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Pénurie d'eau : les provinces du Sud à l’épreuve d’une sécheresse persistante

Face à une sécheresse de plus en plus persistante, l’Agence du bassin hydraulique de Sakia El Hamra et Oued Eddahab a tenu, vendredi 31 janvier à Laâyoune, son conseil d’administration pour l’année 2024. Présidée par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau, cette réunion a permis de dresser le bilan de l’année écoulée, d’examiner les solutions mises en place et de tracer les grandes lignes des projets à venir pour faire face à une crise qui ne cesse de s’aggraver.

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À mesure que les précipitations se raréfient et que les nappes phréatiques s’amenuisent, la question de l’eau devient une des grandes priorités des politiques publiques. Dans les régions du Sud, où le climat est déjà aride, la situation devient particulièrement critique. C’est dans ce contexte que s’est tenu, vendredi à Laâyoune, le conseil d’administration de l’Agence du bassin hydraulique de Sakia El Hamra et Oued Eddahab, sous la présidence de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau. Une réunion où il a été question de bilans, de projets ambitieux et d’urgences hydriques. Dès le début des échanges, le ton est donné.
Le Maroc fait face à une sécheresse structurelle qui s’aggrave d’année en année, un phénomène directement lié aux bouleversements climatiques. Les chiffres sont sans appel : au cours de l’année hydrologique 2023-2024, le bassin de Sakia El Hamra et Oued Eddahab a enregistré une baisse des précipitations de 82% par rapport à la moyenne annuelle. Une situation qui menace non seulement l’accès à l’eau potable, mais aussi l’agriculture et les activités économiques locales. Face à cette réalité, le gouvernement ne peut plus se contenter de mesures classiques. Nizar Baraka insiste sur l’importance d’une gestion plus innovante et efficace de cette ressource vitale. Il a rappelé que les Directives Royales, énoncées par S.M. le Roi Mohammed VI lors du 25ᵉ anniversaire de la Fête du Trône, plaçaient la question de l’eau au cœur des priorités nationales. «Il est impératif d’adopter une nouvelle approche basée sur l’innovation et la gouvernance efficace», a-t-il insisté.

Des réalisations concrètes, mais une urgence persistante

Malgré ce tableau préoccupant, plusieurs avancées ont été enregistrées ces derniers mois. L’un des chantiers les plus symboliques reste le réaménagement du barrage de Sakia El Hamra et Oued Eddahab, endommagé par les inondations de 2016. Aujourd’hui, 74% des travaux sont achevés. À cela s’ajoutent des infrastructures stratégiques comme la station de dessalement de l’eau de mer de Dakhla, dont les travaux avancent, et celle du centre d’Amgriou, désormais en exploitation. L’Agence mise aussi sur 27 nouveaux forages d’exploration, réalisés en 2023 pour renforcer l’approvisionnement en eau potable.
Des solutions qui permettent de gagner du temps, mais qui ne suffisent pas à régler le problème de fond. Car en parallèle, la nappe phréatique continue de s’épuiser et l’eau devient une ressource de plus en plus disputée. C’est pourquoi l’État accélère le déploiement de nouveaux projets. L’un des plus attendus concerne l’extension des stations de déminéralisation d’El Ouattia et de Tan-Tan, une mesure essentielle pour améliorer la qualité de l’eau. En parallèle, plusieurs lacs collinaires seront construits dans la province d’Es-Smara, et deux petits barrages verront le jour à Galtat Zemmour (province de Boujdour) et El Hagounia (province de Tarfaya). Une autre initiative clé porte sur la réutilisation des eaux usées traitées. À Laâyoune et Dakhla, ces eaux serviront à l’arrosage des espaces verts afin de réduire la pression sur les ressources naturelles.

Un enjeu politique et sociétal

Mais au-delà des infrastructures, c’est la gestion même de l’eau qui doit être repensée. Depuis des années, l’exploitation anarchique des ressources hydriques constitue un problème majeur. Pour y remédier, un contrat de gestion participative des ressources en eau de la nappe de Dakhla a été élaboré, en collaboration avec les acteurs locaux. Ce modèle de gouvernance, qui repose sur l’implication des collectivités, vise à garantir une utilisation plus rationnelle et durable de l’eau. Dans ce même esprit, l’année 2024 a été marquée par une vaste campagne de sensibilisation, incitant les citoyens et les entreprises à réduire leur consommation. «Nous devons tous changer notre rapport à l’eau. C’est un bien précieux, et nous devons l’utiliser avec responsabilité», insiste Nizar Baraka.
Par ailleurs, lors de ce conseil d’administration, plusieurs décisions ont été validées. Parmi elles, l’approbation du contrat de gestion de la nappe de Dakhla, la validation de quatre conventions liées à la gestion de l’eau et l’octroi de cinq contrats de concession pour l’exploitation des ressources hydriques. Des mesures qui, bien que nécessaires, ne suffiront pas à elles seules à inverser la tendance. Malgré des efforts visibles, l’avenir de l’eau au Maroc reste incertain. La sécheresse ne cesse de s’aggraver et les ressources disponibles diminuent. Face à cette réalité, le conseil a eu une seule conclusion, à savoir l’urgence du changement de paradigme : développer de nouvelles sources d’approvisionnement, renforcer les infrastructures, réguler l’exploitation et, surtout, transformer les mentalités.
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