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Les trois «E» qui conditionneront l’avenir de la région de Casablanca-Settat

La région de Casablanca-Settat est l’une des régions les plus dynamiques du Royaume, mais probablement aussi celle qui fait face aux plus grands défis. Avec sa densité humaine exceptionnelle, son rôle moteur dans l’économie nationale et son vaste potentiel de développement, elle incarne à la fois les opportunités et les contraintes d’une grande métropole. Malgré un plan de développement régional ambitieux, elle reste confrontée à trois enjeux majeurs que son président, Abdellatif Maâzouz, résume en une formule réduite : les «3E» – Emploi, environnement et eau.

Moins de deux semaines après la tenue de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée, Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat, a profité de son passage dans le podcast Al Mizane, produit par son parti, l’Istiqlal, pour revenir sur les ambitions de son plan de développement régional. Mais si ce programme affiche des objectifs ambitieux, il reste soumis à des défis structurels majeurs, que M. Maâzouz résume en trois mots : emploi, environnement, eau.

Emploi : un combat qui se gagne sur le long terme

Avec un taux de chômage de l’ordre de 25,8%, Casablanca-Settat, région la plus peuplée et moteur économique du pays, peine à répondre aux attentes de ses habitants. Lors de son passage dans le podcast Al Mizan, Abdelatif Maâzouz n’a pas nié ce paradoxe. « L’emploi est un défi vital pour nos citoyens et il nécessite un investissement massif», a-t-il déclaré, avant d’ajouter  : «au niveau national, nous recevons des orientations stratégiques générales, mais au niveau régional, nous devons les adapter selon les besoins réels de nos territoires.» Pour M. Maâzouz, la clé réside dans la construction d’un écosystème dynamique, aligné sur les opportunités des secteurs émergents tels que l’aéronautique, la logistique ou encore les énergies renouvelables. Mais le président du Conseil régional tient à préciser que la lutte contre le chômage ne peut être gagnée sur le court terme  : «Créer des emplois ne se fait pas du jour au lendemain. Nous mettons en place les bases, mais les résultats, notamment pour les jeunes, demandent du temps.» M. Maâzouz insiste également sur la nécessité d’une vision intégrée : «L’emploi ne peut pas être dissocié de l’environnement et de l’eau. Un investissement dans un secteur industriel ne peut fonctionner sans ressources suffisantes et une gestion durable des infrastructures», explique-t-il.

Environnement, un défi de taille pour Casablanca-Settat

Pour Abdellatif Maâzouz, le second grand défi auquel fait face Casablanca-Settat est celui de l’environnement, un enjeu étroitement lié au cadre de vie des habitants. Symbole de cet engagement écologique, la décharge de Médiouna, longtemps source de pollution et de nuisances insoutenables, est au centre d’un ambitieux projet de transformation écologique. «Les habitants de Casablanca, Mohammedia et Médiouna ont beaucoup souffert des odeurs et de la pollution liées à cette décharge. Aujourd’hui, nous avons décidé de changer de paradigme», lance M. Maâzouz. Le modèle envisagé repose sur deux axes : le recyclage des déchets et leur conversion en énergie. «L’objectif est de rendre le site autonome en énergie et de générer des surplus qui pourront être revendus», a-t-il ajouté.

D’autres défis viennent s’ajouter, comme la gestion de la qualité de l’air. «Nous ne pouvons plus ignorer les effets des embouteillages permanents sur la santé des citoyens», reconnaît l’élu régional, évoquant la nécessité de réduire l’empreinte carbone de la région. Le chantier du réseau express régional (RER), prévu pour 2029, s’inscrit dans cette logique de durabilité. Avec des trains rapides et des trajets réduits à 12 minutes en périphérie et 6 minutes en ville, ce projet vise à désengorger le trafic et à offrir une alternative écologique au tout-voiture. «L’objectif est clair : un transport accessible, propre et rapide», souligne M. Maâzouz.

Eau, une ressource vitale au bord de la rupture

En 2023, la capitale économique du Royaume a frôlé une crise hydrique majeure. La ville risquait de manquer d’eau. Cette situation extrême n’était que l’aboutissement d’une sécheresse persistante et d’une gestion inadaptée des ressources en eau ayant révélé les fragilités structurelles, estime M. Maâzouz. «Nous avons pris des mesures d’urgence pour sécuriser nos réserves, mais cela ne suffit plus. Il faut repenser en profondeur nos systèmes de gestion et garantir un accès équitable à l’eau», a-t-il déclaré. C’est ainsi que la région a engagé, en collaboration avec plusieurs partenaires, notamment le ministère de l’Intérieur, deux projets majeurs : l’interconnexion des bassins hydrauliques et la mise en place de stations de dessalement. L’interconnexion vise à redistribuer l’eau des zones excédentaires, comme celles alimentées par le barrage Al Massira, vers les régions déficitaires. Parallèlement, un programme prévoit l’installation de 33 stations de dessalement et de déminéralisation, avec un budget de 400 millions de dirhams, principalement pour desservir les zones rurales. «Ces initiatives ne visent pas seulement à répondre à la crise actuelle, mais à bâtir une résilience hydrique durable pour Casablanca-Settat», explique Abdellatif Maâzouz.

Une gestion locale rénovée, mais les moyens ne suivent pas

Vaincre ces défis nécessite selon le président du Conseil de Casablanca-Settat un modèle de gestion novateur. C’est pourquoi il estime que la régionalisation avancée n’est pas seulement un cadre administratif, mais un véritable levier pour réinventer la gouvernance et rapprocher l’État des citoyens. «C’est un moyen de croiser les politiques publiques et de répondre aux besoins spécifiques des territoires», a-t-il souligné. Il a également mis en lumière les réussites des régions du Sud, où des plans de développement adaptés aux particularités locales ont permis des avancées notables. «Le modèle des régions du Sud montre que la régionalisation avancée peut produire des résultats impressionnants quand elle est bien pensée et dotée des moyens nécessaires», a-t-il expliqué. Mais pour Casablanca-Settat, qui concentre une grande partie des tensions économiques et sociales du pays, le chemin reste semé d’embûches. L’insuffisance des moyens, la coordination complexe entre les acteurs locaux et régionaux, ainsi que les attentes élevées des citoyens nécessitent une action concertée et accélérée, déplore M. Maâzouz.
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