Le Matin : À l'occasion du 30e anniversaire du processus de Barcelone, que pensez-vous de ce cadre de coopération régionale ? Quels sont les principaux acquis et les échecs ?
Votre rencontre avec le ministre Nasser Bourita s'inscrit dans cette commémoration du processus de Barcelone. Quel message portez-vous sur l'avenir de la coopération méditerranéenne ?
Écoutez, je ne viens pas convaincre le Maroc de quoi que ce soit, parce que c'est le Maroc qui avait lancé l'importance de redynamiser cette coopération, l'importance de la repenser et de la recadrer d'une manière plus stratégique. Alors, je ne suis pas là pour demander au Maroc, je suis là pour parler à un pays convaincu, à un pays qui a une vision stratégique, une compréhension de ce que nous sommes, ce que nous devons être, et de voir avec Son Excellence comment ensemble, et avec aussi un nombre croissant de pays qui s'inscrivent maintenant dans la même logique, comment on peut faire avancer cette plateforme de coopération. À ce titre, il est important de savoir qu’on cette année, on va présenter à nos ministres une nouvelle stratégie de la maison pour les années 2026-2030.
Vous mentionnez un «processus de réforme vigoureux» de l'UpM. Quelles sont concrètement les principales transformations envisagées pour que l'organisation soit dotée des moyens de ses ambitions ?
Ce processus, engagé depuis un an et demi à deux ans, s'articule autour de trois niveaux distincts. Le premier niveau, le plus accessible, concerne la restructuration interne de l'institution afin qu'elle soit mieux armée pour accomplir sa mission. Cette réorganisation porte sur le renforcement des capacités techniques et professionnelles, l'optimisation de l'organisation institutionnelle proprement dite, ainsi que l'amélioration de la gestion des réunions ministérielles et des diverses obligations statutaires. Cette restructuration interne, soutenue par l'ensemble des États membres, est d'ores et déjà achevée. Le deuxième niveau consiste à définir un consensus sur les priorités et le nouveau mandat pour la période 2026-2030. Le troisième niveau concerne l'élaboration de la stratégie, car il convient d'établir une distinction entre le mandat et la stratégie. Il s'agit de déterminer les modalités d'exécution de ce mandat de manière à générer des résultats véritablement positifs.
D'accord. Sinon, on attend le forum régional de novembre 2025 qui va permettre la mise en place de cette réforme ?
Ce sera effectivement l'aboutissement de cette réforme... Lors de ce rendez-vous, nous attendons de nos quarante-trois pays membres qu'ils entérinent d'abord cette restructuration interne de l'institution, objectif que nous avons pratiquement atteint. Nous escomptons également leur approbation du nouveau mandat et de ses priorités, lequel sera davantage axé sur la résilience et la stabilité, l'interconnexion, ainsi que l'adoption de la stratégie définissant les principes directeurs qui orienteront le travail de l'organisation pour les années à venir.
Comment définissez-vous la vision de l'UpM pour 2026-2030 ? Quelles seront les priorités stratégiques de cette nouvelle décennie ?
Certaines priorités demeureront inchangées, car elles répondent à des défis structurels. Concernant l'intégration économique régionale, il convient de reconnaître que nous faisons partie des régions les moins intégrées au monde, particulièrement au niveau méridional. Le défi de l'emploi représente également un enjeu majeur, compte tenu de la composition démographique de nos pays du Sud. Ces constats relèvent de l'évidence. S'agissant du climat, nous évoluons dans l'une des zones les plus affectées au monde par le changement climatique, sans compter les problématiques de biodiversité et de dégradation environnementale régionale.
Néanmoins, ce qui a évolué – et ceci revêt une importance capitale – c'est l'approche adoptée pour traiter ces dossiers. Il s'agit désormais de répondre aux mutations globales qui affectent non seulement notre région, mais le monde entier. Nous évoluons dans un contexte où les relations internationales ne s'appuient plus exclusivement sur une logique transactionnelle. L'impact de la Covid-19 et de certaines politiques, notamment américaines, ont profondément affecté les chaînes de production s'étendant sur des milliers de kilomètres. Comment exploiter l'avantage de la proximité géographique ? l’exemple du Maroc est probant à cet égard : l'industrie automobile marocaine est devenue un exportateur majeur vers l'Europe et l'Afrique subsaharienne. Comment attirer les industries qui ne sont plus rentables si elles demeurent en Europe, mais qui ne le seraient pas davantage à six ou sept mille kilomètres de notre région ? Comment développer cette relocalisation industrielle ou cette délocalisation de proximité ? Comment également résorber le déficit numérique entre le Nord et le Sud ?
Tout ceci nécessite une nouvelle approche stratégique privilégiant la coopération dans ces domaines à travers le prisme de la résilience et de la stabilité. Il s'agit de favoriser la stabilité régionale à travers cette coopération renforcée. La multiplication des incidents liés au changement climatique doit nous pousser à agir ensemble. Les incendies de forêt ont touché le Maroc comme l'ensemble de la région. Il s’agit de voir comment établir un mécanisme similaire à celui existant en Europe pour faire face à ces menaces.
