« Mon père a failli avoir un accident en rentrant du travail et ma mère a ressenti une vive douleur au cœur qui a duré plusieurs jours, même après avoir compris que ce n’était qu’une blague ». Celle qui témoigne pour Le Matin raconte ce qu’elle pensait être une simple expérience amusante. En filmant le salon familial, elle a utilisé l’application Gemini Banana pour y ajouter l’image d’une inconnue à l’allure inquiétante, assise sur le canapé comme si elle s’était introduite dans la maison. Une image si réaliste qu’elle a trompé ses parents dès le premier regard.
Cette mise en scène fait partie d’un trend mondial appelé “l’intrus sans-abri”. Né aux États-Unis, il s’est propagé en Europe et dans le monde arabe, dont fait partie le Maroc. Le principe consiste à insérer dans une photo de maison ou de chambre l’image d’un inconnu généré par intelligence artificielle, au visage inquiétant, puis à l’envoyer à un proche pour observer sa réaction. Certains jeunes enregistrent même les messages ou les audios paniqués avant de diffuser le tout sur TikTok, sous couvert d’humour.
Derrière cette apparente légèreté, la peur est bien réelle. Recevoir une image montrant un inconnu dans son espace intime déclenche un réflexe de défense immédiat. Le cerveau croit à ce qu’il voit et le corps réagit comme s’il faisait face à un danger.
La psychologue clinicienne Saloua Alami explique que cette réaction physiologique est naturelle. Le corps, dit-elle, « garde toujours la trace d’une peur vécue », même lorsqu’on découvre qu’elle n’était pas fondée. Ces montages peuvent provoquer des palpitations, de la nervosité ou des troubles du sommeil pendant plusieurs jours.
Elle souligne que ce genre d’images réveille chez les parents une peur viscérale : celle que leurs enfants soient en danger. En voyant un inconnu apparaître dans une photo de leur maison, beaucoup réagissent par instinct de protection. L’angoisse, même passagère, s’installe durablement et laisse parfois une méfiance difficile à effacer.
Au-delà du choc, ces canulars abîment la confiance au sein des familles. Le parent se sent trompé, blessé, parfois coupable d’avoir cru à la supercherie. Ce mélange d’émotions crée un malaise qui, s’il n’est pas verbalisé, risque de fragiliser la relation. La psychologue avertit : dans un contexte réel de danger, cette rupture pourrait même ralentir la réaction des parents, trop habitués à douter.
Les jeunes, eux, ne mesurent pas toujours l’impact de leurs gestes. La plupart ne cherchent pas à nuire, mais à provoquer une émotion, à attirer l’attention. Sur TikTok, chaque peur devient un contenu et chaque contenu une preuve d’existence. Ce besoin d’être vu, explique Alami, pousse certains à franchir des limites qu’ils ne comprennent pas toujours.
Au Maroc, le phénomène prend de l’ampleur. Les vidéos s’accumulent, souvent accompagnées de commentaires partagés entre amusement et indignation. Certains internautes dénoncent un manque d’empathie, d’autres minimisent en parlant d’un simple “jeu”. À l’étranger, les conséquences ont parfois été plus sérieuses : en Angleterre, une famille a alerté la police après avoir cru à une véritable intrusion, et aux États-Unis, plusieurs écoles ont été placées en alerte après la diffusion d’images similaires.
Face à cette banalisation de la peur, la psychologue plaide pour une approche éducative plutôt que punitive. Selon elle, les parents doivent accompagner leurs enfants, pas les contrôler. Il faut leur expliquer les effets réels de leurs gestes, leur faire comprendre que « derrière un écran, il y a toujours quelqu’un qui ressent ». Interdire sans dialoguer ne fait qu’alimenter la curiosité et la provocation.
La thérapeute invite aussi les familles à impliquer les jeunes dans la réflexion. " Leur demander comment ils se sentiraient si la situation s’inversait " peut, selon elle, les aider à développer une conscience émotionnelle et à comprendre l’impact de leurs actes.
La réparation, ensuite, doit être sincère et immédiate. L’adolescent doit reconnaître la peur qu’il a provoquée et présenter des excuses véritables. Le parent, de son côté, doit pouvoir exprimer sa frayeur sans colère. Mettre des mots sur la peur, conclut la psychologue, c’est déjà lui ôter son pouvoir.
