Le projet de budget de la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) pour l’année budgétaire 2024 était, mardi, au centre des discussions au sein de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme de la première Chambre. Cette étape s’inscrit dans le cadre des discussions entourant les budgets sectoriels des différents départements gouvernementaux. Lors de cette présentation, le délégué général à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion, Mohamed Salah Tamek, a mis en lumière non seulement les réalisations remarquables de la DGAPR, mais aussi les défis complexes auxquels l’Administration pénitentiaire est actuellement confrontée.
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Par ailleurs, si M. Tamek salue les avancées législatives, à l’image de la loi sur les peines alternatives récemment votée, il souligne que le traitement de ce phénomène complexe nécessite une approche intégrée, alliant mesures judiciaires, administratives et sociales. Il a, à ce titre, critiqué le fait que ce soit la Délégation, sans concertation préalable, qui aura à gérer la mise en application de cette nouvelle approche de peine.
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Le défi majeur de la surpopulation carcérale
Lors de son exposé, M. Tamek s’est longuement attardé sur un sujet qui représente, selon lui, un défi majeur : la surpopulation carcérale. Le nombre de détenus a augmenté de manière significative, dépassant les 100.000, soit une augmentation de 6% (fin octobre 2023) par rapport à l’année précédente. En effet, concernant la situation carcérale, M. Tamek a souligné l’aggravation du problème de surpopulation, le nombre de détenus ayant atteint 103.000 contre 97.204 une année auparavant. Ce qui place le Maroc en tête de la région en termes de taux d’incarcération, soit 272 pour 100.000 habitants. Les dernières données disponibles des pays voisins montrent que la Tunisie est à 196 pour 100.000 habitants, la Mauritanie à 57, l’Algérie à 1.217, l’Espagne à 113, la France à 109, et l’Italie à 99. «Cela souligne l’urgence de trouver des solutions pour remédier à cette situation exceptionnelle, en raison de la surpopulation carcérale qu’elle entraîne dans les établissements pénitentiaires», a-t-il alerté. Pour faire face à cette situation, il a rappelé que la Délégation générale a tiré la sonnette d’alarme à travers un communiqué public, appelant à une synergie des efforts des acteurs pour trouver des solutions efficaces.Vers une approche intégrée pour lutter contre la surpopulation carcérale
Face à ce défi, la DGAPR a pris des mesures courageuses en admettant publiquement cette situation et en engageant un dialogue avec diverses parties prenantes, le ministère de la Justice, le ministère de l’Intérieur et d’autres acteurs clés. Une commission a été créée pour étudier les causes profondes de cette surpopulation carcérale et proposer des solutions efficaces. Selon lui, la lutte contre la surpopulation passe aussi par la prévention de la récidive, via l’éducation, la formation et la réinsertion. Un volet qui a fait l’objet d’une étude de la part de la Délégation générale et qui sera menée annuellement pour comprendre ce volet qui contribue à aggraver la problématique de la densité dans les institutions pénitentiaires.Par ailleurs, si M. Tamek salue les avancées législatives, à l’image de la loi sur les peines alternatives récemment votée, il souligne que le traitement de ce phénomène complexe nécessite une approche intégrée, alliant mesures judiciaires, administratives et sociales. Il a, à ce titre, critiqué le fait que ce soit la Délégation, sans concertation préalable, qui aura à gérer la mise en application de cette nouvelle approche de peine.