Au Maroc, la maladie cœliaque, bien que touchant environ 1% de la population, demeure largement méconnue et sous-diagnostiquée. Cette pathologie auto-immune, déclenchée par l'ingestion de gluten, entraîne des complications graves si elle n'est pas traitée correctement. Or, l'absence de reconnaissance officielle de cette affection en tant que maladie lourde prive les patients d'une couverture médicale adaptée. Lors d'une conférence organisée par le Forum Parité et Égalité, Maria Chentouf, docteure en pharmacie et présidente de l'Association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG), a mis en lumière les nombreux défis auxquels sont confrontés les malades cœliaques, appelant les autorités sanitaires à réagir. De son côté, Mohammed Ouhssine, professeur universitaire, spécialiste en microbiologie, alimentation, industrie agroalimentaire et médecine alternative, a souligné la nécessité d’une alimentation adaptée pour préserver la santé des patients.
Une maladie sous-diagnostiquée
Malgré son impact potentiel sur la santé publique, la maladie cœliaque reste largement sous-diagnostiquée au Maroc. Des observateurs évoquent que seuls 10 à 20% des cas seraient identifiés, laissant une majorité de patients dans l'ignorance de leur condition. À noter toutefois que cette estimation n’est pas confirmée par les autorités publiques. Quoi qu’il en soit, beaucoup de malades ignorent leur état, s’exposant ainsi à des complications graves en l'absence d’une prise en charge adéquate. Ces complications peuvent aller de troubles neurologiques aux maladies auto-immunes associées en passant par un risque accru de certains cancers.
Une couverture médicale défaillante
L'un des points les plus critiques soulevés par Maria Chentouf, elle-même intolérante au gluten, concerne l'absence de la maladie cœliaque sur la liste des affections lourdes et coûteuses bénéficiant d'une couverture médicale appropriée. Les patients doivent ainsi assumer seuls le coût des produits sans gluten, indispensables à leur bien-être. Pour illustrer ses propos, elle rappelle que le prix d’un kilogramme de farine traditionnelle avoisine les 6 dirhams alors celui d’un kilogramme de farine sans gluten atteint 90 dirhams. Cette différence de coût rend le régime sans gluten particulièrement onéreux pour les malades marocains, regrette-t-elle. À titre de comparaison, en France, les patients cœliaques peuvent bénéficier d'un remboursement partiel des produits sans gluten. L'Espagne propose, également, des dispositifs similaires pour alléger la charge financière des malades, souligne Maria Chentouf, plaidant pour accompagnement et une prise en charge similaires au Maroc.
Une sensibilisation et un diagnostic à renforcer
Par ailleurs, Maria Chentouf insiste sur l’importance d'une sensibilisation accrue du public et des professionnels de santé afin d'améliorer le dépistage de la maladie cœliaque. Actuellement, l'absence de données précises sur cette affection au Maroc constitue un frein à l'élaboration de stratégies de prise en charge efficaces. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 5% des habitants de Dakhla pourraient être atteints de cette maladie (selon une étude menée dans les provinces du Sud évoquée par l’intervenante), un chiffre qui souligne l'ampleur du problème et la nécessité d'une meilleure collecte de données épidémiologiques.
10% de la population mondiale seraient concernés
Lors de cette même conférence, le professeur Mohammed Ouhssine a rappelé l'importance d'un régime sans gluten pour le bien-être des personnes concernées. Selon lui, 10% de la population mondiale seraient allergiques au gluten, ce qui renforce l'urgente nécessité d'une reconnaissance de cette problématique dans les politiques de santé publique marocaines.
Le professeur Ouhssine a également mis en exergue l'importance du jeûne comme étape cruciale pour nettoyer le corps en vue de le soigner. Selon lui, cette pratique permettrait d'éliminer certaines toxines et de favoriser une meilleure régénération des cellules intestinales affectées par l'intolérance au gluten. Une telle démarche permettrait non seulement d'améliorer la qualité de vie des personnes concernées, mais aussi de réduire les risques de complications graves associées à cette maladie encore trop souvent ignorée, a-t-il conclu.
Le professeur Ouhssine a également mis en exergue l'importance du jeûne comme étape cruciale pour nettoyer le corps en vue de le soigner. Selon lui, cette pratique permettrait d'éliminer certaines toxines et de favoriser une meilleure régénération des cellules intestinales affectées par l'intolérance au gluten. Une telle démarche permettrait non seulement d'améliorer la qualité de vie des personnes concernées, mais aussi de réduire les risques de complications graves associées à cette maladie encore trop souvent ignorée, a-t-il conclu.
