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Stress hydrique au Maroc : entre alerte climatique et nécessité d’action

Le Maroc vit une situation hydrique d’une gravité sans précédent. Sous l’effet conjugué du changement climatique, de la succession d’années de sécheresse et d’une consommation excessive dans les secteurs agricole, industriel et urbain, la rareté de l’eau s’impose désormais comme une menace stratégique pour la sécurité hydrique et alimentaire du pays.

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En l’espace de quelques décennies, la disponibilité annuelle en eau douce par habitant est passée de plus de 2.500 mètres cubes dans les années 1960 à moins de 620 mètres cubes aujourd’hui, un seuil qui place le Royaume dans la catégorie des pays en stress hydrique aigu, selon la Banque mondiale. Les barrages, autrefois véritables poumons hydrauliques, affichent des niveaux inquiétants : leur taux de remplissage moyen plafonne à 34 %, avec certains ouvrages stratégiques tombant en dessous des 10 %. À cette fragilité s’ajoute l’épuisement progressif des nappes phréatiques et une dégradation de la qualité de l’eau dans plusieurs régions, menaçant l’agriculture, l’accès à l’eau potable et la santé publique, tout en alimentant un risque croissant de migrations internes vers les grandes villes.

Des solutions sur plusieurs fronts

Face à cette crise multidimensionnelle, les experts appellent à une mobilisation immédiate et coordonnée. Les pistes prioritaires incluent le renforcement des projets de dessalement de l’eau de mer, l’interconnexion des bassins hydrauliques, la réutilisation des eaux usées traitées à des fins agricoles et industrielles, ainsi que la généralisation de techniques d’irrigation économes en eau.

La rationalisation de la consommation domestique et urbaine apparaît tout aussi cruciale, appuyée par des campagnes de sensibilisation à grande échelle. Parallèlement, des lois strictes doivent protéger les nappes souterraines et encadrer le forage anarchique des puits, tandis que l’éducation à la préservation de l’eau devrait être intégrée dès l’école afin d’ancrer une conscience collective durable.

Pour Oumayma Khalil El Fenn, experte en ingénierie environnementale et hydraulique, la situation actuelle est le reflet direct de la vulnérabilité du Maroc face aux effets du changement climatique. « Le recul alarmant des ressources hydriques n’est pas un simple indicateur passager, mais un signal d’alarme réel sur la sécurité hydrique nationale », avertit-elle. Elle insiste sur la convergence des facteurs naturels, des pressions humaines et des faiblesses structurelles du système hydraulique. Selon elle, seule une réponse globale, alliant rigueur des politiques publiques, innovation technologique et prise de conscience sociétale, permettra de garantir la sécurité hydrique. Et de conclure : « L’eau est une richesse nationale limitée et non renouvelable à court terme. Sa préservation n’est plus une option, mais une nécessité existentielle qui engage l’avenir du pays. »
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