Vous soulignez que «le pouvoir de rassemblement de l'UpM est plus que jamais essentiel». Comment l'organisation parvient-elle concrètement à maintenir le dialogue entre les pays membres malgré les tensions actuelles ?
Au terme de six à sept années de travail au sein de l'organisation, j'ai pu constater que, malgré les tensions entre certains pays membres, une volonté de coopération existe. Je reviens sur le point évoqué précédemment : bien que ces différends soient réels et puissent parfois entraver l'avancement de certains dossiers, nous observons néanmoins l'intérêt manifesté par des pays qui ne partagent pas nécessairement la même vision concernant leurs relations bilatérales, mais qui se montrent disposés à s'investir dans nos cadres régionaux, leurs intérêts étant efficacement servis par ce dispositif de coopération.
L'élaboration du Pacte de l'UE pour la Méditerranée est en cours. Comment l'UpM s'assure-t-elle que ses priorités seront intégrées dans cette initiative européenne ?
Il convient d'abord de saluer la décision européenne de créer un commissariat dédié à la Méditerranée. Cette initiative témoigne d'une certaine compréhension de l'intérêt de disposer d'une politique européenne spécifiquement consacrée à la Méditerranée, avec un commissaire entièrement dédié au renforcement des relations entre l'Europe d'une part et la Méditerranée d'autre part. Cette évolution constitue déjà un élément positif. Le pacte est actuellement en préparation et nous maintenons des contacts permanents avec les responsables de ce projet. J'ai personnellement rencontré la commissaire chargée de la Méditerranée à trois reprises depuis sa nomination. Je dois dire qu’elle manifeste la volonté de proposer un pacte s'inscrivant dans une logique gagnant-gagnant. Les axes de ce pacte sont en cours de définition. Elle et son équipe mènent actuellement des concertations avec l'ensemble des acteurs, qu'il s'agisse des pays ou des organisations.
À notre niveau, l'Union pour la Méditerranée s'engage dans une discussion approfondie avec eux concernant le rôle que notre organisation peut jouer. Mon approche consiste à souligner que nous représentons la dimension régionale de la coopération entre les deux rives. Nous ne nous situons pas dans le registre bilatéral, il importe de le préciser. Nous pouvons nous révéler particulièrement utiles, par exemple, lorsqu'il s'agit d'initiatives ou d'approches régionales concernant les énergies renouvelables, l'énergie propre ou les technologies propres. Dans ces domaines, nous avons des contributions à apporter.
Est-ce que vous êtes écoutés de l'autre partie de l'Union européenne ?
Nous sommes effectivement écoutés, mais il reste à observer le produit final et la manière dont il reflétera nos idées ainsi que celles de nos partenaires du Sud, qu'il s'agisse du Maroc, de l'Égypte, de la Tunisie, de l'Algérie et des autres pays. Nous nous trouvons au cœur de cet exercice, mais la volonté existe, d'après ce que je perçois. La commissaire manifeste un vif intérêt à écouter l'ensemble des acteurs régionaux, multilatéraux, dans le cadre de notre organisation comme d'autres. J'ai d'ailleurs transmis il y a deux jours une contribution substantielle sur notre apport potentiel à cette nouvelle politique européenne à l'égard de la Méditerranée. Je me montre optimiste quant à la capacité de ce pacte à refléter bon nombre de nos priorités communes.
Cela fait partie justement du dialogue renouvelé et vous affirmez que «2025 doit être une année de dialogue et de collaboration renouvelés». Quelles initiatives concrètes allez-vous lancer cette année ?
Permettez-moi de vous interrompre, car cet aspect revêt une importance capitale. Cette année devrait également être celle où nous, pays membres et Union européenne, réaffirmons notre attachement aux principes de Barcelone. D'un point de vue politique, Barcelone a constitué un moment décisif où, quel que soit le bilan que l'on puisse dresser en termes de succès et d'échecs, les deux rives ont exprimé au plus haut niveau leur volonté de fonder un nouveau partenariat entre le Sud et le Nord. Trente ans après, nous devrions être en mesure de réaffirmer cet attachement et de confirmer notre volonté collective non seulement de poursuivre, mais d'avancer et même d'évoluer.
Les transformations nécessaires impliquent d'examiner le bilan établi et de travailler à l'amélioration des domaines où nous n'avons pas progressé de manière satisfaisante, tout en renforçant ce qui a fonctionné et en le démultipliant pour exercer un impact plus significatif sur la vie des populations de la région. Ainsi que je l'ai mentionné, l'année 2025 devrait être celle de la collaboration renouvelée et du dialogue renouvelé.
Quelles initiatives concrètes allez-vous lancer cette année encore dans ce sens ?
