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Pénurie d’eau : la situation s'aggrave !

Les voyants étaient déjà dans le rouge concernant la pénurie d’eau dans notre pays, mais avec l’été, la chaleur et la consommation qui explose, le risque grandit davantage. Les barrages affichent des taux de remplissage critiques et ça ne fera que s’accentuer en l’absence de pluies. Il faut le reconnaître, d’énormes efforts sont consentis pour éviter le pire et approvisionner les citoyens en eau potable et les agriculteurs en eau d’irrigation. Les campagnes de sensibilisation battent leur plein, mais la prise de conscience ne semble pas être générale !

Après un mois de mai durant lequel les taux de remplissage des barrages oscillaient entre 32 et 31%, les mois qui ont suivi marquent une chute significative des réserves en eau pour atteindre 28,26% aujourd’hui. Une analyse des données quotidiennes publiées par le site «Maroc Barrages» montre que ce taux de remplissage diminue de jour en jour. Cette diminution s’explique naturellement par l’absence de précipitations, en plus des grandes chaleurs enregistrées ces dernières semaines. La situation est assez normale durant l’été, mais elle est inquiétante car, à la base, les réserves d’eau dans les barrages étaient très limitées.

Dans le détail, c’est le bassin Oum Er-Rbiâ qui affiche le taux le plus bas avec 4,42% (219,06 millions de m³ contre un volume normal de 4.954,91), contre 8,66% le même jour de l’année dernière. Le bassin de Souss-Massa arrive en second lieu avec un taux de remplissage de 11,89%. Le Loukkos et le Sebou sont pour le moment les bassins qui affichent les meilleurs taux, avec respectivement 54,77 et 45,10%. À noter que ces taux sont relativement meilleurs que ceux enregistrés le même jour de l’année dernière (47,35 et 44,06%).

Inquiétante, cette situation est appelée à s’aggraver davantage puisque le Maroc connaît actuellement des épisodes répétitifs de hausse des températures, en plus de la demande accrue d’eau en cette période estivale. «Durant l’été, la demande en eau explose. Les journées sont longues, les températures restent élevées et la majorité des Marocains sont en vacances, notamment dans les stations balnéaires où la consommation de l’eau est au plus fort. De plus, il ne faut pas oublier que le Maroc subit cette sécheresse depuis 6 ans maintenant, avec une baisse critique dans les précipitations et donc des niveaux de remplissage des barrages très bas. La preuve en est que nous avons aujourd’hui à peine 4 milliards de m³ de réserves au Royaume», explique Fouad Amraoui, chercheur en hydrogéologie à la Faculté des sciences Aïn Chock de Casablanca.

Les autoroutes de l’eau pour équilibrer la distribution des réserves

L’analyse des taux de remplissage des barrages démontre une baisse critique des réserves, mais également un déséquilibre entre les différentes régions du Royaume. Pour résoudre ce problème, le Maroc a engagé des investissements énormes pour accélérer le projet des autoroutes de l’eau. Ce procédé permet ainsi d’acheminer l’eau d’un barrage à l’autre pour approvisionner les stations de traitement et créer ainsi un équilibre dans la distribution de cette ressource. «Les réserves sont rares, certes, mais également pas toujours au bon endroit. C’est ce qui a poussé les autorités à faire actionner les transferts d’eau dans le cadre d’une solidarité entre les régions. Il s’agit notamment de la connexion entre les bassins du Sebou et du Bouregreg qui a permis d’assurer relativement la desserte en eau pour l’axe Rabat-Casablanca. Il y a eu également le lancement de beaucoup de projets pour essayer de contrecarrer ce déficit important en eau, notamment les projets de construction d’usines de dessalement de l’eau de mer et l’amélioration du taux de rendement du réseau de distribution d’eau potable. Parmi ces projets, il y a ceux qui sont déjà opérationnels et donnent des résultats, mais d’autres sont réalisables à plus long termes. Pour ceux-là, il faut attendre 2027, voire 2030, pour espérer revenir à une situation normale», souligne l’expert. Il salue dans ce sens les stratégies nationales en la matière, qui permettront de rétablir la situation, avec l’espoir d’un retour de la pluie pour sauver le pays de la sécheresse.



