Les grèves continuent de paralyser l’école publique. Les enseignants campent sur leurs positions et poursuivent leur mouvement de protestation contre le nouveau statut unifié des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Le gouvernement a exprimé une nouvelle fois, le 15 novembre dernier, sa disposition à engager rapidement un dialogue dans le cadre de la Commission ministérielle nommée par le Chef du gouvernement, et ce dans le but de parvenir à des solutions aux différentes problématiques soulevées et garantir la reprise des cours. Pourtant, cela ne semble pas convaincre tous les enseignants.
Si deux centrales syndicales vont suspendre leurs protestations pour entamer les négociations avec la Commission, d’autres ont décidé de poursuivre le mouvement de grève. D’ailleurs, une série de sit-in dans plusieurs villes est prévue cette semaine encore. «De nouvelles manifestations auront lieu cette semaine. D’un côté, nous sommes tristes de ne pas pouvoir exercer notre noble mission et retrouver nos élèves, mais, d’un autre côté, nous sommes obligés de mettre la pression pour défendre nos droits et résoudre ces problèmes qui traînent depuis plusieurs années déjà», déclare au «Matin» Issam Boukriaa, membre de la Coordination régionale de Fès des enseignants de l’enseignement secondaire qualifiant. Pour cette année scolaire, le nombre d’inscrits dans l’école publique est de 6,9 millions, dont 40% seraient impactés par les grèves, soit environ 2,78 millions.
Victimes d’un système éducatif qui tente de se rattraper, notamment après les répercussions de la pandémie Covid-19, les élèves se retrouvent donc livrés à eux-mêmes. Les plus consciencieux et avides d’apprentissage tentent de rattraper leur retard, en attendant la fin des grèves. Certains suivent des cours de soutien privés. Ceux qui n’en ont pas les moyens révisent en groupe ou suivent les vidéos de leçons sur Internet et s’organisent pour faire régulièrement des exercices et s’auto-évaluer. D’autres sont complètement démotivés et décident de baisser les bras. «Ma fille passe le Bac cette année, mais cette situation lui a ôté toute motivation. Elle commence à penser que le retard qu’elle a pris ne peut pas être rattrapé et qu’elle va certainement redoubler», se plaint Fatiha, 49 ans.
Si deux centrales syndicales vont suspendre leurs protestations pour entamer les négociations avec la Commission, d’autres ont décidé de poursuivre le mouvement de grève. D’ailleurs, une série de sit-in dans plusieurs villes est prévue cette semaine encore. «De nouvelles manifestations auront lieu cette semaine. D’un côté, nous sommes tristes de ne pas pouvoir exercer notre noble mission et retrouver nos élèves, mais, d’un autre côté, nous sommes obligés de mettre la pression pour défendre nos droits et résoudre ces problèmes qui traînent depuis plusieurs années déjà», déclare au «Matin» Issam Boukriaa, membre de la Coordination régionale de Fès des enseignants de l’enseignement secondaire qualifiant. Pour cette année scolaire, le nombre d’inscrits dans l’école publique est de 6,9 millions, dont 40% seraient impactés par les grèves, soit environ 2,78 millions.
AREF : des cours de rattrapage une fois le conflit réglé
Le phénomène commence à s’installer dans la durée et suscite de plus en plus d’inquiétude. Près de deux mois de grèves, des milliers d’heures de cours perdues et des millions d’apprenants de tous les niveaux scolaires pris en otage. Élèves et parents n’en peuvent plus et s’interrogent si cette année scolaire est compromise. Nous avons contacté le ministère de l’Éducation nationale pour tenter de répondre à cette question, mais le département de Chakib Benmoussa préfère attendre la fin des négociations pour se prononcer. Une source autorisée de l’Académie régionale d’éducation et de formation (AREF) de Casablanca nous affirme que tout est encore «récupérable». «Nous sommes déjà passés par des situations plus difficiles et nous sommes arrivés à nous en sortir. Nous plaçons beaucoup d’espoir dans la Commission chargée de mener le dialogue avec les enseignants. Dès qu’ils arriveront à trouver un terrain d’entente, nous commencerons à programmer des cours de soutien et de rattrapage», nous confie notre source.De leur côté, les enseignants sont moins optimistes. «Entrer en grève n’était pas le premier choix des coordinations des enseignants et des cadres, mais on nous a obligés à en arriver là. Nous avons malheureusement perdu confiance en toute institution, qu’elle soit gouvernementale ou syndicale. Le gouvernement laisse évoluer les choses au point où le retour devient plus difficile ! Certes, les professeurs sont tout à fait capables de rattraper le temps perdu, mais à condition que les décideurs fassent preuve du courage et de la volonté nécessaires pour résoudre le problème dans les plus brefs délais», témoigne Youssef Aouad, enseignant du primaire. Ce dernier rappelle que, pendant la pandémie de la Covid-19, les enseignants s’étaient engagés à donner les leçons à distance avec leurs propres moyens et ont déployé de grands efforts pour garder le contact avec leurs élèves, espérant que le ministère prenne cela en considération et réponde à leurs doléances. «Nous ne pouvons pas répéter les mêmes erreurs. Même si les enseignants attendent impatiemment de revenir à leurs élèves en classe, nous ne pouvons pas acepter de donner des cours à distance ou des cours de soutien hors service, d’autant plus qu’en tant que grévistes, nous ne percevons pas l’intégralité de notre salaire. Nous sommes sincèrement tristes pour les élèves qui se sentent “abandonnés”, mais il s’agit d’un mal nécessaire», développe notre interlocuteur.Des cours de soutien dans le privé en attendant une issue
Même son de cloche auprès de Abdelali Filali Mouhib, enseignant au collège. «Les AREF ont certainement un programme de cours de soutien en tête pour rattraper le retard. Mais il faudra d’abord trouver des solutions radicales aux problèmes des enseignants, sinon cela ne sera pas possible», indique-t-il. «Je suis moi-même père d’un élève qui passe le baccalauréat cette année. Je souffre aussi des répercussions de cette grève sur sa scolarité. Mais ce n’est pas une raison pour faire machine arrière. Je lui paye des cours de soutien privés, malgré moi, en attendant que la situation s’arrange et cela se répercute évidemment sur le budget familial», déplore l’enseignant.Victimes d’un système éducatif qui tente de se rattraper, notamment après les répercussions de la pandémie Covid-19, les élèves se retrouvent donc livrés à eux-mêmes. Les plus consciencieux et avides d’apprentissage tentent de rattraper leur retard, en attendant la fin des grèves. Certains suivent des cours de soutien privés. Ceux qui n’en ont pas les moyens révisent en groupe ou suivent les vidéos de leçons sur Internet et s’organisent pour faire régulièrement des exercices et s’auto-évaluer. D’autres sont complètement démotivés et décident de baisser les bras. «Ma fille passe le Bac cette année, mais cette situation lui a ôté toute motivation. Elle commence à penser que le retard qu’elle a pris ne peut pas être rattrapé et qu’elle va certainement redoubler», se plaint Fatiha, 49 ans.