Après des décennies d’attente et d’incertitude, 2025 pourrait bien être l’année où le destin du Sahara sera scellé définitivement. Portée par des évolutions diplomatiques majeures et une dynamique internationale sans précédent, cette année s’annonce comme une chance inédite de clore un chapitre long et complexe de l’histoire du Maroc et du Maghreb. C’est la thèse avancée par l'Institut géopolitique Horizons dans un rapport élaboré par Abdelhakim Yamani, analyste consultant géopolitique et président de l’Institut, et Sanae Hanine, professeure d’économie à l’Université Hassan 1er de Settat, publié le 26 février 2025.
Ce document dresse un tableau détaillé des nouvelles dynamiques internationales qui pourraient être synonyme d’un épilogue du conflit. «Cinquante ans après la Marche Verte, plusieurs facteurs convergent pour créer une conjoncture favorable», affirme le rapport. Parmi ces facteurs, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la montée en puissance du Maroc comme acteur régional incontournable et l’évolution des positions diplomatiques mondiales. À cela s’ajoute un contexte global où la stabilité du Maghreb devient un impératif stratégique pour l’Europe et les États-Unis, confrontés à des crises sécuritaires, énergétiques et migratoires.
Une influence grandissante
Le rapport insiste sur le rôle central du Maroc, qui a su transformer le statu quo en sa faveur grâce, entre autres, à une politique d’investissement massive dans les provinces du Sud. «Le modèle de développement du Sahara, doté d’un budget de plus de plus 8 milliards de dollars, a profondément modifié la réalité sur le terrain», souligne l’analyse. Parmi les projets phares, le port de Dakhla Atlantique, qui ambitionne de faire de la région un carrefour commercial majeur qui relie l’Europe, l’Afrique et les Amériques. L’étude met aussi en avant l’essor des énergies renouvelables dans le Sahara, où «les conditions climatiques exceptionnelles permettent d’accueillir des projets éoliens et solaires parmi les plus ambitieux du continent africain».
Ces initiatives, combinées à une diplomatie offensive et pragmatique, ont permis au Maroc de rallier à sa cause un nombre croissant de pays. Dans le jeu diplomatique, Rabat a su tisser un réseau de soutiens solides. «L’ouverture de plus de 30 consulats étrangers à Dakhla et Laâyoune depuis 2019 est une démonstration claire de la reconnaissance internationale grandissante de la souveraineté marocaine», indique le rapport. La position des grandes puissances évolue également. «Les États-Unis, sous l’administration Trump, devraient renforcer leur appui au Maroc, Washington ayant déjà reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020». L’Europe, bien que plus prudente, suit progressivement la même trajectoire : «L’Espagne et l’Allemagne ont déjà reconnu le plan d’autonomie marocain comme la solution la plus sérieuse et crédible», ou encore la France qui a adopté une position historique en faveur de la souveraineté du Maroc sur ses territoires sahariens, avance l’analyse. Dans cette nouvelle dynamique, l’Union européenne pourrait jouer un rôle clé en intégrant le Sahara dans ses stratégies économiques et énergétiques. «Un projet d’investissement de 2,3 milliards de dollars est en discussion pour renforcer la coopération énergétique entre le Maroc et l’UE, notamment à travers l’hydrogène vert.»
L’Algérie dans l’impasse
Cependant, l’Algérie demeure l’un des derniers bastions de blocage de ce dossier. «La résolution durable du conflit exigera une approche permettant à l’Algérie de sauver la face tout en acceptant la réalité du plan d’autonomie marocain», souligne le document. L’étude met en évidence les défis économiques qui affaiblissent la position d’Alger, avec «une dépendance aux hydrocarbures qui devient un facteur de vulnérabilité, alors que la transition énergétique mondiale réduit la demande de gaz et de pétrole». Les tensions internes, exacerbées par un climat social tendu et une économie peu diversifiée, pourraient rendre le maintien d’un soutien inconditionnel au Polisario de plus en plus difficile à justifier. «Face à la pression croissante des États-Unis et des puissances européennes, Alger pourrait être contrainte de revoir sa stratégie pour éviter un isolement diplomatique grandissant.»
Au-delà du Maghreb, la dimension sécuritaire devient un élément incontournable. «La déstabilisation du Sahel et la montée du terrorisme dans la région rendent indispensable une coopération renforcée entre le Maroc et ses partenaires occidentaux», affirme le rapport. L’étude rappelle que «le Maroc joue un rôle essentiel dans la lutte antiterroriste, notamment à travers son partage de renseignements avec l’Europe et les États-Unis». Cette collaboration pourrait être renforcée si le Sahara est définitivement intégré dans les stratégies de défense régionales.
Cinq issues possibles pour le Sahara
Le rapport propose plusieurs scénarios de résolution du conflit en 2025. L’un des plus plausibles est celui d’une initiative diplomatique menée par «le club des pays amis du Sahara», un groupe informel incluant la France, l’Espagne, les États-Unis et d’autres nations influentes. «Une proposition de résolution présentée conjointement par plusieurs membres influents du Conseil de sécurité de l’ONU pourrait mettre l’Algérie et le Polisario face à un consensus international irrésistible», affirme le document. Un autre scénario envisage « une consolidation progressive du fait accompli, où le Maroc continuerait à renforcer sa présence sur le terrain et à multiplier les alliances diplomatiques, rendant toute alternative au plan d’autonomie de plus en plus irréaliste». Enfin, un dialogue direct entre le Maroc et l’Algérie reste une hypothèse, bien que «peu probable tant que les tensions bilatérales demeurent aussi vives».
L’année 2025 pourrait-elle être celle de la résolution définitive du conflit ? «La convergence des intérêts stratégiques de tous les acteurs crée une responsabilité historique pour saisir cette opportunité unique», conclut le rapport. Ce qui semblait impossible il y a encore une décennie devient aujourd’hui une hypothèse crédible. Entre pragmatisme diplomatique, développement économique et repositionnement des alliances internationales, le Maroc est plus que jamais en position de force pour imposer sa vision d’une solution durable basée sur l’autonomie et l’intégration régionale.
L’année 2025 pourrait-elle être celle de la résolution définitive du conflit ? «La convergence des intérêts stratégiques de tous les acteurs crée une responsabilité historique pour saisir cette opportunité unique», conclut le rapport. Ce qui semblait impossible il y a encore une décennie devient aujourd’hui une hypothèse crédible. Entre pragmatisme diplomatique, développement économique et repositionnement des alliances internationales, le Maroc est plus que jamais en position de force pour imposer sa vision d’une solution durable basée sur l’autonomie et l’intégration régionale.