Rendre chaque voix traçable, chaque résultat contestable et surtout redonner envie d’aller voter. Telle est l’ambition de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) pour une véritable réforme du système électoral marocain. Lors d’une conférence de presse tenue mercredi dernier à Casablanca, la formation de gauche a présenté son mémorandum pour une refonte en profondeur du cadre régissant les scrutins. Constatant un contexte de «recul démocratique», de «crise de confiance» et de «corruption généralisée», le parti estime que des ajustements techniques seuls ne suffiront pas. «Nous voulons sortir des retouches techniques pour aller vers des décisions politiques lisibles par le citoyen», a résumé, en substance, la direction du FGD, qui appelle à ouvrir des débats télévisés entre partis sur l’architecture électorale à venir.
Au total, la FGD aligne près de 110 propositions dont les plus marquantes peuvent se résumer en 5 leviers : autorité électorale indépendante, inscription automatique et procédures 100% digitalisées, circonscription nationale unique (ou grandes listes régionales), tolérance zéro pour la corruption électorale et participation facilitée.
Assainir, tracer, sécuriser : un protocole opérationnel de vote Par ailleurs, le FGD déroule un ensemble de mesures destinées à fermer les brèches du processus électoral. L’accès aux bureaux de vote serait strictement encadré : interdiction d’introduire téléphones et caméras, avec dispositifs de détection à l’entrée, afin barrer la voie à ceux qui photographient des bulletins (pour prouver qu’ils ont voté pour tel ou tel cadidats). Des caméras de surveillance seraient installées pour tracer les opérations côté encadrement. Le dépouillement deviendrait une scène de transparence intégrale : obligation pour le président du bureau de montrer chaque bulletin à tous les délégués des partis. Les bulletins, contestés ou non, seraient conservés jusqu’au terme des recours afin de garantir d’éventuels recomptages. Le recrutement des agents électoraux serait normé et contrôlé, tandis que la carte des bureaux de vote pourrait être rationalisée dans certaines zones urbaines moyennes pour optimiser la logistique sans fragiliser l’accessibilité.
Représentation des Marocains du monde La vision du parti consacre une place spécifique aux Marocains résidant à l’étranger. Il s’agit de passer d’un droit de vote reconnu dans les textes à une représentation effective dans l’hémicycle, via des circonscriptions qui leur sont réservées et des modalités de vote adaptées. Pour la FGD, la nation politique doit épouser la réalité sociale et économique d’une diaspora structurante.
À travers ses propositions, le FGD veut rebattre les cartes du jeu électoral pour un véritable «choc démocratique». Pour Fatima Tamni, députée FGD, le mémorandum du parti n’est pas une simple liste de doléances, mais un projet politique cohérent, une feuille de route pour sortir de l’immobilisme. «Construire un Maroc fort et prospère commence par construire une véritable démocratie où les institutions expriment la volonté du peuple et lui rendent des comptes. Nous appelons toutes les forces vives – partis, société civile, syndicats – à un dialogue national sérieux pour aboutir à un nouveau pacte démocratique. Avec cette initiative, nous réaffirmons notre engagement à la lutte pacifique et démocratique pour l’État de droit, et nous insistons sur le fait que les prochaines élections doivent être une occasion historique de restaurer la confiance, sinon elles ne feront qu’entériner la crise», conclut la parlementaire.
Au total, la FGD aligne près de 110 propositions dont les plus marquantes peuvent se résumer en 5 leviers : autorité électorale indépendante, inscription automatique et procédures 100% digitalisées, circonscription nationale unique (ou grandes listes régionales), tolérance zéro pour la corruption électorale et participation facilitée.
