«La Moudawana est un projet qui fait couler beaucoup d’encre, et est à l’origine de beaucoup de spéculations aussi», a souligné d’entrée de jeu Hakima El Haité. Intervenant dans le cadre de l’épisode du 3 février dernier de «L’Info en Face», elle a affirmé que cette réforme dépassait le cadre juridique classique et touchait directement à la vie quotidienne des citoyens. Et c’est précisément cette portée sociétale qui explique l’engouement et les débats passionnés qu’elle suscite auprès de la population, des acteurs politiques et des réseaux sociaux.
Selon elle, la Moudawana est plus qu’un simple cadre légal, c’est un outil permettant de garantir à la fois l'équité et la stabilité sociale. «La réforme, tout en prenant en compte les droits des femmes, ne doit pas perdre de vue la complexité des situations familiales et des contextes culturels. Il s’agit de parvenir à un équilibre délicat, mais indispensable, pour une société plus juste et harmonieuse», a affirmé cette ancienne ministre chargée de l'Environnement. Car, selon elle, «un train ne peut rouler qu’à la vitesse de son maillon le plus faible». D’où l’importance d’apporter des clarifications quant aux objectifs de ce projet. «Personnellement, je m’attendais à voir le Chef du gouvernement parler de ce projet de réforme qui vise à moderniser le cadre juridique régissant le statut personnel et familial, et qui déterminera la progression des droits des femmes au Maroc».
Le divorce, une épreuve bouleversante à éviter autant que possible
Selon elle, la Moudawana est plus qu’un simple cadre légal, c’est un outil permettant de garantir à la fois l'équité et la stabilité sociale. «La réforme, tout en prenant en compte les droits des femmes, ne doit pas perdre de vue la complexité des situations familiales et des contextes culturels. Il s’agit de parvenir à un équilibre délicat, mais indispensable, pour une société plus juste et harmonieuse», a affirmé cette ancienne ministre chargée de l'Environnement. Car, selon elle, «un train ne peut rouler qu’à la vitesse de son maillon le plus faible». D’où l’importance d’apporter des clarifications quant aux objectifs de ce projet. «Personnellement, je m’attendais à voir le Chef du gouvernement parler de ce projet de réforme qui vise à moderniser le cadre juridique régissant le statut personnel et familial, et qui déterminera la progression des droits des femmes au Maroc».
La Famille, pilier d’une société solide
Pour Hakima El Haité, le grand enjeu de cette réforme réside donc dans la nécessité de préserver l’unité et l’harmonie de la cellule familiale, tout en veillant à ne pas perpétuer des inégalités qui pénalisent certains membres de la famille. «Nous aspirons à un Maroc où la famille, qui est le socle de notre société, soit une famille équilibrée», a-t-elle indiqué. Dans cette perspective, la réforme de la Moudawana devra trouver un juste équilibre entre la modernisation des textes de loi et le respect des valeurs sociétales et culturelles du pays, a-t-elle analysé, rappelant que les débats en cours témoignent de la complexité du sujet, qui nécessite une approche inclusive et participative impliquant toutes les parties prenantes : institutions, experts en droit, société civile et citoyens.
Une réforme au service d'un projet de société
Dans cet ordre d’idées, l’intervenante a tenu à rappeler que la réforme de la Moudawana ne devait pas être perçue comme une lutte de pouvoir entre hommes et femmes. Pour elle, le véritable enjeu est la construction d’un projet de société où l’égalité et la protection des droits des femmes ainsi que ceux des enfants sont garanties. En effet, Mme El Haité estime que le développement du Maroc passe inéluctablement autant par l’inclusion des femmes que par la protection des enfants. «Dans cette logique, sans une réelle considération de ces enjeux, le pays ne pourra pas amorcer une véritable transition vers une société plus juste et plus équitable. Le Maroc ne décollera pas sans la protection et la promotion des droits de ses femmes, de ses enfants», a-t-elle insisté.
Abordant la notion d'égalité, Hakima El Haité a rappelé que la Constitution de 2011 a déjà tranché précisant qu’il était temps de considérer la femme marocaine en tant que citoyenne à part entière. Elle a souligné toutefois que l’effectivité des droits peut être garanties juridiquement, mais l'équité reste un défi plus complexe à atteindre. «Il est plus facile de réaliser l’égalité des droits que d’atteindre l’équité», a-t-elle nuancé.
Abordant la notion d'égalité, Hakima El Haité a rappelé que la Constitution de 2011 a déjà tranché précisant qu’il était temps de considérer la femme marocaine en tant que citoyenne à part entière. Elle a souligné toutefois que l’effectivité des droits peut être garanties juridiquement, mais l'équité reste un défi plus complexe à atteindre. «Il est plus facile de réaliser l’égalité des droits que d’atteindre l’équité», a-t-elle nuancé.
