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Sahara, États-Unis, Algérie... les messages subtils de Omar Hilale

Pour l’ambassadeur Omar Hilale, l’histoire a parfois ses rimes subtiles. Le Maroc, qui fut le premier pays à reconnaître les États-Unis indépendants, voit aujourd’hui Washington porter et défendre sa souveraineté sur le Sahara au Conseil de sécurité. Une dynamique que Rabat veut transformer, dès l’an prochain, en levier de réconciliation régionale. L’Algérie, cette fois, est attendue.

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Invité de l’émission «Saturday Report» diffusée par la chaîne américaine Newsmax TV, Omar Hilale, ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, a livré une analyse détaillée et rigoureuse du tournant diplomatique que représente la résolution 2797 sur le Sahara. S’exprimant en anglais face à la journaliste Rita Cosby, il n’a pas hésité à convoquer l’Histoire pour souligner la singularité des relations entre Rabat et Washington : le Maroc fut la première nation à reconnaître l’indépendance des États-Unis à la fin du XVIIIe siècle. Deux siècles plus tard, ce sont les États-Unis qui, sous l’impulsion de Donald Trump, ont été les premiers à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Pour M. Hilale, cette reconnaissance, désormais consacrée par le vote du 31 octobre 2025 au Conseil de sécurité, marque une réorientation stratégique majeure dans le traitement du dossier. Mieux encore, elle doit ouvrir, selon lui, une nouvelle séquence régionale : «Nous espérons qu’en 2026, l’Algérie tournera enfin la page et reconnaîtra à son tour cette réalité», a-t-il déclaré, appelant à une réconciliation maghrébine longtemps entravée par le conflit régional autour des provinces sahariennes du Royaume.
Pour symboliser cette étape majeure, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a proclamé le «Jour de l’unité marocaine», désormais célébré chaque 31 octobre. Une décision saluée par M. Hilale comme «le couronnement de cinquante ans d’efforts diplomatiques, de patience stratégique et de développement économique sur le terrain». Il s’agit aussi, selon lui, de l’expression vivante du lien entre le peuple, le Trône et «la cause sacrée du Sahara». La réponse populaire a été immédiate : des foules spontanées ont envahi les rues de Laâyoune, Dakhla et Smara, célébrant ce qu’elles perçoivent comme une victoire nationale. «Des milliers de Marocains ont exprimé leur joie dans la rue jusque tard dans la nuit», souligne M. Hilale.

Trump, figure pivot d’un basculement international

Pour l’ambassadeur marocain, le rôle de Donald Trump reste central dans le tournant du 31 octobre dernier. L’ancien président américain, dès 2020, avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, un geste sans précédent, qui a selon M. Hilale «brisé la neutralité confortable du Conseil de sécurité» et mis fin à une dynamique d’immobilisme. «Trump a cru à la paix là où d’autres ne voyaient que conflit. Il a imposé une vision, déplacé les lignes», affirme M. Hilale, saluant également son rôle dans la tentative de réconciliation entre Rabat et Alger et dans la volonté de rendre possible le retour des réfugiés sahraouis dans leurs villages, après des années passées dans les camps de Tindouf. Le diplomate marocain a même invité publiquement Donald Trump à visiter le Sahara marocain en 2026, à l’occasion du prochain Jour de l’unité. Une invitation diplomatique, mais aussi politique.

Une dynamique diplomatique qui s’accélère

Le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies insiste également sur le caractère désormais central du plan marocain d’autonomie, qualifié de seule option sérieuse pour sortir du conflit. La France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et plusieurs autres capitales occidentales l’ont déjà entériné, souligne-t-il. Quant aux chancelleries qui hésitent encore, le Maroc leur adresse un message simple : venez voir par vous-mêmes. M. Hilale les invite à découvrir un Sahara en pleine transformation, avec des infrastructures, des investissements colossaux et une stabilité politique et sociale à toute épreuve. «Venez à Laâyoune, venez à Smara. Vous verrez ce que signifie le développement pour la paix.»

L’heure de la réconciliation ?

Mais le message le plus direct est adressé à l’Algérie. Le diplomate marocain dit espérer que l’année 2026 marquera la fin du conflit et, surtout, le début d’une réintégration du Maghreb, aujourd’hui, l’un des blocs régionaux les moins intégrés au monde. L’obstacle principal ? Ce différend qui, depuis des décennies, empêche tout rapprochement. «Nous avons fait notre part. L’Histoire nous donne raison. Il est temps de reconstruire», conclut M. Hilale, dans un message où la fermeté diplomatique le dispute à la lucidité géopolitique. Reste à savoir si Alger entendra l’appel.
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