À 13 ou 14 ans, ils dorment dehors, errent dans les rues de Marseille, Calais ou Paris, sans papiers, sans famille, et tombent dans les filets d’adultes qui les recrutent pour des activités illégales. Selon le dernier rapport choc d’UNICEF France, 92 % des mineurs exploités à des fins criminelles sont des mineurs non accompagnés, et plus de 80 % sont originaires d’Afrique du Nord, principalement du Maroc et de l’Algérie. Une fois en France, ces jeunes, souvent livrés à eux-mêmes, sont enrôlés pour vendre de la drogue, voler dans les transports, ouvrir des camions à la frontière ou participer à des réseaux de prostitution. "Parmi les mineurs victimes d’exploitation criminelle aujourd’hui identifiés par les associations, 92 % seraient des mineurs non accompagnés (MNA)10 et seraient majoritairement originaires du continent africain (81 %) – et plus particulièrement d’Algérie et du Maroc – et d’Europe (19 %), notamment Europe de l’Est et du Sud (principalement Roumanie et Bosnie-Herzégovine). Aussi, la majorité des personnes victimes serait des garçons ou de jeunes hommes (89 %)", indique l'organisation citant la Miprof (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains).
En 2023, une victime de traite sur cinq recensée en France était un enfant. Pourtant, ces jeunes ne sont presque jamais identifiés comme des victimes. Le rapport souligne une faille majeure : l’absence d’un mécanisme national d’identification, un manque de formation des juges, des policiers et des éducateurs, et une réponse politique centrée sur la répression. Résultat : ces enfants sont poursuivis, incarcérés, expulsés ou relâchés sans accompagnement, alors même qu’ils agissaient sous emprise. Dans certaines affaires documentées à Marseille, des mineurs marocains, forcés de vendre de la drogue, ont été séquestrés, battus et violés lorsqu’ils tentaient de s’échapper. L’un d’eux, âgé de 15 ans, avait glissé un mot au client d’un réseau : « SVP, on est séquestrés, ils nous tabassent avec des barres...»
Le phénomène est difficile à quantifier avec précision, mais les associations spécialisées tirent la sonnette d’alarme. En 2022, la France comptait 4.160 victimes de traite identifiées, dont 12 % étaient mineures. Parmi les enfants exploités pour commettre des infractions, plus de deux tiers avaient moins de 18 ans, et la majorité étaient des garçons. Les exploiteurs profitent de leur isolement, leur précarité et l’absence de structures d’accueil pour les contraindre à travailler. Certains enfants sont endettés avant même d’avoir posé le pied sur le sol français : pour avoir un toit ou une place dans un squat, ils doivent « rembourser » leurs recruteurs en commettant des délits.
Le rapport insiste également sur la sophistication croissante des méthodes de recrutement. Les trafiquants recrutent désormais en ligne, en utilisant les réseaux sociaux pour séduire les jeunes avec des promesses d’argent facile, illustrées par des vidéos ostentatoires de billets, bijoux ou vêtements de luxe. En parallèle, les enfants sont parfois rendus dépendants à des substances comme le Rivotril, utilisé pour les désinhiber, ou victimes d’un chantage affectif ou matériel qui les enferme dans le cycle de l’exploitation.
Le plus alarmant reste la réponse des autorités françaises. Dans plusieurs dossiers judiciaires, les enfants marocains arrêtés en flagrant délit ne sont pas protégés, mais jugés comme des délinquants. Certains sont même utilisés comme témoins contre leurs exploiteurs, sans bénéficier de protection. À Mayotte, des mineurs qui conduisent des bateaux pour le compte de passeurs sont poursuivis comme co-auteurs, sans reconnaissance de leur statut de victime. Le traitement judiciaire les renvoie dans la rue, sans hébergement, sans statut, et souvent sans espoir.
Face à cette situation, UNICEF France appelle à une refonte complète du système. Le rapport recommande d’interdire les poursuites contre les mineurs victimes de traite, de garantir leur droit au séjour, de créer un dispositif d’identification rapide et de former tous les acteurs au repérage de l’exploitation. L’organisation insiste sur l’urgence de considérer ces enfants non pas comme des « petites mains du crime », mais comme les premières victimes d’un système qui les broie.
En 2023, une victime de traite sur cinq recensée en France était un enfant. Pourtant, ces jeunes ne sont presque jamais identifiés comme des victimes. Le rapport souligne une faille majeure : l’absence d’un mécanisme national d’identification, un manque de formation des juges, des policiers et des éducateurs, et une réponse politique centrée sur la répression. Résultat : ces enfants sont poursuivis, incarcérés, expulsés ou relâchés sans accompagnement, alors même qu’ils agissaient sous emprise. Dans certaines affaires documentées à Marseille, des mineurs marocains, forcés de vendre de la drogue, ont été séquestrés, battus et violés lorsqu’ils tentaient de s’échapper. L’un d’eux, âgé de 15 ans, avait glissé un mot au client d’un réseau : « SVP, on est séquestrés, ils nous tabassent avec des barres...»
Le phénomène est difficile à quantifier avec précision, mais les associations spécialisées tirent la sonnette d’alarme. En 2022, la France comptait 4.160 victimes de traite identifiées, dont 12 % étaient mineures. Parmi les enfants exploités pour commettre des infractions, plus de deux tiers avaient moins de 18 ans, et la majorité étaient des garçons. Les exploiteurs profitent de leur isolement, leur précarité et l’absence de structures d’accueil pour les contraindre à travailler. Certains enfants sont endettés avant même d’avoir posé le pied sur le sol français : pour avoir un toit ou une place dans un squat, ils doivent « rembourser » leurs recruteurs en commettant des délits.
Le rapport insiste également sur la sophistication croissante des méthodes de recrutement. Les trafiquants recrutent désormais en ligne, en utilisant les réseaux sociaux pour séduire les jeunes avec des promesses d’argent facile, illustrées par des vidéos ostentatoires de billets, bijoux ou vêtements de luxe. En parallèle, les enfants sont parfois rendus dépendants à des substances comme le Rivotril, utilisé pour les désinhiber, ou victimes d’un chantage affectif ou matériel qui les enferme dans le cycle de l’exploitation.
Le plus alarmant reste la réponse des autorités françaises. Dans plusieurs dossiers judiciaires, les enfants marocains arrêtés en flagrant délit ne sont pas protégés, mais jugés comme des délinquants. Certains sont même utilisés comme témoins contre leurs exploiteurs, sans bénéficier de protection. À Mayotte, des mineurs qui conduisent des bateaux pour le compte de passeurs sont poursuivis comme co-auteurs, sans reconnaissance de leur statut de victime. Le traitement judiciaire les renvoie dans la rue, sans hébergement, sans statut, et souvent sans espoir.
Face à cette situation, UNICEF France appelle à une refonte complète du système. Le rapport recommande d’interdire les poursuites contre les mineurs victimes de traite, de garantir leur droit au séjour, de créer un dispositif d’identification rapide et de former tous les acteurs au repérage de l’exploitation. L’organisation insiste sur l’urgence de considérer ces enfants non pas comme des « petites mains du crime », mais comme les premières victimes d’un système qui les broie.