La communication pour dissiper les malentendus
L’ancienne ministre a par ailleurs mis en garde contre une mauvaise interprétation de cette réforme par une partie de la société marocaine, qui n'est pas forcément conservatrice. Selon elle, une large frange de la société marocaine, sans être nécessairement affiliée à des courants islamistes, perçoit mal les changements induits par la réforme. Cette incompréhension freine l’évolution de la Moudawana et alimente des résistances injustifiées, explique-t-elle.
Pour pallier cela, l’ancienne ministre a exhorté le gouvernement à assumer pleinement son rôle en matière de communication. «Il faut que le gouvernement envoie des messages clairs pour expliquer les véritables enjeux de cette réforme», a-t-elle relevé, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’adapter la loi régissant la cellule familiale aux transformations sociétales du Maroc moderne. «Nous sommes arrivés à un point d’inflexion où il faut que la loi qui régit la cellule familiale puisse accompagner les transformations auxquelles aspire ce Maroc», a-t-elle affirmé, précisant que seule une communication efficace et pédagogique permettrait d’apaiser les craintes et de remporter l’adhésion populaire en faveur d’une Moudawana modernisée et en phase avec les valeurs d’égalité et de justice sociale.
Pour pallier cela, l’ancienne ministre a exhorté le gouvernement à assumer pleinement son rôle en matière de communication. «Il faut que le gouvernement envoie des messages clairs pour expliquer les véritables enjeux de cette réforme», a-t-elle relevé, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’adapter la loi régissant la cellule familiale aux transformations sociétales du Maroc moderne. «Nous sommes arrivés à un point d’inflexion où il faut que la loi qui régit la cellule familiale puisse accompagner les transformations auxquelles aspire ce Maroc», a-t-elle affirmé, précisant que seule une communication efficace et pédagogique permettrait d’apaiser les craintes et de remporter l’adhésion populaire en faveur d’une Moudawana modernisée et en phase avec les valeurs d’égalité et de justice sociale.
Un travail remarquable des oulémas, mais...
Saluant le travail des oulémas notamment les propositions formulées pour la réforme du Code de la famille, Mme El Haité a toutefois relevé certaines zones d'ombre qui, selon elle, méritaient d'être clarifiées. L'un des points qu'elle a abordés concerne l'usage de l'ADN pour déterminer la filiation. Elle a noté que cet outil scientifique permis par la loi uniquement dans certains cas de couples mariés, demeure paradoxalement interdit dans les cas de relations hors mariage.
Exprimant ses réserves quant aux dispositions relatives à la filiation dans le projet de réforme, la militante a soutenu que la reconnaissance des enfants nés hors mariage devait être abordée dans un esprit d’équité, tant pour la mère que pour le père, mais aussi pour l’enfant lui-même. «J’ai essayé de comprendre, mais je trouve qu’il y a un préjudice aussi bien à la femme qu’à l’homme », a-t-elle déclaré. De ce fait, pour elle, la disposition prévoyant qu’un homme puisse être contraint de subvenir aux besoins d’un enfant sans avoir la possibilité de recourir au test ADN pour établir sa paternité est inéquitable quelque part. «On décide du non-recours au test ADN, mais on attribue la responsabilité financière de l’enfant à cet homme sans lui donner son nom. Supposons que cet enfant ne soit pas le sien, il continuera tout de même à le prendre en charge», s’est-elle exclamée.
Au-delà de l’injustice que subiraient certains hommes dans ces cas de figure, Mme El Haité a alerté sur les conséquences psychologiques pour les enfants concernés, estimant que ces derniers seraient amenés à vivre dans une ambiguïté permanente, sachant qu’un homme subvient à leurs besoins sans que la filiation officielle ne soit établie. «Face à cette problématique, le Mouvement populaire recommande la généralisation du test ADN en cas de doute sur la paternité», a affirmé la militante. Et d’ajouter : «Je trouve injuste qu’un homme paie pour un enfant, alors qu’il n’est pas sûr d’en être le père».
Exprimant ses réserves quant aux dispositions relatives à la filiation dans le projet de réforme, la militante a soutenu que la reconnaissance des enfants nés hors mariage devait être abordée dans un esprit d’équité, tant pour la mère que pour le père, mais aussi pour l’enfant lui-même. «J’ai essayé de comprendre, mais je trouve qu’il y a un préjudice aussi bien à la femme qu’à l’homme », a-t-elle déclaré. De ce fait, pour elle, la disposition prévoyant qu’un homme puisse être contraint de subvenir aux besoins d’un enfant sans avoir la possibilité de recourir au test ADN pour établir sa paternité est inéquitable quelque part. «On décide du non-recours au test ADN, mais on attribue la responsabilité financière de l’enfant à cet homme sans lui donner son nom. Supposons que cet enfant ne soit pas le sien, il continuera tout de même à le prendre en charge», s’est-elle exclamée.
