Menu
Search
Mardi 30 Avril 2024
S'abonner
close
Mardi 30 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Nation

Réforme du Code de la famille : l’USFP et le PPS accordent leurs violons

La réforme du Code de la famille est au cœur des débats de société depuis plusieurs années. Conservatisme religieux, droits des femmes, égalité successorale... les lignes de fracture sont multiples sur cette question sensible au moment où les revendications féministes se font de plus en plus pressantes. Dans ce contexte et dans la droite ligne de leur «initiative d’action et de coordination politique commune», l’USFP et le PPS ont organisé une rencontre le 15 février 2024 afin d’accorder leurs violons et expliciter leur position pour une réforme progressiste de la Moudawana.

No Image
Le 15 février 2024, une rencontre de concertation et de coordination s’est tenue au siège du Parti du progrès et du socialisme (PPS) à Rabat sur le thème «Pour une réforme radicale et globale du Code de la famille». Présidée par Driss Lachgar, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), et Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS, cette réunion a rassemblé de nombreuses associations et collectifs féministes, démocratiques et progressistes.

Une mobilisation transpartisane pour la cause des femmes

Parmi les organisations présentes figuraient le Collectif Printemps de la dignité, l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), l’Union de l’Action féminine (UAF), l’Association marocaine des droits des femmes, la Fédération de la Ligue des droits des femmes, l’Association Jossour Forum des femmes marocaines, le Mouvement pour la démocratie paritaire, l’Association le défi pour l’égalité et la citoyenneté, l’Association de la solidarité féminine, le Centre de l’enseignante chercheuse pour les études de genre et le développement, l’Association Droits et Justice, l’Association marocaine pour les orphelins, la Voix de la femme amazighe, l’Association Adala... Cette mobilisation «transpartisane» avait pour objectif de faire avancer le chantier sensible de la réforme du Code de la famille, dans un contexte national marqué par les fortes attentes en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, selon les deux leaders politiques.



Rappelons-le, dans une initiative inédite, la commission chargée de la révision du Code de la famille avait reçu un certain nombre d’acteurs sociétaux, entre partis politiques et organisations de la société civile, durant des semaines de consultations. Elle a recueilli leurs propositions qui seront prises en compte lors du processus de réforme du texte du Code de la famille. Naturellement, ces propositions sont divergentes puisqu’elles représentent des orientations sociétales opposées, entre modernité, conservatisme et centrisme... Ainsi, chaque courant a essayé de formuler ses idées selon ses convictions, espérant les voir se transformer en articles de loi dans le futur Code de la famille.

L’USFP et le PPS réaffirment leurs revendications progressistes

C’est dans ce contexte que les deux formations politiques, l’USFP et le PPS, défendant des idées progressistes, ont réaffirmé lors de cette conférence leurs principales revendications, portées de longue date avec leurs alliés démocratiques et progressistes ainsi que nombre de mouvements féministes. Il s’agit de «l’adoption d’un nouveau Code de la famille rompant avec l’approche conservatrice et intégrant des changements égalitaires substantiels, en phase avec la Constitution de 2011 et les conventions internationales ratifiées par le Maroc». Elles ont appelé à cet égard à l’inclusion dans le nouveau Code de dispositions égalitaires claires, notamment l’interdiction et la pénalisation des mariages d’enfants de moins de 18 ans, la responsabilité parentale conjointe, l’égalité entre époux pour la garde des enfants, l’abolition de toutes les formes de discrimination à l’égard des personnes en situation de handicap, l’interdiction de la polygamie, la gestion équitable des biens acquis pendant le mariage, la médiation familiale, le recours aux tests ADN pour établir la filiation, l’abolition de la tutelle matrimoniale, l’abolition de toute discrimination fondée sur le sexe ou la croyance dans le mariage, l’abrogation de l’article 400 du Code de la famille actuel...

Plaidoyer pour des mécanismes renforcés de lutte contre les discriminations

Les participants ont également plaidé pour la mise en place rapide de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APALD) et du Conseil consultatif de la famille et de l’enfance, prévus par la Constitution, et leur dotation des mécanismes nécessaires à l’exercice de véritables compétences. Une autre demande plaide pour la révision de l’ensemble des législations nationales relatives à l’égalité, en premier lieu le Code pénal, dans une approche fondée sur les droits humains, la démocratie et l’égalité, afin de rompre avec toutes les formes de discrimination entre les femmes et les hommes et toutes les violences faites aux femmes. Il s’agit aussi de l’inclusion réelle, effective et renforcée du principe d’égalité et du mécanisme de parité dans tous les domaines de la vie administrative, politique, éducative et culturelle, en faisant de l’égalité un enjeu central de toute action publique.

En réaffirmant leur soutien aux justes revendications du mouvement féministe pour une égalité pleine et entière et la dignité des femmes, l’USFP et le PPS ont exprimé leur ferme volonté de s’allier à toutes les forces démocratiques pour poursuivre la lutte et faire de la réforme du Code de la famille un nouveau levier pour bâtir un Maroc uni et progressiste où les droits de toutes et tous sont égaux.

Des résistances tenaces freinent les avancées

Les intervenants lors de cette conférence ont indiqué par ailleurs que la réforme en profondeur du Code de la famille se heurte à de vives résistances, notamment des milieux conservateurs et religieux. Certains y voient une atteinte aux principes de l’islam et aux fondements de la société marocaine. Selon eux, ces oppositions retardent l’adoption de véritables réformes égalitaires. Pourtant, d’autres pays musulmans ont fait évoluer leur législation familiale dans un sens plus progressiste. Autant dire que le débat sera vif entre conservateurs refusant toute atteinte à la charia et les féministes dénonçant des lois qu’ils qualifient d’archaïques. La conciliation entre les différentes positions paraît de ce fait une tâche ardue que la Commission chargée de la réforme de la Moudawana doit gérer avec doigté et dans un esprit de concorde.
Lisez nos e-Papers