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Pleins feux sur la ténébreuse menace des cellules terroristes démantelées au Maroc

Les cellules terroristes démantelées récemment montrent à n’en point douter que le Maroc est visé par les projets destructeurs de la nébuleuse djihadiste. Cette dernière, après avoir semé le chaos dans nombre de pays du Proche-Orient, a jeté son dévolu sur le Maroc. Et c’est par le Sahel, ventre mou de l’Afrique du Nord sur le plan sécuritaire, qu’elle espère perpétrer ses actions déstabilisatrices. Les hauts responsables sécuritaires du BCIJ l’ont souligné sans ambages lors de la dernière conférence de presse, tenue lundi dernier à Salé, pour présenter les détails de la cellule démantelée récemment et dont les liens avec Daech ont été indubitablement établis. Pourquoi le Maroc ? quels sont les enjeux géopolitiques sous-jacents de cette menace et comment y faire face ? Des éléments de réponses ont été apportés par les responsables du BCIJ eux-mêmes, alors que d’autres éléments ont été fournis par des experts ayant pris part à L'émission «Khass» (Special), diffusée sur Médi1 TV il y a quelques jours. Voici l’essentiel à retenir.

Dans un contexte régional marqué par l'instabilité et la résurgence de la menace terroriste, notamment dans la zone sahélienne, le Maroc demeure une cible prioritaire pour les groupes terroristes actifs dans cette partie du continent africain. Les cellules liées à Daech démantelées ces dernières semaines prouvent en effet que le Royaume est visé par les plans mortifères de la nébuleuse djihadiste.

Faut-il rappeler que le Forum de défense africain relevant du Pentagone a alerté sur le fait que «la région du Sahel et du Sahara est en train de se transformer en un nouvel Irak» et qu'une «migration massive de cellules terroristes vers cette région est en cours», relève Abdelhak Snaïbi, expert en sécurité et affaires stratégiques, en expliquant que «dans l'idéologie jihadiste, et même dans la rhétorique des organisations terroristes, le Royaume du Maroc a toujours figuré au cœur des pays ciblés». Il a cité à cet égard l'ouvrage «Gestion de la sauvagerie d'Abou Bakr al-Naji», qui place le Maroc parmi les États susceptibles d'être attaqués.

Ahmed El Boukili, professeur universitaire d’études islamiques, a été on ne peut plus clair : «Nous sommes face à une machine idéologique redoutable qui manipule et façonne les esprits dès le plus jeune âge». Et d’ajouter que «la mondialisation et les nouvelles technologies facilitent la diffusion de ces idéologies extrémistes qui exploitent l'ignorance religieuse et la vulnérabilité sociale». Pour M. El Boukili, les institutions, comme la Rabita Mohammadia et le Conseil supérieur des oulémas, jouent un rôle crucial dans la déconstruction scientifique des idéologies extrémistes», qui visent le modèle religieux marocain, un modèle basé sur un islam tolérant, modéré et authentique.

Une attaque contre la légitimité religieuse du Royaume

Dans la même optique, M. Snaïbi a souligné que «ces organisations terroristes remettent en question la légitimité de l’Institution du Commandeur des croyants au sein du Royaume du Maroc». Ces groupes, prétendant incarner «le véritable État du califat», contestent l'autorité religieuse du Maroc pour mieux justifier leurs actions. Mais la dimension religieuse n’est pas la seule motivation des groupes terroristes. Déstabiliser le Maroc et l’affaiblir en y répandant le chaos est un des objectifs affichés par le voisinage. Et là, les attaques terroristes pourraient être un des moyens mis à contribution. En effet, l’analyse des liens entre les groupes extrémistes met en évidence «des alliances objectives avec l’un des États d'Afrique du Nord», déclare M. Snaïbi citant plusieurs figures majeures du terrorisme international ayant des connexions étroites avec cet État, notamment Iyad Ghali, leader du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), Yahya Abou El Hammam et Djamal Okacha. «Le journal “Le Monde” a d’ailleurs révélé qu’au cours d’une opération militaire française, une tentative d'élimination d'Iyad Ghali avait été envisagée, mais lorsqu’un contact a été établi avec le régime algérien, celui-ci a répondu textuellement : «Laissez Iyad, nous nous en occuperons», rappelle M. Snaïbi.

