Souvent perçues comme des alternatives «moins dangereuses» des cigarettes traditionnelles, les cigarettes électroniques pourraient provoquer une vague de maladies chroniques dans les 15 à 20 prochaines années. C’est ce qui ressort d’une récente étude réalisée par RCSI University et publiée début mai dans la revue scientifique «Nature».
Les résultats de cette recherche, qui a analysé 180 goûts différents de cigarettes électroniques grâce à l’intelligence artificielle, sont alarmants. Les chercheurs estiment que les vapeurs qu’elles produisent contiennent 127 substances chimiques à toxicité aiguë, 153 substances dangereuses pour la santé et 225 substances irritantes.
D’après Donal O’Shea, l’auteur principal de l’étude, les e-cigarettes constituent un risque important pour la santé publique. Pour lui, il est plausible que nous soyons à la veille d’une nouvelle vague de maladies chroniques qui apparaîtront dans quelques années en raison de l’exposition croissante à ces produits.«Les conclusions de l’étude de RCSI soulignent des préoccupations importantes quant aux effets à long terme des cigarettes électroniques. Bien que les e-cigarettes soient souvent présentées comme une alternative moins nocive aux cigarettes traditionnelles, elles ne sont pas sans risques.
L’inhalation de substances chimiques présentes dans les e-liquides peut entraîner une inflammation des voies respiratoires, des dommages aux tissus pulmonaires et une susceptibilité accrue aux infections respiratoires», déclare au journal «Le Matin» Dr Ayman Aït Haj Kaddour, médecin-conférencier. «Les données actuelles indiquent que l’exposition prolongée à ces substances pourrait potentiellement conduire à des maladies chroniques telles que la bronchite chronique, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et même des maladies cardiovasculaires. Pour les professionnels de la santé, il est crucial de continuer à surveiller et à évaluer les recherches émergentes pour comprendre pleinement les risques et les avantages des e-cigarettes», ajoute-t-il.Le médecin précise, par ailleurs, que les principales préoccupations concernant l’utilisation croissante des cigarettes électroniques, surtout chez nos jeunes et adolescents, incluent notamment la dépendance à la nicotine. «Les e-cigarettes peuvent contenir des niveaux élevés de nicotine, entraînant une dépendance, surtout chez les jeunes qui ne fumaient même pas de cigarettes classiques avant de passer aux e-cigarettes, c’est bien le cas du plus grand nombre de consommateurs jeunes marocains. L’utilisation des e-cigarettes par les jeunes peut aussi servir de passerelle vers le tabagisme traditionnel», souligne Dr Aït Haj Kaddour. «Il faut aussi savoir que les effets à long terme de l’inhalation des vapeurs de e-cigarettes ne sont pas encore pleinement compris, ce qui pose un risque potentiel de maladies chroniques.
Les études montrent que les e-cigarettes peuvent causer des dommages aux tissus pulmonaires et augmenter la susceptibilité aux infections respiratoires. Ainsi que l’apparition de lésions tissulaires pulmonaires chroniques, voire irréversibles», développe le spécialiste. Ce dernier indique que les arômes utilisés dans les e-liquides peuvent contenir des substances toxiques qui, lorsqu’elles sont inhalées, peuvent causer des dommages pulmonaires, cardiovasculaires, et hormonaux. Plusieurs études ont, en effet, établi le lien possible entre ces arômes et la perturbation hormonale et l’infertilité féminine et masculine.
Comment expliquer l’attrait croissant des cigarettes électroniques, notamment parmi les jeunes, en parallèle avec la prolifération des vape-shops dans les différentes villes du Maroc ?
Plusieurs facteurs expliquent la popularité croissante des cigarettes électroniques parmi les jeunes et les adultes. En effet, les e-cigarettes sont souvent commercialisées avec des arômes attrayants et des designs modernes qui attirent les jeunes. Ces derniers sont naturellement curieux et plus enclins à essayer de nouvelles expériences. Ils sont souvent influencés par leurs pairs et les tendances sur les réseaux sociaux. Des publicités sur les réseaux sociaux, par des influenceurs, et des stars de média, payés pour véhiculer ce message, ont un énorme effet psychologique sur le choix des jeunes d’aborder ce nouveau gadget.
Aussi, l’ouverture de nombreux vape-shops facilite l’accès aux produits de vapotage. Il n’y a pas de loi ni de restrictions établies pour gérer la vente et la distribution dans nos supermarchés, épiceries, et kiosques de proximité, disponible partout et pour tous.