La mobilisation doit donc être maintenue pour permettre de faire aboutir les projets en cours dans les meilleurs délais. Toutes les parties concernées sont appelées à agir rapidement et efficacement. C’est d’ailleurs le message que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a envoyé lors du discours prononcé le 29 juillet dernier à l’occasion de la Fête du Trône. C’est dire l’importance et l’urgence de gérer ce problème qui menace l’avenir du pays et des générations futures. Le Discours Royal contenait en effet un message clair aux acteurs et aux parties concernées, telles que les ministères et les institutions impliquées dans cette question, les invitant à faire preuve de vigilance, à mobiliser les ressources et consentir les efforts nécessaires pour relever les défis de la sécurité hydrique. « En accord avec Notre Vision stratégique volontariste et ambitieuse, Nous appelons à accélérer la réalisation des grands projets de transfert d’eau entre les bassins hydrauliques, en assurant la connexion entre le bassin de Oued Laou-Larache et du Loukous et celui de Oued Oum Er-Rbiâ, en passant par les bassins Oued Sebou et Bouregreg. Ces projets permettront l’exploitation d’un milliard de mètres cubes d’eau qui se perdaient dans la mer et garantiront une répartition spatiale équilibrée des ressources hydriques nationales», avait souligné le Souverain.

À ces projets s’ajoutent d’autres tout aussi importants et cruciaux pour gérer la pénurie d’eau et couvrir le besoin des citoyens en eau. Mais pour cela, il faut de la rigueur et de l’engagement, en plus de la mobilisation des fonds nécessaires pour financer ces projets. «Nous tenons à souligner de nouveau qu’aucune négligence, aucun retard, aucune mauvaise gestion ne sont tolérés dans une question aussi cruciale que l’eau», avait indiqué le Souverain dans Son discours.

L’enjeu est important pour une métropole comme Casablanca

Si la pénurie d’eau menace les villes, les provinces, les douars et les communes, le risque est encore plus énorme pour une métropole comme Casablanca. En effet, avec ses 3,64 millions d’habitants (selon les dernières estimations du HCP) et ses zones industrielles, la capitale économique du Royaume doit gérer une demande annuelle de plus de 220 millions de mètres cubes d'eau potable. Le barrage d’Al-Massira, première source d’eau pour la métropole, affiche un niveau critique du taux de remplissage, qui atteint aujourd’hui 1,21%. Cette situation a contraint les autorités à prendre des mesures urgentes pour gérer la situation. «Avec sa population dense, Casablanca a des besoins en eau potable de plus de 220 millions de m3. Mais les deux sources historiques d’approvisionnement qui sont Oum Er-Rbiâ au Sud et Bouregreg au Nord ne sont plus suffisantes, en particulier le barrage Al-Massira. D’où les efforts consentis pour connecter la partie Sud à celle du Nord pour bénéficier du transfert d’eau à partir du bassin du Sebou. Toutefois, quelques quartiers ne sont pas encore connectés, ce qui pose le problème de leur alimentation en eau potable. D’ailleurs, on commence à noter une baisse du débit dans certains quartiers, voire des coupures d’eau», souligne Fouad Amraoui.

Le chercheur en hydrogéologie à la Faculté des sciences Aïn Chock de Casablanca estime dans ce sens que ces contraintes permettront de sensibiliser les citoyens à l’ampleur de la problématique, les amenant ainsi à réduire la consommation et à rationaliser les usages de l’eau. Cette sensibilisation est également le cheval de bataille de la maire de la ville, Nabila Rmili, qui ne cesse d’appeler à économiser l’eau. Elle a dans ce sens expliqué que la ville menait une course contre la montre pour gérer le risque de pénurie d’eau. «Le débit d’eau a été réduit de 10%. C’est l’une des mesures prises pour faire face au manque d’eau dans la ville. Nous ne disposons pas de réserves suffisantes, ce qui nous amène à redoubler d’efforts pour éviter les coupures d’eau, notamment dans les quartiers Sud», a noté la responsable en marge de la réunion du Conseil de la ville tenue lundi dernier.

La sensibilisation, encore et toujours

Quel que soit le nombre de projets lancés pour gérer cette problématique, la sensibilisation demeure importante pour préserver cette ressource, d’autant plus que tous les experts affirment que cette denrée deviendra de plus en plus rare dans le monde à cause de la détérioration de l’environnement et des équilibres écologiques. «La sensibilisation reste l’élément clé pour aller vers l’ancrage d’une culture d’économie d’eau. L’État fait un travail monstre. C’est rare de voir un pays lancer autant de projets : nouveaux barrages, dessalement de l’eau de mer, entretien des canalisations... Les efforts sont considérables et il faut rendre hommage à toutes les personnes qui travaillent dans ce sens en faisant un usage rationnel de cette ressource cruciale», conclut l’expert.
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