Le Matin : Tout d’abord, félicitations pour avoir remporté le «Senior Award» pour les femmes en astronomie. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce Prix et ce qu’il représente pour vous ?
Hasnaa Chennaoui Aoudjehane : Merci infiniment. Il s’agit d’un Prix qui reconnaît les femmes en astronomie en Afrique pour leurs contributions scientifiques et/ou leurs actions pour le développement de la société. Il a été établi par le Réseau de femmes africaines en astronomie «AfNWA», lui-même faisant partie de l’Association d’astronomie africaine. C’est la deuxième édition de ce Prix qui honore des chercheures «Senior» tous les deux ans par cette distinction.
Pour moi, il s’agit d’une reconnaissance pour mon pays le Maroc et les travaux scientifiques entrepris dans les universités marocaines sur des thématiques pointues telles que la planétologie ou l’astrophysique.Il est d’autant plus important qu’il coïncide avec l’organisation par les collègues de l’Université Cadi Ayyad Marrakech de la quatrième édition du Congrès d’astronomie africaine «AfAS» ici à Marrakech pour la première fois hors Afrique du Sud, c’est une fierté.Quelles sont vos principales contributions à la recherche en astronomie qui ont conduit à cette reconnaissance prestigieuse ?J’ai eu le privilège d’introduire la science des météorites au Maroc en 2000, et depuis je l’ai développée dans notre pays par une recherche scientifique riche et diversifiée, des doctorants qui ont soutenu les thèses d’un très haut niveau, une reconnaissance et une présence très importante dans les instances de gestion de la Meteoritical Society (société savante qui rassemble tous les chercheurs sur les météorites et les cratères d’impact).
>>Lire aussi : "Hypatia International Award" décerné à la chercheuse marocaine Hasnaa Chennaoui
Je me suis également beaucoup impliquée dans la diffusion du savoir au travers des actions menées auprès des jeunes et du public ainsi que la valorisation et la promotion du patrimoine géologique du Maroc. Ces actions sont menées dans le cadre de l’Université Hassan II de Casablanca, Faculté des sciences-Aïn Chock, mais aussi d’Attarik Foundation for Meteoritics and Planetary Science. Aujourd’hui, je suis fière de notre Expo-Musée «Les météorites messagères du ciel : origines» que nous avons pu créer et maintenir pour plus de deux années et demie d’abord à Anfa Place et depuis une année et demie à Marina Shopping à Casablanca. Cet espace est dédié à l’éveil scientifique, mais aussi à la valorisation du patrimoine géologique du Maroc auprès du public. Nous y exposons également des fossiles, des minéraux et y avons monté un planétarium professionnel.
En tant que femme scientifique dans le domaine de l’astronomie, quels ont été vos plus grands défis et obstacles à surmonter tout au long de votre carrière ?
Les défis sont multiples, ils sont liés à la perception des femmes par la société de façon générale, perception qui déteint sur le milieu professionnel, y compris dans l’enseignement supérieur. En tant que planétologue, quand il y a une chute observée de météorite, je dois y aller pour faire le travail de terrain nécessaire à la déclaration et à l’officialisation de cette météorite. Souvent, il faut aller dans le désert dans des conditions très basiques et des endroits très reculés, j’ai la chance d’être souvent accompagnée par mon époux auquel je dois beaucoup.
L’autre grand défi est celui du manque de techniques analytiques au Maroc qui m’oblige à me déplacer beaucoup dans le monde pour réaliser les analyses des échantillons, ce qui demande beaucoup de contacts dans les laboratoires du monde entier et un support financier important aussi bien pour les déplacements que pour les analyses elles-mêmes qui sont très coûteuses.Comment voyez-vous votre rôle dans l’inspiration et l’encouragement des jeunes femmes marocaines qui aspirent à une carrière dans les sciences, en particulier dans le domaine de l’astronomie ?Par ce Prix et toute la médiatisation de mon parcours j’espère que nos jeunes, filles et garçons, seront inspirés et encouragés à poursuivre des carrières scientifiques, nous avons besoin de beaucoup plus de modèles auxquels nos jeunes peuvent s’identifier et rêver d’être astronautes ou scientifiques, pas uniquement footballeurs, chanteurs ou influenceurs. J’espère qu’ils comprendront que tout est possible, pour peu qu’ils croient en leurs compétences et qu’ils se donnent les moyens de les atteindre par le travail et le sérieux.
Comment pensez-vous que la reconnaissance des femmes dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, comme l’astronomie, peut contribuer à promouvoir l’égalité des genres dans les sciences, en général ?
C’est en multipliant les modèles de femmes scientifiques abouties, épanouies aussi bien dans leur recherche que dans leurs milieux familiaux que la balance peut commencer à être inversée. La reconnaissance donne de la visibilité et c’est important. Nous avons beaucoup de jeunes filles qui poursuivent des études scientifiques dans nos facultés, elles sont souvent plus nombreuses que les garçons, mais quand on arrive au milieu professionnel, elles se raréfient et encore plus dans les postes de responsabilité.
Quels sont les prochains défis ou objectifs que vous vous êtes fixés dans votre carrière scientifique après avoir remporté ce Prix ?
Je continue à rêver d’un centre de recherche et d’exposition permanant au Maroc, sur un modèle de cité des sciences qui pourrait être développé à Casablanca. J’espère que mes doctorants pourront avoir des postes de chercheurs dans différentes universités pour maintenir et développer la dynamique que j’ai initiée avec beaucoup de sacrifices et d’efforts.
