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Samedi 18 Mai 2024
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Statut unifié : l'accord avec le gouvernement parviendra-t-il à calmer les enseignants grévistes ?

Après plus de 40 jours de grèves, le secteur de l’Éducation nationale voit à peine le bout du tunnel. Si les cinq syndicats les plus représentatifs et la commission ministérielle tripartite sont parvenus à un accord au sujet du nouveau statut unifié, confortant ainsi l’espoir d’un reprise définitive des cours, certaines coordinations préfèrent toujours jouer les trouble-fêtes. Ce lundi même, la Coordination nationale des enseignants du secondaire qualifiant a appelé à une grève de quatre jours (du 26 au 29 décembre), tandis que la Coordination nationale du secteur de l’éducation décide encore des futures formes de protestation. Ces réactions «interpellent sur la motivation réelle de ces organisations qui semblent avoir été instrumentalisées pour servir les agendas de certaines parties qui souhaitent surfer sur cette vague», explique Nourredine Akouri, président de la Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves.

Une hausse des salaires de 1.500 dirhams nets par mois pour tous les enseignants, une indemnité complémentaire de 500 dirhams par mois pour les enseignants du secondaire, une subvention mensuelle de 500 dirhams pour une grande partie du corps des enseignants, une prime individuelle de 1.000 dirhams pour la correction des épreuves des examens, contre 100 dirhams auparavant... Et la liste des acquis engrangés par les syndicats représentant les enseignants pourrait s’étoffer encore plus.



Depuis le démarrage du dialogue sectoriel entre les membres de la commission gouvernementale tripartite et les centrales syndicales les plus représentatives, la famille de l’enseignement a pu obtenir des concessions inespérées, il faut le reconnaître. «Force est de reconnaître que l’augmentation salariale qui a été mobilisée pour répondre aux revendications des enseignants est la plus importante dans l’histoire du Maroc», a souligné le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, ce lundi à l’issue de la réunion du Conseil du gouvernement.

Et pourtant, la paix dans le secteur de l’enseignement demeure précaire. Certes, le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs sont parvenus à un accord sur les amendements touchant aux aspects pédagogique et financier du statut des fonctionnaires du secteur de l’Éducation. Et l’accord devrait être formalisé ce mardi, mais des incertitudes persistent. Et pour cause, certaines Coordinations s’obstinent à rejeter en bloc les acquis obtenus dans le cadre des négociations. Elles insistent pour que toutes leurs revendications soient satisfaites, faute de quoi, elles continueraient à jouer les trouble-fêtes. Une menace qui ne doit pas être prise à la légère, compte tenu de leur capacité à mobiliser et surtout de leurs accointances avec des courants politiques radicaux.

Certaines coordinations d'enseignants insistent encore pour organiser des grèves

C’est le cas par exemple de la Coordination nationale des enseignants du secondaire qualifiant qui a appelé, hier encore, à une grève de quatre jours (26, 27, 28 et 29 décembre), tout en poursuivant les sit-in devant les établissements scolaires. De son côté, la Coordination nationale du secteur de l’éducation tenait une réunion au moment où nous nous mettions sous presse, «pour décider de la nature des actions à prendre pour faire face à la politique d’exclusion et d’ignorance des revendications des travailleurs du secteur de l’éducation». La «Coordination nationale des fonctionnaires de l’éducation exclus du hors échelle» a mis en garde, quant à elle, dans un communiqué publié dimanche, contre les conséquences de la non-satisfaction de ses revendications et le risque d’une «recrudescence» des protestations.

Les parents d'élèves appellent les grévistes à la raison

Autant de réactions qui échappent à toute logique et qui interpellent finalement sur les motivations réelles de ces «formations» qui aujourd’hui disposent d’une capacité de mobilisation non négligeable et qui peut être récupérée par des courants à des fins inavouées. «Ces grèves des enseignants de l’école publique, tous cycles confondus, ont beaucoup impacté les élèves et davantage ceux qui doivent passer les épreuves du brevet ou des deux années du baccalauréat à partir du mois de mai. Aujourd’hui, on a le droit de se poser des questions légitimes concernant les motivations réelles de ces protestations. À qui profitent-elles et que veulent réellement ces Coordinations qui poussent comme des champignons? Car force est de reconnaître que le dossier des enseignants a été instrumentalisé par certaines parties qui veulent régler leurs comptes avec l’État en surfant sur cette vague. Et je fais allusion ici à des formations politiques comme la voie démocratique (Nahj Dimokrati) ou encore le mouvement islamiste Al Adl Wal Ihsane», souligne Nourredine Akouri, président de la Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves dans une déclaration accordée au «Matin». D’après ce fervent défenseur des élèves, les partis politiques de l’opposition comme ceux de la majorité ont failli à leur mission en continuant à soutenir les enseignants au détriment des élèves, qui représentent pourtant le maillon faible dans tout ce bras de fer.

«Je peux comprendre la position de départ des partis de l’opposition lorsqu’ils défendaient les revendications des enseignants. Mais aujourd’hui, avec tous les acquis concédés à ces travailleurs, il est temps de changer de camp et de défendre la juste cause qui est celle des élèves et l’urgence de leur retour aux classes. Et pour cela, il faut disposer du courage politique nécessaire», argumente le même intervenant qui a appelé le ministère de l’Éducation nationale à mettre fin à ce bras de fer en prenant les mesures correctionnelles nécessaires à l’encontre des grévistes afin de protéger l’intérêt de milliers d’élèves, pris en otage dans cette spirale infernale des débrayages.
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