«La représentation du handicap dans les contenus médiatiques». C’est le thème d’une conférence-débat organisée, jeudi à Casablanca, par le Comité Parité et Diversité de 2M. Cette rencontre a été l’occasion d’analyser la situation actuelle, de comprendre les mécanismes qui influencent la perception sociale du handicap, et d’identifier les voies pour une représentation plus juste, authentique et inclusive des personnes en situation de handicap (PSH) dans les médias.
«Dans un contexte où les médias jouent un rôle crucial dans la construction des représentations sociales, il est impératif d’examiner de manière critique comment le handicap est abordé, représenté et perçu dans les médias d’aujourd’hui. Nous avons besoin d’explorer les différentes dimensions de la représentation du handicap dans les médias, de mettre en lumière les défis rencontrés et les bonnes pratiques à promouvoir», ont souligné les participants à cette conférence. Et d’ajouter que «trop souvent, les représentations du handicap dans les médias sont stéréotypées, simplistes, voire sensationnalistes, présentant les personnes en situation de handicap (PSH) comme des “victimes”, des “pauvres”, des “indigents” ou des “héros”, portant atteinte à la perception juste et respectueuse de ces personnes et contribuant à leur stigmatisation et exclusion de la société».
Dans son intervention, Abderrahmane El Moudni, activiste associatif dans le domaine des droits des PSH et le développement inclusif, a indiqué que «la présence des PSH dans les médias au Maroc est encore presque inexistante. Toutefois, cette année, nous avons pu voir, durant le Ramadan, une PSH, l’acteur Zizou, dans un vrai rôle dans la série télévisée “Bnat Lahdid”». Idir Ouguindi, acteur associatif et militant en faveur des droits des PSH, a de son côté relevé qu’une famille sur 4 est concernée par le handicap au Maroc et a appelé les médias «à éviter une image extraordinaire ou misérabiliste des PSH dans leurs contenus, mais à présenter ces personnes en tant que citoyens à part entière».
Pour sa part, Selma Benhamza, directrice du pôle Autonomie au sein de l’Amicale des handicapés, a déclaré que la représentation médiatique du handicap affecte les PSH, mais aussi la société entière. «Nous sommes souvent confrontés à des PSH qui s’identifient au stéréotype de la victime et viennent nous voir pour de l’assistanat, même lorsque nous avons une proposition d’emploi pour elles, de même qu’à des entreprises qui, à cause des stéréotypes, refusent de recruter des PSH», a-t-elle confié.
Intervenant sur les défis auxquels sont confrontées les PSH dans l’accès aux médias et leur intégration dans les contenus médiatiques, Bouchra Amraoui, chef de la division «Protection des droits des PSH et lutte contre les discriminations au CNDH» (Conseil national des droits de l’Homme), a souligné que «les PSH sont des citoyens marocains à part entière avec des droits et des obligations. Toutefois, le problème se situe au niveau de l’effectivité des lois visant leur inclusion dans la société».
Quelle est votre évaluation de la représentation actuelle du handicap dans les médias au Maroc ?
Idir Ouguindi: On peut dire que la représentation des personnes en situation de handicap dans les médias au Maroc oscille entre ombre et lumière. Cependant, des avancées significatives restent à accomplir dans ce domaine. L’un des défis à relever réside dans le manque de compréhension et de sensibilisation des professionnels de la communication et des médias quant au langage approprié à utiliser lorsqu’ils abordent le sujet des PSH. Il faut absolument dépasser la perception caritative souvent associée à cette thématique et mettre plutôt en lumière les réalisations remarquables des personnes en situation de handicap. On doit arrêter de les prendre uniquement pour des personnes vulnérables. Ce sont des personnes à part entière qui ont le droit d’être représentées de manière authentique et fidèle à leur réalité.
Quels sont les avantages d’une représentation positive et diversifiée du handicap dans les médias pour la société dans son ensemble ?
