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Maroc-Royaume-Uni : les pistes de l'IMIS pour un partenariat post-Brexit renouvelé

L’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique a publié, lundi 09 septembre 2024, un Policy Paper intitulé « Le Maroc, future pierre angulaire de la stratégie britannique post-Brexit en Afrique ? ». Ce document propose une nouvelle feuille de route pour renforcer la coopération entre le Royaume-Uni et le Maroc après le Brexit.

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Rédigé par Najib Benamour sous la direction du président de l’IMIS, Abdelmalek Alaoui, et du Pr. Ahmed Azirar, directeur de la Recherche au sein de l'institut, le Policy Paper retrace les relations bilatérales historiques entre les deux pays, renforcées par le UK-Morocco Association Agreement signé en 2021, qui a fait progresser les échanges commerciaux à 2 milliards de livres sterling en 2022. Le Policy Paper présente dix recommandations importantes pour exploiter pleinement le potentiel de ce partenariat.

L'harmonisation des règles commerciales

Pour harmoniser les règles d'échange entre le Maroc et le Royaume-Uni, le document propose supprimer les barrières réglementaires héritées de l'accord UE-Maroc, notamment les règles sanitaires et phytosanitaires, qui ne sont plus pertinentes pour les intérêts britanniques. Par exemple, bien que l'UE ait autorisé l'exportation de volaille marocaine, le Royaume-Uni continue d'interdire ces exportations en suivant d'anciennes règles de l'UE. L'harmonisation permettrait de simplifier les procédures, réduire les coûts et les délais. D'autres mesures incluent la facilitation des voyages d'affaires sans visa, la création d'un conseil d'affaires conjoint, et la simplification des règles d'origine pour les produits bénéficiant de préférences tarifaires.

La suppression des barrières tarifaires

Les auteurs du Policy paper recommandent l'élimination progressive des tarifs et quotas douaniers pour renforcer les échanges entre le Maroc et le Royaume-Uni. En supprimant ces barrières, les produits marocains pourraient accéder plus facilement au marché britannique, augmentant ainsi la compétitivité et stimulant la croissance économique des deux pays. L'accent est mis sur les produits végétaux marocains, comme les fruits exotiques et les épices, qui ne concurrencent pas la production britannique. La suppression des quotas sur ces produits, tels que les tomates, favoriserait une baisse des prix pour les consommateurs britanniques et augmenterait les exportations marocaines. Une étude d'impact est suggérée pour évaluer les avantages économiques avant la mise en œuvre de cette mesure.

L'investissement dans la construction d'une masse critique dans les services

L'investissement dans le développement des services est un jalon important pour renforcer les liens entre le Maroc et le Royaume-Uni. Depuis le Brexit, les institutions financières britanniques cherchent à s'implanter en Afrique, où le Maroc peut jouer un rôle stratégique grâce à son secteur tertiaire développé et Casablanca Finance City (CFC). CFC, qui abrite de grandes entreprises de services, dont des cabinets britanniques, offre un environnement propice pour attirer des professionnels britanniques du service aux entreprises. Le Maroc, avec des progrès dans la maîtrise de l'anglais et des barrières réduites, devient une porte d’entrée idéale pour les entreprises britanniques en quête d'opportunités en Afrique. Des négociations spécifiques, dans le cadre de l'accord d'association Royaume-Uni-Maroc, pourraient faciliter l'accès des entreprises britanniques à CFC, consolidant ainsi le Maroc comme connecteur clé entre l'Afrique et le Royaume-Uni dans le secteur des services.

Le renforcement de la collaboration bilatérale dans le secteur des énergies renouvelables

Cette recommandation met en avant l'opportunité de collaboration entre le Royaume-Uni et le Maroc dans le domaine des énergies renouvelables, étant donné leurs objectifs ambitieux en matière de développement durable. Le Maroc, avec son potentiel en énergie solaire et éolienne, pourrait devenir un exportateur net d'énergie renouvelable, tandis que le Royaume-Uni bénéficierait de cette énergie à faible coût, diversifiant et sécurisant son approvisionnement. Des exemples concrets comme le complexe solaire Noor et le parc éolien de Tarfaya démontrent le succès marocain dans ce secteur. La coopération pourrait également s'étendre à l'industrie automobile, notamment dans la mobilité électrique, avec l'exportation de véhicules et la production de batteries à haute valeur ajoutée, renforcée par les réserves de phosphate du Maroc. Cette collaboration pourrait stimuler la croissance économique, créer des emplois, et promouvoir le développement durable dans les deux pays.

