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Casablanca : les coupures d’eau et la réduction du débit inquiètent... les responsables s’expliquent

La demande en eau ne cesse d’augmenter dans les grandes villes telles que Casablanca, tandis que les sources d’approvisionnement peinent à suivre le rythme. L’impact des récentes mesures prises par les autorités s’est rapidement fait sentir. La frustration et l’inquiétude grandissent à mesure que les coupures d’eau deviennent plus fréquentes. D’après Lydec, l’impact de l’écart entre les ressources en eau disponibles et les besoins de consommation devrait se faire sentir encore plus à partir du printemps prochain.

Le stress hydrique est aujourd’hui l’une des préoccupations majeures du Maroc qui fait face à une crise sans précédent. Après de nombreuses alertes, le gouvernement a imposé, depuis quelques semaines, des mesures de rationalisation de l’utilisation d’eau pour lutter contre son gaspillage dans plusieurs villes. L’impact de ces mesures s’est rapidement fait sentir, notamment à Casablanca où plusieurs personnes se plaignent du faible débit d’eau et même de coupures.



«La pénurie d’eau au Maroc commence sérieusement à nous inquiéter. Je ne pensais pas que la réduction du débit affecterait autant notre quotidien. J’habite au sixième étage et l’impact de cette mesure est plus important. Parfois il n’y a absolument plus d’eau, alors je m’apprêtais à faire la vaisselle ou prendre un bain. Nous espérons que les autorités vont trouver rapidement une solution pour résoudre ce problème crucial», témoigne Samira, 40 ans, mère de famille.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes expriment leurs inquiétudes et leur frustration à cause des coupures d’eau de plus en plus fréquentes. «Le problème des coupures d’eau est devenu très contraignant dans le quartier où j’habite. Il arrive qu’on passe plusieurs heures dans la journée sans eau. Si les autorités veulent réduire le débit, nous devons être prévenus des horaires de coupures pour prendre les précautions nécessaires. Cette mesure affecte beaucoup notre quotidien», se plaint M.T. dans un commentaire sur Facebook.

L’impact des fortes réductions du débit d'eau potable reste limité

Contacté par nos soins, Moulay Ahmed Afilal, vice-président de la Commune de Casablanca, assure que pour le moment, les autorités ne procèdent pas à des coupures et que la mesure de réduction du débit a commencé depuis longtemps. «La décision de réduire le débit d’eau est effective depuis un an. Les coupures constatées par les Casablancais ne sont pas en liaison avec les mesures de lutte contre le stress hydrique. Cela doit être à cause des travaux de Lydec dans certains quartiers», affirme le responsable. Ce dernier souligne, par ailleurs, qu’une évaluation de l’impact de la réduction du débit d’eau à Casablanca a montré que cette mesure n’a permis de gagner que 3% des ressources hydriques. «Cette mesure n’a pas permis de faire d’importantes économies d’eau, puisque la consommation reste toujours très importante, notamment à cause de la grande densité de population à Casablanca. Nous comprenons que cette situation peut être frustrante pour les citoyens, mais ils doivent comprendre aussi que si cela continue, bientôt nous n’aurons plus accès à cette denrée vitale. Il est très important de sensibiliser la population casablancaise à la gravité de la situation et à la nécessité de l’utilisation rationnelle de l’eau afin de préserver les ressources hydriques», assure M. Afilal. Et d’ajouter qu’«il est impératif de lutter contre le gaspillage de l’eau, car même si le gouvernement travaille sur de grands projets pour avoir de nouvelles ressources, cela va prendre beaucoup de temps et, d’ici là, on pourrait ne plus avoir accès à ce bien précieux».

