Alors que l’État accélère le transfert de compétences vers les régions, la question d'une gouvernance territoriale alliant équité et performance est au cœur des débats. C'est l'enjeu du colloque international «Développement régional : gouvernance et innovation», qui a réuni élus, experts et chercheurs les 22 et 23 novembre 2024, au siège de l'Atlantic Business School à Casablanca. Un chantier stratégique et complexe, qui engage un nouveau modèle de développement pour les territoires.
Un colloque pour repenser le développement des territoires
Organisé par l'Atlantic Business School, en partenariat avec des acteurs institutionnels majeurs, cet événement a rassemblé pendant deux jours quelque 60 intervenants, venus partager leurs analyses sur cette question prioritaire pour le Royaume. «La thématique du développement régional revêt aujourd'hui une importance immédiate», a souligné le président du Groupe Atlantic UNA, en ouverture des débats. Rachid Lamrabet, s’est félicité de la «formidable opportunité de collaboration et de réflexion collective» offerte par ce colloque, qui intervient alors que la régionalisation avancée entre dans une nouvelle phase de mise en œuvre.
Déployée à partir de 2015 suite aux Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette réforme vise à faire des régions de véritables moteurs du développement, dans une logique de proximité et d'équité territoriale. «Le Maroc s'est engagé dans une approche de responsabilisation de ses régions afin qu'elles soient prêtes pour le grand événement de la Coupe du monde 2030», rappelle M. Lamrabet. Un horizon qui implique d'«établir un système territorial d'actions collectives communes et intégrées».
Régionalisation avancée : de multiples défis à relever
Réussir ce pari suppose de relever de nombreux défis, comme l'a souligné Mbarka Bouaïda, présidente de l'Association des régions du Maroc, dans son allocution inaugurale. Disparités territoriales, participation citoyenne, transition numérique, développement durable... Autant d'enjeux cruciaux pour l'avenir des régions marocaines. «Passant de l'expression générique de “bonne gouvernance territoriale” à celle de “gouvernance territoriale inclusive et innovante”, on soulève une vraie gageure, tant le sujet est plein de connotations à la fois complexes et concrètes», analyse Mme Bouaïda. «D'un côté, dans un environnement où les disparités sociales et territoriales s’accentuent, la gouvernance territoriale inclusive et innovante peut s'imposer comme une approche pertinente pour favoriser la démocratie locale, diminuer les disparités de développement et renforcer la cohésion sociale. D'un autre côté, le caractère innovant de la gouvernance territoriale nous pousse à opérer une mutation vers un modèle qui intègre des approches nouvelles, créatives et souvent technologiques pour résoudre des défis complexes à l'échelle territoriale».
Pour façonner des territoires plus inclusifs et résilients, la présidente de l'ARM identifie «dix paradigmes intimement liés» : équité territoriale, participation effective des citoyens, utilisation des technologies numériques, complémentarité entre décentralisation et déconcentration, collaboration multi-acteurs, péréquation financière, mutualisation des moyens, approche genre, durabilité et redevabilité. «Ces paradigmes constituent des défis pour créer un environnement dynamique et interconnecté où les valeurs de participation, d'équité, de transparence et de durabilité sont primordiales».
Les leviers de la réussite : croissance, compétences, gouvernance
Quels leviers activer pour réussir la mise en œuvre de la régionalisation avancée ? Les intervenants au colloque ont mis en avant plusieurs facteurs clés, à commencer par le dynamisme économique des territoires. «La croissance économique est le levier le plus important, dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources», estime Driss Guerraoui, de l'Université ouverte de Dakhla. Face à la complexité croissante et à l'émergence de «nouvelles insécurités aggravées par le changement climatique», «la seule solution est de mobiliser l'intelligence collective pour produire par la création de nouvelles activités économiques et devenir des pôles économiques». Le développement du capital humain apparaît comme un autre levier majeur. «Produire une masse critique de compétences» et «former des élites dans toutes les composantes des régions» constituent des défis centraux pour les territoires, selon M. Guerraoui. Ce qui implique selon lui de «former des compétences dans tous les domaines dans lesquels les régions auront à les mobiliser».
La qualité de la gouvernance régionale est également pointée comme une condition essentielle de réussite. Elle doit être «efficace» grâce à «la capacité des régions à disposer d'institutions de qualité», «responsable» via «des mécanismes efficaces de suivi et de contrôle», «participative» pour construire «un projet régional partagé», et «durable» en intégrant les enjeux environnementaux et la préservation du patrimoine. Enfin, les régions sont appelées à développer leur «ambition internationale» à travers «des stratégies de partenariat, de coopération décentralisée, de plaidoyer». Elles doivent aussi se doter «d'institutions d'intelligence économique» pour «consolider un écosystème d'information utile et indispensable aux politiques de planification stratégique».
