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Taxis vs VTC : un nouvel épisode d’une guerre souterraine

Depuis leur apparition sur le marché marocain, des plateformes telles que Careem, Yango et InDrive sont en passe de redéfinir les modes de transport urbains. Cependant, leur essor ne se fait pas sans accroc. Samedi dernier, une AG constitutive de la section régionale (Rabat-Salé-Kénitra) du Syndicat démocratique de transport n’a pas pu aboutir.

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Les applications proposant la médiation entre les clients et les conducteurs de Voiture de transport avec chauffeurs (VTC), comme Careem, Yango ou Indrive, ont révolutionné les modes de transport urbain. Pratiques et modernes, ces plateformes n’ont pas tardé à attirer une clientèle de plus en plus large, notamment parmi les jeunes et les professionnels. Face à ce succès qui se confirme de jour en jour, une opposition massive s’est organisée. Elle émane d’une grande partie des chauffeurs de taxis. Les autorités locales de leur côté estiment que le service VTC, malgré ses avantages, demeure considéré comme une activité illégale.
En 2018, une tentative de conciliation avait été initiée avec la signature d’un protocole d’accord entre le Syndicat démocratique de transport (SDT), l’Union nationale des taxis (UNT) et Careem. Cependant, cet accord n’a pas suffi à calmer les tensions. Depuis, les affrontements se poursuivent sans répit. Arguant que ces chauffeurs de VTC opèrent sans licence, les syndicats de taxis considèrent ces plateformes et les chauffeurs partenaires comme non légaux. Ils dénoncent ainsi une concurrence déloyale, soulignant que ces derniers contournent les contraintes légales et fiscales auxquelles sont soumis les taxis classiques.

Une assemblée générale constitutive perturbée

Le dernier épisode de cette guerre larvée que se livrent les deux protagonistes a eu lieu samedi 18 janvier 2025 à Rabat. Ce jour-là, devait se tenir une assemblée générale constitutive de la section régionale du Syndicat démocratique du transport (SDT). Mais la réunion n’a pas eu lieu, faute d’autorisation administrative. Le syndicat affirme qu’il a déposé une demande auprès de l’autorité compétente, mais sans recevoir de réponse, ni positive ni négative. Pour lui, ce silence vaut accord. En effet, le jour J les participants se sont retrouvés face à un local cadenassé, témoigne Driss Elwazani, coordinateur régional des auto-entrepreneurs au sein du SDT, présent sur place.

«Le matin, le comité d’organisation de cette assemblée générale constitutive a accédé au local prévu pour cette réunion, situé au sein de la maison des jeunes, raconte M. Elwazani. Nos militants ont pris soin d’aménager la salle et d’y installer les équipement nécessaires. Mais en y retournant l’après-midi, nous avons été surpris de voir la porte fermée, et l’ensemble du matériel confisqué. Face à nos objections, la directrice de cette enceinte a justifié ces faits par l’absence d’un document prouvant l’autorisation de ce rassemblement par les autorités compétentes», déplore-t-il.

Et pourtant, ajoute-t-il, «on a déposé notre demande auprès des autorités. Après un silence administratif de 48 heures, on a estimé avoir un accord implicite». Pour Driss Elwazani, il est évident qu’il y a eu une pression exercée par les propriétaires et les exploitants des agréments de taxis, qui ne voient pas d’un bon œil notre syndicat s’installer dans la région». De son côté, Samir Faraby, secrétaire général du SDT, affirme que «ces agissements représentent une atteinte claire à nos droits fondamentaux», tout en évoquant la possibilité de saisir la justice pour faire valoir leur droit.

Questions à Samir Faraby, secrétaire général du SDT

Pour commencer, qui est le SDT, quelles sont les circonstances de sa création et quels sont ses objectifs ?

Le Syndicat démocratique de transport, dont j’ai l’honneur d’être le secrétaire général, a été fondé en 2016 avec pour mission principale la défense les droits des chauffeurs, quelle que soit la nature ou l’usage du véhicule qu’ils conduisent. Nous nous engageons à protéger les droits des chauffeurs de taxi, des conducteurs de poids lourds, des ambulanciers, ainsi que ceux des chauffeurs de VTC. En résumé, notre syndicat se tient aux côtés de l’ensemble des travailleurs du secteur des transports pour les accompagner et défendre leurs intérêts.

Les applications de transport existent sur le marché marocain, et les citoyens les utilisent tous les jours. Pourtant, les VTC sont traquées par les autorités et sont de ce fait exposées à de lourdes peines parfois. Comment expliquez-vous cette ambiguïté ?

Il faut savoir que ces chauffeurs de VTC s’acquittent automatiquement de l’impôt sur le revenu à l’issue de chaque course. Ils exercent donc dans un secteur sans cadre légal spécifique, tout en s’acquittant de leurs obligations fiscales. Il est donc essentiel de ne plus les stigmatiser comme des acteurs hors-la-loi.

Les taxis ont fait part de leur ouverture à l’ère de la digitalisation, ils appellent à la création par l’État d’une application de VTC qui soit exclusivement dédiée au taxi. Pensez-vous que cela règlera le problème ?

Les taxis via les syndicats qui les représentent ont exprimé leur volonté d’entrer dans l’ère de la digitalisation en appelant l’État à développer une application de VTC exclusivement dédiée aux taxis. Cependant, cette transition s’avère difficile en raison des contraintes financières auxquelles ils font face. Parmi celles-ci figurent «roucetta», la somme qu’ils doivent verser quotidiennement au propriétaire de l’agrément, souvent appelé «moul chakkara», ainsi que les coûts liés au carburant, à la location et à l’entretien du véhicule.

Pourquoi vous engagez-vous pour la promotion des VTC ?

Les chauffeurs membres du SDT se battent quotidiennement avec acharnement pour subvenir aux besoins de leurs familles et de leurs proches grâce à leur travail. Ces hommes et ces femmes, dotés d’un haut niveau de compétence et de culture, accomplissent leurs missions avec un professionnalisme exemplaire, plaçant la satisfaction client au centre de leurs préoccupations. Ce principe fondamental constitue le socle de toute relation client réussie.

Par ailleurs, il est crucial de rappeler que le marché de l’emploi au Maroc fait face à des défis importants, notamment un taux de chômage conséquent parmi les jeunes. Cette problématique a des répercussions profondes non seulement sur les individus, mais également sur l’équilibre économique et social des familles marocaines, accentuant les inégalités et fragilisant davantage le tissu social. Une réglementation du secteur des VTC jouerait certainement un rôle clé en absorbant une partie significative de ces jeunes sans emploi, offrant ainsi une réponse concrète à ce fléau. Il ne faut pas oublier aussi que le pays, qui s’apprête à abriter de grandes manifestations sportives, doit d’instaurer une réglementation et une réforme approfondies du secteur. Ces efforts contribueront à l’amélioration des conditions de vie des citoyens marocains et à la consolidation du développement socio-économique national.
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