Nous disposons de nombreuses idées sur le plan technique. Nous nous appuierons sur des expériences qui ont déjà fait leurs preuves. Pour évoquer des réalisations très concrètes, nous avions lancé il y a un an et demi le Partenariat pour l'économie bleue (Blue Economy Partnership), qui nous a permis de mobiliser plus d'un milliard d'euros pour des projets d'énergie renouvelable, de tourisme durable et de traitement des eaux usées destinés aux zones côtières méditerranéennes. Trois pays en bénéficient déjà : le Maroc, l'Égypte et la Jordanie.
Cette expérience, où l'Union pour la Méditerranée a initié la fédération d'acteurs tels que la Banque européenne d'investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ou encore les agences de développement économique des pays membres – allemande, française, espagnole et autres –, nous envisageons de la transformer en une opération structurée. Nous projetons de créer un accélérateur d'investissements où l'Union pour la Méditerranée jouera un rôle majeur en démultipliant cette expérience par le lancement d'initiatives dans des domaines précis, la mobilisation des fonds nécessaires pour investir dans ces secteurs, l'identification de ces projets, mais également l'accompagnement de nos pays membres dans la recherche du financement adéquat et nécessaire. Nous disposons de nombreuses autres idées. Nous avons également initié depuis plusieurs années des projets de transfert d'assistance technique à des initiatives locales dont le Maroc a bénéficié. Deux projets ont été financés au Maroc et d'autres dans différents pays.
Parmi les défis majeurs auxquels la région est confrontée, il y a la sécurité, la migration, le climat, l'emploi, l'énergie, etc. Comment l'UpM établit-elle ses priorités ?
C'est exactement cela. Nous ne gérons pas ls priorités de manière unilatérale. Ce n'est pas moi qui détermine seul les priorités. Je formule des propositions aux États membres. Comme je vous l'ai indiqué, nous élaborons actuellement cette stratégie et identifions ses priorités. Elles s'articulent toutes autour des sujets que j'ai déjà évoqués. L'approche consiste à définir les modalités de gestion et la ligne directrice de notre action. À mes yeux, l'élément essentiel réside dans le fait que le fil conducteur de toutes nos interventions vise à renforcer la résilience de nos économies, de nos populations et de leur capacité à faire face à un monde en pleine mutation.
Vous parlez de capacité d'action renforcée. Dans ce sens, de quels moyens supplémentaires l’UpM a-t-elle besoin pour être plus efficace ?
Dans le cadre de cette réforme, je sollicite des États membres et de la Commission européenne un renforcement des ressources financières. Je vous le dis en toute franchise. Pour que nous puissions accomplir notre mission et monter en puissance, afin de concrétiser et d'exécuter le mandat qui nous est confié, il est indispensable de disposer des moyens nécessaires tant en ressources humaines qu'en ressources financières pour mettre en œuvre et être à la hauteur de ce que nous nous proposons de réaliser. Il convient donc effectivement de renforcer financièrement l'institution.
Sinon, en termes de partenariats, y-a-t-il des pistes à explorer ?
En premier lieu, la Commission européenne constitue un partenaire important et incontournable. Nous collaborons également avec la Ligue arabe, l'Organisation de la coopération islamique, mais nous envisageons aussi de renforcer notre collaboration avec les pays du Golfe. Nous avons l'intention de consolider l'ensemble de ce cadre de coopération. Il existe par ailleurs un écosystème méditerranéen comprenant de nombreuses organisations euro-méditerranéennes sectorielles qui œuvrent dans l'agriculture, la recherche et d'autres domaines. J'entretiens une coopération très étroite avec le programme PRIMA, un programme de recherche et d'innovation doté d'un budget considérable de 200 millions d'euros. Je porte un intérêt particulier à la digitalisation ainsi qu'aux questions de santé, notamment depuis la pandémie. Nous collaborons avec eux sur ces deux priorités et d'autres, concernant une agriculture saine et durable en Méditerranée.
Que pensez-vous de l'Initiative Atlantique lancée par le Maroc ?
Le Maroc développe depuis des années – ce n'est pas nouveau – une vision particulièrement clairvoyante concernant son voisinage africain. Depuis plus de dix ans, voire quinze ans, le Maroc a établi des liens économiques étroits, des relations politiques exemplaires avec son voisinage africain, ainsi qu'un commerce croissant et une présence bancaire notable. Cette initiative constitue à mon sens une continuation naturelle et logique du rôle que le Maroc souhaite jouer pour renforcer à la fois les liens entre l'Afrique du Nord – et le Maroc en particulier – et son voisinage subsaharien, tout en permettant à ces pays un accès vers l'Atlantique par l'intermédiaire du territoire marocain. Elle s'inscrit dans une stratégie marocaine stable, soutenue depuis des années, qui avance de manière très déterminée et progresse constamment. Je ne peux que me féliciter d'une telle initiative.
En tant que seul forum multilatéral réunissant les États membres de la Méditerranée, qu’est-ce qui différencie l’UpM des autres organisations de coopérations régionales ?
