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Technologies spatiales : le Maroc se positionne comme un partenaire africain de choix pour l'Inde

Après Delhi et ses institutions officielles, la délégation de journalistes africains a eu l’occasion de découvrir à Bangalore l’Indian Space Research Organisation (ISRO), symbole des ambitions technologiques indiennes. Lors d’une table ronde dirigée par Ganesh Pillai, secrétaire scientifique de l’ISRO, les représentants des médias africains ont pris la mesure des projets ambitieux que l’agence indienne – dont le Maroc est partenaire – compte mener à bien à l’horizon 2047.

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La découverte de Bangalore a marqué un tournant dans le programme de familiarisation des journalistes africains lancé du 12 au 19 juin. Après avoir exploré les aspects géopolitiques et diplomatiques à Delhi avec l’ORF, le ministère des Affaires étrangères et la CDRI, la délégation s’est dirigée vers le cœur technologique de l’Inde pour la découverte de l’Indian Space Research Organisation (ISRO). La visite de cette institution hautement sécurisée a permis aux représentants des médias africains de s’enquérir des réalisations et ambitions spatiales indiennes.

«Dans ce lieu hautement sécurisé, le pays de Gandhi développe depuis plusieurs années, sans tambour ni trompette, son programme de conquête de l’espace», ont expliqué les responsables de l’ISRO lors de cette rencontre organisée dans les locaux de l’agence à Bangalore.

Un partenariat Maroc-Inde formalisé depuis 2019

Autour d’une table ronde, présidée par Ganesh Pillai, secrétaire scientifique de l’ISRO, la collaboration avec le Maroc a particulièrement été mise en lumière. Répondant aux questions des journalistes marocains, les responsables de l’ISRO ont confirmé que «l’Inde et le Maroc ont signé un mémorandum d’entente devenu opérationnel en 2019».



Mais cette coopération trouve ses racines dans un processus long et complexe. «Le Maroc a exprimé son intérêt pour la coopération avec l’Inde dans le domaine spatial au début des années 1990», ont expliqué les responsables, précisant que «l’ISRO et le Centre Royal de télédétection spatiale (CRTS) ont échangé des projets et sont arrivés à une version mutuellement acceptée du protocole d’accord pour la coopération spatiale». Pour rappel, la signature de ce protocole a eu lieu le 25 septembre 2018 à New Delhi, lors de la visite du ministre marocain chargé de l’Administration de la Défense.

Des domaines de coopération étendus et concrets

Le mémorandum d’entente couvre des secteurs stratégiques multiples. «Cette coopération porte sur le renforcement de la collaboration dans des domaines multiples incluant les sciences spatiales, la technologie et les applications spatiales, et en premier lieu la télédétection, les communications satellitaires, la navigation par satellites, l’exploration planétaire, et le développement et l’utilisation des systèmes spatiaux et terrestres connexes», ont détaillé les responsables de l’ISRO.

La mise en œuvre opérationnelle est assurée par «un groupe de travail conjoint, composé de membres du DOS/ISRO et du Centre Royal de télédétection spatiale et du Centre royal de recherche et d’études spatiales (CRERS)», qui élabore «davantage le plan d’action incluant le calendrier et les moyens de mise en œuvre du protocole d’accord».

Les responsables de l’ISRO, ont indiqué dans le même ordre d’idées que «plusieurs activités ont été organisées depuis 2019, notamment un atelier sur l’observation de la Terre (EO Workshop) en 2021 auquel ont participé des responsables marocains». Cet atelier portait en particulier sur l’utilisation des images satellitaires dans l’agriculture et la gestion des ressources naturelles», ont-ils précisé.

La formation constitue par ailleurs un pilier central de la coopération maroco-indienne dans ce domaine. «Quatre responsables marocains ont bénéficié de programmes de formation à l’Institut indien de télédétection (IIRS) et de programmes affiliés au Centre des Nations unies pour l’éducation en sciences et technologies spatiales pour l’Asie et le Pacifique (CSSTEAP)», ont révélé les responsables de l’ISRO.

Le programme UNNATI et l’approche progressive

Le Maroc a également participé au programme phare UNNATI (Capacity Building Programme in Satellite Technology). «Lors du premier groupe de formation, qui s’est déroulé de janvier à mars 2019, 29 participants de 17 pays, dont le Maroc, ont pris part à cette formation officielle organisée à l’IIRS/CSSTEAP», ont précisé les experts indiens.

«La coopération à cette étape se concentre sur les applications spatiales», ont expliqué les responsables, soulignant que «les pays qui ne disposent pas encore d’infrastructure de lancement peuvent réaliser des bénéfices directs et tangibles en utilisant les données satellitaires dans les domaines du développement durable, de la réponse aux catastrophes, et de l’amélioration des services agricoles et hydriques fournis par l’ISRO».

Cette stratégie progressive vise l’efficacité : «Il est nécessaire de concentrer les partenariats techniques sur le développement des applications spatiales d’abord, avant de passer à des projets plus complexes comme le développement de satellites ou la recherche de leur lancement», ont-ils préconisé, ajoutant que «cette approche permet aux pays émergents de réaliser des bénéfices rapides et efficaces à partir des capacités spatiales».

Vision spatiale indienne 2047

Au-delà de la coopération internationale et plus particulièrement avec les pays africains, l’ISRO a dévoilé ses ambitions pour les prochaines décennies. «Le Premier ministre a défini une feuille de route pour le programme spatial indien jusqu’en 2047», ont annoncé les responsables, précisant que «l’objectif fondamental de cette vision est de pouvoir déposer un Indien sur la Lune et de le ramener en toute sécurité».

Cette vision s’appuie sur plusieurs programmes interconnectés. Le programme Gaganyaan constitue l’étape préliminaire : «Ce programme phare vise à démontrer la capacité de vol spatial humain vers l’orbite terrestre basse et à assurer le retour en toute sécurité de l’équipage sur Terre». L’Inde prévoit également de construire sa propre infrastructure orbitale. «Dans le cadre de la mission Gaganyaan et de la vision 2047, l’Inde prévoit de construire sa propre station spatiale en orbite», ont annoncé les responsables de l’ISRO.

La station Bharti Antriksh sera imposante : «Il s’agit d’un programme majeur composé de cinq modules qui seront amarrés dans l’espace, avec une masse totale d’environ 52 tonnes.» En raison de sa taille, «elle ne pourra pas être lancée par un seul véhicule, elle sera assemblée à partir de plusieurs segments».

Les missions lunaires futures promettent des avancées significatives. Chandrayaan 4 «représente une avancée par rapport à Chandrayaan 3», avec pour objectif de se poser sur la Lune, collecter des échantillons, les stocker en toute sécurité, puis les ramener sur Terre». Cette mission complexe «nécessitera deux lancements en raison de sa masse significative (environ 9.600 kg, comparée à 3.900 kg pour Chandrayaan 3)». Chandrayaan 5, développée dans le cadre d’une collaboration internationale, sera encore plus ambitieuse. «Il s’agit d’une mission collaborative entre l’ISRO, la NASA et la JAXA». L’exploration ne se limitera pas à la Lune. «Une mission d’exploration de Vénus est prévue» pour 2028 avec «des contributions collaboratives de la Russie, de la Suède et de l’Allemagne».

Cette présentation détaillée a permis aux journalistes africains de mesurer l’ambition et la portée du programme spatial indien, tout en découvrant les opportunités concrètes de coopération que l’ISRO offre aux pays africains, à l’image du partenariat déjà fructueux avec le Maroc. n
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