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«Blind Dating» à la marocaine : un concept controversé mais très suivi !

Près de 2 millions de vues en 5 jours. C'est du jamais vu pour une émission marocaine ! Pourtant, le nouveau concept de Blind Dating made in Morocco l'a réussi. Baptisé «Blind Dating by Outfits» de la chaîne «Kawaliss», l'émission fait fureur sur les réseaux sociaux. Le point sur un concept très controversé mais très suivi.

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La société marocaine est en pleine mutation. Nous assistons de plus en plus à l’émergence de nouvelles pratiques qui rompent parfois avec les us et coutumes et surtout avec des règles et principes qui ont souvent fait sa spécificité, voire son identité propre. Mais sommes-nous prêts à franchir toutes les limites d’un point de vue éthique et moral ? la question a tout lieu d'être posée, actualité oblige. Dans la Toile, une émission sur les réseaux sociaux fait fureur ces derniers jours. Faisant l'objet d'une polémique vive, le concept remet sur le tapis le débat sur les valeurs de la société marocaine face au changement et leur résistance aux modèles et schémas qui font irruption dans le quotidien des familles via les réseaux sociaux.

L’émission en question est une imitation pure et simple d’un concept américain de «Blind Dating» (Rencard à l'aveugle). L’idée consiste à organiser des rendez-vous arrangés entre personnes qui ne se connaissent pas, mais qui se choisissent sur la base de leurs tenues vestimentaires, leur manière de parler et leur capacité de séduction. La star du premier épisode, une jeune fille d’origine marocaine née au Danemark, procède ainsi à l’élimination des candidats un par un, selon qu'ils conviennent ou non à ses attentes et ses caprices.

«Blind Dating» made in Morocco, c’est quoi ?

Ce premier épisode de la version marocaine de l'émission «Blind Dating» a été diffusé sur une chaîne «YouTube» appelée «Kawaliss». La chaîne, créée le 24 janvier dernier, compte 66,7 k abonnés et contient à peine 16 vidéos. Elle se proclame comme une chaîne qui «valorise le dialogue et la diversité culturelle et accueille chaque individu afin qu’il puisse exprimer librement et spontanément ses pensées et opinions, peu importe le sujet ou la langue choisie». Et d’ajouter dans un avis partagé au début de l’émission que «chaque idée est encouragée à s’épanouir et chaque voix est écoutée avec attention».

Après cette introduction, l'idée a de quoi séduire. La chaîne, explique-t-on, veut se positionner comme un espace de dialogue et de diversité culturelle ! Toutefois, après la visualisation de l’épisode, on s'aperçoit vite du caractère fallacieux de l'argumentaire. Sous couvert de promouvoir l'ouverture et le changement, l'émission frôle les limites de ce qui est socialement et moralement acceptable par la majorité des Marocains. Dès lors, il est légitime de se poser des questions quant au respect des normes qui font justement la culture du pays et son système de valeurs. Le spectacle de la jeune fille qui sélectionne ses supposés prétendants, sa tenue vestimentaire, sa façon de parler, de bouger... laissent peu de doute, selon beaucoup d'internautes, sur les motivations réelles de l'émission. «C'est de la provocation !» commentent des milliers d'internautes qui ont relayé cette émission. D'autant que la star de l'émission a poussé le cynisme au point de faire appel à sa chienne pour choisir entre les trois candidats finalistes.

Une tempête de critiques, mais des millions de vues !

La présentation de l'épisode a donc provoqué une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux. On reproche à l'émission de ne pas respecter les valeurs de la famille marocaine, de faire fi des principes de l’Islam, d’être impertinemment audacieuse, voire désinvolte. Certains l’on qualifiée de danger pour la société à cause de la mauvaise influence qu’elle peut avoir sur les jeunes. Mais face à cette vague de désapprobation, la vidéo bat des records de vues sur «YouTube» et les autres réseaux sociaux. Curiosité, envie de découvrir le concept, effet de mode... Les raisons de cet emballement sont multiples, mais pour les créateurs de l’émission, le succès est là ! En 5 jours, l’émission a fait plus de 1,9 million de vues, 27.000 likes et 19.450 commentaires. Dans une tentative de répondre aux multiples critiques, la jeune femme a partagé une vidéo sur «TikTok» pour expliquer que de là où elle vient, la Hollande, un tel concept est normal. «Je ne pensais pas que cette émission allait provoquer un tel scandale au Maroc», a-t-elle dit.

Rien à voir avec le programme «Kawaliss Vision»

Suite au scandale engendré par la diffusion de ce programme et les similitudes de noms observées avec un projet de la Fondation Hiba, cette ONG s’est dépêchée de clarifier la situation et de démentir tout lien avec son programme d’incubation, «Kawaliss». Dans un communiqué, la Fondation a précisé qu’aucun lien n’existait entre les deux concepts. «Nous regrettons que la similitude des noms ait pu créer de la confusion dans l’opinion publique marocaine. Nous sommes fermement engagés à protéger l’intégrité de notre projet et de notre équipe contre la propagation de fausses informations». La Fondation affirme par ailleurs prendre toutes les mesures nécessaires contre toute personne ou organisation continuant à propager ces informations préjudiciables, nuisant ainsi non seulement à sa réputation, mais également à celle de ses partenaires.

À noter que le programme Kawaliss de la fondation Hiba est réalisé en partenariat avec l’Union européenne. Il s’agit d’une initiative consistant à mettre en place un incubateur pour accompagner les projets en lien avec les industries culturelles et créatives. Il s’engage à promouvoir l’insertion professionnelle et l’entrepreneuriat au sein de ces secteurs et est déployé dans quatre régions du Maroc : Souss-Massa, Fès-Meknès, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et l’Oriental.

La Police judiciaire n’a pas encore dit son dernier mot

Aussitôt après la diffusion de «Blind Dating» dans sa version marocaine, la Brigade nationale de la police judiciaire a ouvert une enquête pour «des soupçons de violation des bonnes mœurs et d’incitation à l’immoralité publique au moyen des systèmes d’information». Selon nos source, le service de la vigilance informationnelle de la Sûreté nationale surveille la circulation de cet enregistrement et procède à l’examen des faits publiés. Ses constats seront transmis à l’Office national de lutte contre les délinquances liées aux nouvelles technologies, affilié à la Division nationale de la police judiciaire, afin de les rechercher sous le contrôle du ministère public compétent. Les recherches judiciaires sont en cours pour déterminer dans quelle mesure la vidéo contient des éléments constitutifs de crimes sanctionnés par le droit marocain, ajoute notre source.

Affaire à suivre !
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