Dans un monde où les risques sanitaires évoluent rapidement, la médecine préventive s’impose comme un pilier incontournable pour protéger les populations. Face à l’émergence de nouvelles maladies infectieuses et virales et le retour de certaines épidémies, la prévention ne se limite plus à de simples recommandations : elle devient une nécessité stratégique pour alléger la pression sur les systèmes de santé, réduire les coûts des soins et améliorer la qualité de vie des citoyens. C’est dans cette optique que le Groupe Le Matin a consacré une nouvelle édition de ses «Matinales» à cette thématique cruciale «Maladies infectieuses et virales : Enjeux et importance de la médecine préventive au Maroc». Lors de cette conférence, organisée vendredi dernier à Casablanca, en partenariat avec Gigalab, les intervenants ont analysé les défis actuels de la prévention sanitaire au Maroc et proposé des solutions pour renforcer la protection collective et individuelle.
Dans le même esprit, Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc, a salué les avancées du Royaume en matière de santé publique. «Le Maroc a réussi à éliminer un bon nombre de maladies, ce qui est une véritable réussite», a-t-elle souligné. Cependant, elle a mis en garde contre le risque de réapparition de certaines pathologies et la nécessité de rester vigilant pour éviter leur retour. Par ailleurs, le pays doit continuer à lutter contre les maladies toujours présentes, comme la tuberculose, les hépatites et les infections sexuellement transmissibles.
Elle a également attiré l’attention sur les défis posés par la transition démographique et épidémiologique que traverse actuellement le Maroc. «Le vieillissement de la population la rend plus vulnérable aux maladies infectieuses et aux maladies chroniques. C’est un défi majeur qui attend le pays», a-t-elle averti. Cette évolution impose une adaptation du système de santé pour répondre aux nouveaux besoins des citoyens, avec une approche préventive renforcée et une meilleure prise en charge des populations à risque.
Outre le manque de sensibilisation, d’autres facteurs incontrôlables favorisent la réapparition de certaines maladies. Parmi eux, les changements climatiques, qui pourraient entraîner des bouleversements sanitaires majeurs. «Le réchauffement climatique, associé au stress hydrique auquel le pays est confronté depuis des années, va inévitablement provoquer des catastrophes. Certaines maladies pourraient faire leur retour, comme le paludisme, et nous pourrions même être confrontés à l’apparition de virus et de pathologies encore inconnus», a-t-il averti.
Pr Jaafar Heikel, médecin spécialiste en maladies infectieuses et économiste de la santé, a rappelé, quant à lui, que la santé humaine et celles animale et environnementale sont étroitement liées. «Ces dernières années, nous avons observé une recrudescence des zoonoses, qui représentent aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique», a-t-il expliqué. Il a également averti que les conditions climatiques actuelles vont accentuer ces défis et que le monde pourrait faire face à de nouvelles pandémies.
Il a néanmoins souligné la bonne gestion du Maroc face à la pandémie de la Covid-19, grâce à un système de santé résilient, capable de réagir efficacement aux crises. «Il faut toujours être prêt à ce genre de situation, disposer des ressources humaines nécessaires et avoir la capacité de mobiliser un nombre suffisant de lits dans le public comme dans le privé, aussi bien en milieu rural qu’urbain», a-t-il insisté.
Il a également mis l’accent sur l’importance de la prévention primaire, qui repose sur les mesures barrières, l’hygiène, l’assainissement et la vaccination. «Investir dans la prévention primaire coûte bien moins cher que la gestion des catastrophes sanitaires», a-t-il affirmé.
Pour mieux anticiper les crises sanitaires, il a insisté sur la nécessité de développer un système d’information sanitaire intégré et une surveillance épidémiologique efficace. «Si nous voulons prendre les bonnes décisions, nous devons fournir aux leaders et aux responsables de la santé publique des informations sanitaires valides et fiables. Il y a encore beaucoup à faire, aussi bien dans le secteur public que privé», a-t-il conclu.
