Comment la presse marocaine aborde-t-elle la question des migrants étrangers présents sur le territoire national ? C’est la question à laquelle le Réseau marocain des journalistes des migrations (RMJM) a souhaité répondre à travers une étude inédite, rendue publique la semaine dernière. Intitulée «Le traitement médiatique des migrations étrangères par la presse marocaine», cette analyse propose un état des lieux quantitatif et qualitatif de la couverture médiatique consacrée aux migrations.
Basée sur l’analyse de 184 articles publiés entre décembre 2023 et juin 2024, dans 31 titres de presse écrite et numérique, l’étude révèle plusieurs tendances structurantes. Selon le RMJM, la présence des migrants étrangers dans les médias marocains reste limitée et majoritairement traitée sous un angle institutionnel ou sécuritaire.
Dès l’introduction de son rapport, le RMJM précise : «La migration étrangère au Maroc est traitée avec une approche strictement informative, dans un cadre national, et avec un ton neutre». En d’autres termes, la majorité des contenus identifiés dans l’échantillon étudié par le Réseau se contente de rapporter des faits, sans analyse approfondie ni travail d’interprétation. Le ton reste descriptif, sans prise de recul ni mise en perspective du phénomène migratoire.
Quelque 89% des articles se limitent ainsi à un traitement purement informatif, réparti essentiellement entre des dépêches, des reportages courts, des brèves ou des récits factuels. «Les formes de reportages approfondis, d’enquêtes ou d’interviews sont très peu présentes», note l’étude.
Quant aux sujets abordés, la migration irrégulière domine largement la couverture, souvent liée aux questions de sécurité, de contrôle des frontières et aux interventions des autorités. Le RMJM relève : «Les médias se focalisent sur les aspects de problème et de solution dans toute couverture, avec une attention particulière portée aux questions de sécurité».
La diversité des profils migratoires présents sur le territoire marocain reste également peu représentée. L’étude observe une quasi-absence de la parole des femmes migrantes ou des groupes vulnérables dans les contenus médiatiques analysés : «La présence des femmes migrantes et des groupes vulnérables dans la couverture médiatique est quasiment inexistante.» Par ailleurs, les migrants eux-mêmes apparaissent rarement comme sources directes d'information, la presse privilégiant les déclarations d’acteurs institutionnels, officiels ou de représentants des forces de l’ordre.
En termes de discours, le rapport note l’existence de représentations stéréotypées et de généralisations : «Certains articles perpétuent des discours discriminatoires, en associant systématiquement les migrants subsahariens à des phénomènes irréguliers ou à des problématiques de sécurité.» Le RMJM précise que ces biais sont plus présents dans la presse numérique que dans la presse papier.
Cette étude du RMJM intervient dans un contexte marqué par une présence croissante des migrants étrangers au Maroc, qui ne sont plus uniquement de passage, mais désormais installés dans plusieurs grandes villes du Royaume. Pourtant, leur visibilité médiatique reste limitée, notamment en dehors des actualités liées aux faits divers, à la régularisation administrative ou aux questions de sécurité.
Parallèlement à cette étude, le RMJM a publié un communiqué attirant l’attention sur un autre phénomène : la diffusion croissante, ces dernières semaines, de discours à caractère négrophobe sur les réseaux sociaux. Selon le Réseau, «cette campagne, orchestrée depuis des pages Facebook et X, vise à alimenter les tensions entre la population locale et les personnes étrangères de couleur noire présentes sur le sol marocain.»
Le RMJM explique que ces discours, souvent viraux, importeraient des concepts du discours raciste occidental comme le «grand remplacement», «l’invasion démographique» ou encore la «colonisation africaine». Le Réseau précise que «ce narratif artificiel, construit essentiellement sur les réseaux sociaux par des groupuscules minoritaires, vise à calquer dans le débat public au Maroc des conceptions racistes dominantes aujourd’hui en Europe et aux États-Unis».
