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Plus de 100.000 personnes dans les prisons, Mohamed Salah Tamek sonne l’alarme

La Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme de la Chambre des représentants s’est réunie mardi 7 novembre pour discuter du projet de budget sectoriel de la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) pour l’année budgétaire 2024. Les grandes lignes, les perspectives ainsi que le bilan de cette institution ont fait l’objet d’un exposé de son délégué général, Mohamed Salah Tamek.

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Le projet de budget de la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) pour l’année budgétaire 2024 était, mardi, au centre des discussions au sein de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme de la première Chambre. Cette étape s’inscrit dans le cadre des discussions entourant les budgets sectoriels des différents départements gouvernementaux. Lors de cette présentation, le délégué général à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion, Mohamed Salah Tamek, a mis en lumière non seulement les réalisations remarquables de la DGAPR, mais aussi les défis complexes auxquels l’Administration pénitentiaire est actuellement confrontée.

>> Lire aussi : Surpopulation carcérale: Après l'alerte, la DGAPR rassure

Le défi majeur de la surpopulation carcérale

Lors de son exposé, M. Tamek s’est longuement attardé sur un sujet qui représente, selon lui, un défi majeur : la surpopulation carcérale. Le nombre de détenus a augmenté de manière significative, dépassant les 100.000, soit une augmentation de 6% (fin octobre 2023) par rapport à l’année précédente. En effet, concernant la situation carcérale, M. Tamek a souligné l’aggravation du problème de surpopulation, le nombre de détenus ayant atteint 103.000 contre 97.204 une année auparavant. Ce qui place le Maroc en tête de la région en termes de taux d’incarcération, soit 272 pour 100.000 habitants. Les dernières données disponibles des pays voisins montrent que la Tunisie est à 196 pour 100.000 habitants, la Mauritanie à 57, l’Algérie à 1.217, l’Espagne à 113, la France à 109, et l’Italie à 99. «Cela souligne l’urgence de trouver des solutions pour remédier à cette situation exceptionnelle, en raison de la surpopulation carcérale qu’elle entraîne dans les établissements pénitentiaires», a-t-il alerté. Pour faire face à cette situation, il a rappelé que la Délégation générale a tiré la sonnette d’alarme à travers un communiqué public, appelant à une synergie des efforts des acteurs pour trouver des solutions efficaces.

Vers une approche intégrée pour lutter contre la surpopulation carcérale

Face à ce défi, la DGAPR a pris des mesures courageuses en admettant publiquement cette situation et en engageant un dialogue avec diverses parties prenantes, le ministère de la Justice, le ministère de l’Intérieur et d’autres acteurs clés. Une commission a été créée pour étudier les causes profondes de cette surpopulation carcérale et proposer des solutions efficaces. Selon lui, la lutte contre la surpopulation passe aussi par la prévention de la récidive, via l’éducation, la formation et la réinsertion. Un volet qui a fait l’objet d’une étude de la part de la Délégation générale et qui sera menée annuellement pour comprendre ce volet qui contribue à aggraver la problématique de la densité dans les institutions pénitentiaires.

Par ailleurs, si M. Tamek salue les avancées législatives, à l’image de la loi sur les peines alternatives récemment votée, il souligne que le traitement de ce phénomène complexe nécessite une approche intégrée, alliant mesures judiciaires, administratives et sociales. Il a, à ce titre, critiqué le fait que ce soit la Délégation, sans concertation préalable, qui aura à gérer la mise en application de cette nouvelle approche de peine.

Un bilan encourageant mais des défis persistants

Dans son bilan des réalisations, M. Tamek a mis en lumière un ambitieux programme de réhabilitation des détenus. Ce projet, a-t-il déclaré, empreint de vision et de détermination, s’avère être une source d’inspiration, incitant à persévérer dans la quête constante de l’amélioration des droits des détenus. Il souligne toutefois que cette entreprise exige un soutien unanime de toutes les parties concernées. Parmi les prérequis essentiels à la réussite de cette mission, il cite le renforcement des ressources humaines et matérielles, pour répondre aux impératifs de sécurité et de réforme, d’autant plus que la population carcérale connaît une croissance significative. Le chef de la Délégation générale a évoqué à ce sujet un déficit flagrant en personnel, prévoyant une aggravation de la situation à mesure que les dispositions de la loi relative aux peines alternatives seront mises en œuvre. Il estime ainsi qu’un effectif de 4.000 fonctionnaires supplémentaires est nécessaire pour accompagner les éventuels dix mille détenus bénéficiant de ces peines alternatives, s’ajoutant au manque de douze mille fonctionnaires déjà annoncé par la Délégation. Cette perspective met en évidence l’ampleur des défis à relever pour garantir une mise en œuvre efficace de ces initiatives.

Des crédits budgétaires insuffisants

En ce qui concerne les crédits alloués dans le projet de loi de Finances pour l’année 2024, il est à noter que ces montants se chiffrent à 966 millions de DH pour le fonctionnement et 160 millions pour l’investissement. Malgré une légère augmentation, ces ressources demeurent manifestement insuffisantes au regard des défis imposés par la croissance continue du nombre de détenus et des besoins qui en découlent. Dans ce contexte, M. Tamek plaide en faveur d’un soutien budgétaire plus substantiel, indispensable pour doter la Délégation des ressources humaines et matérielles nécessaires afin de faire face à cette situation critique. Cette nécessité a également été mise en avant par les députés de la Commission lors des débats sur le budget sectoriel. Ils ont unanimement souligné l’urgence de renforcer le soutien financier pour permettre à la Délégation de relever ces défis complexes.
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