Les spécificités – car il ne s'agit pas de différences à proprement parler – résident d'abord dans l'étendue de ses membres. Nous comptons quarante-trois pays, incluant l'ensemble des pays de l'Union européenne et les quinze pays du sud et de l'est méditerranéens. Cette composition constitue une singularité unique. Aucun groupement au monde ne rassemble ces pays. Il s'agit d'un regroupement entre pays du Nord et pays du Sud qui parvient néanmoins à collaborer malgré les différences existant en termes de développement économique et parfois de lecture de certains dossiers, y compris sectoriels comme le climat. Au sein de cette organisation, certains pays appartiennent à trois groupes différents dans le cadre de la COP. Nous parvenons néanmoins à aborder ces questions. Nous sommes conscients de la nécessité d’agir de concert pour le bien-être, la stabilité et la prospérité de ces deux régions sont interdépendants.
Nasser Kamel : Vous avez parfaitement raison de souligner cette date emblématique. Trente ans après le lancement de ce projet de partenariat euro-méditerranéen renforcé, initié à Barcelone en 1995 avec l'ambition de créer une zone de co-prospérité, de stabilité, de paix et d'échanges, il convient effectivement de procéder à un examen approfondi pour identifier les acquis ainsi que les domaines où les progrès n'ont pas été réalisés au rythme escompté, impactant ainsi la réalité régionale. Dans cette perspective, une réflexion s'est engagée depuis plus d'un an. Je tiens à saluer le Maroc et particulièrement le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, qui, lors de son intervention au forum régional des ministres des Affaires étrangères il y a deux ans, a soulevé des questions fondamentales concernant l'avenir de cette institution, l'orientation de la coopération euro-méditerranéenne et la nécessité stratégique d'opérer un changement de cap pour construire un partenariat véritablement solide et renforcé. Il a ainsi incité ses homologues des deux rives de la Méditerranée à mener une réflexion approfondie et à faire preuve de vision et de volonté politique pour consolider ce cadre de coopération en le dotant des moyens nécessaires à l'accomplissement de sa mission au service d'un avenir meilleur pour la coopération entre les deux rives méditerranéennes.
Justement, si vous le permettez, Monsieur le Secrétaire général, le processus de Barcelone a été lancé en 1995 dans l'espoir d'une paix partagée au Moyen-Orient. Face aux profonds bouleversements actuels dans la région, ce modèle reste-t-il d'actualité ?
Ce modèle ne relève pas simplement de l'utilité ou de l'actualité. Il constitue, j'ose l'affirmer, une nécessité incontournable. Nous évoquons en effet deux régions voisines. Le voisinage, par définition, nous impose de coopérer et de travailler ensemble. Quelle serait l'alternative ? Nous partageons une mer commune ainsi que des défis identiques. Les problématiques du Sud impactent le Nord et inversement. Il ne s'agit nullement d'un luxe ou d'une décision politique concernant la coopération entre deux régions éloignées. Nous évoluons dans le même espace géographique, l'espace euroméditerranéen, confrontés aux mêmes défis communs. Le changement climatique, par exemple, nous affecte tous. La migration, bien qu'appréhendée différemment de part et d'autre, demeure un enjeu majeur sur lequel les deux rives doivent échanger, analyser et élaborer des solutions appropriées. La solution optimale ne consiste pas nécessairement en une approche sécuritaire, mais plutôt en une coopération renforcée bénéfique aux deux rives méditerranéennes. Je fais référence ici à une démographie croissante au sud de la Méditerranée et décroissante au nord.
D'immenses besoins en emplois caractérisent le Sud, tandis que des besoins considérables en main-d'œuvre se manifestent au Nord. Comment élaborer des mécanismes appropriés pour répondre à ces besoins sans compromettre la stabilité ou la cohésion sociale de part et d'autre ? Il ne s'agit donc pas d'un choix, mais d'une nécessité impérieuse. Cependant, la question fondamentale est la suivante : avons-nous réellement déployé tous les efforts nécessaires ? Non, assurément. Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être invoqués, notamment les tensions géopolitiques qui ont exercé leur influence. Les moyens limités mis à disposition de l'Union pour la Méditerranée constituent également un obstacle, il faut l'avouer franchement. L'approche souvent bilatérale de l'Union européenne, privilégiant la gestion des relations entre l'Europe et d'autres entités, a également joué un rôle.
Ne conviendrait-il pas, parallèlement à cette dimension bilatérale dont nul ne conteste la validité, de renforcer également la dimension multilatérale ? Celle-ci impliquerait un travail collectif, sous-régional, entre plusieurs pays, axé sur l'interconnexion et l'intégration économique régionale. Toutes ces dimensions revêtent une importance capitale. Certes, la mobilisation s'avère parfois difficile, mais il existe également des exemples de réussite dont nous pouvons nous inspirer pour les reproduire dans d'autres domaines.
Justement, si vous le permettez, Monsieur le Secrétaire général, le processus de Barcelone a été lancé en 1995 dans l'espoir d'une paix partagée au Moyen-Orient. Face aux profonds bouleversements actuels dans la région, ce modèle reste-t-il d'actualité ?