Entre planification et pragmatisme : les chantiers de la mise en œuvre
Sur le terrain, la régionalisation avancée se heurte encore à de multiples obstacles, malgré les avancées enregistrées depuis 2015. «Le premier mandat de 2015 à 2021 a été un mandat d'installation. Le véritable mandat de mise en œuvre est celi-ci, entre 2021 et 2026», souligne Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat. «Toutes les régions ont préparé les instruments de planification qu'il faut respecter», comme le Plan de développement régional (PDR).
Mais les défis restent nombreux, notamment en termes de ressources humaines et financières. «Nous n'avons pas encore des difficultés à préparer des projets bancables, car, pour cela, il faut des compétences», pointe M. Maâzouz. Autre enjeu crucial : la simplification des procédures et l'allègement des tutelles. «Passer par les filtres des ministères de l'Intérieur et des Finances est une véritable bataille en termes de temps et de compétences». Résultat : «notre PDR porte sur 50 milliards de dirhams. À mi-mandat, nous avons dépassé 60% des dépenses prévues, mais nous n'avons réalisé que 20% des projets», constate le président de Casablanca-Settat. «Les procédures prennent beaucoup de temps. Le temps doit devenir une variable déterminante de notre culture», a-t-il plaidé avec insistance.
Pour Abdelouahed Ourzik, ancien gouverneur, la régionalisation est aujourd'hui «en quête d'innovation pour un nouvel élan», entre «ambitions et réalités». De nombreux chantiers restent ouverts pour concrétiser les promesses de ce modèle et transformer durablement la gouvernance des territoires. Performance institutionnelle, ingénierie de projets, contractualisation, évaluation des politiques publiques... Autant de leviers à activer pour libérer les énergies régionales et réussir le pari d'un développement harmonieux et durable du Maroc.
Des chantiers qui engagent l'avenir des territoires
Au-delà de ces freins conjoncturels, la réussite de la régionalisation avancée engage une transformation en profondeur de la gouvernance des territoires sur le long terme. Performance institutionnelle, ingénierie de projets, contractualisation, évaluation des politiques publiques... De nombreux chantiers restent ouverts pour concrétiser un véritable «Maroc des régions». Cela implique notamment de repenser la planification régionale dans une logique plus stratégique et prospective. «Il faut simplifier les procédures et alléger les redondances entre les différentes tutelles», préconise Abdellatif Maâzouz. «Le temps est une variable déterminante qui doit devenir une priorité de notre culture». La mise en place de dispositifs d'évaluation des politiques régionales et de redevabilité vis-à-vis des citoyens fait partie des autres priorités identifiées. L'enjeu : construire des «régions apprenantes», capables de s'adapter en continu aux besoins des territoires et de leurs habitants.
Pour Mbarka Bouaïda, présidente de l'Association des régions du Maroc, c'est à ce prix que pourra émerger une véritable «gouvernance territoriale inclusive et innovante», à même de «créer des territoires résilients et solidaires, capables de relever les défis sociaux, économiques et environnementaux tout en encourageant une participation active». Autant de chantiers qui appellent une mobilisation dans la durée de l'ensemble des acteurs de l'écosystème territorial. Car l'ambition d'un Maroc des régions prospères et inclusives est à ce prix. Un défi collectif et stratégique pour l'avenir du Royaume.
Le colloque «Développement régional : gouvernance et innovation» a ainsi permis de mesurer à la fois les avancées et les défis de la régionalisation avancée au Maroc. Bâtir des territoires plus résilients, inclusifs et innovants apparaît comme une priorité stratégique pour concrétiser la vision d'un «Maroc des régions».
Un colloque pour repenser le développement des territoires
Organisé par l'Atlantic Business School, en partenariat avec des acteurs institutionnels majeurs, cet événement a rassemblé pendant deux jours quelque 60 intervenants, venus partager leurs analyses sur cette question prioritaire pour le Royaume. «La thématique du développement régional revêt aujourd'hui une importance immédiate», a souligné le président du Groupe Atlantic UNA, en ouverture des débats. Rachid Lamrabet, s’est félicité de la «formidable opportunité de collaboration et de réflexion collective» offerte par ce colloque, qui intervient alors que la régionalisation avancée entre dans une nouvelle phase de mise en œuvre.