Dans ce double contexte – traitement médiatique essentiellement factuel et montée de discours de rejet sur les réseaux sociaux –, le RMJM appelle l’ensemble des acteurs médiatiques à une prise de conscience professionnelle et déontologique. Le Réseau invite les journalistes et les rédactions à faire preuve de responsabilité éthique dans le traitement des questions migratoires et d’asile, à donner la parole aux personnes migrantes, dans leur diversité, et à respecter leur dignité ainsi que leur droit à l’image. Le Réseau recommande aussi de ne pas reprendre, sans distance critique, les discours véhiculant des amalgames, des raccourcis ou des stéréotypes, et d’assurer un travail de terrain, en croisant les sources, pour dépasser les fausses informations et les discours sensationnalistes.
Le RMJM interpelle aussi les médias audiovisuels publics : compte tenu de leur large couverture et de leurs ressources, ces derniers sont invités à «couvrir les questions migratoires de manière régulière, indépendante et informée», et à «ouvrir des débats publics sur ces sujets essentiels au vivre-ensemble».
Enfin, les régulateurs du secteur médiatique sont appelés à renforcer la vigilance face aux dérives constatées : «Assurer une vigilance accrue, dans le respect de la liberté de la presse, face à la propagation massive du discours de haine sur les réseaux sociaux et leur présence sur les différents médias au Maroc», écrit le Réseau dans son communiqué. Le Conseil national de la presse est également invité à jouer un rôle renforcé dans la formation des journalistes sur ces thématiques.
Pour le RMJM, l’enjeu est clair : au Maroc comme ailleurs, les médias ont la responsabilité d’informer avec rigueur, de contribuer à la cohésion sociale et de mettre en lumière la diversité des parcours migratoires. En publiant cette étude, le Réseau souligne que son objectif n’est pas simplement de dresser un constat, mais de proposer un outil de plaidoyer et de sensibilisation à destination des professionnels des médias, des chercheurs, de la société civile et du grand public.
À travers cet appel, le RMJM souhaite encourager un traitement médiatique des migrations étrangères plus équilibré, plus représentatif des réalités humaines et plus conforme aux principes déontologiques du métier.
Basée sur l’analyse de 184 articles publiés entre décembre 2023 et juin 2024, dans 31 titres de presse écrite et numérique, l’étude révèle plusieurs tendances structurantes. Selon le RMJM, la présence des migrants étrangers dans les médias marocains reste limitée et majoritairement traitée sous un angle institutionnel ou sécuritaire.
Dès l’introduction de son rapport, le RMJM précise : «La migration étrangère au Maroc est traitée avec une approche strictement informative, dans un cadre national, et avec un ton neutre». En d’autres termes, la majorité des contenus identifiés dans l’échantillon étudié par le Réseau se contente de rapporter des faits, sans analyse approfondie ni travail d’interprétation. Le ton reste descriptif, sans prise de recul ni mise en perspective du phénomène migratoire.
Quelque 89% des articles se limitent ainsi à un traitement purement informatif, réparti essentiellement entre des dépêches, des reportages courts, des brèves ou des récits factuels. «Les formes de reportages approfondis, d’enquêtes ou d’interviews sont très peu présentes», note l’étude.
Quant aux sujets abordés, la migration irrégulière domine largement la couverture, souvent liée aux questions de sécurité, de contrôle des frontières et aux interventions des autorités. Le RMJM relève : «Les médias se focalisent sur les aspects de problème et de solution dans toute couverture, avec une attention particulière portée aux questions de sécurité».
La diversité des profils migratoires présents sur le territoire marocain reste également peu représentée. L’étude observe une quasi-absence de la parole des femmes migrantes ou des groupes vulnérables dans les contenus médiatiques analysés : «La présence des femmes migrantes et des groupes vulnérables dans la couverture médiatique est quasiment inexistante.» Par ailleurs, les migrants eux-mêmes apparaissent rarement comme sources directes d'information, la presse privilégiant les déclarations d’acteurs institutionnels, officiels ou de représentants des forces de l’ordre.
