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Covid-19 : polémique autour des effets indésirables des vaccins de AstraZeneca, ce qu’en pensent les experts

Les vaccins anti-Covid sont à l’origine d’une nouvelle polémique dans le monde. Et pour cause, le géant pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca vient d’admettre, pour la première fois, que son vaccin pouvait provoquer un effet secondaire rare.

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Poursuivi dans le cadre d’une action collective pour des allégations selon lesquelles son vaccin anti-Covid aurait causé la mort et de graves blessures à plusieurs personnes, le laboratoire AstraZeneca a fini par reconnaître qu’un TTS (thrombose avec thrombocytopénie Syndrome) peut être provoqué après l’injection dans de très rares cas, entraînant la formation de caillots sanguins et une faible numération plaquettaire.

Depuis la publication de l’article concernant cette affaire dans le journal britannique «Telegraph», les réseaux sociaux ont été envahis par des réactions alarmées, ravivant ainsi le débat sur la vaccination. En effet, la nouvelle qui a eu l’effet d’une bombe a accentué l’anxiété chez ceux qui étaient sceptiques à l’égard des vaccins anti-Covid. Plusieurs internautes, notamment au Maroc, ont partagé leurs expériences personnelles concernant les effets secondaires des vaccins.



De leur côté, les professionnels de la Santé se veulent rassurants. Ils affirment que les Marocains n’ont pas de raison à craindre d’éventuelles complications de la vaccination dans le contexte actuel. «Le Laboratoire AstraZeneca a été parmi les premiers à fournir des vaccins anti-Covid pour faire face à la pandémie. Après l’administration de ses vaccins, on avait observé dans le monde et surtout en Angleterre, des cas très rares de thromboses et de thrombopénie, surtout chez les jeunes. On a observé aussi un manque d’efficacité chez les personnes vaccinées de plus de 65 ans. À l’époque, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait préconisé de poursuivre la vaccination avec ce vaccin, étant donné que le rapport bénéfice-risque était en faveur de la poursuite de la vaccination par AstraZeneca», déclare au journal «Le Matin» Saïd Moutaouakkil, professeur en réanimation et membre du Comité scientifique et technique contre la Covid-19, qui nous confie que lui-même a reçu deux doses du vaccin d’AstraZeneca, ainsi que son entourage professionnel et sa propre famille, sans pour autant présenter d’effets secondaires notables.

Covid-19 : Le rapport bénéfice-risque toujours en faveur de la vaccination

Notre interlocuteur souligne, par ailleurs, que la vaccination anti-Covid a toujours soulevé beaucoup d’hésitations et d’inquiétudes en raison de l’effet médiatique, en particulier parce que durant la pandémie où le monde entier a essayé de trouver des vaccins efficaces et de manière rapide en brûlant plusieurs étapes. «Tous les vaccins peuvent avoir des effets secondaires qui peuvent être parfois graves. Aujourd’hui, c’est surtout la plainte portée contre AstraZeneca par les familles de malades ayant présenté des effets secondaires graves qui a ravivé la polémique. D’autant que le laboratoire a reconnu récemment officiellement que son vaccin exposait réellement à ces accidents. Mais cela ne veut pas dire que de nouveaux effets secondaires vont à apparaître après tout ce temps», affirme Pr Moutaouakkil. Et d’ajouter que «le recul est nécessaire pour l’évaluation. Passé l’état d’urgence, les études sont en cours pour élaborer d’autres vaccins plus efficaces et ayant le minimum d’effets secondaires. Cette étape sera plus longue, plus coûteuse, dont les résultats ne seront pas toujours probants. Malgré tous ses déboires, les vaccins ont permis d’éviter les formes graves, de réduire de façon drastique la mortalité. Les effets secondaires graves restent malgré tout exceptionnels et le rapport bénéfice-risque était en faveur de la vaccination».

Même son de cloche du côté du Pr Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste en maladies infectieuses. Ce dernier souligne que les vaccins d’AstraZeneca, comme tout autre produit pharmaceutique destiné à la santé humaine, peuvent présenter des effets secondaires mineurs, modérés ou graves, sachant que les effets indésirables graves sont extrêmement rares. «Il faut savoir que la science évolue tous les jours et la pharmacovigilance et la vaccinovigilance qui consiste à surveiller les patients après l’administration de produits pharmaceutiques met parfois des mois voire des années avant l’apparition de certains effets indésirables. Même si plusieurs essais cliniques sont réalisés sur ces produits avant leur mise sur le marché, de nouveaux effets peuvent être détectés, en particulier pour les médicaments et les vaccins anti-Covid pour lesquels la période des essais cliniques était plus courte vu l’urgence de la situation», explique le spécialiste. «J’estime que c’est une bonne chose de connaître les effets indésirables de ces produits à court terme, mais aussi à moyen et long termes. Cela permet de repositionner la prise en charge et les mesures préventives d’une autre manière. Les autorités sanitaires dans tous les pays doivent agir avec transparence et informer les populations des dernières données scientifiques qui apparaissent, tout en faisant attention aux rumeurs et en se basant uniquement sur les informations scientifiques officielles. Les dernières révélations de AstraZeneca concernant leur vaccin contre la Covid-19 traduisent justement l’importance de la transparence pour préserver la santé des gens», appuie-t-il.

La pharmacovigilance doit être accentuée

Pr Heikel appelle aussi les populations à ne pas devenir vaccinosceptiques et rejeter totalement les vaccins dès lors qu’un effet indésirable apparaît. «Notre politique vaccinale ne doit pas être remise en cause, car les vaccins sont très importants dans la prévention de beaucoup de maladies et sauvent de nombreuses vies humaines au quotidien», indique-t-il. Et d’ajouter que «pour éviter un impact important sur la santé humaine, il faut accentuer la pharmacovigilance et la vaccinovigilance. Le Maroc a d’ailleurs fourni énormément d’efforts dans ce sens, y compris en matière de surveillance des médicaments et des vaccins. La future agence nationale du médicament aura un rôle important à jouer au même titre que la Haute Autorité de la santé. Il est également important de continuer à faire des études d’impact et d’efficience que ce soit pour les médicaments ou les vaccins».

Il est à rappeler que selon le ministère de la Santé et de la protection sociale, le nombre de primo vaccinés au Maroc a atteint 24.924.632, celui des personnes ayant reçu deux doses s’élève à 23.426.631, alors que 6.888.772 personnes ont eu trois injections du vaccin et 61.457 ont reçu la quatrième dose. Parmi les vaccins administrés au Maroc, on compte ceux de AstraZeneca, en plus de Pfizer-BioNTech, Sinopharm et Johnson & Johnson. Cependant, les chiffres précis concernant la répartition de chaque vaccin administré au niveau national ne sont pas disponibles. Contacté par «Le Matin» à ce sujet, Dr Mohamed Benazzouz, responsable du Programme national de vaccination, a affirmé que les informations qui ont circulé autour du vaccin AstraZeneca méritent des analyses à plusieurs niveaux et que le ministère ne peut pas se prononcer sur le sujet pour le moment.
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