Le visage marqué par les semaines passées en haute altitude, mais le regard toujours déterminé, Bouchra Baibanou a retrouvé la presse ce jeudi à Casablanca. À 56 ans, celle qui a conquis l’Everest et les « Seven Summits » est rentrée du Pakistan sans avoir atteint le sommet du Broad Peak (8.051 m) ni du K2 (8.611 m), la redoutable « Montagne Sauvage ». Mais dans sa voix, pas de regret. Seulement la fierté d’avoir vécu l’une des saisons les plus difficiles de l’histoire récente de l’alpinisme dans le Karakoram. « Renoncer a été douloureux. Mais en montagne, la vie doit toujours primer. Savoir dire non au sommet, c’est aussi une victoire », lance-t-elle d’une voix ferme.
L’expédition avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. Cinquante jours dans l’une des vallées les plus spectaculaires du monde : la Baltoro. Les premières rotations d’acclimatation se sont bien passées, l’équipe a grimpé jusqu’à 7.000 m. Puis, le 27 juillet, le moment tant attendu : le summit push. L’assaut final. Mais très vite, le rêve s’est heurté à la réalité : des chutes de pierres quotidiennes, des avalanches, des glaciers qui s’effondraient sous les yeux des alpinistes. « Le Broad Peak était presque entièrement rocheux. Là où il devrait y avoir de la neige, il n’y avait que des cailloux. Nous avons dû nous arrêter à 7.000 mètres. Sur le K2, la situation était encore pire : météo instable, absence de cordes fixes, risques trop élevés... et cela a coûté la vie à certains alpinistes de notre groupe. Cette année, personne n’a pu atteindre le sommet ».
Pour Bouchra, cette expédition n’est pas seulement une aventure sportive. Elle est un révélateur de ce que vit la planète. « Quand je suis arrivée au camp de base à 5.000 m, il n’y avait presque pas de neige. Après notre première rotation, nous marchions sur les pierres. Les guides nous ont dit que l’an dernier, le camp était installé sur la neige. Là, nous étions sur la roche. » Elle raconte avoir vu des cascades se former, des glaciers s’effondrer : « Nous, les alpinistes, sommes les premiers témoins de ces changements climatiques. Nous savions que cette fonte allait provoquer des inondations. Et quelques jours après notre retour, le Pakistan a été frappé par des crues terribles ».
L’expédition était internationale : des grimpeurs venus du Kenya, d’Australie, d’Autriche et d’Allemagne. Et cette année, fait rare, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes. « Dans le dernier summit push sur le K2, tous les hommes ont reculé. Nous sommes restées cinq femmes, et j’étais la seule Marocaine et la seule femme arabe. C’est une fierté mais aussi une grande responsabilité », dit-elle avec émotion.
Derrière l’exploit, il y a aussi l’intime. « Chaque fois que je pars, il y a deux aventures : celle que je vis là-haut et celle que vit ma famille en m’attendant. Ma fille de 19 ans est ma plus grande source de force. Oui, quand on devient mère, on devient plus prudente. Mais c’est pour elle que je continue, pour montrer que les femmes n’ont pas de limites ».
Et malgré tout ce qu’elle vient de traverser, Bouchra n’a qu’une idée en tête : revenir. « Je reviendrai l’année prochaine pour accomplir ma mission...La montagne m’a appris la patience et l’humilité ».
En attendant, elle prépare un nouveau défi : du 20 au 23 septembre, elle guidera un groupe de jeunes filles marocaines sur le Toubkal (4.167 m), plus haut sommet d’Afrique du Nord, dans le cadre de son programme Empower Girls. « Mon message est simple : il faut oser essayer... Les expériences sont nos meilleures armes pour faire les bons choix dans la vie ».
Ce n’est donc pas une fin, mais un nouveau départ. Bouchra Baibanou continue d’écrire son histoire. Et celle-ci pourrait bien la ramener sur les pentes du K2 dès l’été prochain – cette fois, pour aller chercher le sommet.
L’expédition avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. Cinquante jours dans l’une des vallées les plus spectaculaires du monde : la Baltoro. Les premières rotations d’acclimatation se sont bien passées, l’équipe a grimpé jusqu’à 7.000 m. Puis, le 27 juillet, le moment tant attendu : le summit push. L’assaut final. Mais très vite, le rêve s’est heurté à la réalité : des chutes de pierres quotidiennes, des avalanches, des glaciers qui s’effondraient sous les yeux des alpinistes. « Le Broad Peak était presque entièrement rocheux. Là où il devrait y avoir de la neige, il n’y avait que des cailloux. Nous avons dû nous arrêter à 7.000 mètres. Sur le K2, la situation était encore pire : météo instable, absence de cordes fixes, risques trop élevés... et cela a coûté la vie à certains alpinistes de notre groupe. Cette année, personne n’a pu atteindre le sommet ».
Pour Bouchra, cette expédition n’est pas seulement une aventure sportive. Elle est un révélateur de ce que vit la planète. « Quand je suis arrivée au camp de base à 5.000 m, il n’y avait presque pas de neige. Après notre première rotation, nous marchions sur les pierres. Les guides nous ont dit que l’an dernier, le camp était installé sur la neige. Là, nous étions sur la roche. » Elle raconte avoir vu des cascades se former, des glaciers s’effondrer : « Nous, les alpinistes, sommes les premiers témoins de ces changements climatiques. Nous savions que cette fonte allait provoquer des inondations. Et quelques jours après notre retour, le Pakistan a été frappé par des crues terribles ».
L’expédition était internationale : des grimpeurs venus du Kenya, d’Australie, d’Autriche et d’Allemagne. Et cette année, fait rare, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes. « Dans le dernier summit push sur le K2, tous les hommes ont reculé. Nous sommes restées cinq femmes, et j’étais la seule Marocaine et la seule femme arabe. C’est une fierté mais aussi une grande responsabilité », dit-elle avec émotion.
Derrière l’exploit, il y a aussi l’intime. « Chaque fois que je pars, il y a deux aventures : celle que je vis là-haut et celle que vit ma famille en m’attendant. Ma fille de 19 ans est ma plus grande source de force. Oui, quand on devient mère, on devient plus prudente. Mais c’est pour elle que je continue, pour montrer que les femmes n’ont pas de limites ».
Et malgré tout ce qu’elle vient de traverser, Bouchra n’a qu’une idée en tête : revenir. « Je reviendrai l’année prochaine pour accomplir ma mission...La montagne m’a appris la patience et l’humilité ».
En attendant, elle prépare un nouveau défi : du 20 au 23 septembre, elle guidera un groupe de jeunes filles marocaines sur le Toubkal (4.167 m), plus haut sommet d’Afrique du Nord, dans le cadre de son programme Empower Girls. « Mon message est simple : il faut oser essayer... Les expériences sont nos meilleures armes pour faire les bons choix dans la vie ».
Ce n’est donc pas une fin, mais un nouveau départ. Bouchra Baibanou continue d’écrire son histoire. Et celle-ci pourrait bien la ramener sur les pentes du K2 dès l’été prochain – cette fois, pour aller chercher le sommet.
