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La vision du groupe Akdital pour améliorer l'accès aux soins au Maroc (entretien)

Le Groupe Akdital a inauguré le 7 octobre dernier une Clinique internationale à Errachidia, portant ainsi à 28 le nombre de ses établissements de soins opérationnels sur l’ensemble du territoire. Et le Groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il envisage de maintenir le même rythme d’ouverture de ses cliniques – à raison de deux structures par mois – jusqu’à fin 2024. Mais le renforcement de l’offre n’est pas l’unique enjeu. La qualité a toute sa place dans la stratégie du Groupe. Le point avec son PDG, Rochdi Talib.

Rochdi Talib, président-directeur général d’Akdital.
Rochdi Talib, président-directeur général d’Akdital.
Le Matin : On vient d’assister à l'ouverture d'une nouvelle clinique du Groupe à Errachidia. À combien s'élève à présent le nombre de structures déjà opérationnelles sur l'ensemble du territoire marocain ?

Rochdi Talib :
Aujourd'hui, Akdital compte 28 établissements en fonctionnement à travers le Maroc. Nous venons d'obtenir l'autorisation du ministère de la Santé pour ouvrir un nouveau centre à Taroudant. Notre rythme d'ouverture est soutenu, avec un nouvel établissement toutes les deux semaines, et nous prévoyons de continuer ainsi jusqu'à la fin de l'année. Prochainement, un établissement ouvrira à Benguérir vers la mi-octobre, suivi d'un centre à Dakhla prévu pour le 6 novembre, en lien avec la célébration de la Marche Verte. À Kénitra, nous allons également construire un grand hôpital qui comprendra une unité multiservices et une unité d'oncologie. Le dernier établissement à ouvrir sera à Meknès, à la fin novembre. D'autres projets sont en cours : un hôpital à Rabat, qui devrait ouvrir fin mars, ainsi que des établissements à Nador et Guelmim entre mars et mai. Un grand complexe hospitalier à Oujda, avec plus de 200 lits, est également dans nos plans. Par la suite, nous prévoyons l’ouverture de l’hôpital Ghandi (Casablanca) et un centre à Inezgane, sans oublier l'extension de notre site à Marrakech, récemment ouvert.



Qu’est-ce qui fait la particularité des cliniques Akdital par rapport aux autres structures déjà en place ?

Nous cherchons à nous démarquer par la qualité exceptionnelle des soins que nous offrons, soutenue par un plateau technique avancé. À Errachidia, nous ouvrons le premier centre d’oncologie de la région, ce qui est essentiel, car les patients devaient auparavant parcourir jusqu'à cinq heures de route pour accéder à des soins contre le cancer. Pour un malade, faire ce trajet est inacceptable, surtout lorsque le traitement peut s’étendre sur plusieurs semaines dans une ville comme Fès. Cela rend les soins inaccessibles pour ceux qui en ont le plus besoin. De plus, en cas d’urgence, cette distance constitue la différence entre la vie et la mort. Cela dit, je rappelle que notre nouvel établissement d’Errachidia comprend également un centre de réanimation qui répond aux normes les plus élevées, ce qui représente un véritable atout pour la région. Contrairement aux anciennes cliniques, nous sommes maintenant en mesure de proposer des interventions chirurgicales cardiaques, de la neurochirurgie et des traitements contre le cancer directement sur place. Pour garantir des soins de qualité, nous avons constitué des équipes médicales de haut niveau, incluant des oncologues et des cardiologues interventionnels. Notre engagement envers l’excellence médicale est renforcé par des infrastructures à la pointe de la technologie et des médecins compétents.

L’investissement dans le secteur de la santé est extrêmement capitalistique. De plus, il faut concilier qualité et accessibilité pour répondre aux attentes. Comment parvenir dans ce cas à rentabiliser les investissements consentis ?

Nous nous positionnons stratégiquement dans des zones où l’offre de soins est inexistante. Il est donc naturel que notre modèle économique soit rentable, car nous sommes les premiers et les seuls à proposer des traitements pour le cancer, ainsi que des soins pour les maladies cardiovasculaires et la réanimation lourde. Cette rentabilité n’est pas comparable à celle de certains autres secteurs, elle correspond simplement à nos objectifs réalistes et à nos attentes. Nous sommes en pleine transformation, et nous partageons régulièrement des communiqués de presse sur notre situation financière. La transparence est au cœur de notre démarche. Nous n'avons rien à cacher et nous sommes toujours disposés à discuter de notre état financier.

On voit bien que vos cliniques sont implantées dans toutes les régions du Maroc, même dans les villes reculées, boudées en général par les autres investisseurs. Qu’est-ce qui explique ce choix ?

Avant d'être dirigeant d'une grande entreprise, je suis d'abord médecin, et cette identité guide ma stratégie, ma vision et mes décisions. Ma passion pour la santé humaine est profondément ancrée en moi. Je suis déterminé à servir notre pays et mes concitoyens, peu importe leur situation géographique, en œuvrant à favoriser un accès équitable à des soins de haute qualité, que ce soit à Casablanca, à Errachidia ou ailleurs. Il est inacceptable que des individus soient mal soignés en raison de leur lieu de résidence, surtout dans des régions reculées. En termes de plateau technique, je m'assure qu'il soit à la hauteur des meilleurs établissements de Rabat, Tanger ou Casablanca. Je vous défie de trouver des différences significatives. Chaque patient mérite le même niveau de soins, indépendamment de son lieu de vie.

