L’espoir d’une opposition unie autour d’une motion de censure n’aura finalement pas résisté à l’épreuve de la coordination. Le président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdellah Bouanou, est revenu en détail sur les tensions internes qui ont conduit à l’échec de cette initiative, en dénonçant ouvertement l’attitude du groupe socialiste. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi soir, Abdellah Bouanou n’a pas mâché ses mots. Il a accusé l’Union socialiste des forces populaires (USFP) d’avoir semé la confusion et trahi les engagements pris avec les autres groupes de l’opposition. Un retrait «brutal et incompréhensible», selon lui, qui a fait capoter un projet politique d’envergure.
Un «engagement vite renié»
«Les quatre partis de l’opposition s’étaient réunis à Salé pour discuter de la motion de censure. Dès le départ, nous avons demandé quelles étaient les garanties d’aller jusqu’au bout. Le groupe socialiste nous a assuré qu’il ne reculerait en aucun cas», rapporte M. Bouanou. Une promesse ferme, suivie quelques jours plus tard d’un retrait discret mais lourd de conséquences. Ce revirement surprenant, puisqu’il contredit un engagement explicite, n’a pas manqué de susciter colère et frustration chez les autres formations de l’opposition, note M. Bouanou.
Dans un premier temps, la coordination semblait pourtant bien tenir. Les quatre groupes – PJD, USFP, PPS et Mouvement populaire – s’étaient accordés sur les modalités : signatures manuscrites des députés, examen commun de la note justificative et révision collective du texte. Chaque groupe a apporté ses propositions. Une dynamique constructive semblait naître. Mais très vite, les désaccords sont apparus autour d’un sujet révélateur de tensions plus profondes : qui aurait le privilège de présenter la motion à la séance plénière du Parlement ?
Dans un premier temps, la coordination semblait pourtant bien tenir. Les quatre groupes – PJD, USFP, PPS et Mouvement populaire – s’étaient accordés sur les modalités : signatures manuscrites des députés, examen commun de la note justificative et révision collective du texte. Chaque groupe a apporté ses propositions. Une dynamique constructive semblait naître. Mais très vite, les désaccords sont apparus autour d’un sujet révélateur de tensions plus profondes : qui aurait le privilège de présenter la motion à la séance plénière du Parlement ?
Conflit sur la prise de parole en séance plénière
Selon le même interlocuteur, le groupe socialiste a refusé que le coordinateur actuel de l’opposition – membre du PJD (Abdellah Bouanou) – soit celui qui présente la motion, arguant qu’il revenait au groupe le plus important de l’opposition, en l’occurrence l’USFP, de le faire. Pour dépasser ce blocage, un compromis avait été donc proposé : répartir équitablement le temps de parole entre les partis. Mais cette solution a été rejetée, car le règlement intérieur de la Chambre des représentants ne permettrait pas de valider une telle répartition. Une autre proposition – tirer au sort le groupe qui présenterait la motion – a également été écartée, le représentant de l’USFP la qualifiant de «non démocratique».
Tentative de compromis... puis rupture
Selon M. Bouanou, il a été convenu finalement que le chef du groupe socialiste prendrait la parole lors de la conférence de presse, tandis qu’une solution de compromis devait être trouvée entre l’USFP et le Mouvement populaire pour la présentation de la motion en séance. Le nom de Mohamed Ouzzine, secrétaire général du Mouvement populaire, ex-ministre et vice-président de la Chambre, avait été proposé à ce titre. Un accord semblait ainsi proche, avec un communiqué commun en préparation pour répartir les rôles de chaque formation. Mais la dynamique a été interrompue brutalement. Le retrait de l’USFP, sans véritable justification, a mis un terme à l’initiative et laissé les autres groupes dans l’impossibilité de mener à bien l’initiative, selon M. Bouanou toujours.
Au-delà du crédit que l’on pourrait donner ou pas à la version du PJD, ce nouvel épisode illustre sans conteste l’incapacité de l’opposition à dépasser ses divisions internes et de cristalliser une vision commune qui transcende les calculs étriqués. Alors que le contexte politique devait permettre un sursaut collectif, la lutte pour la paternité de la démarche l’a emporté sur la cohésion interne. Loin de faire trembler la majorité, cette tentative avortée de motion de censure renforce l’image d’une opposition fragmentée, où les querelles mesquines priment les enjeux stratégiques. Une autre occasion ratée de créer un débat législatif et institutionnel de haut niveau dans une scène politique morne.
Au-delà du crédit que l’on pourrait donner ou pas à la version du PJD, ce nouvel épisode illustre sans conteste l’incapacité de l’opposition à dépasser ses divisions internes et de cristalliser une vision commune qui transcende les calculs étriqués. Alors que le contexte politique devait permettre un sursaut collectif, la lutte pour la paternité de la démarche l’a emporté sur la cohésion interne. Loin de faire trembler la majorité, cette tentative avortée de motion de censure renforce l’image d’une opposition fragmentée, où les querelles mesquines priment les enjeux stratégiques. Une autre occasion ratée de créer un débat législatif et institutionnel de haut niveau dans une scène politique morne.