Ce modèle ne relève pas simplement de l'utilité ou de l'actualité. Il constitue, j'ose l'affirmer, une nécessité incontournable. Nous évoquons en effet deux régions voisines. Le voisinage, par définition, nous impose de coopérer et de travailler ensemble. Quelle serait l'alternative ? Nous partageons une mer commune ainsi que des défis identiques. Les problématiques du Sud impactent le Nord et inversement. Il ne s'agit nullement d'un luxe ou d'une décision politique concernant la coopération entre deux régions éloignées. Nous évoluons dans le même espace géographique, l'espace euroméditerranéen, confrontés aux mêmes défis communs. Le changement climatique, par exemple, nous affecte tous. La migration, bien qu'appréhendée différemment de part et d'autre, demeure un enjeu majeur sur lequel les deux rives doivent échanger, analyser et élaborer des solutions appropriées. La solution optimale ne consiste pas nécessairement en une approche sécuritaire, mais plutôt en une coopération renforcée bénéfique aux deux rives méditerranéennes. Je fais référence ici à une démographie croissante au sud de la Méditerranée et décroissante au nord.
D'immenses besoins en emplois caractérisent le Sud, tandis que des besoins considérables en main-d'œuvre se manifestent au Nord. Comment élaborer des mécanismes appropriés pour répondre à ces besoins sans compromettre la stabilité ou la cohésion sociale de part et d'autre ? Il ne s'agit donc pas d'un choix, mais d'une nécessité impérieuse. Cependant, la question fondamentale est la suivante : avons-nous réellement déployé tous les efforts nécessaires ? Non, assurément. Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être invoqués, notamment les tensions géopolitiques qui ont exercé leur influence. Les moyens limités mis à disposition de l'Union pour la Méditerranée constituent également un obstacle, il faut l'avouer franchement. L'approche souvent bilatérale de l'Union européenne, privilégiant la gestion des relations entre l'Europe et d'autres entités, a également joué un rôle.
Ne conviendrait-il pas, parallèlement à cette dimension bilatérale dont nul ne conteste la validité, de renforcer également la dimension multilatérale ? Celle-ci impliquerait un travail collectif, sous-régional, entre plusieurs pays, axé sur l'interconnexion et l'intégration économique régionale. Toutes ces dimensions revêtent une importance capitale. Certes, la mobilisation s'avère parfois difficile, mais il existe également des exemples de réussite dont nous pouvons nous inspirer pour les reproduire dans d'autres domaines.
Votre rencontre avec le ministre Nasser Bourita s'inscrit dans cette commémoration du processus de Barcelone. Quel message portez-vous sur l'avenir de la coopération méditerranéenne ?
Écoutez, je ne viens pas convaincre le Maroc de quoi que ce soit, parce que c'est le Maroc qui avait lancé l'importance de redynamiser cette coopération, l'importance de la repenser et de la recadrer d'une manière plus stratégique. Alors, je ne suis pas là pour demander au Maroc, je suis là pour parler à un pays convaincu, à un pays qui a une vision stratégique, une compréhension de ce que nous sommes, ce que nous devons être, et de voir avec Son Excellence comment ensemble, et avec aussi un nombre croissant de pays qui s'inscrivent maintenant dans la même logique, comment on peut faire avancer cette plateforme de coopération. À ce titre, il est important de savoir qu’on cette année, on va présenter à nos ministres une nouvelle stratégie de la maison pour les années 2026-2030.
Vous mentionnez un «processus de réforme vigoureux» de l'UpM. Quelles sont concrètement les principales transformations envisagées pour que l'organisation soit dotée des moyens de ses ambitions ?
Ce processus, engagé depuis un an et demi à deux ans, s'articule autour de trois niveaux distincts. Le premier niveau, le plus accessible, concerne la restructuration interne de l'institution afin qu'elle soit mieux armée pour accomplir sa mission. Cette réorganisation porte sur le renforcement des capacités techniques et professionnelles, l'optimisation de l'organisation institutionnelle proprement dite, ainsi que l'amélioration de la gestion des réunions ministérielles et des diverses obligations statutaires. Cette restructuration interne, soutenue par l'ensemble des États membres, est d'ores et déjà achevée. Le deuxième niveau consiste à définir un consensus sur les priorités et le nouveau mandat pour la période 2026-2030. Le troisième niveau concerne l'élaboration de la stratégie, car il convient d'établir une distinction entre le mandat et la stratégie. Il s'agit de déterminer les modalités d'exécution de ce mandat de manière à générer des résultats véritablement positifs.
D'accord. Sinon, on attend le forum régional de novembre 2025 qui va permettre la mise en place de cette réforme ?
