît l’interdépendance des enjeux environnementaux, économiques et sociaux dans la construction d’un avenir durable pour la Méditerranée.La suite de cet exercice prospectif MED2050 permettra d’affiner ces perspectives et de concrétiser les pistes d’action identifiées. Comme l’a souligné Mohammed Tawfik Mouline, «cet exercice-là ne doit pas se limiter à ce qui a été fait lors des travaux de cet atelier. Il faudrait le poursuivre». Face aux défis du XXIe siècle, la Méditerranée apparaît plus que jamais comme un espace crucial où se jouera une partie de l’avenir de notre monde. Le Maroc, par sa position géographique, sa stabilité politique et sa vision stratégique, s’affirme comme un acteur clé de cette transformation en cours, ont admis les participants à cet atelier.