Un diagnostic sans fard du système actuel
La Fédération de la gauche démocratique (FGD) a déroulé, devant la presse, un constat sévère des scrutins au Maroc. Selon Abdeslam El Aziz, secrétaire général du parti, trois failles structurent l’architecture électorale : tutelle prédominante du ministère de l’Intérieur sur l’organisation des scrutins, faible inscription des citoyens sur les listes (le FGD évoque 7,5 à 8 millions de personnes en âge de voter non inscrites), et mode de scrutin «hybride et déformé» : ni véritablement uninominal, ni véritablement de liste, ce qui «favoriserait les notables et l’argent» au détriment des projets politiques. Le parti dit vouloir s’aligner sur les pratiques internationales en matière de gouvernance électorale, avançant que près de 79% des pays confieraient la supervision des élections à des instances indépendantes.Une autorité électorale indépendante et permanente
Premier volet de la réforme proposée : la création d’une Autorité nationale indépendante, permanente, composée de personnalités reconnues pour leur probité, de représentants de partis et d’instances professionnelles. Cette autorité prendrait en charge l’intégralité de la chaîne électorale – de l’établissement et de la mise à jour des listes à la proclamation des résultats – avec un mandat clair sur la logistique, la supervision et la transparence. La FGD préconise, en parallèle, une clarification de la justice électorale : confier aux juridictions administratives les litiges relatifs aux listes et aux candidatures, et réserver à la Cour constitutionnelle les recours sur les résultats définitifs. L’objectif affiché est celui d’un pilotage lisible, traçable et, surtout, neutre.L’inscription automatique, pierre angulaire de la participation
Deuxième levier : l’inscription automatique sur les listes électorales, déclenchée à partir de la carte d’identité nationale ou de l’état civil. Le parti veut éliminer les freins administratifs qui dissuadent l’électeur, en dématérialisant l’accès aux listes et les voies de recours, et en sanctionnant toute entrave à ces droits. Dans l’esprit de la FGD, cette mesure n’est pas une commodité technique, mais une condition d’égalité politique : elle doit garantir que tout citoyen majeur et jouissant de ses droits civils et politiques puisse voter sans obstacle inutile.Refonder le mode de scrutin autour des programmes
Troisième axe : déplacer le centre de gravité du vote des personnes vers les programmes. La FGD privilégie l’instauration d’une circonscription nationale unique. À défaut, il plaide pour de grandes listes régionales. «Bien sûr, il faut des garde-fous pour assurer la représentation de tout le territoire. On peut combiner une liste nationale et des listes régionales», précise Abdeslam El Aziz, le SG de la FGD. Ce basculement présente selon le parti un triple avantage : il rend possible la parité intégrale via l’alternance femme-homme sur les listes, il réduit les opportunités de corruption et de clientélisme local et il ouvre la voie à une représentation pleine et entière des Marocains résidant à l’étranger (MRE) grâce à des circonscriptions dédiées. Le parti avance aussi que ce mode permettra de réduire le nombre de députés pour renforcer l’efficacité sans sacrifier la représentativité.Responsabiliser les partis par le financement
Au-delà de l’architecture institutionnelle, la formation de gauche s’attaque au cœur du système d’incitations. Elle propose de réécrire les critères du financement public des partis pour les indexer sur l’effort d’encadrement et l’efficacité, et non plus seulement sur les résultats bruts. La FGD veut ainsi instaurer une logique de responsabilité financière : tout parti dont un parlementaire est condamné pour corruption ou trafic de drogue verrait son soutien public amputé de 2,5 à 5% par élu condamné. En filigrane, l’idée est de faire tarir l’«investissement » politique toxique et de pousser les états-majors à assainir leurs investitures.Assainir, tracer, sécuriser : un protocole opérationnel de vote Par ailleurs, le FGD déroule un ensemble de mesures destinées à fermer les brèches du processus électoral. L’accès aux bureaux de vote serait strictement encadré : interdiction d’introduire téléphones et caméras, avec dispositifs de détection à l’entrée, afin barrer la voie à ceux qui photographient des bulletins (pour prouver qu’ils ont voté pour tel ou tel cadidats). Des caméras de surveillance seraient installées pour tracer les opérations côté encadrement. Le dépouillement deviendrait une scène de transparence intégrale : obligation pour le président du bureau de montrer chaque bulletin à tous les délégués des partis. Les bulletins, contestés ou non, seraient conservés jusqu’au terme des recours afin de garantir d’éventuels recomptages. Le recrutement des agents électoraux serait normé et contrôlé, tandis que la carte des bureaux de vote pourrait être rationalisée dans certaines zones urbaines moyennes pour optimiser la logistique sans fragiliser l’accessibilité.
Remettre l’électeur au centre : calendrier, information et médias
LA FGD veut replacer la vie des électeurs au cœur du calendrier politique. Il propose de fixer les scrutins un dimanche, hors vacances scolaires, pour maximiser la disponibilité des électeurs et la présence dans la commune d’inscription. Il réclame la notification systématique des citoyens, par tous canaux utiles, sur leur bureau et leur lieu de vote. Sur le terrain médiatique, le FGD exhorte à démocratiser l’accès aux antennes publiques et privées pour toutes les formations, avec de véritables débats contradictoires. La durée de la campagne serait calibrée à 21 jours pour garantir à la fois visibilité et maîtrise des dépenses.Représentation des Marocains du monde La vision du parti consacre une place spécifique aux Marocains résidant à l’étranger. Il s’agit de passer d’un droit de vote reconnu dans les textes à une représentation effective dans l’hémicycle, via des circonscriptions qui leur sont réservées et des modalités de vote adaptées. Pour la FGD, la nation politique doit épouser la réalité sociale et économique d’une diaspora structurante.
À travers ses propositions, le FGD veut rebattre les cartes du jeu électoral pour un véritable «choc démocratique». Pour Fatima Tamni, députée FGD, le mémorandum du parti n’est pas une simple liste de doléances, mais un projet politique cohérent, une feuille de route pour sortir de l’immobilisme. «Construire un Maroc fort et prospère commence par construire une véritable démocratie où les institutions expriment la volonté du peuple et lui rendent des comptes. Nous appelons toutes les forces vives – partis, société civile, syndicats – à un dialogue national sérieux pour aboutir à un nouveau pacte démocratique. Avec cette initiative, nous réaffirmons notre engagement à la lutte pacifique et démocratique pour l’État de droit, et nous insistons sur le fait que les prochaines élections doivent être une occasion historique de restaurer la confiance, sinon elles ne feront qu’entériner la crise», conclut la parlementaire.