Ce sera effectivement l'aboutissement de cette réforme... Lors de ce rendez-vous, nous attendons de nos quarante-trois pays membres qu'ils entérinent d'abord cette restructuration interne de l'institution, objectif que nous avons pratiquement atteint. Nous escomptons également leur approbation du nouveau mandat et de ses priorités, lequel sera davantage axé sur la résilience et la stabilité, l'interconnexion, ainsi que l'adoption de la stratégie définissant les principes directeurs qui orienteront le travail de l'organisation pour les années à venir.
Comment définissez-vous la vision de l'UpM pour 2026-2030 ? Quelles seront les priorités stratégiques de cette nouvelle décennie ?
Certaines priorités demeureront inchangées, car elles répondent à des défis structurels. Concernant l'intégration économique régionale, il convient de reconnaître que nous faisons partie des régions les moins intégrées au monde, particulièrement au niveau méridional. Le défi de l'emploi représente également un enjeu majeur, compte tenu de la composition démographique de nos pays du Sud. Ces constats relèvent de l'évidence. S'agissant du climat, nous évoluons dans l'une des zones les plus affectées au monde par le changement climatique, sans compter les problématiques de biodiversité et de dégradation environnementale régionale.
Néanmoins, ce qui a évolué – et ceci revêt une importance capitale – c'est l'approche adoptée pour traiter ces dossiers. Il s'agit désormais de répondre aux mutations globales qui affectent non seulement notre région, mais le monde entier. Nous évoluons dans un contexte où les relations internationales ne s'appuient plus exclusivement sur une logique transactionnelle. L'impact de la Covid-19 et de certaines politiques, notamment américaines, ont profondément affecté les chaînes de production s'étendant sur des milliers de kilomètres. Comment exploiter l'avantage de la proximité géographique ? l’exemple du Maroc est probant à cet égard : l'industrie automobile marocaine est devenue un exportateur majeur vers l'Europe et l'Afrique subsaharienne. Comment attirer les industries qui ne sont plus rentables si elles demeurent en Europe, mais qui ne le seraient pas davantage à six ou sept mille kilomètres de notre région ? Comment développer cette relocalisation industrielle ou cette délocalisation de proximité ? Comment également résorber le déficit numérique entre le Nord et le Sud ?
Tout ceci nécessite une nouvelle approche stratégique privilégiant la coopération dans ces domaines à travers le prisme de la résilience et de la stabilité. Il s'agit de favoriser la stabilité régionale à travers cette coopération renforcée. La multiplication des incidents liés au changement climatique doit nous pousser à agir ensemble. Les incendies de forêt ont touché le Maroc comme l'ensemble de la région. Il s’agit de voir comment établir un mécanisme similaire à celui existant en Europe pour faire face à ces menaces.
Vous soulignez que «le pouvoir de rassemblement de l'UpM est plus que jamais essentiel». Comment l'organisation parvient-elle concrètement à maintenir le dialogue entre les pays membres malgré les tensions actuelles ?
Au terme de six à sept années de travail au sein de l'organisation, j'ai pu constater que, malgré les tensions entre certains pays membres, une volonté de coopération existe. Je reviens sur le point évoqué précédemment : bien que ces différends soient réels et puissent parfois entraver l'avancement de certains dossiers, nous observons néanmoins l'intérêt manifesté par des pays qui ne partagent pas nécessairement la même vision concernant leurs relations bilatérales, mais qui se montrent disposés à s'investir dans nos cadres régionaux, leurs intérêts étant efficacement servis par ce dispositif de coopération.
L'élaboration du Pacte de l'UE pour la Méditerranée est en cours. Comment l'UpM s'assure-t-elle que ses priorités seront intégrées dans cette initiative européenne ?
Il convient d'abord de saluer la décision européenne de créer un commissariat dédié à la Méditerranée. Cette initiative témoigne d'une certaine compréhension de l'intérêt de disposer d'une politique européenne spécifiquement consacrée à la Méditerranée, avec un commissaire entièrement dédié au renforcement des relations entre l'Europe d'une part et la Méditerranée d'autre part. Cette évolution constitue déjà un élément positif. Le pacte est actuellement en préparation et nous maintenons des contacts permanents avec les responsables de ce projet. J'ai personnellement rencontré la commissaire chargée de la Méditerranée à trois reprises depuis sa nomination. Je dois dire qu’elle manifeste la volonté de proposer un pacte s'inscrivant dans une logique gagnant-gagnant. Les axes de ce pacte sont en cours de définition. Elle et son équipe mènent actuellement des concertations avec l'ensemble des acteurs, qu'il s'agisse des pays ou des organisations.
À notre niveau, l'Union pour la Méditerranée s'engage dans une discussion approfondie avec eux concernant le rôle que notre organisation peut jouer. Mon approche consiste à souligner que nous représentons la dimension régionale de la coopération entre les deux rives. Nous ne nous situons pas dans le registre bilatéral, il importe de le préciser. Nous pouvons nous révéler particulièrement utiles, par exemple, lorsqu'il s'agit d'initiatives ou d'approches régionales concernant les énergies renouvelables, l'énergie propre ou les technologies propres. Dans ces domaines, nous avons des contributions à apporter.
