La neuvième édition du rapport «CFC Africa Insights», portant sur le thème «Zlecaf : exploiter le potentiel du commerce intra-africain», a été présentée le 21 février 2024 à Casablanca, lors de la conférence «CFC Insights» de Casablanca Finance City Authority (CFCA). Ce rapport met en lumière les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine, entrée en vigueur en 2021 et constituant un tournant décisif pour le continent.
Intervenant à cette occasion, John Ashbourne, économiste chez BMI Research, a insisté sur le fait que la mise en œuvre de l’accord sera progressive. «Les investisseurs ne doivent pas s’attendre à des changements immédiats», a-t-il déclaré. D’importantes opportunités existent néanmoins dans des secteurs clés comme l’automobile, l’agroalimentaire et les énergies renouvelables.
Concernant les énergies renouvelables, la production locale de panneaux solaires pourrait être boostée. L’Afrique importe pour 2,2 milliards de dollars de panneaux solaires chaque année. Le Maroc et l’Égypte disposent d’un savoir-faire qui pourrait bénéficier à toute la région, permettant de répondre à la demande croissante et de réduire les coûts d’importation. «La création de chaînes de valeur transfrontalières jouera un rôle crucial dans cette dynamique en abaissant les coûts de production», a assuré l’économiste.
Dans le domaine de la santé, la directrice de Pharma 5, Mia Lahlou Filali, a appelé à davantage d’harmonisation réglementaire entre les pays africains pour faciliter l’accès aux médicaments génériques produits localement. «Les procédures d’enregistrement des médicaments ne sont ni uniformisées ni centralisées, ce qui freine les investissements des industriels locaux», a-t-elle déploré.
Mais en dépit de ces difficultés qui exigent une réponse concertée, tous les participants se sont accordés à relever que la Zlecaf représente une chance historique pour le continent africain, à condition que tous les acteurs s’engagent résolument dans sa mise en œuvre progressive. Et le Maroc, de par son leadership économique en Afrique et son rôle précurseur dans de nombreux domaines industriels, jouera un rôle central dans la concrétisation de cette ambition collective.
Intervenant à cette occasion, John Ashbourne, économiste chez BMI Research, a insisté sur le fait que la mise en œuvre de l’accord sera progressive. «Les investisseurs ne doivent pas s’attendre à des changements immédiats», a-t-il déclaré. D’importantes opportunités existent néanmoins dans des secteurs clés comme l’automobile, l’agroalimentaire et les énergies renouvelables.
Secteurs industriels : le Maroc en pointe
Dans le secteur automobile, très développé au Maroc, la Zlecaf facilitera l’accès du Royaume à des marchés et une main-d’œuvre à bas coûts en Afrique de l’Ouest, et ouvrira de nouveaux marchés pour ses exportations. Le Nigeria, géant régional, appliquera par exemple un tarif douanier nul sur les véhicules non assemblés à l’horizon 2030. «Cela créerait des emplois dans les deux pays, offrant ainsi une opportunité pour le Maroc d’exporter ses véhicules non assemblés vers le Nigeria pour y être transformés», a indiqué M. Ashbourne.Concernant les énergies renouvelables, la production locale de panneaux solaires pourrait être boostée. L’Afrique importe pour 2,2 milliards de dollars de panneaux solaires chaque année. Le Maroc et l’Égypte disposent d’un savoir-faire qui pourrait bénéficier à toute la région, permettant de répondre à la demande croissante et de réduire les coûts d’importation. «La création de chaînes de valeur transfrontalières jouera un rôle crucial dans cette dynamique en abaissant les coûts de production», a assuré l’économiste.
