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Plongée dans «Mémoire, identité et patrie... Mémoires de Dakhla» de Hassan Haouideg

Avec le cinquième volume de «Mémoire, identité et patrie… Mémoires de Dakhla», Hassan Haouideg, enseignant et acteur associatif, prolonge une entreprise mémorielle engagée depuis plusieurs années autour de la question du Sahara marocain. Alors que le peuple marocain vient de célébrer le cinquantième anniversaire de la Marche Verte, le soixante-dixième anniversaire de l’Indépendance ainsi que la résolution 2797 par le Conseil de sécurité, ce tome V, vient à point nommé. Il a été présenté sur de nombreuses scènes culturelles nationales, de Casablanca à Dakhla, en passant par Laâyoune et Rabat, où il a été honoré à la Bibliothèque nationale.

L’ouvrage de Hassan Haouideg, «Mémoire, identité et patrie... Mémoires de Dakhla», retrace, au fil de ses cinq volumes, l’évolution inexorable du Sahara marocain, à travers ses hommes, ses chantiers et ses horizons. Ce cinquième tome intervient à un moment singulier, marqué par la convergence de la dynamique diplomatique, de l’essor du développement dans les provinces du Sud et des mutations du contexte international, à la suite de l’adoption, le 31 octobre 2025, de la résolution 2797 du Conseil de sécurité qui, rappelons-le, érige l’initiative marocaine d’autonomie en cadre unique et réaliste du règlement définitif du différend régional autour du Sahara marocain.

Une œuvre mémorielle intimement liée à la cause nationale

Dès les premiers tomes de «Mémoire, identité et patrie... Mémoires de Dakhla», Hassan Haouideg raconte le développement et les événements marquant au niveau de la région à travers son engagement de terrain. Enseignant à Dakhla, il avait alors répondu à l’appel du devoir national pour prendre part, en tant que membre des tribus sahraouies, au «référendum confirmatif» de la marocanité du Sahara. Ce choix fondateur confère à son œuvre la densité d’une expérience vécue et non le regard d’un simple observateur. Ainsi, tome après tome, l’auteur consigne les jalons d’une cause qu’il accompagne de l’intérieur : rencontres nationales et internationales, forums de réflexion, missions de plaidoyer, actions de diplomatie parallèle, mais aussi les mutations concrètes des territoires sahariens, du front diplomatique aux réalités quotidiennes des populations.

C’est dans cette même continuité que s’inscrit le cinquième volume. Il en prolonge l’esprit tout en l’inscrivant dans l’actualité la plus récente. L’ouvrage s’emploie à documenter les développements récents du dossier du Sahara marocain, qu’il s’agisse des reconnaissances internationales successives, du raffermissement de la diplomatie Royale, de l’élargissement des soutiens à l’initiative d’autonomie ou encore de l’essor des projets structurants portés par le nouveau modèle de développement des provinces du Sud.

Un cinquième tome inscrit dans le tournant de la séquence 2020-2025

Le tome V s’attarde sur une séquence déterminante, inaugurée le 10 décembre 2020, lorsque les États-Unis d’Amérique ont reconnu la souveraineté du Royaume du Maroc sur ses provinces sahariennes. Cinq années plus tard, cette reconnaissance a entraîné, souligne l’auteur, une dynamique d’alignement progressif de plusieurs partenaires internationaux : l’Allemagne, l’Espagne, la France, entre autres, ont fait évoluer leurs positions, tandis que se multipliaient les ouvertures de consulats à Laâyoune et à Dakhla. Hassan Haouideg relève que ces «plateformes consulaires», dont le nombre avoisine désormais la trentaine, sont appelées à se renforcer encore, y voyant un «soutien clair» et un «acte de reconnaissance pratique de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes recouvrées». L’ouvrage revient également sur la posture des Nations unies, qui continuent de considérer l’initiative marocaine d’autonomie comme «une base sérieuse et crédible de règlement», tout en appelant à la poursuite des négociations entre les parties en vue de clore un différend qualifié de «conflit régional artificiel qui a trop duré», et qui a engendré, selon lui, «une réalité humaine dramatique dans les camps de Tindouf, sous l’emprise et avec le soutien du régime militaire algérien». Partant de là, l’auteur affirme que l’initiative marocaine d’autonomie constitue «le plafond ultime de la négociation, et rien d’autre» : un cadre appelé à garantir à la fois la participation démocratique des populations locales, la préservation des spécificités culturelles et sociales, et une perspective de sortie de crise «sans vainqueur ni vaincu».