Ce trend, qui transforme la peur en divertissement, rappelle une réalité dérangeante : à force de jouer avec les émotions, certains finissent par oublier qu’elles ne se réinitialisent pas comme un simple filtre TikTok.
Cette mise en scène fait partie d’un trend mondial appelé “l’intrus sans-abri”. Né aux États-Unis, il s’est propagé en Europe et dans le monde arabe, dont fait partie le Maroc. Le principe consiste à insérer dans une photo de maison ou de chambre l’image d’un inconnu généré par intelligence artificielle, au visage inquiétant, puis à l’envoyer à un proche pour observer sa réaction. Certains jeunes enregistrent même les messages ou les audios paniqués avant de diffuser le tout sur TikTok, sous couvert d’humour.
Derrière cette apparente légèreté, la peur est bien réelle. Recevoir une image montrant un inconnu dans son espace intime déclenche un réflexe de défense immédiat. Le cerveau croit à ce qu’il voit et le corps réagit comme s’il faisait face à un danger.
La psychologue clinicienne Saloua Alami explique que cette réaction physiologique est naturelle. Le corps, dit-elle, « garde toujours la trace d’une peur vécue », même lorsqu’on découvre qu’elle n’était pas fondée. Ces montages peuvent provoquer des palpitations, de la nervosité ou des troubles du sommeil pendant plusieurs jours.
Elle souligne que ce genre d’images réveille chez les parents une peur viscérale : celle que leurs enfants soient en danger. En voyant un inconnu apparaître dans une photo de leur maison, beaucoup réagissent par instinct de protection. L’angoisse, même passagère, s’installe durablement et laisse parfois une méfiance difficile à effacer.
Au-delà du choc, ces canulars abîment la confiance au sein des familles. Le parent se sent trompé, blessé, parfois coupable d’avoir cru à la supercherie. Ce mélange d’émotions crée un malaise qui, s’il n’est pas verbalisé, risque de fragiliser la relation. La psychologue avertit : dans un contexte réel de danger, cette rupture pourrait même ralentir la réaction des parents, trop habitués à douter.
Les jeunes, eux, ne mesurent pas toujours l’impact de leurs gestes. La plupart ne cherchent pas à nuire, mais à provoquer une émotion, à attirer l’attention. Sur TikTok, chaque peur devient un contenu et chaque contenu une preuve d’existence. Ce besoin d’être vu, explique Alami, pousse certains à franchir des limites qu’ils ne comprennent pas toujours.
Au Maroc, le phénomène prend de l’ampleur. Les vidéos s’accumulent, souvent accompagnées de commentaires partagés entre amusement et indignation. Certains internautes dénoncent un manque d’empathie, d’autres minimisent en parlant d’un simple “jeu”. À l’étranger, les conséquences ont parfois été plus sérieuses : en Angleterre, une famille a alerté la police après avoir cru à une véritable intrusion, et aux États-Unis, plusieurs écoles ont été placées en alerte après la diffusion d’images similaires.
Face à cette banalisation de la peur, la psychologue plaide pour une approche éducative plutôt que punitive. Selon elle, les parents doivent accompagner leurs enfants, pas les contrôler. Il faut leur expliquer les effets réels de leurs gestes, leur faire comprendre que « derrière un écran, il y a toujours quelqu’un qui ressent ». Interdire sans dialoguer ne fait qu’alimenter la curiosité et la provocation.
La thérapeute invite aussi les familles à impliquer les jeunes dans la réflexion. " Leur demander comment ils se sentiraient si la situation s’inversait " peut, selon elle, les aider à développer une conscience émotionnelle et à comprendre l’impact de leurs actes.
La réparation, ensuite, doit être sincère et immédiate. L’adolescent doit reconnaître la peur qu’il a provoquée et présenter des excuses véritables. Le parent, de son côté, doit pouvoir exprimer sa frayeur sans colère. Mettre des mots sur la peur, conclut la psychologue, c’est déjà lui ôter son pouvoir.
Ce trend, qui transforme la peur en divertissement, rappelle une réalité dérangeante : à force de jouer avec les émotions, certains finissent par oublier qu’elles ne se réinitialisent pas comme un simple filtre TikTok.