Des obstacles à surmonter pour promouvoir le commerce
De son côté, Ryad Mezzour ne cache pas les importantes ambitions du Royaume en matière d’intégration économique africaine. «Notre message est claire, le Maroc est africain. C’est notre ADN. Tout ce que l’on fait au Maroc, on le fait en Afrique», a-t-il souligné. Concrètement, le gouvernement marocain multiplie les initiatives pour renforcer les liens avec ses voisins : démantèlement tarifaire, investissements massifs dans des secteurs stratégiques comme l’énergie et l’agroalimentaire, développement des infrastructures (ports, routes...), coopération industrielle win-win. Le Royaume est déjà le deuxième investisseur en Afrique et le premier en Afrique de l’Ouest. Le méga-projet de Gazoduc Nigeria-Maroc, lancé en 2016, illustre cette volonté d’intégration régionale. «Nous avons une vision pour le continent, notamment pour le Sahel et l’Atlantique. Cette vision est simple : pour s’intégrer, il faut plus que la libéralisation tarifaire. Il faut une connectivité, une intégration et une création de valeurs communes. Et le Maroc s’y attelle», a indiqué Ryad Mezzour. Le ministre a rappelé l’importance pour les entreprises marocaines de saisir les opportunités offertes par la Zlecaf : «On ne peut pas rater cette chance qui s’offre à nous», a -t-il insisté.L’engagement de Casablanca Finance City
Pour sa part, Saïd Ibrahimi, DG de CFCA, a mis en avant le savoir-faire marocain en matière industrielle, en particulier la capacité à attirer les investisseurs étrangers, comme un atout majeur au service du développement de toute l’Afrique. Dans cette optique, Casablanca Finance City entend jouer un rôle moteur à travers ses activités d’information, de mise en relation et de plaidoyer. «Nous devons être conscients que la réalisation de tous les avantages de la Zlecaf nécessitera des efforts concertés de la part de toutes les parties prenantes. J’ai la ferme conviction que les centres financiers, ainsi que leurs écosystèmes respectifs, ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la sensibilisation, le renforcement des capacités et la mise en place de conditions-cadres adéquates assurant le succès large de cette initiative ambitieuse», a déclaré M. Ibrahimi.Les défis de mise en œuvre de la Zlecaf
Les ambitions sont grandes certes, mais les défis le sont également. Dans ce sens, plusieurs intervenants se sont exprimés sur les défis concrets liés à la mise en œuvre de la Zlecaf. Camilia Bennani, représentante DLA Piper, a souligné la complexité du paysage institutionnel, avec de nombreux accords commerciaux régionaux déjà existants qui se superposent. «Comment la Zlecaf va-t-elle s’imposer face aux autres accords ?» s’est-elle interrogée. Sur le volet réglementaire, Mohamed Benjelloun de l’AMDIE a évoqué l’enjeu des règles d’origine, qui définissent le degré de transformation locale requis pour qu’un produit bénéficie des réductions tarifaires. Ces règles sont encore en cours de négociation pour de nombreux secteurs. L’expert a également mentionné les barrières non tarifaires qui subsistent, ainsi que les questions logistiques. «Comment rendre la Zlecaf réellement opérationnelle ? Il faut vulgariser l’accord, accompagner les entreprises et leur donner le temps nécessaire pour s’adapter», a estimé M. Benjelloun.Dans le domaine de la santé, la directrice de Pharma 5, Mia Lahlou Filali, a appelé à davantage d’harmonisation réglementaire entre les pays africains pour faciliter l’accès aux médicaments génériques produits localement. «Les procédures d’enregistrement des médicaments ne sont ni uniformisées ni centralisées, ce qui freine les investissements des industriels locaux», a-t-elle déploré.
Mais en dépit de ces difficultés qui exigent une réponse concertée, tous les participants se sont accordés à relever que la Zlecaf représente une chance historique pour le continent africain, à condition que tous les acteurs s’engagent résolument dans sa mise en œuvre progressive. Et le Maroc, de par son leadership économique en Afrique et son rôle précurseur dans de nombreux domaines industriels, jouera un rôle central dans la concrétisation de cette ambition collective.