De son côté, Saâd Azzaoui, directeur maîtrise d’ouvrage de Lydec, a déclaré au «Matin» que nous sommes en situation de déficit des ressources hydriques disponibles par rapport aux besoins de consommation. «À cause de la très grande baisse des réserves hydriques due aux années successives de sécheresse, l’alimentation du Grand Casablanca à partir d’Oued Oum Er-Rabii ne peut plus être assurée comme par le passé. Les réserves au niveau du barrage Al Massira, qui alimente une grande partie de la ville, sont actuellement inférieures à 2%, une chute très importante par rapport au taux de 30%, enregistré il y a plusieurs années», développe-t-il. Et d’ajouter que «de ce fait, le Grand Casablanca ne peut être alimenté actuellement que par le bassin du Bouregreg. Ce qui pose une problématique liée à la capacité de transfert de l’eau disponible par le producteur national. D’où les chantiers qui sont aujourd’hui en cours et qui visent à sécuriser l’alimentation de la métropole en cette ressource vitale». M. Azzouzi prévient, en outre, que l’impact de l’écart entre les ressources en eau disponibles et les besoins de consommation pourrait être ressenti par les consommateurs à partir du printemps prochain, avec d’éventuelles mesures de restriction de l’alimentation en eau potable, à confirmer en coordination avec les autorités et en fonction de l’évolution de la situation hydrique.

Quid des projets de sécurisation de l’alimentation de Casablanca en eau potable

Pour permettre la connexion de la zone Sud-Ouest du Grand Casablanca (Errahma, Dar Bouazza et Ouled Azzouz) avec l’alimentation en eau potable provenant du Bouregreg, Lydec a lancé un projet de réalisation de 17,5 km de réseau d’eau potable de différents diamètres (DN 1.000 mm, DN 800 mm et DN 600 mm) pour un montant de 150 millions de DH, en complément du projet finalisé et mis en service en 2022 de 12 km de feeder (conduite de refoulement) de diamètre DN 1.000 mm et une station de pompage d’une capacité de 1.000 l/s. «Les travaux de ce projet de sécurisation sont déjà entamés pour un délai de réalisation de 4 mois. Toujours dans la cadre de la sécurisation de l’alimentation de la métropole en eau potable, Lydec a lancé la réalisation de quatre réservoirs d’eau au niveau d’Al Majjatia Oulad Taleb d’une capacité de 35.000 m³, Dar Bouazza (25.000 m³), Ouled Azzouz (20.000 m³) et Hay Hassani (70.000 m³), pour un investissement total d’environ 250 millions de DH», souligne notre interlocuteur.

M. Azzouzi indique également que Lydec mène plusieurs actions visant la préservation de la ressource en eau, telles que la détection et la réparation des fuites d’eau, la lutte contre les fraudes, la sectorisation... et l’incitation des consommateurs à un usage rationnel de cette ressource vitale. «Face à cette crise hydrique, l’entreprise a décidé de prendre d’autres mesures visant à économiser la ressource en eau. Il s’agit notamment de généraliser la réduction de la pression d’eau sur tout le réseau du Grand Casablanca, d’augmenter de 50% le budget dédié au renouvellement du réseau d’alimentation en eau potable pour l’année 2024, et de poursuivre les actions de sensibilisation à la rationalisation de la consommation de l’eau, notamment vis-à-vis des grands consommateurs, dont les industriels et les administrations», indique-t-il. «Lydec a aussi procédé à la mise à la disposition des autorités des 4.200 m³ d’eaux traitées chaque jour par la Station d’épuration de Médiouna pour un usage d’irrigation. L’entreprise a également lancé deux nouvelles STEP au niveau de Médiouna et de Nouaceur, ainsi qu’un module tertiaire au niveau de la STEP de Sapino à Nouaceur, afin de pouvoir réutiliser les eaux traitées par cet ouvrage», poursuit Azzouzi. En complément de ces actions visant à préserver la ressource en eau, Lydec a renforcé ses équipes dédiées à la recherche des fuites d’eau et a augmenté, de plus de 50%, le parc des détecteurs acoustiques fixes des fuites pour atteindre 4.000 capteurs acoustiques. Par ailleurs, l’entreprise s’appuie sur des technologies innovantes basées sur l’analyse de la data et l’IA via l’outil «Aquadvanced» afin d’assurer un meilleur pilotage de la performance du réseau d’eau potable.
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