Du chantier diplomatique à la «Fête de l’Unité»

En toute logique, dans ce cinquième volume également, la résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre 2025, occupe une position centrale. L’auteur la présente comme l’acte par lequel la communauté internationale a formellement consacré «l’initiative marocaine d’autonomie sous souveraineté nationale comme base unique, réaliste et définitive du règlement du différend».

Dans le prolongement immédiat de cette consécration, l’auteur salue la décision de S.M. le Roi Mohammed VI d’ériger le 31 octobre en «Fête de l’Unité», acte d’une portée symbolique majeure, qui vient selon l’auteur consacrer, dans toute sa force, l’unité territoriale et nationale «du nord au sud, de Tanger à Lagouira». L’ouvrage met en lumière la portée inclusive de ce tournant historique, y voyant «une occasion précieuse pour le retour de tous nos frères sahraouis marocains à la mère patrie», mais aussi une «invitation à la normalisation des relations entre les peuples marocain et algérien, et, au-delà, entre les cinq pays du Maghreb».

Au confluent de la mémoire personnelle, du témoignage collectif et de la documentation politique, ce cinquième volume se donne ainsi à lire comme un repère au seuil d’une nouvelle séquence de la question du Sahara. Par l’épaisseur de sa matière, l’ouvrage ouvre enfin sur la parole directe de son auteur, telle qu’elle se déploie dans l’entretien qui suit.

Entretien avec Hassan Haouideg, enseignant et acteur associatif : «L’appel lancé par S.M. le Roi aux Sahraouis de Tindouf traduit un esprit sincère de clémence, de miséricorde et de réconciliation»

Le Matin : Dans Son Discours suite à la résolution 2797, S.M. le Roi a souligné: «nous appelons sincèrement nos frères dans les camps de Tindouf à saisir cette opportunité historique pour retrouver les leurs et jouir de la possibilité que leur offre l’Initiative d’autonomie de contribuer à la gestion des affaires locales, au développement de leur patrie et à la construction de leur avenir, dans le giron du Maroc uni». Que pensez-vous de cet appel ? Quel écho a-t-il eu auprès des familles sahraouies ?

Hassan Haouideg :
À l’occasion de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2797, Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, a adressé un appel sincère à nos frères et à nos cousins se trouvant de l’autre côté, dans les camps de Tindouf. Cet appel s’inscrit dans la continuité des discours Royaux précédents et prolonge également l’esprit de feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme, un esprit fondé sur la clémence, la miséricorde et la réconciliation.

De ce fait, je pense que l’Initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine est une opportunité offerte à nos frères dans les camps de Tindouf afin qu’ils rejoignent la terre de la patrie et des ancêtres pour que nous vivions ensemble le grand chantier du développement. Il s’agit aussi de vivre le chantier démocratique qu’incarne l’Initiative d’autonomie, laquelle permettra à la population des provinces du Sud de gérer ses affaires par elle-même. C’est une occasion pour tous les Sahraouis marocains, qu’ils se trouvent dans les camps de Tindouf ou dans les pays de l’émigration, de rejoindre leurs frères présents dans les provinces du Sahara marocain. Il s’agit d’une initiative louable de S.M. le Roi, Amir Al-Mouminine à l’égard de ses fils dans les camps de Tindouf. C’est un appel noble de nature à consacrer la réunification des familles sahraouies ayant subi les affres de la séparation, de l’exil et de la dispersion.

Cette initiative incarne la dimension de spirituelle du rôle du Souverain qui, ce faisant, veille au maintien des liens de parenté et la réconciliation au sein des familles. En toute vérité, il existe aujourd’hui des familles dont le père se trouve encore dans les camps de Tindouf tandis que le fils est installé au Sahara marocain, et l’inverse est également vrai pour de nombreux proches. C’est donc une occasion bénie qui aura un impact positif et apportera apaisement et sérénité dans les cœurs de l’ensemble des familles sahraouies.