Une représentation valorisante et diversifiée du handicap dans les médias contribuera à briser la stigmatisation et les stéréotypes associés aux PSH, tout en favorisant une meilleure compréhension de ces personnes au sein de la société marocaine. Ainsi, les PSH pourront vivre pleinement et dignement leur citoyenneté, jouir de leurs droits et s’acquitter de leurs obligations.
Comment les médias pourraient-ils mieux collaborer avec les personnes handicapées et leurs organisations pour garantir une représentation plus juste et équilibrée ?
On peut dire que c’est une responsabilité partagée entre les médias, les ONG, mais également tous les autres acteurs qui œuvrent dans ce domaine. Les professionnels de la communication et des médias peuvent par exemple participer plus souvent aux activités et initiatives organisées par les associations, en incluant non seulement les événements festifs, mais aussi les actions quotidiennes qui permettent une meilleure compréhension de la réalité des PSH. Ceci nous aidera à mieux appréhender les contraintes et les obstacles qui entravent une représentation réelle du handicap dans les médias, nous permettant ainsi d’y apporter les solutions adéquates. C’est de cette façon que nous allons participer tous ensemble à fonder une véritable société inclusive.
Quelles sont les mesures que le gouvernement pourraient prendre pour promouvoir une meilleure représentation du handicap dans les médias ?
Au niveau des textes juridiques, je pense que le Maroc est bien avancé, à commencer par la Constitution qui bannit toutes formes de discrimination, en plus de la loi n°10-03 relative aux accessibilités et la loi n°97-13 relative à la protection et la promotion des droits des personnes en situation de handicap, sans oublier les conventions internationales signées par le Royaume.
Désormais, le gouvernement doit s’atteler à assurer que ces textes se traduisent concrètement par des résultats et qu’il y ait un impact positif sur les PSH et aussi leur image dans les médias.
Nous espérons aussi que la Haute Autorité de la communication audiovisuelle joue pleinement son rôle de supervision pour défendre les droits des PSH, tout comme elle le fait pour les femmes.
Une initiative pourrait consister à mettre en place un observatoire chargé de surveiller tous les messages en rapport avec ces personnes diffusés dans les médias audiovisuels.
«Dans un contexte où les médias jouent un rôle crucial dans la construction des représentations sociales, il est impératif d’examiner de manière critique comment le handicap est abordé, représenté et perçu dans les médias d’aujourd’hui. Nous avons besoin d’explorer les différentes dimensions de la représentation du handicap dans les médias, de mettre en lumière les défis rencontrés et les bonnes pratiques à promouvoir», ont souligné les participants à cette conférence. Et d’ajouter que «trop souvent, les représentations du handicap dans les médias sont stéréotypées, simplistes, voire sensationnalistes, présentant les personnes en situation de handicap (PSH) comme des “victimes”, des “pauvres”, des “indigents” ou des “héros”, portant atteinte à la perception juste et respectueuse de ces personnes et contribuant à leur stigmatisation et exclusion de la société».
Dans son intervention, Abderrahmane El Moudni, activiste associatif dans le domaine des droits des PSH et le développement inclusif, a indiqué que «la présence des PSH dans les médias au Maroc est encore presque inexistante. Toutefois, cette année, nous avons pu voir, durant le Ramadan, une PSH, l’acteur Zizou, dans un vrai rôle dans la série télévisée “Bnat Lahdid”». Idir Ouguindi, acteur associatif et militant en faveur des droits des PSH, a de son côté relevé qu’une famille sur 4 est concernée par le handicap au Maroc et a appelé les médias «à éviter une image extraordinaire ou misérabiliste des PSH dans leurs contenus, mais à présenter ces personnes en tant que citoyens à part entière».
Pour sa part, Selma Benhamza, directrice du pôle Autonomie au sein de l’Amicale des handicapés, a déclaré que la représentation médiatique du handicap affecte les PSH, mais aussi la société entière. «Nous sommes souvent confrontés à des PSH qui s’identifient au stéréotype de la victime et viennent nous voir pour de l’assistanat, même lorsque nous avons une proposition d’emploi pour elles, de même qu’à des entreprises qui, à cause des stéréotypes, refusent de recruter des PSH», a-t-elle confié.