Le développement des zones économiques spéciales au Maroc

Le Maroc et le Royaume-Uni ont une formidable opportunité de renforcer leurs relations économiques en développant des Zones Économiques Spéciales (ZES) au Maroc. Grâce à sa position stratégique au carrefour entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc est un hub naturel pour les investissements, tandis que le Royaume-Uni, tourné vers l’Afrique de l’Ouest, peut y voir un terrain fertile pour développer ses échanges. L’expansion de ZES comme Tanger Med, ou la création d’une zone industrielle dédiée aux entreprises britanniques dans le sud du Maroc, ouvrirait de nouvelles perspectives économiques. Ces initiatives dynamiseraient les investissements étrangers, créeraient des emplois, et offriraient une alternative attrayante aux projets chinois en Afrique, renforçant ainsi la coopération maroco-britannique pour une croissance partagée.

La diversification des routes commerciales

Le Maroc et le Royaume-Uni ont tout intérêt à collaborer pour diversifier et moderniser leurs routes commerciales, essentielles à leurs ambitions stratégiques. En créant de nouveaux corridors de transport, ils pourraient renforcer la résilience de leurs échanges et connecter plus efficacement les entreprises britanniques aux réseaux logistiques africains. Un projet clé serait la construction d’un corridor reliant Tanger Med à Lagos, en suivant le tracé du futur gazoduc Maroc-Nigéria, et en intégrant des infrastructures intermodales comme les ports de Tanger, Casablanca et Dakhla. Ce corridor commercial, combinant transport routier, ferroviaire et maritime, permettrait de fluidifier les échanges, de réduire les coûts et de dynamiser le développement économique des pays traversés. En parallèle, l'intégration des Digital Trade Corridors (DTC), déjà testés entre Dublin et Holyhead, pourrait simplifier les processus douaniers et accélérer les flux commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni, tout en connectant des hubs stratégiques comme Tanger Med, renforçant ainsi la compétitivité des deux nations sur le marché international.

Le renforcement des investissements dans les provinces du Sud

Le potentiel des provinces du Sud du Maroc représente une opportunité majeure pour intensifier les investissements internationaux, notamment britanniques. Avec le Nouveau Modèle de Développement des Provinces du Sud lancé en 2013, le Maroc a amorcé une transformation économique ambitieuse dans la région, visant à accroître son PIB et à stimuler la croissance. Dans ce contexte, le policy paper indiqué que le Royaume-Uni pourrait bénéficier de cette dynamique en s’associant à des projets stratégiques comme le port de Dakhla Atlantique, une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’en explorant des synergies dans la pêche, un secteur clé générant 40 % des revenus locaux. Les énergies renouvelables, le tourisme et les infrastructures sont également des domaines propices à des investissements britanniques. De plus, la UK Export Finance pourrait jouer un rôle crucial en offrant des garanties pour encourager les entreprises britanniques à s’implanter dans cette région prometteuse, contribuant ainsi à son développement économique et à la création d’emplois.

La promotion de la coopération dans le domaine de la santé

Le secteur de la santé offre une opportunité prometteuse de collaboration stratégique entre le Maroc et le Royaume-Uni. Alors que le Royaume-Uni fait face à une pénurie croissante de médecins généralistes et à une pression accrue sur son système de santé depuis la pandémie, le Maroc a entrepris des réformes dans la formation médicale, mais les défis persistent, notamment en matière de rémunération et de durée d'études. Une solution innovante serait de créer un partenariat permettant à de jeunes médecins marocains de travailler temporairement au Royaume-Uni, où ils pourraient acquérir une expérience précieuse et bénéficier de meilleures conditions salariales, tout en évitant la fuite des cerveaux. De plus, ce partenariat pourrait s’étendre à l'envoi de techniciens et ingénieurs marocains pour se former aux dernières technologies médicales, favorisant ainsi un échange de compétences. Ensemble, les deux Royaumes pourraient également co-construire un complexe hospitalier dans le sud du Maroc, à proximité de l'Afrique de l'Ouest, pour répondre aux besoins humanitaires de la région.

La maximisation des ponts dans le domaine éducatif

Les auteurs du PP insistent également sur me renforcement des liens éducatifs entre le Royaume-Uni et le Maroc comme opportunité clé. Avec l'introduction progressive de l'anglais dans les collèges marocains, l'intérêt pour les études à l'étranger, notamment au Royaume-Uni, ne cesse de croître. Bien que le coût élevé des études et de la vie au Royaume-Uni représente un obstacle majeur pour de nombreux étudiants marocains, la mise en place de bourses d'excellence par les universités britanniques pourrait rendre ces études plus accessibles, renforçant ainsi les échanges académiques entre les deux pays.

L'intensification de la coopération militaire et sécuritaire

La coopération militaire et sécuritaire entre le Maroc et le Royaume-Uni est cruciale dans un contexte de tensions régionales, notamment avec l'Algérie, qui a fortement augmenté ses dépenses militaires. Le Maroc, engagé dans la modernisation de son armement, pourrait renforcer ce partenariat, notamment à travers l'acquisition de matériel militaire britannique. Des collaborations existent déjà, comme l'exercice African Lion, co-organisé avec les États-Unis. À l'approche d'événements tels que la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030, le Royaume-Uni pourrait également apporter son expertise en matière de sécurité intérieure, grâce à son expérience dans la gestion de grands événements.

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