Est-ce que vous êtes écoutés de l'autre partie de l'Union européenne ?
Nous sommes effectivement écoutés, mais il reste à observer le produit final et la manière dont il reflétera nos idées ainsi que celles de nos partenaires du Sud, qu'il s'agisse du Maroc, de l'Égypte, de la Tunisie, de l'Algérie et des autres pays. Nous nous trouvons au cœur de cet exercice, mais la volonté existe, d'après ce que je perçois. La commissaire manifeste un vif intérêt à écouter l'ensemble des acteurs régionaux, multilatéraux, dans le cadre de notre organisation comme d'autres. J'ai d'ailleurs transmis il y a deux jours une contribution substantielle sur notre apport potentiel à cette nouvelle politique européenne à l'égard de la Méditerranée. Je me montre optimiste quant à la capacité de ce pacte à refléter bon nombre de nos priorités communes.
Cela fait partie justement du dialogue renouvelé et vous affirmez que «2025 doit être une année de dialogue et de collaboration renouvelés». Quelles initiatives concrètes allez-vous lancer cette année ?
Permettez-moi de vous interrompre, car cet aspect revêt une importance capitale. Cette année devrait également être celle où nous, pays membres et Union européenne, réaffirmons notre attachement aux principes de Barcelone. D'un point de vue politique, Barcelone a constitué un moment décisif où, quel que soit le bilan que l'on puisse dresser en termes de succès et d'échecs, les deux rives ont exprimé au plus haut niveau leur volonté de fonder un nouveau partenariat entre le Sud et le Nord. Trente ans après, nous devrions être en mesure de réaffirmer cet attachement et de confirmer notre volonté collective non seulement de poursuivre, mais d'avancer et même d'évoluer.
Les transformations nécessaires impliquent d'examiner le bilan établi et de travailler à l'amélioration des domaines où nous n'avons pas progressé de manière satisfaisante, tout en renforçant ce qui a fonctionné et en le démultipliant pour exercer un impact plus significatif sur la vie des populations de la région. Ainsi que je l'ai mentionné, l'année 2025 devrait être celle de la collaboration renouvelée et du dialogue renouvelé.
Quelles initiatives concrètes allez-vous lancer cette année encore dans ce sens ?
Nous disposons de nombreuses idées sur le plan technique. Nous nous appuierons sur des expériences qui ont déjà fait leurs preuves. Pour évoquer des réalisations très concrètes, nous avions lancé il y a un an et demi le Partenariat pour l'économie bleue (Blue Economy Partnership), qui nous a permis de mobiliser plus d'un milliard d'euros pour des projets d'énergie renouvelable, de tourisme durable et de traitement des eaux usées destinés aux zones côtières méditerranéennes. Trois pays en bénéficient déjà : le Maroc, l'Égypte et la Jordanie.
Cette expérience, où l'Union pour la Méditerranée a initié la fédération d'acteurs tels que la Banque européenne d'investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ou encore les agences de développement économique des pays membres – allemande, française, espagnole et autres –, nous envisageons de la transformer en une opération structurée. Nous projetons de créer un accélérateur d'investissements où l'Union pour la Méditerranée jouera un rôle majeur en démultipliant cette expérience par le lancement d'initiatives dans des domaines précis, la mobilisation des fonds nécessaires pour investir dans ces secteurs, l'identification de ces projets, mais également l'accompagnement de nos pays membres dans la recherche du financement adéquat et nécessaire. Nous disposons de nombreuses autres idées. Nous avons également initié depuis plusieurs années des projets de transfert d'assistance technique à des initiatives locales dont le Maroc a bénéficié. Deux projets ont été financés au Maroc et d'autres dans différents pays.
Parmi les défis majeurs auxquels la région est confrontée, il y a la sécurité, la migration, le climat, l'emploi, l'énergie, etc. Comment l'UpM établit-elle ses priorités ?
C'est exactement cela. Nous ne gérons pas ls priorités de manière unilatérale. Ce n'est pas moi qui détermine seul les priorités. Je formule des propositions aux États membres. Comme je vous l'ai indiqué, nous élaborons actuellement cette stratégie et identifions ses priorités. Elles s'articulent toutes autour des sujets que j'ai déjà évoqués. L'approche consiste à définir les modalités de gestion et la ligne directrice de notre action. À mes yeux, l'élément essentiel réside dans le fait que le fil conducteur de toutes nos interventions vise à renforcer la résilience de nos économies, de nos populations et de leur capacité à faire face à un monde en pleine mutation.
Vous parlez de capacité d'action renforcée. Dans ce sens, de quels moyens supplémentaires l’UpM a-t-elle besoin pour être plus efficace ?