Au-delà de l’injustice que subiraient certains hommes dans ces cas de figure, Mme El Haité a alerté sur les conséquences psychologiques pour les enfants concernés, estimant que ces derniers seraient amenés à vivre dans une ambiguïté permanente, sachant qu’un homme subvient à leurs besoins sans que la filiation officielle ne soit établie. «Face à cette problématique, le Mouvement populaire recommande la généralisation du test ADN en cas de doute sur la paternité», a affirmé la militante. Et d’ajouter : «Je trouve injuste qu’un homme paie pour un enfant, alors qu’il n’est pas sûr d’en être le père».
Le mariage des mineures : «Une question de contexte social»
S’agissant du mariage des mineures, Hakima El Haité a reconnu la complexité du sujet, compte tenu des contextes sociaux et géographiques. Elle a expliqué à cet égard que dans certaines zones rurales dépourvues d'écoles, de collèges, de centres de santé et d'opportunités d'emploi, les familles considèrent souvent le mariage comme la seule issue pour leurs filles. Toutefois, elle a réaffirmé son opposition au mariage des mineures, plaidant pour un relèvement significatif de l'âge du mariage à 18 ans pour les hommes et les femmes. Selon elle, un jeune homme de 16 ou 17 ans n'a ni la maturité ni les ressources nécessaires pour assumer la responsabilité d'une famille, tout comme une jeune fille du même âge, bien qu'elle puisse biologiquement enfanter, elle ne dispose pas de la maturité nécessaire pour faire face aux exigences du mariage.
Revoir le rôle économique des femmes et partant la question de l'héritage
Sur la question de l'héritage, l’invitée de «L’Info en Face» a affirmé que les choses devaient évoluer en prenant en compte le nouveau rôle économique des femmes au sein des foyers marocains. Elle a rappelé que dans l'Islam, la répartition de l'héritage accordait deux parts à l'homme contre une pour la femme, car l'homme a historiquement été responsable de subvenir aux besoins de la famille. Or, selon elle, cette configuration n'est plus en phase avec la réalité actuelle, où les femmes travaillent, gèrent la maison et s'occupent des enfants. Mme El Haité a salué dans cette optique «l’avancée» permettant aux parents d'effectuer des donations sans que celles-ci puissent être contestées par les héritiers, ce qui confère une flexibilité accrue au droit successoral marocain.
Une Moudawana à adapter aux réalités actuelles
En conclusion, Hakima El Haité a insisté sur l'importance d'envisager la Moudawana dans son ensemble sociétal et de l'accompagner de mesures éducatives et sociales. La réforme ne doit pas se limiter à des modifications juridiques, mais doit être couplée à des politiques publiques favorisant l'éducation, l'emploi et la sensibilisation pour répondre aux défis de la société marocaine moderne.
Un débat qui divise
Si certains considèrent cette réforme comme une nécessité impérative, d’autres redoutent qu’elle ne bouleverse des équilibres sociétaux traditionnels. La question du mariage des mineures, de la garde des enfants ou encore des droits successoraux fait partie des points de friction qui opposent les partisans de la réforme à ses détracteurs, a fait le constat Hakima El Haité.
En parallèle, le plaidoyer pour la généralisation du test ADN s’inscrit dans un contexte où la réforme de la Moudawana vise à renforcer la protection des droits des enfants et à assurer un équilibre entre les responsabilités parentales. Toutefois, le débat demeure ouvert entre ceux qui prônent une reconnaissance automatique de la paternité et ceux qui, à l’instar de Hakima El Haité, demandent davantage de garanties scientifiques pour éviter toute injustice.
En parallèle, le plaidoyer pour la généralisation du test ADN s’inscrit dans un contexte où la réforme de la Moudawana vise à renforcer la protection des droits des enfants et à assurer un équilibre entre les responsabilités parentales. Toutefois, le débat demeure ouvert entre ceux qui prônent une reconnaissance automatique de la paternité et ceux qui, à l’instar de Hakima El Haité, demandent davantage de garanties scientifiques pour éviter toute injustice.
Le divorce, une épreuve bouleversante à éviter autant que possible
Hakima El Haité a souligné que le divorce restait une expérience difficile autant pour les femmes que pour les hommes. «Un divorce n'est jamais facile, c'est toute une structure qui s'ébranle, et il faut du temps pour se reconstruire», a-t-elle affirmé, en mettant l’accent sur la nécessité d'accompagner cette transition avec des dispositifs permettant aux familles de mieux surmonter cette étape. À cet égard, l’invitée de «L’Info en Face» a plaidé avec force en faveur de la création d'une cellule de médiation. Pour elle, cette structure jouerait un rôle crucial dans la gestion des divorces, qu'ils soient à l'amiable ou conflictuels. «Il faut que cette structure joue son rôle pleinement. Il est essentiel de laisser du temps à cette cellule pour faire son travail», a-t-elle déclaré, mettant en avant l'importance de préserver un dialogue constructif entre les parties concernées. Pour elle, la capacité de la médiation en termes de réparation des liens fragilisés ne doit pas être négligée. «Il est important de garder à l’esprit qu'on peut toujours reconstituer la famille», a-t-elle affirmé, tout en précisant que ce processus doit se faire dans le respect des volontés et du bien-être de chacun.