Le poids des acteurs géopolitiques dans l’équation

Pour cet expert, il est difficile de ne pas y voir des connexions entre cet État et les groupes terroristes : «Outre les motivations idéologiques et stratégiques, l’implication de certains États dans la facilitation des opérations de Daech contre le Maroc ne peut être écartée. Certains pays, animés par des rivalités régionales, pourraient instrumentaliser le terrorisme pour affaiblir le Royaume sur la scène internationale». Pour lui, l’influence de ces acteurs cherchant à entraver l’essor du Maroc en tant que puissance régionale est un élément à prendre en compte dans l’analyse de cette menace persistante.

Se pose dès lors la question du financement. «D'où viennent ces armes en premier lieu ? Qui finance ces groupes ? Et qui cherche à porter atteinte aux intérêts du Maroc ?» Abbas El Ouardi, professeur de droit et expert en sécurité, a laissé entendre qu’un État voisin pourrait être impliqué. Et pour preuve : «Il est avéré que le régime de ce pays a directement facilité la présence de ces combattants au Mali. Sans oublier que des cadres influents issus de zones instables en Algérie, notamment à Tindouf, sont impliqués dans des activités terroristes».

Évolution majeure de la géographie des menaces

En tout état de cause, la menace terroriste venant du Sahel se précise. Et les hauts responsables sécuritaires du BCIJ l’ont souligné sans ambages lors de la dernière conférence de presse tenue lundi dernier à Salé pour présenter les détails de la cellule démantelée récemment et dont les liens avec Daech ont été établis. «Le terrorisme transfrontalier connaît une mutation inquiétante, mettant à l’épreuve les dispositifs de sécurité nationaux», alerte Abbas El Ouardi. La récente découverte de cellules de soutien logistique à Boudnib dans la province d’Errachidia en témoigne, soulevant des interrogations cruciales sur l’origine des armes et les réseaux de financement de ces groupes.

Par ailleurs, Abbas El Ouardi a mis en garde contre «l'évolution majeure de la géographie des menaces», citant la récente découverte de cellules de soutien à Errachidia et Boudnib. «Ce qui a été révélé par ces opérations de fouille minutieuses utilisant des technologies de pointe, telles que la saisie de fusils Kalachnikov et de munitions réelles, indique que la carte des cibles potentielles aurait pu être dramatique si un attentat avait eu lieu, à Dieu ne plaise». Mais le Maroc peut compter sur la vigilance de ses services de sécurité, s’est-il félicité en mettant en avant, «L'intervention rapide du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) ainsi que les renseignements fournis par la Direction générale de la Surveillance du territoire (DGST), qui ont permis de prendre les mesures nécessaires».

Lutte antiterroriste, une approche holistique qui a fait ses preuves

L’approche du Maroc a démontré son efficacité, comme en témoigne le rôle du Bureau central d’investigation judiciaire, créé en 2015. «Nos forces de sécurité continuent de mettre en échec les tentatives terroristes, démontrant ainsi l'efficacité de notre stratégie», met en avant M. Snaïbi. Mais l’approche du Maroc n’est pas que sécuritaire. Elle englobe la dimension économique et la réhabilitation du discours religieux que certains extrémistes tentent de prendre en otage. Selon M. El Ouardi, la Vision Royale lie la sécurité au progrès économique tout en mettant l’accent sur l’éducation et la sensibilisation, impliquant divers acteurs tels que les partis politiques, les médias et les institutions religieuses.
«La lutte contre l’extrémisme ne repose pas uniquement sur la sécurité, mais aussi sur l’éducation et la sensibilisation». D’où la nécessité pour le Maroc d’adapter continuellement son approche aux évolutions de la société. «Il est temps d’adapter notre stratégie aux nouvelles menaces numériques», a insisté M. Boukili, soulignant l’importance de contrer l’infiltration terroriste sur les plateformes en ligne. Autant dire que le combat contre la menace terroriste est l’affaire de tous. «Nos forces de sécurité continueront de défendre notre pays, mais chaque citoyen doit jouer son rôle dans la prévention et la sensibilisation», conclut M. Snaïbi.
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