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Chauffage : le risque d’intoxication au monoxyde de carbone augmente en hiver

L'arrivée de la saison froide augmente les risques d'intoxication au monoxyde de carbone. Selon le Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), ce gaz inodore et invisible représente 90,54% des intoxications par gaz, en particulier en hiver, à cause de l'utilisation fréquentes des appareils de chauffage.

Avec la baisse des températures en hiver, de nombreuses personnes recourent toujours aux systèmes de chauffage à gaz, ce qui augmente le risque d’intoxication au monoxyde. D’après le Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), ce type d’intoxications qui se produit essentiellement en hiver, représente 90,54% des intoxications par gaz. «Les données épidémiologiques relatives à l’intoxication au monoxyde de carbone éditées récemment par le CAPM à travers sa dernière revue "toxicologie Maroc", révèle qu’au titre de l’année 2022, 335 cas d’intoxications par le monoxyde de carbone ont été recensés. Les régions les plus touchées sont respectivement la région de Tanger Tétouan Al Hoceima avec 161 cas (43,51%), suivie de la région de Beni Mellal-Khénifra avec 82 cas (22,16%) et la région de l’Oriental avec 41 cas (11,08%)», déclare au «Matin» Dr Houda Mokhtar, médecin au CAPM.

>>Lire aussi : Recours à la pharmacopée traditionnelle : 4% des intoxications finissent en décès

La spécialiste explique que le monoxyde de carbone résulte de la combustion incomplète de matière organique à savoir : le gaz butane, charbon, essence, mazout, bois de chauffage. «Cette combustion incomplète se produit plus souvent en hiver à cause de la mauvaise aération des locaux où sont installés les appareils à combustion tel que les appareils de chauffage, mais aussi à cause de l’utilisation des appareils de chauffage et chauffe-eau ne répondant pas aux normes de sécurité. L’absence ou l’obstruction des canaux d’évacuation des gaz brulées et l’utilisation des braseros dans un espace clos augmente aussi les risque d’intoxication au monoxyde de carbone durant cette période», développe Dr Mokhtar. L’experte souligne également que la gravité d’une intoxication au monoxyde de carbone varie en fonction de la quantité du toxique accumulée dans l’organisme par inhalation ainsi que de l’état physiologique et de santé de la personne qui y est exposée. «Certains groupes sont plus vulnérables tels que les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes et leurs fœtus, ainsi que les personnes âgées, le pronostic vital est engagé chez les personnes atteintes de maladies chroniques cardiovasculaires et respiratoires, chez les asthmatiques ou personnes présentant un terrain allergique, sans oublier les fumeurs et les personnes habitant en haute altitude ainsi que les personnes présentant une anémie», indique-t-elle. Et d’ajouter qu’«une personne intoxiquée présente en premier des maux de tête frontaux typiques du monoxyde de carbone avec des nausées, des vomissements, une sensation de fatigue intense, des vertiges, vision floue et une augmentation des battements du cœur et du rythme respiratoire. Par la suite apparaissent des spasmes musculaires au niveau du corps avec des douleurs abdominales. À ce stade, la personne peut faire une crise d’épilepsie avec paralysie des muscles du corps, l’empêchant de bouger et lui rendant impossible toute demande d’aide. Enfin la personne victime d’intoxication au monoxyde de carbone perd connaissance et peut décéder en quelques minutes».

Notre interlocutrice insiste sur la nécessité d’une intervention urgente en cas d’apparition de ces symptômes. «L’intervention urgente et rapide de son entourage peut lui sauver la vie. Il faut tout d’abord ouvrir les portes et les fenêtres pour aérer l’espace de l’accident, arrêter la source d’émission de gaz toxique et aider la personne intoxiquée, si elle est consciente, à quitter les lieux vers un endroit où il y a de l’air libre. Si la personne a perdu connaissance, elle sera tirée ou transportée vers l’extérieur et placée dans une position qui l’aide à respirer», explique Dr Mokhtar. «Il faut également évacuer toutes les personnes présentes dans le lieu de l’accident à un endroit aéré et bien ventilé, même si elles ne présentent aucun symptôme.

Après le retrait de la source d’intoxication vers l’extérieur et la fermeture de la source de combustion, il faut veillez à bien aérer les lieux pendant des heures, sans oublier d’appeler une ambulance et transportez les victimes d’intoxication à l’hôpital ou unité sanitaire la plus proche et pour lui administrer l’oxygène et consulter un médecin».

Et pour éviter ce genre d’accident, la spécialiste recommande de faire l’inventaire de tous les appareils domestiques qui fonctionnent sur le principe de la combustion (chauffe-eau, cuisinière, chauffage à gaz, poêle à bois, voitures...) et respecter les deux principes de l’usage sain de ces appareils : assurer une bonne ventilation des lieux où ils sont installées et respecter les normes de sécurité.

Dans ce sens, le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique a édité à travers son portail les textes réglementaires définissant les spécifications marocaines d’application obligatoire liées aux chauffe-eau et aux appareils de chauffage au gaz, et qui résument les normes d’acquisition, d’installation et de fonctionnement de ces appareils en toute sécurité, en plus des normes dédiées aux installateurs responsables de l’installation et la maintenance de ces appareils.

Les bons gestes pour éviter les intoxications au monoxyde de carbone

- veiller à assurer une bonne aération des pièces des maisons au quotidien, même s’il fait très froid ;

- veiller à ce que les appareils fonctionnant selon le principe de la combustion soient placés dans des endroits bien aérés (présence d’ouvertures d’aération : fenêtres, portes, balcons, terrasse, etc.)

- s’assurer que l’évacuation des gaz de combustion (gaz brûlé) soit faite par des conduits installés à cet effet ;

- s’assurer de la qualité et de l’ergonomie des appareils de combustion selon les normes de sécurité en vigueur en s’aidant de plombiers ou installateurs professionnels ;

- s'assurer que les appareils soient installés par des professionnels certifiés et suivre toutes les instructions pour une utilisation sans danger ;

- Toujours aérer les locaux avant d’utiliser les appareils et pendant leur utilisation, et s’assurer qu’ils sont éteints après utilisation ;

- L’entretien périodique de tous les appareils par des professionnels au moins une fois par an, notamment pendant la période hivernale, et même plus en fonction de la fréquence de leur utilisation ;

- Il est strictement interdit d’allumer du charbon dans des braséros (majmar, canoun) ou du charbon à l’intérieur des maisons. Le braséro n’est pas un moyen de chauffage ;

- Il est interdit d’utiliser du bois teint ou du plastique comme produit de combustion ;

- s'assurer d’éteindre tous les appareils à combustion avant de se coucher et ne pas laisser les appareils de chauffage allumés quand on va dormir.

- L’utilisation des appareils de chauffage électrique ou d’énergie solaire serait une alternative plus sûre et plus saine.
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