Enfin, beaucoup de personnes croient que les e-cigarettes sont moins nocives que les cigarettes traditionnelles, ce qui incite à leur utilisation. Ceci est une idée erronée, car beaucoup d’études scientifiques ont bien prouvé le contraire.
En tant que professionnel de la santé, quelles sont les mesures que vous recommanderiez aux autorités de santé publique pour réglementer l’utilisation des cigarettes électroniques et protéger la santé publique ?
Pour réglementer l’utilisation des cigarettes électroniques et protéger la santé publique, surtout dans notre contexte marocain, il y a plusieurs mesures à prendre. À mon avis, il faudrait d’abord instaurer une réglementation stricte des ventes en limitant la commercialisation des e-cigarettes aux adultes et imposer des vérifications d’âge rigoureuses. Il faut aussi exiger un étiquetage clair et informatif sur les produits de vapotage, y compris les risques pour la santé, et interdire les arômes attractifs qui attirent particulièrement les jeunes, comme les saveurs fruitées et sucrées. Il est également crucial de continuer à financer la recherche sur les effets à long terme des e-cigarettes et surveiller leur utilisation.
Par ailleurs, il est important d’organiser régulièrement des campagnes de sensibilisation aux risques associés aux e-cigarettes, en particulier pour les jeunes et de proposer des programmes de soutien et de sevrage tabagique pour aider les utilisateurs de e-cigarettes à arrêter complètement la nicotine.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui utilisent actuellement des cigarettes électroniques ou envisagent de le faire, compte tenu des risques potentiels de maladies chroniques à long terme ?
En tant que médecin, je leur conseillerais premièrement de comprendre que les e-cigarettes ne sont pas sans risques et que les effets à long terme sont encore inconnus et peuvent être très graves et irréversibles. Pour cela, il faut suivre les recherches et rester informé des dernières études et recommandations concernant les cigarettes électroniques. Car la réalité ne tardera pas à apparaître.
Ils peuvent aussi consulter un médecin ou un professionnel de santé pour obtenir des conseils personnalisés et des alternatives pour arrêter de fumer. Il ne faut pas choisir la voie de substitution aux cigarettes classiques des e-cigarettes comme solution. Pour les personnes qui utilisent des e-cigarettes, pour arrêter de fumer, essayez de les utiliser temporairement, et de réduire progressivement la consommation de nicotine.
Les résultats de cette recherche, qui a analysé 180 goûts différents de cigarettes électroniques grâce à l’intelligence artificielle, sont alarmants. Les chercheurs estiment que les vapeurs qu’elles produisent contiennent 127 substances chimiques à toxicité aiguë, 153 substances dangereuses pour la santé et 225 substances irritantes.
D’après Donal O’Shea, l’auteur principal de l’étude, les e-cigarettes constituent un risque important pour la santé publique. Pour lui, il est plausible que nous soyons à la veille d’une nouvelle vague de maladies chroniques qui apparaîtront dans quelques années en raison de l’exposition croissante à ces produits.«Les conclusions de l’étude de RCSI soulignent des préoccupations importantes quant aux effets à long terme des cigarettes électroniques. Bien que les e-cigarettes soient souvent présentées comme une alternative moins nocive aux cigarettes traditionnelles, elles ne sont pas sans risques.
L’inhalation de substances chimiques présentes dans les e-liquides peut entraîner une inflammation des voies respiratoires, des dommages aux tissus pulmonaires et une susceptibilité accrue aux infections respiratoires», déclare au journal «Le Matin» Dr Ayman Aït Haj Kaddour, médecin-conférencier. «Les données actuelles indiquent que l’exposition prolongée à ces substances pourrait potentiellement conduire à des maladies chroniques telles que la bronchite chronique, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et même des maladies cardiovasculaires. Pour les professionnels de la santé, il est crucial de continuer à surveiller et à évaluer les recherches émergentes pour comprendre pleinement les risques et les avantages des e-cigarettes», ajoute-t-il.Le médecin précise, par ailleurs, que les principales préoccupations concernant l’utilisation croissante des cigarettes électroniques, surtout chez nos jeunes et adolescents, incluent notamment la dépendance à la nicotine. «Les e-cigarettes peuvent contenir des niveaux élevés de nicotine, entraînant une dépendance, surtout chez les jeunes qui ne fumaient même pas de cigarettes classiques avant de passer aux e-cigarettes, c’est bien le cas du plus grand nombre de consommateurs jeunes marocains. L’utilisation des e-cigarettes par les jeunes peut aussi servir de passerelle vers le tabagisme traditionnel», souligne Dr Aït Haj Kaddour. «Il faut aussi savoir que les effets à long terme de l’inhalation des vapeurs de e-cigarettes ne sont pas encore pleinement compris, ce qui pose un risque potentiel de maladies chroniques.
