Meriem Samak, psychothérapeute, hypnothérapeute et coach entraîneur cérébral en neurofeedback dynamique neuroptimal, souligne que cette technique est, en effet, un entraînement cérébral qui aide le cerveau à fonctionner de manière plus efficace et optimale. «Bien qu'il soit souvent perçu comme une méthode récente, il faut savoir que le neurofeedback existe en réalité depuis environ 30 ans, ayant vu le jour au Canada grâce à Valdeane W. Brown», indique-t-elle. Et d’ajouter que «le matériel utilisé dans cette technique repose sur cinq capteurs dont deux sont placés dans l'oreille droite, un dans l'oreille gauche, et les deux autres au sommet du crâne. Ces capteurs sont reliés à un amplificateur, lui-même connecté à un système qui, à son tour, est associé à des écouteurs permettant au patient d’entendre une bande sonore. Cette dernière, généralement composée de sons de méditation ou de relaxation, peut être modifiée selon les préférences du patient, et être remplacée par de la musique, du Coran ou des dessins animés pour les enfants».
La spécialiste précise également que pendant la séance, les capteurs mesurent l’activité cérébrale, créant ainsi un encéphalogramme. Le système analyse ensuite ces données et, à chaque modification de l’activité cérébrale, envoie des microcoupures de son. Ces coupures sont perçues par le cerveau comme des informations. «Le corps humain possède une capacité d'auto-régulation et d'auto-réparation. Pour que cela fonctionne, le cerveau doit être ancré dans le moment présent. Cependant, il est souvent pris dans le passé, entre les souvenirs, ou dans le futur, entre les préoccupations et les projets. Grâce au neurofeedback, le cerveau reçoit 256 informations par seconde pendant 33 minutes, ce qui l'aide à revenir dans le présent et à activer ses mécanismes d'auto-régulation et d'auto-réparation», affirme Meriem Samak. «En pratique, le rôle du thérapeute s’arrête une fois que le cerveau reçoit ces informations. C'est un peu comme si on donnait à une personne un miroir qui lui permet de prendre conscience de ses imperfections et de commencer à les corriger, en choisissant par où commencer. De même, en neurofeedback, c'est le cerveau qui décide des priorités et de l'ordre dans lequel il va procéder à ses réparations», appuie-t-elle.
Souvent, face à ce genre de méthode les gens attendent des résultats rapides et se demandent combien de séances sont nécessaires. La spécialiste explique que chaque cas est unique et qu'il n'y a pas de règle générale. Les progrès dépendent de la personne, et le processus se fait progressivement. Certaines personnes ressentent des changements dès la première séance, tandis que d'autres ont besoin de plus de temps. «Il est impossible de prédire à l’avance le nombre exact de séances nécessaires. Le neurofeedback est un entraînement du cerveau, tout comme l’entraînement physique : on ne peut pas savoir quand les résultats commenceront à apparaître, mais il est toujours bénéfique de poursuivre, même lorsque des améliorations sont déjà constatées. Il est aussi important de noter que le neurofeedback dynamique neuroptimal est équivalent à trois ou quatre heures de méditation, offrant ainsi des bienfaits comparables pour le bien-être mental et émotionnel», souligne Mme Samak. Une fois que le patient atteint un certain équilibre et ses objectifs, les séances de suivi deviennent moins fréquentes, généralement espacées d’un mois et demi à deux mois.
Questions à Meriem Samak, psychothérapeute, hypnothérapeute et coach entraîneur cérébral en neurofeedback dynamique neuroptimal
Comment se déroule la première séance de neurofeedback ?
Avant de commencer une séance de neurofeedback dynamique, nous prenons le temps de discuter avec le patient pour comprendre ses attentes, ses objectifs et ses préoccupations, puis nous lui expliquons le fonctionnement de la technique afin de le rassurer. La première séance dure généralement entre 45 minutes et une heure. Cela nous permet d’écouter attentivement le patient et de cerner ses besoins. Lors de cette première rencontre, le patient doit également remplir un formulaire de suivi, qui comprend une liste de 100 préoccupations. Il devra y indiquer l’intensité, la fréquence et la durée de chaque symptôme ou problème qu’il rencontre. Ce formulaire nous permet d’assurer un suivi efficace et de mieux accompagner le patient dans son parcours de progrès.
