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Le sida persiste au Maroc... les jeunes, premières victimes de la maladie

Malgré des efforts soutenus pour éradiquer le sida, la situation reste préoccupante au Maroc, où les jeunes adultes sont de plus en plus vulnérables au VIH. En 2023, près de 45% des nouvelles infections ont concerné des jeunes de 15 à 34 ans. La prévention et l’éducation sexuelle restent des enjeux majeurs pour freiner la propagation de l’épidémie.

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On en parle moins qu’avant, mais le sida est toujours là et continue de tuer. Cette maladie, souvent reléguée dans l’ombre d’autres priorités de santé publique, reste une réalité implacable pour des millions de personnes à travers le monde. Le VIH continue, en effet, de bouleverser des vies, semant douleur, stigmatisation et pertes. En cette Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée ce dimanche 1er décembre 2024, il est urgent de raviver les consciences face à un fléau qui persiste. Selon les données du ministère de la Santé et de la protection sociale, 23.000 personnes vivaient avec le VIH au Maroc à fin 2023, dont 43% de femmes.

Parmi ces personnes, 22% ignorent leur séropositivité, soit près d’une personne infectée sur 4 ne savait pas qu’elle était porteuse du VIH, ce qui augmente les risques de transmission et retarde l’accès à des traitements vitaux. L’année dernière, 970 nouvelles infections ont été enregistrées, soit plus de deux par jour, et 390 décès liés au sida ont endeuillé des familles. «L’analyse des cas de VIH/sida notifiés au cours de 5 dernières années montre une dynamique focalisée de l’épidémie dans quatre régions qui regroupent à elles seules les trois quarts des cas, Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Souss-Massa et Rabat-Salé-Kénitra, dont la grande majorité est dans les villes», précise le ministère dans un rapport.

L’impact du VIH sur les jeunes : une tendance inquiétante

La tranche d’âge la plus touchée par le VIH reste celle des 25 à 44 ans, tant chez les hommes que chez les femmes. Cependant, la proportion la plus élevée des cas dépistés à un stade asymptomatique se trouve parmi les jeunes de 15 à 19 ans. Ainsi, 45% des nouvelles infections concernent des jeunes âgés de 15 à 34 ans, et 870 personnes vivant avec le VIH étaient âgées de moins de 15 ans. «La dernière enquête réalisée par le ministère de la Santé et de la protection sociale, portant sur les connaissances, les attitudes et les pratiques des jeunes de 15 à 24 ans en matière d’infections sexuellement transmissibles et de VIH/sida, remonte à 2013. Elle révélait que seulement 28,95% des garçons et 22,19% des filles de cette tranche d’âge avaient rapporté avoir reçu suffisamment d’informations sur la sexualité. Il est aujourd’hui plus que jamais important d’agir pour sensibiliser les jeunes, qui paient le plus lourd tribut à l’épidémie du VIH», souligne Pr Mehdi Karkouri, président de l’Association de lutte contre le sida (ALCS). «L’interdiction du dépistage des mineurs sans l’accord de leurs tuteurs et l’absence de programmes d’éducation sexuelle pour les jeunes alimentent l’épidémie. Cela fait partie des barrières dont la levée est nécessaire pour l’éradication du VIH à l’horizon 2030», ajoute-t-il. Le président de l’ALCS souligne que même s’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, notamment celles qui n’ont pas de couverture sociale, et lutter contre la stigmatisation et la discrimination, il faut souligner que le Maroc a enregistré des progrès notables en matière de lutte contre le VIH.

Des progrès significatifs malgré des défis persistants

D’ailleurs, l’année 2023 a été marquée par des avancées importantes des performances en matière de couverture par les prévention et dépistage du VIH, après la stagnation en 2020 et 2021, liés à la pandémie de la Covid-19 et d’autres facteurs, et la reprise des activités enregistrée en 2022. «Ces progrès ont été possibles grâce à l’engagement politique soutenu des hautes autorités du pays et aux efforts conjugués du ministère de la Santé, des organisations de la société civile, des secteurs gouvernementaux et des parties prenantes ainsi que l’appui des partenaires internationaux. Des efforts ont été déployés pour renforcer les programmes de prévention pour les populations clés, améliorer la qualité des services et adapter les interventions aux besoins spécifiques des populations. Les approches et les normes de travail ont été revues avec l’actualisation des termes de référence des intervenants communautaires et des éducateurs pairs», indique le ministère dans son rapport.