Les études montrent que les e-cigarettes peuvent causer des dommages aux tissus pulmonaires et augmenter la susceptibilité aux infections respiratoires. Ainsi que l’apparition de lésions tissulaires pulmonaires chroniques, voire irréversibles», développe le spécialiste. Ce dernier indique que les arômes utilisés dans les e-liquides peuvent contenir des substances toxiques qui, lorsqu’elles sont inhalées, peuvent causer des dommages pulmonaires, cardiovasculaires, et hormonaux. Plusieurs études ont, en effet, établi le lien possible entre ces arômes et la perturbation hormonale et l’infertilité féminine et masculine.
Dr Ayman Aït Haj Kaddour, médecin-conférencier : Il faudrait instaurer une réglementation stricte des ventes en limitant la commercialisation des e-cigarettes aux adultes
Comment expliquer l’attrait croissant des cigarettes électroniques, notamment parmi les jeunes, en parallèle avec la prolifération des vape-shops dans les différentes villes du Maroc ?
Plusieurs facteurs expliquent la popularité croissante des cigarettes électroniques parmi les jeunes et les adultes. En effet, les e-cigarettes sont souvent commercialisées avec des arômes attrayants et des designs modernes qui attirent les jeunes. Ces derniers sont naturellement curieux et plus enclins à essayer de nouvelles expériences. Ils sont souvent influencés par leurs pairs et les tendances sur les réseaux sociaux. Des publicités sur les réseaux sociaux, par des influenceurs, et des stars de média, payés pour véhiculer ce message, ont un énorme effet psychologique sur le choix des jeunes d’aborder ce nouveau gadget.
Aussi, l’ouverture de nombreux vape-shops facilite l’accès aux produits de vapotage. Il n’y a pas de loi ni de restrictions établies pour gérer la vente et la distribution dans nos supermarchés, épiceries, et kiosques de proximité, disponible partout et pour tous.
Enfin, beaucoup de personnes croient que les e-cigarettes sont moins nocives que les cigarettes traditionnelles, ce qui incite à leur utilisation. Ceci est une idée erronée, car beaucoup d’études scientifiques ont bien prouvé le contraire.
En tant que professionnel de la santé, quelles sont les mesures que vous recommanderiez aux autorités de santé publique pour réglementer l’utilisation des cigarettes électroniques et protéger la santé publique ?
Pour réglementer l’utilisation des cigarettes électroniques et protéger la santé publique, surtout dans notre contexte marocain, il y a plusieurs mesures à prendre. À mon avis, il faudrait d’abord instaurer une réglementation stricte des ventes en limitant la commercialisation des e-cigarettes aux adultes et imposer des vérifications d’âge rigoureuses. Il faut aussi exiger un étiquetage clair et informatif sur les produits de vapotage, y compris les risques pour la santé, et interdire les arômes attractifs qui attirent particulièrement les jeunes, comme les saveurs fruitées et sucrées. Il est également crucial de continuer à financer la recherche sur les effets à long terme des e-cigarettes et surveiller leur utilisation.
Par ailleurs, il est important d’organiser régulièrement des campagnes de sensibilisation aux risques associés aux e-cigarettes, en particulier pour les jeunes et de proposer des programmes de soutien et de sevrage tabagique pour aider les utilisateurs de e-cigarettes à arrêter complètement la nicotine.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui utilisent actuellement des cigarettes électroniques ou envisagent de le faire, compte tenu des risques potentiels de maladies chroniques à long terme ?
En tant que médecin, je leur conseillerais premièrement de comprendre que les e-cigarettes ne sont pas sans risques et que les effets à long terme sont encore inconnus et peuvent être très graves et irréversibles. Pour cela, il faut suivre les recherches et rester informé des dernières études et recommandations concernant les cigarettes électroniques. Car la réalité ne tardera pas à apparaître.
Ils peuvent aussi consulter un médecin ou un professionnel de santé pour obtenir des conseils personnalisés et des alternatives pour arrêter de fumer. Il ne faut pas choisir la voie de substitution aux cigarettes classiques des e-cigarettes comme solution. Pour les personnes qui utilisent des e-cigarettes, pour arrêter de fumer, essayez de les utiliser temporairement, et de réduire progressivement la consommation de nicotine.