Dans le cadre de cette réforme, je sollicite des États membres et de la Commission européenne un renforcement des ressources financières. Je vous le dis en toute franchise. Pour que nous puissions accomplir notre mission et monter en puissance, afin de concrétiser et d'exécuter le mandat qui nous est confié, il est indispensable de disposer des moyens nécessaires tant en ressources humaines qu'en ressources financières pour mettre en œuvre et être à la hauteur de ce que nous nous proposons de réaliser. Il convient donc effectivement de renforcer financièrement l'institution.
Sinon, en termes de partenariats, y-a-t-il des pistes à explorer ?
En premier lieu, la Commission européenne constitue un partenaire important et incontournable. Nous collaborons également avec la Ligue arabe, l'Organisation de la coopération islamique, mais nous envisageons aussi de renforcer notre collaboration avec les pays du Golfe. Nous avons l'intention de consolider l'ensemble de ce cadre de coopération. Il existe par ailleurs un écosystème méditerranéen comprenant de nombreuses organisations euro-méditerranéennes sectorielles qui œuvrent dans l'agriculture, la recherche et d'autres domaines. J'entretiens une coopération très étroite avec le programme PRIMA, un programme de recherche et d'innovation doté d'un budget considérable de 200 millions d'euros. Je porte un intérêt particulier à la digitalisation ainsi qu'aux questions de santé, notamment depuis la pandémie. Nous collaborons avec eux sur ces deux priorités et d'autres, concernant une agriculture saine et durable en Méditerranée.
Que pensez-vous de l'Initiative Atlantique lancée par le Maroc ?
Le Maroc développe depuis des années – ce n'est pas nouveau – une vision particulièrement clairvoyante concernant son voisinage africain. Depuis plus de dix ans, voire quinze ans, le Maroc a établi des liens économiques étroits, des relations politiques exemplaires avec son voisinage africain, ainsi qu'un commerce croissant et une présence bancaire notable. Cette initiative constitue à mon sens une continuation naturelle et logique du rôle que le Maroc souhaite jouer pour renforcer à la fois les liens entre l'Afrique du Nord – et le Maroc en particulier – et son voisinage subsaharien, tout en permettant à ces pays un accès vers l'Atlantique par l'intermédiaire du territoire marocain. Elle s'inscrit dans une stratégie marocaine stable, soutenue depuis des années, qui avance de manière très déterminée et progresse constamment. Je ne peux que me féliciter d'une telle initiative.
En tant que seul forum multilatéral réunissant les États membres de la Méditerranée, qu’est-ce qui différencie l’UpM des autres organisations de coopérations régionales ?
Les spécificités – car il ne s'agit pas de différences à proprement parler – résident d'abord dans l'étendue de ses membres. Nous comptons quarante-trois pays, incluant l'ensemble des pays de l'Union européenne et les quinze pays du sud et de l'est méditerranéens. Cette composition constitue une singularité unique. Aucun groupement au monde ne rassemble ces pays. Il s'agit d'un regroupement entre pays du Nord et pays du Sud qui parvient néanmoins à collaborer malgré les différences existant en termes de développement économique et parfois de lecture de certains dossiers, y compris sectoriels comme le climat. Au sein de cette organisation, certains pays appartiennent à trois groupes différents dans le cadre de la COP. Nous parvenons néanmoins à aborder ces questions. Nous sommes conscients de la nécessité d’agir de concert pour le bien-être, la stabilité et la prospérité de ces deux régions sont interdépendants.
À cet égard, la coopération dans le secteur de l’énergie est primordiale. Le sud de la Méditerranée dispose largement de la capacité de fournir une énergie renouvelable susceptible de couvrir intégralement les besoins énergétiques du Nord. Un potentiel d'intégration énergétique considérable existe donc. Cela nécessite des investissements importants et des plans d'interconnexion soigneusement élaborés. Certes, des initiatives existent : le Maroc avec son interconnexion avec l'Espagne, l'Égypte avec la Grèce, la Tunisie avec l'Italie, mais cela demeure insuffisant. Il faut intensifier ces efforts. L'hydrogène vert représente un potentiel énorme de coopération. Nous évoluons dans une région disposant d'un ensoleillement et de terrains abondants, ces derniers constituant un élément de plus en plus rare, notamment en Europe. Cette dernière, pour qu'elle puisse atteindre une certaine autonomie énergétique, doit s'intégrer davantage avec le Sud. Notre cadre de coopération ne relève donc pas de la philosophie. Il naît de la nécessité.
Un dernier mot peut-être ?
Comme je l'ai souligné, le Maroc constitue un pays visionnaire en matière de coopération. Dans cette perspective, depuis mon premier jour au sein de l'organisation, j'ai toujours accordé une importance particulière à une consultation permanente avec le Maroc en général, et tout particulièrement avec mon ami, Son Excellence Nasser Bourita.
Un dernier mot peut-être ?
Comme je l'ai souligné, le Maroc constitue un pays visionnaire en matière de coopération. Dans cette perspective, depuis mon premier jour au sein de l'organisation, j'ai toujours accordé une importance particulière à une consultation permanente avec le Maroc en général, et tout particulièrement avec mon ami, Son Excellence Nasser Bourita.