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Réforme des études de médecine : le plaidoyer de Mohamed Ahallat, ex-doyen de la Faculté de médecine de Tanger

La réforme du cursus des études en médecine marque une véritable restructuration et réunit tous les ingrédients nécessaires à sa réussite, dont avant tout l'engagement du gouvernement. Voilà l'avis de l'ancien doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Tanger, Pr Mohamed Ahallat, qui estime que si les étudiants sont préoccupés par la réduction de la durée des études de 7 à 6 ans, cela ne doit pas pour autant motiver le boycott des cours, au point de faire planer le risque d'une année blanche.

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Si la préoccupation des étudiants en médecine porte essentiellement sur la réduction du nombre d'années de formation, alors il faut leur expliquer qu'il s'agit d'un problème pédagogique qui nécessite une solution pédagogique, ce qui est tout à fait possible. En aucun cas, cela ne doit pas servir de motif pour boycotter les cours, souligne le professeur Ahallat, qui va même jusqu'à soutenir que la septième année s’avère peu avantageuse pour les étudiants. Bien pire, des étudiants perdent de leur niveau à la fin de cette année d’externat, tandis que d'autres assimilent des pratiques qui vont à l'encontre de l'éthique médicale.

Une vraie réforme disposant de tous les ingrédients nécessaires à sa réussite

Pour l'ancien doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Tanger, qui s’exprimait lors d’une conférence organisée par le secteur des étudiants du Parti du progrès et du socialisme (PPS) sous le thème «L’avenir de la formation médicale au Maroc», cette réforme a tous les ingrédients nécessaires à sa réussite, notamment l'engagement du gouvernement. Et ses concepteurs avaient même songé à une formation qui dure cinq ans au lieu de six, a-t-il précisé, rappelant que partout dans le monde, la formation dure six ans (France, Allemagne, Espagne, etc.).

Un autre avantage de cette réforme tient aux mesures d'accompagnement, indique Dr Ahallat, assurant que toutes les Facultés ont été dotées des postes budgétaires nécessaires. Pour lui, le gouvernement agit de manière concrète avec cette réforme, basée sur l'efficacité, afin de disposer d'un médecin en six ans pour un coût moindre. Et de faire valoir que cette réforme est aussi commandée par un souci d'équité, dans le cadre de la médecine de proximité, notamment avec l'introduction de la médecine de famille.

«Il faut faire preuve de rationalité»

L'ancien doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Tanger a par ailleurs appelé à la rationalité et à considérer cette réforme comme une opportunité à saisir pour améliorer les conditions de formation. Il a également noté que les CHU ne constituent pas les structures idéales pour la formation des étudiants, dans la mesure où les futurs médecins ne seront pas affectés toute leur vie aux CHU. Bien au contraire, ils vont exercer dans les hôpitaux régionaux et provinciaux, et l'idéal serait donc d'effectuer un stage dans le lieu où le futur médecin exercera, sous la supervision bien évidemment d'un professeur de l'enseignement supérieur, dit-il.

Dans un autre ordre d'idées, Dr Ahallat estime que cette réforme devrait s'accompagner de la suppression du temps plein aménagé (TPA) pour les enseignants des Facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. La formation des enseignants est un problème majeur, compte tenu du fait que l'enseignement est un métier distinct qui nécessite une formation propre et que la formation traditionnelle, basée sur des cours magistraux, a fait son temps et est devenue obsolète, fait-il remarquer.

Les exigences des étudiants en médecine ne se limitent pas à la seule durée de leur formation

Intervenant au nom de la commission nationale des étudiants en médecine et en pharmacie, Dr Aymane Fathi a rappelé que la valorisation des ressources humaines reste un pilier très important dans la mise en œuvre de la couverture médicale universelle et dans l'amélioration de la qualité de l'offre de soins. Faisant référence au conflit qui secoue actuellement les Facultés de médecine et de pharmacie, il a déclaré que la rupture du dialogue avec les étudiants et leur commission nationale n'était pas une bonne décision de la part des responsables. Il a également souligné que les mesures de sanction n'ont fait qu'accroître la tension parmi les étudiants, qui ne demandaient qu'à dialoguer pour discuter des points litigieux. D'après lui, les revendications des étudiants ne doivent pas être réduites à la seule réduction de la durée des études, mais elles portent sur des points qui n'ont pas été résolus depuis le lancement de la réforme en 2015. Ces points de discorde concernent également les conditions de formation dans le contexte de l'augmentation du nombre de médecins, le troisième cycle et la médecine de famille, ainsi que d'autres questions qui restent sans réponse, fait-il observer.
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