Pour sa part, Karim Zaher, directeur général de Gigalab Group, a souligné l’importance d’une veille et d’une surveillance renforcée pour mieux maîtriser les crises sanitaires. «Depuis les années 2000, le Maroc a été confronté à plusieurs épidémies, notamment la grippe aviaire, la grippe porcine, la tuberculose, le paludisme, les hépatites B et C, certains cas de choléra, le sida, la Covid-19 et diverses grippes saisonnières. Autant de maladies qui nous rappellent l’importance d’une vigilance constante», a-t-il déclaré.
Il a également insisté sur l’impact économique de ces épidémies, qui peuvent fragiliser la croissance et peser sur les ressources nationales. Selon lui, les changements climatiques jouent un rôle majeur dans la multiplication des maladies infectieuses. «Le paramètre clé du réchauffement climatique est la température, qui favorise la prolifération de certaines espèces porteuses de virus», a-t-il expliqué. De plus, «les comportements humains d’aujourd’hui augmentent le contact entre la faune et l’Homme, ce qui explique la hausse des maladies d’origine zoonotique», a-t-il ajouté.
Face à cette situation, il appelle à renforcer la structure institutionnelle dédiée à la santé publique. «Pour changer cette donne, il faut suivre l’exemple de certains pays et créer un grand département d’hygiène au sein du ministère de la Santé, avec une place centrale dans la stratégie nationale», a-t-il préconisé.
Pour atteindre cet objectif, la communication doit être multicanale, impliquant non seulement les pouvoirs publics, mais aussi l’ensemble des acteurs du secteur de la santé. Selon lui, les pharmaciens ont un rôle fondamental à jouer dans la prévention, mais restent souvent perçus comme de simples vendeurs de médicaments. «Les pharmaciens sont une source incroyable de vaccination. Dans certains pays, ils ont même le droit d’administrer des vaccins», a-t-il souligné.
Il a également mis en avant le potentiel du milieu hospitalier comme espace de sensibilisation. «Les personnes qui viennent rendre visite à un proche malade sont particulièrement réceptives aux messages de prévention. Ce cadre peut être un excellent levier pour diffuser des informations essentielles», a-t-il affirmé.
Au-delà des professionnels de santé, il rappelle que la responsabilité est collective. «Le problème est multidimensionnel : tout le monde est concerné et doit jouer son rôle», a-t-il insisté. De la régulation des médicaments à l’implication des citoyens dans leur propre santé, en passant par une surveillance épidémiologique efficace, toutes ces actions doivent être intégrées dans une stratégie de santé publique durable.
L’événement a donc souligné que prévenir coûte toujours moins cher que guérir, et que l’investissement dans la médecine préventive est une garantie pour un système de santé plus résilient et une population mieux protégée.
Renforcer la vigilance face aux maladies émergentes
Intervenant à l’ouverture de cette rencontre Mohammed Haïtami, président-directeur général du Groupe «Le Matin», a souligné l’importance de la médecine préventive, notamment face à la résurgence de la rougeole, la persistance de la tuberculose, des hépatites et des infections respiratoires... «La prévention reste souvent reléguée au second plan, alors qu’elle constitue un levier essentiel pour la santé publique. Malheureusement, quand on parle de prévention et de prévoyance, on ne s’en soucie pas beaucoup. Pourtant, investir dans la médecine préventive représente un gain de temps considérable pour les professionnels de santé et permet également d’éviter des coûts financiers énormes», a-t-il affirmé. Il a également insisté sur la nécessité de ne pas baisser la garde, rappelant que la vigilance et l’anticipation sont des éléments clés pour lutter efficacement contre les menaces sanitaires émergentes.Dans le même esprit, Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc, a salué les avancées du Royaume en matière de santé publique. «Le Maroc a réussi à éliminer un bon nombre de maladies, ce qui est une véritable réussite», a-t-elle souligné. Cependant, elle a mis en garde contre le risque de réapparition de certaines pathologies et la nécessité de rester vigilant pour éviter leur retour. Par ailleurs, le pays doit continuer à lutter contre les maladies toujours présentes, comme la tuberculose, les hépatites et les infections sexuellement transmissibles.
