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Opposition : pourquoi il est si difficile de faire cause commune

Les partis de l’opposition parlementaire sont-ils capables de mener à bien leur mission face à la supériorité numérique des partis de la majorité ? La question a tout lieu d’être posée, compte tenu du manque de cohérence marquant l’action de l’opposition. Entre l’USFP qui préfère faire cavalier seul et les divergences qui bloquent toute initiative commune, le MP, le PPS et le PJD se démènent pour une coordination réduite au minimum.

Driss Sentissi, président du groupe parlementaire du MP à la Chambre des représentants.
Driss Sentissi, président du groupe parlementaire du MP à la Chambre des représentants.
Les parlementaires de l’opposition sont conscients de leur rôle dans le contrôle du gouvernement et dans le suivi de la mise en œuvre des engagements pris par l’Exécutif dans son programme. Mais ont-ils les moyens pour mener à bien cette mission? Et sont-ils suffisamment unis et solidaires pour contrer la coalition gouvernementale, qui dispose d’une majorité confortable au sein des deux Chambres du Parlement ? La question a tout lieu d’être posée. Selon l’une des figures de proue de l’opposition, le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire (MP) à la Chambre des représentants, Driss Sentissi, la réponse à cette question ne peut être simple. Il rappelle à cet égard que l’opposition avait dès le départ pris la décision de coordonner ses actions afin de faire face à l’«hégémonie» de la coalition gouvernementale. Suite à cette décision, il a été convenu de confier la coordination de cette opposition à tour de rôle aux chefs des groupes de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), du Mouvement populaire (MP), du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et du Parti de la justice et du développement (PJD). Les présidents des groupes de l’USFP et du MP ont été les premiers à assumer cette coordination au cours des deux premières années. Pour cette nouvelle année législative, c’est au tour du PPS de prendre en charge cette responsabilité.

>>Lire aussi : Des députés de la majorité et de l’opposition saluent l’efficacité de la gestion des conséquences du séisme

La coordination de l’opposition fragilisée par le retrait de l’USFP

Mais M. Sentissi reconnaît volontiers que cette coordination a connu des périodes agitées après le retrait des députés de l’USFP. De plus, son action se limite au seul cadre de la Chambre des représentants, ce qui signifie qu’il n’existe pas de collaboration entre les directions des partis et encore moins au sein de la Chambre des conseillers. Le principe de ce «front», précise le député haraki, repose sur la coopération lorsque ses membres sont d’accord. Ils peuvent ainsi présenter des amendements en commun. Ce mécanisme de coopération s’avère particulièrement favorable lors des discussions sur les projets de loi de Finances (PLF). Mais Lorsque les divergences sur certains sujets sont fortes, l’abstention est de mise, comme l’explique Driss Sentissi. «Nous nous abstenons plutôt que de voter contre», dit-il. Et de préciser : «Le groupe parlementaire du MP, en consultation avec le secrétaire général – lui-même membre de ce groupe –, a choisi de se ranger dans l’opposition. Mais il arrive parfois que nous soyons en accord avec la majorité quand l’intérêt public le dicte. Notre rôle en tant que parlementaires est également de contrôler le travail du gouvernement, ce que les députés des partis de la majorité devraient également faire. Le Parlement ne doit pas être considéré comme une annexe du gouvernement. Mais malheureusement, parfois c’est le cas».

L’opposition doit contrôler du gouvernement

De son côté, le nouveau coordinateur du front de l’opposition, Rachid Hamouni, du PPS, abonde dans le même sens : «Nous tenons à souligner que nous pratiquons une opposition nationale, constructive et responsable. Cela signifie que nous n’hésitons pas à soutenir ce qui mérite d’être soutenu, tout en critiquant, de manière appropriée, ce que nous considérons comme inadéquat dans les décisions du gouvernement. Nous attirons l’attention sur les lacunes, les défaillances et les erreurs.» Mais qu’en est-il du rôle de l’opposition telle qu’elle est pratiquée dans l’hémicycle ? «Il est essentiel de noter que si le gouvernement et la majorité sont contraints de coordonner et de coopérer, les composantes de l’opposition n’ont pas de responsabilité exécutive. Elles ont donc toute la latitude pour coordonner leurs actions uniquement en ce qui concerne les questions, les positions et les opinions communes, sans plus. En tant qu’équipe, nous resterons engagés en faveur de l’unité chaque fois que les conditions le permettront. Sinon, nous défendrons les positions de notre parti, qui célèbre cette année le 80e anniversaire de sa fondation», relève-t-il.

Les chantiers prioritaires de la rentrée

Quels devraient être les priorités de la majorité parlementaire, selon l’opposition ? Pour Driss Sentissi, dès la rentrée parlementaire, la majorité se doit de se pencher en premier lieu sur des dossiers cruciaux, comme l’intégrité territoriale, la gestion des conséquences du séisme, la lutte contre l’inflation, la mise en œuvre du Chantier Royal relatif à la protection sociale, l’emploi, le Code du travail, entre autres. Il souligne que ces priorités s’ajoutent à la mission fondamentale des députés, à savoir le contrôle du gouvernement et le suivi de ses engagements vis-à-vis des citoyens.

À cet égard, M. Sentissi invite le gouvernement à faire preuve d’innovation pour trouver des solutions créatives permettant de tenir ses promesses, rappelant que la cinquième session de cette législature touchera bientôt à sa fin, marquant ainsi la moitié du mandat du gouvernement. Dans la foulée, il annonce que le Mouvement populaire a réalisé une étude détaillée scrutant les engagements de l’Exécutif, ses réalisations et ce qui reste à accomplir. De plus, il informe que son parti organisera prochainement une rencontre mettant en avant sa riche production législative, comprenant quelque 56 propositions de loi avec plus de 650 dispositions. Cette initiative, selon lui, permettra d’évaluer les réalisations législatives du groupe parlementaire du Mouvement populaire.

De son côté, le chef du groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme, Rachid Hamouni, évoque comme priorités des députés de son parti la défense de l’intégrité territoriale et des Marocains résidant à l’étranger, la nécessité de continuer à pousser le gouvernement à prendre des mesures concrètes et efficaces pour préserver le pouvoir d’achat. Il mentionne également des sujets tels que les prix des hydrocarbures, la défense de l’investissement public dans le secteur de l’eau, l’emploi, l’opérationnalisation du chantier de la protection sociale, la réforme du Code de la famille, ainsi que les révisions du Code pénal et du Code de la presse et de l’édition.
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