Intervenant sur les défis auxquels sont confrontées les PSH dans l’accès aux médias et leur intégration dans les contenus médiatiques, Bouchra Amraoui, chef de la division «Protection des droits des PSH et lutte contre les discriminations au CNDH» (Conseil national des droits de l’Homme), a souligné que «les PSH sont des citoyens marocains à part entière avec des droits et des obligations. Toutefois, le problème se situe au niveau de l’effectivité des lois visant leur inclusion dans la société».
Idir Ouguindi, acteur associatif pour les droits des PSH : Il faut absolument dépasser la perception caritative souvent associée aux PSH dans les médias
Quelle est votre évaluation de la représentation actuelle du handicap dans les médias au Maroc ?
Idir Ouguindi: On peut dire que la représentation des personnes en situation de handicap dans les médias au Maroc oscille entre ombre et lumière. Cependant, des avancées significatives restent à accomplir dans ce domaine. L’un des défis à relever réside dans le manque de compréhension et de sensibilisation des professionnels de la communication et des médias quant au langage approprié à utiliser lorsqu’ils abordent le sujet des PSH. Il faut absolument dépasser la perception caritative souvent associée à cette thématique et mettre plutôt en lumière les réalisations remarquables des personnes en situation de handicap. On doit arrêter de les prendre uniquement pour des personnes vulnérables. Ce sont des personnes à part entière qui ont le droit d’être représentées de manière authentique et fidèle à leur réalité.
Quels sont les avantages d’une représentation positive et diversifiée du handicap dans les médias pour la société dans son ensemble ?
Une représentation valorisante et diversifiée du handicap dans les médias contribuera à briser la stigmatisation et les stéréotypes associés aux PSH, tout en favorisant une meilleure compréhension de ces personnes au sein de la société marocaine. Ainsi, les PSH pourront vivre pleinement et dignement leur citoyenneté, jouir de leurs droits et s’acquitter de leurs obligations.
Comment les médias pourraient-ils mieux collaborer avec les personnes handicapées et leurs organisations pour garantir une représentation plus juste et équilibrée ?
On peut dire que c’est une responsabilité partagée entre les médias, les ONG, mais également tous les autres acteurs qui œuvrent dans ce domaine. Les professionnels de la communication et des médias peuvent par exemple participer plus souvent aux activités et initiatives organisées par les associations, en incluant non seulement les événements festifs, mais aussi les actions quotidiennes qui permettent une meilleure compréhension de la réalité des PSH. Ceci nous aidera à mieux appréhender les contraintes et les obstacles qui entravent une représentation réelle du handicap dans les médias, nous permettant ainsi d’y apporter les solutions adéquates. C’est de cette façon que nous allons participer tous ensemble à fonder une véritable société inclusive.
Quelles sont les mesures que le gouvernement pourraient prendre pour promouvoir une meilleure représentation du handicap dans les médias ?
Au niveau des textes juridiques, je pense que le Maroc est bien avancé, à commencer par la Constitution qui bannit toutes formes de discrimination, en plus de la loi n°10-03 relative aux accessibilités et la loi n°97-13 relative à la protection et la promotion des droits des personnes en situation de handicap, sans oublier les conventions internationales signées par le Royaume.
Désormais, le gouvernement doit s’atteler à assurer que ces textes se traduisent concrètement par des résultats et qu’il y ait un impact positif sur les PSH et aussi leur image dans les médias.
Nous espérons aussi que la Haute Autorité de la communication audiovisuelle joue pleinement son rôle de supervision pour défendre les droits des PSH, tout comme elle le fait pour les femmes.
Une initiative pourrait consister à mettre en place un observatoire chargé de surveiller tous les messages en rapport avec ces personnes diffusés dans les médias audiovisuels.