Elle a également attiré l’attention sur les défis posés par la transition démographique et épidémiologique que traverse actuellement le Maroc. «Le vieillissement de la population la rend plus vulnérable aux maladies infectieuses et aux maladies chroniques. C’est un défi majeur qui attend le pays», a-t-elle averti. Cette évolution impose une adaptation du système de santé pour répondre aux nouveaux besoins des citoyens, avec une approche préventive renforcée et une meilleure prise en charge des populations à risque.
Les risques liés au climat et l’importance de la sensibilisation
Pour Pr Abdelfattah Chakib, infectiologue, la question de la médecine préventive est plus urgente que jamais. «Nous sommes dans une phase qui nécessite l’intensification des mesures préventives pour lutter contre la résurgence de certaines maladies comme le sida. Il y a un manque de sensibilisation, on ne communique plus assez avec les populations sur les moyens de protection, ce qui a un impact direct sur l’augmentation des cas», a-t-il alerté.Outre le manque de sensibilisation, d’autres facteurs incontrôlables favorisent la réapparition de certaines maladies. Parmi eux, les changements climatiques, qui pourraient entraîner des bouleversements sanitaires majeurs. «Le réchauffement climatique, associé au stress hydrique auquel le pays est confronté depuis des années, va inévitablement provoquer des catastrophes. Certaines maladies pourraient faire leur retour, comme le paludisme, et nous pourrions même être confrontés à l’apparition de virus et de pathologies encore inconnus», a-t-il averti.
Pr Jaafar Heikel, médecin spécialiste en maladies infectieuses et économiste de la santé, a rappelé, quant à lui, que la santé humaine et celles animale et environnementale sont étroitement liées. «Ces dernières années, nous avons observé une recrudescence des zoonoses, qui représentent aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique», a-t-il expliqué. Il a également averti que les conditions climatiques actuelles vont accentuer ces défis et que le monde pourrait faire face à de nouvelles pandémies.
Il a néanmoins souligné la bonne gestion du Maroc face à la pandémie de la Covid-19, grâce à un système de santé résilient, capable de réagir efficacement aux crises. «Il faut toujours être prêt à ce genre de situation, disposer des ressources humaines nécessaires et avoir la capacité de mobiliser un nombre suffisant de lits dans le public comme dans le privé, aussi bien en milieu rural qu’urbain», a-t-il insisté.
Il a également mis l’accent sur l’importance de la prévention primaire, qui repose sur les mesures barrières, l’hygiène, l’assainissement et la vaccination. «Investir dans la prévention primaire coûte bien moins cher que la gestion des catastrophes sanitaires», a-t-il affirmé.
L’antibiorésistance et la nécessité d’un système d’information sanitaire efficace
Un autre défi majeur abordé par Pr Jaafar Heikel est l’antibiorésistance, qui risque de compliquer considérablement la réponse aux maladies infectieuses. «Ce phénomène représente une menace majeure qui va limiter notre capacité à riposter efficacement face aux infections», a-t-il averti.Pour mieux anticiper les crises sanitaires, il a insisté sur la nécessité de développer un système d’information sanitaire intégré et une surveillance épidémiologique efficace. «Si nous voulons prendre les bonnes décisions, nous devons fournir aux leaders et aux responsables de la santé publique des informations sanitaires valides et fiables. Il y a encore beaucoup à faire, aussi bien dans le secteur public que privé», a-t-il conclu.