Hasnaa Chennaoui Aoudjehane : Merci infiniment. Il s’agit d’un Prix qui reconnaît les femmes en astronomie en Afrique pour leurs contributions scientifiques et/ou leurs actions pour le développement de la société. Il a été établi par le Réseau de femmes africaines en astronomie «AfNWA», lui-même faisant partie de l’Association d’astronomie africaine. C’est la deuxième édition de ce Prix qui honore des chercheures «Senior» tous les deux ans par cette distinction.
Pour moi, il s’agit d’une reconnaissance pour mon pays le Maroc et les travaux scientifiques entrepris dans les universités marocaines sur des thématiques pointues telles que la planétologie ou l’astrophysique.Il est d’autant plus important qu’il coïncide avec l’organisation par les collègues de l’Université Cadi Ayyad Marrakech de la quatrième édition du Congrès d’astronomie africaine «AfAS» ici à Marrakech pour la première fois hors Afrique du Sud, c’est une fierté.Quelles sont vos principales contributions à la recherche en astronomie qui ont conduit à cette reconnaissance prestigieuse ?J’ai eu le privilège d’introduire la science des météorites au Maroc en 2000, et depuis je l’ai développée dans notre pays par une recherche scientifique riche et diversifiée, des doctorants qui ont soutenu les thèses d’un très haut niveau, une reconnaissance et une présence très importante dans les instances de gestion de la Meteoritical Society (société savante qui rassemble tous les chercheurs sur les météorites et les cratères d’impact).
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Je me suis également beaucoup impliquée dans la diffusion du savoir au travers des actions menées auprès des jeunes et du public ainsi que la valorisation et la promotion du patrimoine géologique du Maroc. Ces actions sont menées dans le cadre de l’Université Hassan II de Casablanca, Faculté des sciences-Aïn Chock, mais aussi d’Attarik Foundation for Meteoritics and Planetary Science. Aujourd’hui, je suis fière de notre Expo-Musée «Les météorites messagères du ciel : origines» que nous avons pu créer et maintenir pour plus de deux années et demie d’abord à Anfa Place et depuis une année et demie à Marina Shopping à Casablanca. Cet espace est dédié à l’éveil scientifique, mais aussi à la valorisation du patrimoine géologique du Maroc auprès du public. Nous y exposons également des fossiles, des minéraux et y avons monté un planétarium professionnel.
En tant que femme scientifique dans le domaine de l’astronomie, quels ont été vos plus grands défis et obstacles à surmonter tout au long de votre carrière ?
Les défis sont multiples, ils sont liés à la perception des femmes par la société de façon générale, perception qui déteint sur le milieu professionnel, y compris dans l’enseignement supérieur. En tant que planétologue, quand il y a une chute observée de météorite, je dois y aller pour faire le travail de terrain nécessaire à la déclaration et à l’officialisation de cette météorite. Souvent, il faut aller dans le désert dans des conditions très basiques et des endroits très reculés, j’ai la chance d’être souvent accompagnée par mon époux auquel je dois beaucoup.
L’autre grand défi est celui du manque de techniques analytiques au Maroc qui m’oblige à me déplacer beaucoup dans le monde pour réaliser les analyses des échantillons, ce qui demande beaucoup de contacts dans les laboratoires du monde entier et un support financier important aussi bien pour les déplacements que pour les analyses elles-mêmes qui sont très coûteuses.Comment voyez-vous votre rôle dans l’inspiration et l’encouragement des jeunes femmes marocaines qui aspirent à une carrière dans les sciences, en particulier dans le domaine de l’astronomie ?Par ce Prix et toute la médiatisation de mon parcours j’espère que nos jeunes, filles et garçons, seront inspirés et encouragés à poursuivre des carrières scientifiques, nous avons besoin de beaucoup plus de modèles auxquels nos jeunes peuvent s’identifier et rêver d’être astronautes ou scientifiques, pas uniquement footballeurs, chanteurs ou influenceurs. J’espère qu’ils comprendront que tout est possible, pour peu qu’ils croient en leurs compétences et qu’ils se donnent les moyens de les atteindre par le travail et le sérieux.
Comment pensez-vous que la reconnaissance des femmes dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, comme l’astronomie, peut contribuer à promouvoir l’égalité des genres dans les sciences, en général ?
C’est en multipliant les modèles de femmes scientifiques abouties, épanouies aussi bien dans leur recherche que dans leurs milieux familiaux que la balance peut commencer à être inversée. La reconnaissance donne de la visibilité et c’est important. Nous avons beaucoup de jeunes filles qui poursuivent des études scientifiques dans nos facultés, elles sont souvent plus nombreuses que les garçons, mais quand on arrive au milieu professionnel, elles se raréfient et encore plus dans les postes de responsabilité.
Quels sont les prochains défis ou objectifs que vous vous êtes fixés dans votre carrière scientifique après avoir remporté ce Prix ?
Je continue à rêver d’un centre de recherche et d’exposition permanant au Maroc, sur un modèle de cité des sciences qui pourrait être développé à Casablanca. J’espère que mes doctorants pourront avoir des postes de chercheurs dans différentes universités pour maintenir et développer la dynamique que j’ai initiée avec beaucoup de sacrifices et d’efforts.