Déployée à partir de 2015 suite aux Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette réforme vise à faire des régions de véritables moteurs du développement, dans une logique de proximité et d'équité territoriale. «Le Maroc s'est engagé dans une approche de responsabilisation de ses régions afin qu'elles soient prêtes pour le grand événement de la Coupe du monde 2030», rappelle M. Lamrabet. Un horizon qui implique d'«établir un système territorial d'actions collectives communes et intégrées».
Régionalisation avancée : de multiples défis à relever
Réussir ce pari suppose de relever de nombreux défis, comme l'a souligné Mbarka Bouaïda, présidente de l'Association des régions du Maroc, dans son allocution inaugurale. Disparités territoriales, participation citoyenne, transition numérique, développement durable... Autant d'enjeux cruciaux pour l'avenir des régions marocaines. «Passant de l'expression générique de “bonne gouvernance territoriale” à celle de “gouvernance territoriale inclusive et innovante”, on soulève une vraie gageure, tant le sujet est plein de connotations à la fois complexes et concrètes», analyse Mme Bouaïda. «D'un côté, dans un environnement où les disparités sociales et territoriales s’accentuent, la gouvernance territoriale inclusive et innovante peut s'imposer comme une approche pertinente pour favoriser la démocratie locale, diminuer les disparités de développement et renforcer la cohésion sociale. D'un autre côté, le caractère innovant de la gouvernance territoriale nous pousse à opérer une mutation vers un modèle qui intègre des approches nouvelles, créatives et souvent technologiques pour résoudre des défis complexes à l'échelle territoriale».
Pour façonner des territoires plus inclusifs et résilients, la présidente de l'ARM identifie «dix paradigmes intimement liés» : équité territoriale, participation effective des citoyens, utilisation des technologies numériques, complémentarité entre décentralisation et déconcentration, collaboration multi-acteurs, péréquation financière, mutualisation des moyens, approche genre, durabilité et redevabilité. «Ces paradigmes constituent des défis pour créer un environnement dynamique et interconnecté où les valeurs de participation, d'équité, de transparence et de durabilité sont primordiales».
Les leviers de la réussite : croissance, compétences, gouvernance
Quels leviers activer pour réussir la mise en œuvre de la régionalisation avancée ? Les intervenants au colloque ont mis en avant plusieurs facteurs clés, à commencer par le dynamisme économique des territoires. «La croissance économique est le levier le plus important, dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources», estime Driss Guerraoui, de l'Université ouverte de Dakhla. Face à la complexité croissante et à l'émergence de «nouvelles insécurités aggravées par le changement climatique», «la seule solution est de mobiliser l'intelligence collective pour produire par la création de nouvelles activités économiques et devenir des pôles économiques». Le développement du capital humain apparaît comme un autre levier majeur. «Produire une masse critique de compétences» et «former des élites dans toutes les composantes des régions» constituent des défis centraux pour les territoires, selon M. Guerraoui. Ce qui implique selon lui de «former des compétences dans tous les domaines dans lesquels les régions auront à les mobiliser».
La qualité de la gouvernance régionale est également pointée comme une condition essentielle de réussite. Elle doit être «efficace» grâce à «la capacité des régions à disposer d'institutions de qualité», «responsable» via «des mécanismes efficaces de suivi et de contrôle», «participative» pour construire «un projet régional partagé», et «durable» en intégrant les enjeux environnementaux et la préservation du patrimoine. Enfin, les régions sont appelées à développer leur «ambition internationale» à travers «des stratégies de partenariat, de coopération décentralisée, de plaidoyer». Elles doivent aussi se doter «d'institutions d'intelligence économique» pour «consolider un écosystème d'information utile et indispensable aux politiques de planification stratégique».
Entre planification et pragmatisme : les chantiers de la mise en œuvre
Sur le terrain, la régionalisation avancée se heurte encore à de multiples obstacles, malgré les avancées enregistrées depuis 2015. «Le premier mandat de 2015 à 2021 a été un mandat d'installation. Le véritable mandat de mise en œuvre est celi-ci, entre 2021 et 2026», souligne Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat. «Toutes les régions ont préparé les instruments de planification qu'il faut respecter», comme le Plan de développement régional (PDR).