Parmi les grands défis posés au secteur de la santé au Maroc, la rareté des ressources humaines (médecins et infirmiers notamment). Comment comptez-vous vous y prendre pour surmonter cet obstacle qui risque d’entraver l’expansion de votre réseau ?

Nous sommes pleinement conscients des enjeux actuels, et c'est pourquoi nous avons agi proactivement. Notre vision et notre stratégie sont claires. Nous organisons régulièrement des forums, notamment en France, pour convaincre les professionnels de santé marocains, maghrébins et d'Afrique subsaharienne établis là-bas de travailler avec nous. En tant que président de ce Groupe, je prends le temps de les rassurer individuellement. Je leur explique que le Maroc est en pleine transformation positive et que notre groupe dispose de plateaux techniques de très haute qualité. Grâce à ces efforts, nous avons réussi à attirer de nombreux professionnels, y compris des chirurgiens de diverses spécialités. De plus, nous avons convaincu des médecins formés au Maroc et exerçant à l'étranger de revenir au pays. Nous mettons en place diverses mesures pour fidéliser ces talents, comme des avantages en matière de logement et de transport, afin de rendre leur retour aussi attractif que possible.

Le problème de la formation des médecins fait l’actualité et demeure un grand défi. Est-il envisageable que les structures du Groupe contribuent aux efforts du gouvernement dans ce sens, et comment ?

Je tiens à affirmer avec conviction que l'ensemble de nos établissements est ouvert à l'État pour servir de terrain de stage. C'est un véritable honneur de pouvoir contribuer à la formation des futurs professionnels de santé. Notre équipe est principalement composée d'anciens universitaires ayant une expérience solide, et nous sommes prêts à partager cette expertise pour enrichir l'apprentissage des étudiants.

Le groupe Akdital a pour ambition de soutenir la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et de contribuer à l’amélioration de l’accès aux soins de qualité pour les patients. Concrètement, comment peut-il contribuer à l’aboutissement de ce chantier stratégique ?

C'est un chantier crucial pour notre nation. Une population bien soignée est une population productive et épanouie. Nous avons tous un rôle à jouer dans cet effort, que ce soit en tant que médecins, ou comme membres du corps médical ou paramédical. Il est essentiel que chacun s'engage activement dans ce projet de grande importance. En nous établissant dans des villes reculées comme Errachidia, Taroudant ou Guelmim, nous contribuons pleinement à cette mission. Aujourd'hui, la plupart des gens bénéficient d'une assurance maladie, mais nous prenons également en charge ceux qui n’ont pas les moyens d’en avoir. Grâce à notre Fondation, nous soutenons ceux qui luttent pour payer le ticket modérateur, afin de garantir un accès aux soins pour tous. Il est crucial de souligner que le coût du ticket modérateur peut représenter un véritable obstacle, et j'espère que le gouvernement envisagera de le réduire, voire de le supprimer pour les populations les plus vulnérables. Actuellement, les patients doivent souvent assumer une part significative des frais médicaux, ce qui peut être lourd à porter. J’appelle donc les décideurs, y compris le ministre de la Santé et les responsables de l'ANAM (Agence nationale de l'assurance maladie), à reconsidérer cette situation pour alléger le fardeau qui pèse sur ceux qui ont des difficultés financières.

Le Maroc s’apprête à abriter de grands événements mondiaux (Coupe d’Afrique, Coupe du monde...). Comment votre Groupe peut-il contribuer à la réussite de ces challenges que compte relever notre pays ?

Je parle souvent d'un Maroc avant et après 2030. Ce qui se passe actuellement avec l'accueil de grands événements, comme la Coupe d'Afrique et la Coupe du monde, représente une étape cruciale dans cette transformation. Je crois fermement que cela va booster notre pays, notamment sur les plans social, économique et politique. Tout le monde doit s'y engager pleinement. En ce sens, notre groupe est prêt à contribuer activement à ces événements historiques. Nous avons des établissements de santé à la pointe de la technologie, et nous avons tout intérêt à offrir des soins de qualité, non seulement aux athlètes, mais aussi à tous nos visiteurs. Il est primordial que chacun, quel que soit l'endroit où il se trouve, ait accès à des soins de qualité, que ce soit à Casablanca ou dans les régions enclavées. C’est pourquoi nous avons également mis en place des mécanismes pour prendre en charge les personnes qui n'ont pas les moyens, afin que tout le monde puisse profiter de ces événements en toute sérénité. Je suis convaincu que, grâce à une collaboration étroite entre le secteur privé et le secteur public, nous serons en mesure d'offrir une expérience mémorable à tous. Je tiens à souligner l'importance d'une complémentarité entre les différents acteurs de la santé pour garantir que nous prodiguions des soins de qualité. Je souhaite à notre pays toute la réussite dans l'organisation de ces événements, qui marqueront un tournant important dans notre histoire.
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