Pour sa part, Karim Zaher, directeur général de Gigalab Group, a souligné l’importance d’une veille et d’une surveillance renforcée pour mieux maîtriser les crises sanitaires. «Depuis les années 2000, le Maroc a été confronté à plusieurs épidémies, notamment la grippe aviaire, la grippe porcine, la tuberculose, le paludisme, les hépatites B et C, certains cas de choléra, le sida, la Covid-19 et diverses grippes saisonnières. Autant de maladies qui nous rappellent l’importance d’une vigilance constante», a-t-il déclaré.
Il a également insisté sur l’impact économique de ces épidémies, qui peuvent fragiliser la croissance et peser sur les ressources nationales. Selon lui, les changements climatiques jouent un rôle majeur dans la multiplication des maladies infectieuses. «Le paramètre clé du réchauffement climatique est la température, qui favorise la prolifération de certaines espèces porteuses de virus», a-t-il expliqué. De plus, «les comportements humains d’aujourd’hui augmentent le contact entre la faune et l’Homme, ce qui explique la hausse des maladies d’origine zoonotique», a-t-il ajouté.
Face à cette situation, il appelle à renforcer la structure institutionnelle dédiée à la santé publique. «Pour changer cette donne, il faut suivre l’exemple de certains pays et créer un grand département d’hygiène au sein du ministère de la Santé, avec une place centrale dans la stratégie nationale», a-t-il préconisé.
Une sensibilisation plus active et mieux ciblée
Pr Ahmed Bennana, directeur général du site de Rabat de la Fondation Mohammed VI des sciences et de la santé, a mis en avant le rôle crucial de la sensibilisation dans la refonte du système de santé. «Il est temps de passer d’un discours passif à une sensibilisation qui implique directement le citoyen en utilisant des exemples concrets qui le touchent dans sa vie quotidienne», a-t-il insisté.Pour atteindre cet objectif, la communication doit être multicanale, impliquant non seulement les pouvoirs publics, mais aussi l’ensemble des acteurs du secteur de la santé. Selon lui, les pharmaciens ont un rôle fondamental à jouer dans la prévention, mais restent souvent perçus comme de simples vendeurs de médicaments. «Les pharmaciens sont une source incroyable de vaccination. Dans certains pays, ils ont même le droit d’administrer des vaccins», a-t-il souligné.
Il a également mis en avant le potentiel du milieu hospitalier comme espace de sensibilisation. «Les personnes qui viennent rendre visite à un proche malade sont particulièrement réceptives aux messages de prévention. Ce cadre peut être un excellent levier pour diffuser des informations essentielles», a-t-il affirmé.
Un enjeu multidimensionnel nécessitant des mesures fortes
La prévention passe aussi par des mesures plus strictes en matière de santé publique. «Il est possible d’imposer certains protocoles pour limiter la consommation abusive de certains médicaments, notamment les antibiotiques», a préconisé Pr Bennana. Cette régulation permettrait de lutter efficacement contre l’antibiorésistance, un phénomène préoccupant qui pourrait compromettre la lutte contre les infections.Au-delà des professionnels de santé, il rappelle que la responsabilité est collective. «Le problème est multidimensionnel : tout le monde est concerné et doit jouer son rôle», a-t-il insisté. De la régulation des médicaments à l’implication des citoyens dans leur propre santé, en passant par une surveillance épidémiologique efficace, toutes ces actions doivent être intégrées dans une stratégie de santé publique durable.
Une mobilisation nécessaire pour un avenir plus sûr
Cette «Matinale» du Groupe «Le Matin» a ainsi permis de mettre en lumière les enjeux majeurs de la médecine préventive au Maroc. Entre risques climatiques, émergence de nouvelles maladies et de nouveaux défis sanitaires persistants, les experts ont unanimement insisté sur la nécessité de renforcer la sensibilisation, l’anticipation et l’adaptation du système de santé aux menaces actuelles et futures.L’événement a donc souligné que prévenir coûte toujours moins cher que guérir, et que l’investissement dans la médecine préventive est une garantie pour un système de santé plus résilient et une population mieux protégée.