Mais les défis restent nombreux, notamment en termes de ressources humaines et financières. «Nous n'avons pas encore des difficultés à préparer des projets bancables, car, pour cela, il faut des compétences», pointe M. Maâzouz. Autre enjeu crucial : la simplification des procédures et l'allègement des tutelles. «Passer par les filtres des ministères de l'Intérieur et des Finances est une véritable bataille en termes de temps et de compétences». Résultat : «notre PDR porte sur 50 milliards de dirhams. À mi-mandat, nous avons dépassé 60% des dépenses prévues, mais nous n'avons réalisé que 20% des projets», constate le président de Casablanca-Settat. «Les procédures prennent beaucoup de temps. Le temps doit devenir une variable déterminante de notre culture», a-t-il plaidé avec insistance.
Pour Abdelouahed Ourzik, ancien gouverneur, la régionalisation est aujourd'hui «en quête d'innovation pour un nouvel élan», entre «ambitions et réalités». De nombreux chantiers restent ouverts pour concrétiser les promesses de ce modèle et transformer durablement la gouvernance des territoires. Performance institutionnelle, ingénierie de projets, contractualisation, évaluation des politiques publiques... Autant de leviers à activer pour libérer les énergies régionales et réussir le pari d'un développement harmonieux et durable du Maroc.
Des chantiers qui engagent l'avenir des territoires
Au-delà de ces freins conjoncturels, la réussite de la régionalisation avancée engage une transformation en profondeur de la gouvernance des territoires sur le long terme. Performance institutionnelle, ingénierie de projets, contractualisation, évaluation des politiques publiques... De nombreux chantiers restent ouverts pour concrétiser un véritable «Maroc des régions». Cela implique notamment de repenser la planification régionale dans une logique plus stratégique et prospective. «Il faut simplifier les procédures et alléger les redondances entre les différentes tutelles», préconise Abdellatif Maâzouz. «Le temps est une variable déterminante qui doit devenir une priorité de notre culture». La mise en place de dispositifs d'évaluation des politiques régionales et de redevabilité vis-à-vis des citoyens fait partie des autres priorités identifiées. L'enjeu : construire des «régions apprenantes», capables de s'adapter en continu aux besoins des territoires et de leurs habitants.
Pour Mbarka Bouaïda, présidente de l'Association des régions du Maroc, c'est à ce prix que pourra émerger une véritable «gouvernance territoriale inclusive et innovante», à même de «créer des territoires résilients et solidaires, capables de relever les défis sociaux, économiques et environnementaux tout en encourageant une participation active». Autant de chantiers qui appellent une mobilisation dans la durée de l'ensemble des acteurs de l'écosystème territorial. Car l'ambition d'un Maroc des régions prospères et inclusives est à ce prix. Un défi collectif et stratégique pour l'avenir du Royaume.
Le colloque «Développement régional : gouvernance et innovation» a ainsi permis de mesurer à la fois les avancées et les défis de la régionalisation avancée au Maroc. Bâtir des territoires plus résilients, inclusifs et innovants apparaît comme une priorité stratégique pour concrétiser la vision d'un «Maroc des régions».
Innover pour relever les défis institutionnels et territoriaux
Le chantier de la régionalisation avancée est à la croisée des chemins. Alors que les régions marocaines disposent de compétences et de moyens élargis, leur capacité à impulser un développement territorial intégré et durable se heurte encore à de nombreux obstacles.La dualité institutionnelle État-régions en question
«L'État face aux territoires : les défis d'une dualité institutionnelle». C'est le thème de l'intervention du professeur Abdelali Doumou, qui a pointé les limites du modèle marocain de gouvernance territoriale, hérité du système français. «Nous avons été prisonniers du modèle français d'organisation territoriale, qui est aujourd'hui dans l'impasse. Les Français avouent eux-mêmes avoir échoué en matière de décentralisation et de déconcentration», a-t-il analysé. Ancien gestionnaire territorial, M. Doumou a livré un constat sévère : «Il y a une absence de vis-à-vis de l'État au niveau de la région. Pour n'importe quel projet à programmer, il faut aller faire du lobbying à Rabat».
Cette centralisation persistante des décisions stratégiques constitue un frein majeur à l'autonomie et à la capacité d'initiative des régions. «Aucune région n'a une véritable vocation territoriale», a-t-il déploré.
Pour réduire les méfaits de cette dualité institutionnelle, le professeur appelle à renforcer «l'État territorial» à travers une réforme en profondeur de la déconcentration. «Je n'ai pas besoin qu'on me donne de l'argent qui n'est pas dépensé dans l'exercice fiscal, avec un taux de réalisation qui ne dépasse pas 34%», a-t-il précisé. Parmi ses autres préconisations : l'adoption d'une loi unique pour toutes les collectivités territoriales et la réforme de la loi organique des Finances.