En tant que militant associatif, comment pensez-vous que les acteurs sahraouis engagés dans la diplomatie parallèle peuvent-ils contribuer à faire progresser les efforts pour une solution politique durable ?

La société civile, depuis plus de vingt ans, que ce soit sur le plan académique, national ou au niveau de la présence du Maroc dans le monde, s’est engagée dans une mobilisation globale pour la défense de la marocanité du Sahara et pour la préservation de l’intégrité territoriale et nationale du Royaume. Aujourd’hui encore, son rôle demeure fondamental afin de poursuivre ce travail de longue haleine, notamment sur le plan du plaidoyer et de la communication avec nos frères sahraouis se trouvant dans les camps de Tindouf, pour les encourager à revenir à la mère patrie et à participer à la gestion de leurs propres affaires dans le cadre de l’Initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine. Ce régime d’autonomie sera appliqué de manière réelle sur cette terre chère qu’est le Sahara, avec nos fils et dans notre patrie, une patrie que nous aimons profondément et dont nous devons servir le développement dans tous les domaines et à tous les

niveaux.

On vient de fêter le 50e anniversaire de la Marche Verte. Que représente pour vous cette date ?

Le cinquantième anniversaire de la glorieuse Marche Verte intervient dans un contexte exceptionnel, surtout cette année, puisqu’il a été couronné par l’adoption de la résolution onusienne 2797 consacrant l’Initiative d’autonomie sous souveraineté marocaine comme cadre unique et définitif du règlement de ce différend régional artificiel autour de la marocanité du Sahara, qui a duré près d’un demi-siècle. Durant cinquante années, le Maroc a fait preuve de patience, de sagesse et de persévérance pour recouvrer son droit légitime par la voie du droit international. Si la Marche Verte, initiée par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme, a libéré le Sahara, Son successeur, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu Le glorifie, en a consacré les dimensions, les significations et l’esprit, notamment à travers la dimension développementale.

Que pensez-vous de l’évolution socioéconomique des provinces du Sud depuis leurs retour dans le giron de la mère patrie ?

Il y a un développement important sur le plan social dans l’ensemble des provinces du Sahara marocain, aussi bien dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra que dans celle de Dakhla-Oued Eddahab, ainsi que dans la région de Guelmim-Oued Noun, qui constitue la porte d’entrée du Sahara. Le modèle de développement propre aux provinces du Sud a instauré une dynamique de développement intégré dans tous les secteurs. Cette dynamique crée des opportunités d’emploi et permet aux jeunes d’accéder à de véritables perspectives professionnelles, dans une logique gagnant-gagnant. La région de Dakhla-Oued Eddahab occupe, à cet égard, une position stratégique en tant que trait d’union avec la profondeur africaine du Royaume. Les infrastructures réalisées permettront d’atteindre un développement social global et durable, autant au profit des populations locales que des partenaires dans le cadre de la coopération régionale.

Aujourd’hui, cette dimension se matérialise clairement à travers le nouveau modèle de développement des provinces du Sud. À titre d’exemple, il y a la voie rapide Tiznit–Dakhla via Laâyoune, longue de 1 055 kilomètres, le port Dakhla Atlantique, le raccordement au réseau électrique national, ainsi que de nombreux secteurs vitaux comme la pêche maritime, l’agriculture, la logistique, le tourisme, la culture et l’enseignement. Tous les secteurs ont bénéficié de ce grand projet auquel ont été consacrés 77 milliards de dirhams. Je me remémore encore avec beaucoup d’émotion le 40e anniversaire de la Marche Verte, lorsque j’ai eu l’honneur de faire partie de la délégation de la région de Dakhla-Oued Eddahab devant Sa Majesté le Roi, lors du lancement effectif, depuis la ville de Laâyoune, de ce vaste projet d’investissement. Ce développement permettra également à nos frères qui regagneront la patrie depuis les camps de Tindouf de bénéficier de ces grands chantiers et de contribuer, à leur tour, à la construction de l’édifice de développement dans une dynamique moderne et avancée, avec l’aide de Dieu.
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