En termes de discours, le rapport note l’existence de représentations stéréotypées et de généralisations : «Certains articles perpétuent des discours discriminatoires, en associant systématiquement les migrants subsahariens à des phénomènes irréguliers ou à des problématiques de sécurité.» Le RMJM précise que ces biais sont plus présents dans la presse numérique que dans la presse papier.
Cette étude du RMJM intervient dans un contexte marqué par une présence croissante des migrants étrangers au Maroc, qui ne sont plus uniquement de passage, mais désormais installés dans plusieurs grandes villes du Royaume. Pourtant, leur visibilité médiatique reste limitée, notamment en dehors des actualités liées aux faits divers, à la régularisation administrative ou aux questions de sécurité.
Parallèlement à cette étude, le RMJM a publié un communiqué attirant l’attention sur un autre phénomène : la diffusion croissante, ces dernières semaines, de discours à caractère négrophobe sur les réseaux sociaux. Selon le Réseau, «cette campagne, orchestrée depuis des pages Facebook et X, vise à alimenter les tensions entre la population locale et les personnes étrangères de couleur noire présentes sur le sol marocain.»
Le RMJM explique que ces discours, souvent viraux, importeraient des concepts du discours raciste occidental comme le «grand remplacement», «l’invasion démographique» ou encore la «colonisation africaine». Le Réseau précise que «ce narratif artificiel, construit essentiellement sur les réseaux sociaux par des groupuscules minoritaires, vise à calquer dans le débat public au Maroc des conceptions racistes dominantes aujourd’hui en Europe et aux États-Unis».
Dans ce double contexte – traitement médiatique essentiellement factuel et montée de discours de rejet sur les réseaux sociaux –, le RMJM appelle l’ensemble des acteurs médiatiques à une prise de conscience professionnelle et déontologique. Le Réseau invite les journalistes et les rédactions à faire preuve de responsabilité éthique dans le traitement des questions migratoires et d’asile, à donner la parole aux personnes migrantes, dans leur diversité, et à respecter leur dignité ainsi que leur droit à l’image. Le Réseau recommande aussi de ne pas reprendre, sans distance critique, les discours véhiculant des amalgames, des raccourcis ou des stéréotypes, et d’assurer un travail de terrain, en croisant les sources, pour dépasser les fausses informations et les discours sensationnalistes.
Le RMJM interpelle aussi les médias audiovisuels publics : compte tenu de leur large couverture et de leurs ressources, ces derniers sont invités à «couvrir les questions migratoires de manière régulière, indépendante et informée», et à «ouvrir des débats publics sur ces sujets essentiels au vivre-ensemble».
Enfin, les régulateurs du secteur médiatique sont appelés à renforcer la vigilance face aux dérives constatées : «Assurer une vigilance accrue, dans le respect de la liberté de la presse, face à la propagation massive du discours de haine sur les réseaux sociaux et leur présence sur les différents médias au Maroc», écrit le Réseau dans son communiqué. Le Conseil national de la presse est également invité à jouer un rôle renforcé dans la formation des journalistes sur ces thématiques.
Pour le RMJM, l’enjeu est clair : au Maroc comme ailleurs, les médias ont la responsabilité d’informer avec rigueur, de contribuer à la cohésion sociale et de mettre en lumière la diversité des parcours migratoires. En publiant cette étude, le Réseau souligne que son objectif n’est pas simplement de dresser un constat, mais de proposer un outil de plaidoyer et de sensibilisation à destination des professionnels des médias, des chercheurs, de la société civile et du grand public.
À travers cet appel, le RMJM souhaite encourager un traitement médiatique des migrations étrangères plus équilibré, plus représentatif des réalités humaines et plus conforme aux principes déontologiques du métier.
