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Baraka lance un Pôle Technologique pour rapprocher recherche, formation et ingénierie

Un projet public porté par l’École Hassania des Travaux Publics, le LPEE et le CID veut fédérer la recherche, la formation et l’ingénierie pour accompagner les grands chantiers du Maroc et réduire sa dépendance technologique. Ce nouveau Pôle Technologique se veut un catalyseur d’innovation au service de la souveraineté technologique du Royaume.

C’est à l’École Hassania des Travaux Publics (EHTP), à Casablanca, qu’a été officiellement lancé, vendredi 11 juillet, le Pôle Technologique du ministère de l’Équipement et de l’Eau. Présenté comme un dispositif stratégique pour l’avenir industriel du pays, ce projet entend regrouper les moyens de recherche, de formation et d’ingénierie appliquée de trois institutions publiques : l’EHTP, le Centre d’Études Techniques (CID) et le Laboratoire Public d’Essais et d’Études (LPEE).

À l’heure où le Maroc ambitionne d’accroître son autonomie dans des secteurs clés – infrastructures, matériaux, eau ou encore énergie – ce Pôle se veut une plateforme d’innovation tournée vers les besoins nationaux. L’enjeu : doter le pays d’un outil de veille et de développement technologique capable de répondre aux mutations rapides et aux contraintes globales, tout en formant des ingénieurs capables de piloter ces transformations.

Convergence des expertises publiques

L’objectif affiché par le ministère est de construire un écosystème technologique "intégré et souverain", capable de soutenir la mise à niveau des compétences et des pratiques dans les métiers de l’ingénierie publique. En rassemblant dans un même dispositif les capacités académiques de l’EHTP, l’expertise de terrain du CID et l’appui scientifique du LPEE, l’initiative cherche à instaurer une synergie rarement concrétisée jusqu’ici entre formation, recherche appliquée et ingénierie opérationnelle. « Ce que nous visons, c’est une architecture capable d’anticiper les défis à venir, notamment en matière d’eau, d’énergie et d’infrastructures », a déclaré Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau. Il mise également sur la mobilisation des talents, via une stratégie RH qui associe "recrutement d’excellence" et "formation continue encadrée par des experts seniors".



Dans un contexte de pressions croissantes sur les ressources naturelles et d’accélération technologique, les porteurs du projet voient ce Pôle comme un levier pour renforcer la capacité d’ingénierie publique nationale. L’ambition est aussi d’appuyer les politiques publiques en apportant des solutions techniques et scientifiques adaptées aux grands projets d’infrastructures – routes, ponts, barrages – que le Royaume continue de développer.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Azzedine El Midaoui, a insisté sur la nécessité d’unir les efforts de tous les acteurs concernés – universités, centres de recherche, institutions publiques – pour faire émerger une culture de la recherche appliquée tournée vers les besoins concrets du pays. De son côté, le ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, a rappelé l’importance d’un socle technologique national solide pour réduire la dépendance du Maroc aux technologies importées et accroître sa compétitivité dans un environnement global instable.

Vers une école d’ingénieurs de rang mondial ?

En parallèle du lancement du Pôle, l’EHTP a annoncé sa volonté de se repositionner comme une école d’ingénierie de rang international. Selon son directeur, Jaouad Boutahar, l’établissement est engagé dans une "transformation académique" qui devrait le rapprocher des standards des grandes universités d’ingénieurs, à travers des partenariats avec des institutions de renom sur les cinq continents.

Le projet de Pôle Technologique s’inscrit dans une vision de long terme, à l’horizon 2040, articulée autour de la souveraineté technologique du pays dans les domaines de l’eau, de l’énergie et des infrastructures. Reste à voir comment cette ambition se traduira dans les faits : articulation concrète entre institutions partenaires, financement durable, attractivité pour les talents, et surtout, impact réel sur les projets structurants du pays.

Un pari technologique dans un monde incertain

Alors que les tensions géopolitiques, les ruptures d’approvisionnement et les défis climatiques interrogent la robustesse des chaînes de valeur mondiales, la question de la souveraineté technologique ne relève plus du simple discours volontariste. Pour le Maroc, il s’agit désormais de se doter d’outils capables d’anticiper, de tester et d’innover localement, dans un cadre organisé, stable et crédible.

Le Pôle Technologique de Casablanca représente une tentative en ce sens. S’il parvient à mobiliser les ressources humaines, à établir des ponts solides entre institutions, et à s’inscrire dans des partenariats internationaux pertinents, il pourrait à terme jouer un rôle stratégique dans la montée en gamme technologique du pays. Mais la réussite de ce type de structure dépendra autant de la volonté politique que de sa capacité à se doter de moyens à la hauteur de ses ambitions.
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