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Mort d’un bébé dans une crèche de Tanger : le récit d’un drame qui interroge et bouleverse

Une vidéo choquante, tristement virale, montre une fillette de huit ans maltraiter un nourrisson dans une crèche du quartier Bir Chifa, à Tanger. Le bébé, âgé de huit mois et demi, a succombé à ses blessures, provoquant une onde de choc nationale et relançant le débat sur la sécurité et la supervision des structures de la petite enfance.

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Une séquence d’à peine quelques secondes aura suffi pour ébranler tout un pays. À Tanger, une vidéo issue d’une caméra de surveillance montre une fillette de huit ans s’en prenant violemment à un nourrisson dans une crèche du quartier Bir Chifa. On y voit l’enfant soulever le bébé, âgé d’à peine huit mois et demi, avant de le projeter au sol à plusieurs reprises. Des images d’une brutalité insoutenable, dont l’écho a rapidement dépassé les frontières de la ville.

Le drame s’est produit lundi après-midi dans une structure d’accueil qui, selon les premiers éléments de l’enquête, pourrait ne pas disposer d’autorisation légale. La fillette, habitant à proximité, se trouvait dans les locaux de la crèche au moment du drame. Elle aurait tenté de calmer le nourrisson qui pleurait, en le manipulant comme une poupée. Le bébé, grièvement blessé, a été transporté en urgence dans une clinique privée de Tanger, où il a succombé quelques heures plus tard.

Dès la diffusion des images, le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête confiée à la police judiciaire. Les agents ont entendu les parents du nourrisson, le personnel de la crèche ainsi que la famille de la fillette. La propriétaire et une éducatrice ont été placées en garde à vue pour déterminer les responsabilités. Quant à la fillette, elle n’a pas été inquiétée, la loi marocaine ne reconnaissant pas de responsabilité pénale aux enfants de moins de douze ans.

L’affaire a suscité une vive émotion et ouvert un large débat sur la sécurité dans les structures de garde. L’association « Touche Pas à Mon Enfant » a dénoncé une « violation grave des règles élémentaires de protection de l’enfance » et appelé à un contrôle rigoureux des crèches. Sa présidente, Najat Anwar, a rappelé que « les enfants doivent être confiés à des professionnels formés, dans des espaces respectant les normes de sécurité et d’encadrement ».

Sur les réseaux sociaux, la question revient avec insistance. Comment une salle remplie de nourrissons a-t-elle pu être laissée sous la surveillance d’une fillette de huit ans ? Cette interrogation souligne une inquiétude collective sur la manière dont certains lieux d’accueil sont encadrés. Au-delà des agréments administratifs, c’est la qualité même de la prise en charge qui est en cause — sécurité, hygiène, compétence du personnel, mais aussi encadrement humain et psychologique.

Au fil des réactions, la discussion s’est élargie. De nombreux internautes y ont vu le signe d’un malaise plus profond, celui de l’environnement éducatif et émotionnel dans lequel grandissent les enfants d’aujourd’hui. Le geste de cette fillette de huit ans, d’une violence difficile à comprendre, a ravivé les inquiétudes autour d’une génération connectée trop tôt à tout, où les images choquantes, les vidéos violentes et les comportements agressifs circulent sans filtre sur les réseaux sociaux.

À cette surexposition s’ajoutent souvent les tensions à la maison, le manque de communication et l’absence d’un véritable encadrement parental. Dans beaucoup de foyers, les écrans ont remplacé les discussions, et les parents, souvent débordés, pensent que leur rôle se limite à nourrir, habiller et scolariser. En réalité, éduquer un enfant, c’est accompagner son développement émotionnel et comportemental, lui apprendre à comprendre le monde, à aimer, à reconnaître ses émotions et à grandir dans un climat d’écoute, de stabilité et de confiance.
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