Quels sont les principales conditions ou troubles que le neurofeedback peut aider à traiter ?
Le neurofeedback dynamique offre un champ d’application très vaste, car il cible le cerveau, véritable chef d’orchestre de notre corps. Cette méthode peut être utilisée pour traiter une grande variété de problématiques, qu'elles soient physiques ou mentales : des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), des troubles du comportement (TIC), des maladies dégénératives comme l'Alzheimer ou Parkinson, des AVC, des douleurs musculaires, l’autisme, les troubles d’apprentissage, et même pour améliorer les performances cognitives et physiques des personnes en bonne santé.
Bien qu'il ne s’agisse pas d’un traitement curatif, le neurofeedback contribue à améliorer la qualité de vie en général. Il favorise un meilleur sommeil, réduit l’agressivité, le déni et aide à atteindre un état de bien-être général, plus calme et plus serein.
Les trois premières améliorations observées grâce au neurofeedback dynamique concernent généralement l’insomnie, l’anxiété et la dépression. Cette méthode est également particulièrement efficace pour les personnes souffrant de troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Plusieurs études ont démontré son efficacité dans ce domaine. Par exemple, une étude menée en France sur des enfants atteints de TDAH a comparé deux groupes : l’un ayant suivi des séances de neurofeedback, l’autre prenant de la «Ritaline». Les deux groupes ont montré des améliorations similaires à l’école en termes de concentration et de calme, mais les enfants sous médicament ont souffert d’effets secondaires, contrairement à ceux ayant suivi le neurofeedback. Cependant, il est important de souligner qu’un nombre significatif de séances est souvent nécessaire pour observer des changements notables.
Existe-t-il des contre-indications ou des risques associés au neurofeedback ?
Le neurofeedback ne présente aucune contre-indication, car il s’agit simplement d’un entraînement cérébral accessible à tous. Le seul effet secondaire potentiel est un léger mal de tête, qui peut survenir chez certaines personnes, particulièrement si elles ne sont pas suffisamment hydratées. En effet, bien qu'elles soient assises ou allongées dans une position relaxée, leur cerveau fournit un effort important, recevant 256 informations par seconde tout au long des 33 minutes de la séance.
Quel est le coût moyen d’un programme de neurofeedback, et est-il couvert par les assurances ?
Une séance de neurofeedback coûte entre 400 et 500 dirhams. Toutefois, des formules pack de 10 ou 20 séances sont proposées, avec des séances offertes, ce qui permet de réduire le coût global. Malheureusement, comme de nombreuses autres thérapies, le neurofeedback n'est pas couvert par les assurances au Maroc. Nous espérons suivre l'exemple de pays comme le Canada et certains pays européens, où ce type de technique est remboursé, rendant ainsi son accès plus facile pour les citoyens.
Pouvez-vous partager une expérience marquante où le neurofeedback a transformé la vie d’un patient ?
Parmi les expériences qui m'ont le plus marqué, il y a celle d'une jeune fille de 24 ans. Elle était partie au Canada pendant la pandémie de la Covid-19, où elle a développé une dépression. Cela l'a conduite à une addiction au tabac et à plusieurs drogues, ainsi qu'à des troubles psychiatriques qui ont nécessité une hospitalisation. Malgré plusieurs mois de souffrance et la prise de médicaments, elle n'a observé aucun résultat. Elle est, ensuite, revenue au Maroc, où elle a refusé de consulter des médecins et a accepté, non sans difficulté, de faire des séances de neurofeedback. Après sa sixième séance, elle m'a dit qu'elle ne remarquait aucun changement. Je lui ai suggéré d'attendre la dixième séance avant de juger, car, même si elle ne s'en rendait pas encore compte, je commençais déjà à voir une différence.
Au fil des séances, sa transformation a été remarquable : elle a recommencé à faire du sport, a suivi de nouvelles formations et a retrouvé la capacité de ressentir des émotions. Aujourd'hui, elle est retournée au Canada, où elle est devenue professeure de tennis dans une grande école de tennis. Elle est tellement satisfaite des résultats qu'elle continue de suivre des séances de neurofeedback, même au Canada.
