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Les grèves des enseignants ne sont que la partie visible de l'iceberg (Abdennasser Naji)

Invité de «L’Info en Face», Abdennasser Naji, docteur en Éducation et président de la Fondation Amaquen, souligne que les grèves de l’enseignement ne sont que la partie visible de l’iceberg dans un secteur rongé par des «maux profonds». Pour cet expert, la sortie de cette crise, qui risque d’aggraver davantage les médiocres performances de l’élève marocain, ne peut se faire que par le rétablissement de la confiances entres toutes les parties prenantes.

La crise actuelle dans le secteur de l’Éducation nationale révèle, selon les experts, un malaise qui s’ajoute à des maux beaucoup plus profonds, et qui accentue les inquiétude par rapport à l’avenir de ce secteur. Selon Abdennasser Naji, invité de «L’Info en Face», «les résultats médiocres du Maroc dans les évaluations internationales, telles que Teams et PISA, dévoilent une réalité préoccupante».



«Les scores des élèves marocains, ne dépassant pas les 350 points, comparés à la moyenne internationale de 500 points, soulignent une lacune profonde dans la qualité de l’éducation», a-t-il déploré, ajoutant qu’«une partie significative des élèves ne maîtrise pas les compétences minimales, mettant ainsi en lumière une crise systémique».

Les grèves des enseignants sont les symptômes de problèmes profonds de l'école

Docteur en Éducation et président de la Fondation Amaquen, Abdennasser Naji a souligné que les grèves des enseignants ne sont que la partie visible de l’iceberg. Elles sont, selon lui, les symptômes de problèmes profonds qui touchent l’école marocaine de longue date. Pour M. Naji, la priorité devrait être la résolution de la crise éducative dans sa globalité avant de s’attaquer spécifiquement aux grèves des enseignants.

Concernant le nouveau statut unifié proposé par le gouvernement, l’expert relève des lacunes méthodologiques notamment dans le «processus de dialogue». «Le ministère a principalement coordonné avec les syndicats, négligeant les coordinations qui sont davantage mobilisées sur le terrain», a-t-il indiqué.

Cela a fait que le fossé entre le ministère et les coordinations des enseignants, dont la légitimité a été remise en question, s’est élargi au fil des semaines donnant lieu à une tension persistante. «Selon le ministère, certaines coordinations sont considérées comme des entités illégales. En revanche, du point de vue des coordinations, les syndicats ne peuvent représenter l’intégralité des enseignants, car leurs préoccupations spécifiques et leurs revendications catégorielles diffèrent de manière significative», a expliqué M. Naji. Cette impasse juridique et organisationnelle favorise la conflictualité dans le secteur éducatif, entravant la recherche de solutions concertées et renforce les divisions entre les parties prenantes, a-t-il ajouté.

Les sanctions contre les grévistes, un point de discorde

Selon M. Naji, le recours à des mesures disciplinaires contre des enseignants grévistes ne contribue pas à l’apaisement des esprits et rend encore plus difficile la désescalade. Face à cette situation, l’expert insiste sur l’importance du rétablissement de la confiance mutuelle entre les différents acteurs de cette crise. «Nous sommes dans la phase de construction de la confiance avec le ministère. c’est primordial pour parvenir à un dénouement. Je pense que le moment est inopportun pour procéder à l’application des sanctions», a-t-il indiqué. Enfin, Abdennasser Naji a évoqué deux scénarios redoutables en raison du «manque de dialogue inclusif». D’une part, les grèves pourraient persister avec des manifestations plus intenses. D’autre part, les enseignants pourraient retourner en classe sans motivation, compromettant ainsi l’efficacité du processus éducatif. Pour résoudre cette crise, M. Naji plaide pour un engagement sérieux du gouvernement à dialoguer avec toutes les parties prenantes du secteur éducatif, insistant sur l’importance cruciale de la confiance mutuelle pour garantir une éducation de qualité au Maroc.
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