La riposte nationale pour atteindre les objectifs fixés d’ici 2030

Grâce à ces efforts, le deuxième Objectif 95-95-95, relatif à la couverture par le traitement antirétroviral des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) qui connaissent leur statut ainsi que le troisième relatif à la négativation de la charge virale parmi les PVVIH sous traitement, a déjà été atteint. Par ailleurs, la connaissance du statut sérologique parmi les PVVIH reste un défi, avec un écart de 17% par rapport au premier Objectif 95.

Différentes actions et activités en faveur des adolescents et jeunes vulnérables ont été également menées par le Programme de santé scolaire et universitaire de la Direction de la population du ministère avec les secteurs gouvernementaux et les universités ainsi que par les ONG, en matière d’éducation sexuelle, de communication et sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive, de prévention et de dépistage, de mobilisation et de renforcement des capacités des adolescents et des jeunes. «L’approche basée sur les droits de l’Homme et le genre dans le cadre de la Stratégie nationale droits humains et VIH a été consolidée à travers plusieurs actions menées par le ministère de la Santé et de la protection sociale en collaboration avec le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), pour mettre en place et former les professionnels de santé sur les mécanismes de recours, ainsi par les ONG en termes de plaidoyer et de suivi communautaire.

Une nouvelle Stratégie intégrée droits humains et VIH, tuberculose et hépatites virales a été élaborée pour la période 2024-2030», indique le ministère de la Santé.

Il est à noter que l’année 2023 a aussi été caractérisée par des processus importants de planification pour l’élaboration des nouveaux plans stratégiques couvrant la période 2024-2030, pour la lutte contre VIH les infections sexuellement transmissibles (IST) et les hépatites virales. Les Directions régionales de Santé et la Protection sociale ont ainsi décliné le Plan stratégique national intégré de lutte contre le sida, les hépatites virales et les IST en plans stratégiques régionaux adaptés à la situation de l’épidémie et aux priorités de chaque région. Tous ces plans concrétisent la mise en œuvre d’une approche intégrée de la riposte avec une vision et des objectifs jusqu’en 2030.

VIH : les chiffres au niveau mondial

En 2023, selon les données de l’Onusida, le VIH continue d’affecter des millions de personnes à travers le monde. Environ 39,9 millions de personnes vivaient avec le VIH, dont 1,4 million d’enfants de moins de 15 ans, et 53% de ces personnes étaient des femmes et des filles. Malheureusement, 5,4 millions d’entre elles ignoraient leur séropositivité. Chaque jour, plus de 3.500 nouvelles infections surviennent, et les femmes et les filles représentent près de 44% des nouvelles infections.

Les adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont particulièrement vulnérables : chaque semaine, 4.000 d’entre elles contractent le VIH dans le monde, dont 3.100 en Afrique subsaharienne.

Par ailleurs, les conséquences de la maladie restent dramatiques : en 2023, quelque 630.000 personnes sont décédées des suites de maladies liées au sida, soit près de 1.800 décès par jour.

Cependant, des progrès sont réalisés dans l’accès au traitement : 30,7 millions de personnes bénéficient désormais d’un traitement antirétroviral. Depuis le début de l’épidémie, 88,4 millions de personnes ont été infectées par le VIH, et 42,3 millions de décès ont été enregistrés en raison du sida.

«Sidaction Maroc 2024» : appel à une mobilisation pour protéger les jeunes face au VIH

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre, l’Association de lutte contre le sida (ALCS) lance la dixième édition du «Sidaction Maroc». Cette année, la campagne porte un message fort : «Le sida est toujours là... Ne détournons pas le regard», mettant l’accent sur l’urgence de sensibiliser et d’agir, particulièrement auprès des jeunes, qui représentent près de 45% des nouvelles infections enregistrées en 2023, selon le ministère de la Santé et de la protection sociale.Face à cette réalité, l’ALCS renforce son action avec une série d’ateliers de prévention contre le VIH organisés dans ses structures et dans les établissements scolaires à travers le pays. En parallèle, une campagne nationale de collecte de dons vise à soutenir ses programmes, notamment en matière de dépistage et d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH.

Le point culminant de cette mobilisation sera la retransmission de la soirée «Sidaction Maroc», prévue le vendredi 13 décembre sur la chaîne 2M. Cet événement réunira des experts pour dresser un bilan des efforts menés et sensibiliser davantage le grand public.

Pour rappel, depuis plus de 35 ans, l’ALCS prend part à la riposte nationale au VIH/sida en travaillant avec les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus vulnérables à l’infection par ce virus. Une démarche qui lui a permis de réaliser en 2023 près de 50.000 tests de dépistage du VIH dont 720 étaient positifs, et d’accompagner plus de 7.000 personnes en grande situation de vulnérabilité, vivant avec ce virus.
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