Cette centralisation persistante des décisions stratégiques constitue un frein majeur à l'autonomie et à la capacité d'initiative des régions. «Aucune région n'a une véritable vocation territoriale», a-t-il déploré.
Pour réduire les méfaits de cette dualité institutionnelle, le professeur appelle à renforcer «l'État territorial» à travers une réforme en profondeur de la déconcentration. «Je n'ai pas besoin qu'on me donne de l'argent qui n'est pas dépensé dans l'exercice fiscal, avec un taux de réalisation qui ne dépasse pas 34%», a-t-il précisé. Parmi ses autres préconisations : l'adoption d'une loi unique pour toutes les collectivités territoriales et la réforme de la loi organique des Finances.
Planification et contractualisation : les maillons faibles
La planification stratégique et la contractualisation entre l'État et les régions constituent deux autres enjeux cruciaux, comme l'a souligné Abdellatif Chadali, ancien gouverneur au ministère de l'Intérieur. «Dans la région, il y a des élus, mais aussi les organes déconcentrés de l'État qui interviennent pour garantir la stabilité et l'intérêt du citoyen. Ce processus de décentralisation oblige à se lancer dans le développement du territoire à travers une planification participative. Mais si cet exercice est mal fait, on passe à côté», a-t-il averti.
Selon lui, les régions doivent impérativement disposer d'une «vision stratégique» partagée par tous les acteurs, en commençant par un diagnostic territorial solide. «À chaque mandat électoral, on a l'impression qu'on tourne totalement la page, sans capitaliser sur les acquis», a-t-il regretté. Les stratégies sectorielles nationales et les plans de développement régionaux (PDR) souffrent d'un déficit d'articulation et de mise en cohérence. La contractualisation État-régions, censée être la clé de voûte de la régionalisation avancée, peine également à produire les effets escomptés sur le terrain. «Il faut faire de la planification pour passer à la contractualisation».
Innover pour libérer les énergies territoriales
Face à ces blocages multiples, l'innovation apparaît plus que jamais comme un levier indispensable pour réussir la régionalisation avancée. C'est le sens des différents ateliers organisés pendant le colloque, qui ont exploré de nouvelles pistes dans des domaines aussi variés que la fiscalité territoriale, la lutte contre les inégalités, l'intelligence territoriale ou encore la transition numérique des territoires. «Les régions doivent devenir de véritables laboratoires d'innovation pour expérimenter des solutions adaptées à leurs spécificités», ont souligné les participants. Cela implique de «casser les silos» entre les différents niveaux de gouvernance, de renforcer les capacités de maîtrise d'ouvrage des collectivités et de favoriser l'émergence d'écosystèmes territoriaux dynamiques, mêlant acteurs publics, privés et société civile.
Le défi est aussi celui d'une «gouvernance multi-niveaux» plus fluide et plus efficace, s'appuyant sur une clarification des compétences et des responsabilités. «Il faut passer d'une logique de dépendance et de concurrence à une logique de coopération et de co-construction entre l'État et les territoires», a plaidé un expert. Cela implique de profondes évolutions culturelles et managériales, pour installer un climat de confiance et de dialogue. L'enjeu de l'évaluation des politiques territoriales a également été souligné, pour mesurer leur impact réel et procéder aux ajustements nécessaires. «Nous avons besoin de dispositifs d'observation et de suivi partagés, pour produire une information territorialisée utile à la décision publique», ont insisté des chercheurs en matière de régionalisation avancé prenant part au colloque. Une «culture du résultat» qui fait encore trop souvent défaut dans la sphère publique marocaine.
Le défi est aussi celui d'une «gouvernance multi-niveaux» plus fluide et plus efficace, s'appuyant sur une clarification des compétences et des responsabilités. «Il faut passer d'une logique de dépendance et de concurrence à une logique de coopération et de co-construction entre l'État et les territoires», a plaidé un expert. Cela implique de profondes évolutions culturelles et managériales, pour installer un climat de confiance et de dialogue. L'enjeu de l'évaluation des politiques territoriales a également été souligné, pour mesurer leur impact réel et procéder aux ajustements nécessaires. «Nous avons besoin de dispositifs d'observation et de suivi partagés, pour produire une information territorialisée utile à la décision publique», ont insisté des chercheurs en matière de régionalisation avancé prenant part au colloque. Une «culture du résultat» qui fait encore trop souvent défaut dans la sphère publique marocaine.