TikTok, Instagram, Facebook... aucun réseau social n'échappe aux idées machiavéliques de certains influenceurs assoiffés de likes et de vues. Après l’avalanche de placements de produits douteux, place aux mélodrames bien huilés, où chaque larme, chaque rupture et chaque dispute semble calibrée pour faire exploser les compteurs d’audience.
“Je faisais partie des followers d’un couple marocain très connu sur les réseaux sociaux. J’ai été surprise par l’annonce de leur divorce via leurs comptes respectifs, laissant place à un sentiment de compassion”, confie Ghita, 30 ans. Toutefois, la jeune femme a été surprise par l’évolution exagérée de leur histoire qui ne laisse aucun doute quant à la scénarisation de cette séparation : “Je me suis déshabonnée de leurs pages, mais l’algorithme m’inflige toujours leur contenu !”.
Les dramas deviennent ainsi un levier stratégique pour certains créateurs de contenus. Un clash bien ficelé est parfois, hélas, plus efficace qu’un contenu travaillé : l’émotion attire et les vues se traduisent vite en partenariats, grâce aux millions de clics et aux abonnés toujours plus nombreux.
Pour le sociologue Chakib Guessous, ce phénomène est construit pour capter l’attention : «Les dramas ont pour but de susciter l’émotion chez celui qui regarde. L’impact reste relatif, car ce genre de contenu peut susciter une réaction plus importante chez certaines personnes qui vont suivre de près l’évolution des faits. Les dramas, dans un certain nombre de séries, notamment asiatiques, sont savamment pensés pour tenir en haleine les téléspectateurs et provoquer des réactions émotionnelles». Une logique que les réseaux sociaux amplifient, puisque leurs algorithmes récompensent l’interaction, qu’elle naisse de l’admiration, l’indignation ou de la compassion.
Chakib Guessous met en garde contre cette banalisation : «Nous vivons dans une époque marquée par l’hyperexposition, où les contenus violents partagés par certains influenceurs sont devenus monnaie courante. Plus on y est exposé, plus on risque de les intérioriser et de les reproduire, notamment chez les enfants et les jeunes, dont les comportements se forment par mimétisme. Ce schéma peut perdurer à l’âge adulte». Il rappelle que ce phénomène dépasse les réseaux : «La violence, en particulier verbale, s’est également infiltrée dans les téléfilms et séries diffusés pendant le Ramadan. Plusieurs études ont montré que cette exposition régulière peut contribuer à une hausse de l’agressivité chez les jeunes».
Les dérives ne s’arrêtent pas à la vidéo elle-même : sous chaque post, la section commentaires se transforme en véritable défouloir. Ceux qui sont tombés dans le panneau choisissent leur camp, distribuent bons points et invectives, parfois avec une virulence qui dépasse celle des protagonistes. Entre encouragements, insultes et dénonciations de la “comédie”, le fil de discussion devient un ring à ciel ouvert, alimentant encore le cycle du clash et l’algorithme.
Les dramas sont devenus un genre à part entière, avec ses codes, ses stars... et ses excès. Reste une question en suspens : que se passera-t-il lorsque le public se lassera ? Ces influenceurs, trouveront-ils un autre ressort que le scandale pour exister dans le flux ininterrompu des réseaux sociaux ?
“Je faisais partie des followers d’un couple marocain très connu sur les réseaux sociaux. J’ai été surprise par l’annonce de leur divorce via leurs comptes respectifs, laissant place à un sentiment de compassion”, confie Ghita, 30 ans. Toutefois, la jeune femme a été surprise par l’évolution exagérée de leur histoire qui ne laisse aucun doute quant à la scénarisation de cette séparation : “Je me suis déshabonnée de leurs pages, mais l’algorithme m’inflige toujours leur contenu !”.
Les influenceurs fabulateurs : tout pour le buzz, au diable la vie privée
Le point de départ est souvent une phrase énigmatique postée en story du type : «Je ne peux plus me taire». Quelques heures plus tard, une vidéo explicative apparaît, émotionnelle, ponctuée de sanglots, de captures d’écran et d’accusations. Divorce, tromperie, jalousie, trahison familiale... le ton est grave, la mise en scène parfaitement orchestrée. À peine publiée, la vidéo devient virale, les commentaires affluent, les lives de "mise au point" s’enchaînent, avec des rebondissements dignes de Hollywood.Les dramas deviennent ainsi un levier stratégique pour certains créateurs de contenus. Un clash bien ficelé est parfois, hélas, plus efficace qu’un contenu travaillé : l’émotion attire et les vues se traduisent vite en partenariats, grâce aux millions de clics et aux abonnés toujours plus nombreux.
Pour le sociologue Chakib Guessous, ce phénomène est construit pour capter l’attention : «Les dramas ont pour but de susciter l’émotion chez celui qui regarde. L’impact reste relatif, car ce genre de contenu peut susciter une réaction plus importante chez certaines personnes qui vont suivre de près l’évolution des faits. Les dramas, dans un certain nombre de séries, notamment asiatiques, sont savamment pensés pour tenir en haleine les téléspectateurs et provoquer des réactions émotionnelles». Une logique que les réseaux sociaux amplifient, puisque leurs algorithmes récompensent l’interaction, qu’elle naisse de l’admiration, l’indignation ou de la compassion.
Violences, insultes... la porte ouverte à toutes les dérives
Loin d’être de simples clashs anodins, certaines vidéos diffusées sur les réseaux véhiculent une agressivité frontale : cris, insultes, règlements de comptes, voire menaces. Une violence verbale, parfois physique, qui s’invite dans le quotidien numérique de milliers d’abonnés, sans filtre ni recul. Quand elle se répète, elle finit par s’ancrer, en particulier chez les plus jeunes, qui peuvent la percevoir comme un mode d’expression normal.Chakib Guessous met en garde contre cette banalisation : «Nous vivons dans une époque marquée par l’hyperexposition, où les contenus violents partagés par certains influenceurs sont devenus monnaie courante. Plus on y est exposé, plus on risque de les intérioriser et de les reproduire, notamment chez les enfants et les jeunes, dont les comportements se forment par mimétisme. Ce schéma peut perdurer à l’âge adulte». Il rappelle que ce phénomène dépasse les réseaux : «La violence, en particulier verbale, s’est également infiltrée dans les téléfilms et séries diffusés pendant le Ramadan. Plusieurs études ont montré que cette exposition régulière peut contribuer à une hausse de l’agressivité chez les jeunes».
Les dérives ne s’arrêtent pas à la vidéo elle-même : sous chaque post, la section commentaires se transforme en véritable défouloir. Ceux qui sont tombés dans le panneau choisissent leur camp, distribuent bons points et invectives, parfois avec une virulence qui dépasse celle des protagonistes. Entre encouragements, insultes et dénonciations de la “comédie”, le fil de discussion devient un ring à ciel ouvert, alimentant encore le cycle du clash et l’algorithme.
Les dramas sont devenus un genre à part entière, avec ses codes, ses stars... et ses excès. Reste une question en suspens : que se passera-t-il lorsque le public se lassera ? Ces influenceurs, trouveront-ils un autre ressort que le scandale pour exister dans le flux ininterrompu des réseaux sociaux ?