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Les opticiens en crise, le syndicat exige une action rapide pour redresser la situation

Le secteur de l’optique au Maroc est plongé dans une situation critique, marquée par un manque de régulation, une formation professionnelle défaillante et des pratiques commerciales illégales. Face à ces défis, le Syndicat national professionnel des opticiens du Maroc appelle à une intervention urgente pour créer l’Ordre des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle et sauver le secteur.

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Fragilisé par des dysfonctionnements persistants depuis des années, le secteur de l’optique au Maroc peine à se structurer. Une situation qui a poussé le Syndicat national professionnel des opticiens du Maroc à appeler à une mobilisation rapide pour remettre de l’ordre dans la profession et la protéger la profession.

>> Lire aussi : Les opticiens se mobilisent contre l’anarchie qui règne dans le secteur

«C’est triste de voir un métier aussi important pour la santé visuelle des Marocains sombrer dans un tel désordre. Nous parlons ici d’un domaine qui touche directement la santé de nos citoyens, et pourtant, il est laissé à l’abandon. Une intervention rapide des autorités est indispensable afin de redonner à la profession sa dignité et de garantir des services de qualité», déclare au journal «Le Matin» Mina Ahkim, présidente du Syndicat national professionnel des opticiens du Maroc.

Activation immédiate de la Loi 45.13, une urgence

La principale revendication du syndicat est l’activation immédiate de la Loi 45.13, promulguée en 2019, pour créer l’Ordre des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle. Ce cadre réglementaire, attendu depuis six ans, est jugé essentiel pour remettre de l’ordre dans un secteur en proie à des dysfonctionnements graves et protéger la santé visuelle des citoyens.

Selon le syndicat, la création de cet Ordre permettrait de lutter efficacement contre les intrus qui exercent illégalement la profession, de contrôler rigoureusement la délivrance des diplômes et de garantir une intégration complète des opticiens dans le système de santé marocain. «Ce retard dans l’application de la loi reflète un manque de considération pour un métier qui joue un rôle vital dans la santé publique. C’est navrant de voir que cette profession laissée à l’abandon. Il est temps d’activer la création de l’Ordre des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle pour rétablir la confiance et l’ordre dans ce secteur», déplore Mina Ahkim.

Une formation professionnelle dans le chaos

Le syndicat tire également la sonnette d’alarme sur la prolifération des écoles privées non accréditées, qui délivrent de faux diplômes et contribuent à un désordre généralisé. Certaines régions enregistrent une concentration excessive d’établissements, créant une saturation du marché et compromettant la qualité de la formation. La Loi 00.13, qui régit la formation professionnelle privée, est jugée inadaptée par le syndicat, qui réclame une révision pour mieux encadrer l’ouverture des établissements et assurer une répartition équitable sur le territoire.

Publicité illégale et pratiques déloyales

En parallèle, le syndicat dénonce la prolifération de publicités illégales pour des dispositifs médicaux tels que les montures et verres optiques, en violation de la Loi 84-12. Ces pratiques, souvent observées sur les réseaux sociaux, exposent les citoyens à des produits non conformes et aggravent la concurrence déloyale. Les professionnels de l’optique doivent également faire face à une détérioration de leurs conditions économiques, aggravée par des charges financières croissantes et un manque de soutien institutionnel. De nombreux opticiens se retrouvent au bord de la faillite, fragilisés par le chaos qui règne dans le secteur.

Mina Ahkim, présidente du Syndicat national professionnel des opticiens du Maroc : Si la situation ne change pas, nous allons intensifier nos actions

Quels sont les principaux problèmes liés à la formation professionnelle dans le domaine de l’optique et comment le ministère de l’Inclusion économique, des petites entreprises, de l’emploi et des compétences peut-il y remédier ?

Les opticiens en crise, le syndicat exige une action rapide pour redresser la situation



Nous attribuons, en effet, une grande part de responsabilité au ministère de l’Inclusion économique, des petites entreprises, de l’emploi et des compétences, qui est censé encadrer le secteur de la formation professionnelle. Malheureusement, le ministère reste silencieux face au chaos qui règne dans l’octroi des agréments aux établissements de formation dans notre domaine, un secteur qui touche directement à la santé des Marocains.

Le problème majeur réside dans la prolifération des diplômes falsifiés délivrés par certaines écoles privées, accréditées ou non. Ce phénomène prend des proportions inquiétantes. Plusieurs réseaux impliqués dans ces pratiques ont été démantelés, et des décisions judiciaires ont été rendues contre certains responsables. Pourtant, aucune mesure concrète n’a été prise pour éradiquer ce fléau.

En tant que syndicat, nous faisons tout notre possible pour dénoncer ces abus, mais nos moyens sont limités. Nous avons adressé de nombreuses lettres de revendications au ministère, sans jamais obtenir de réponse. Le manque de contrôle sur les établissements, qui pour beaucoup enfreignent la loi en vigueur, constitue une faille majeure.

Aujourd’hui, l’État doit impérativement agir, car la situation est devenue inadmissible. Si rien n’est fait pour encadrer efficacement la formation et stopper ces pratiques, c’est non seulement la profession qui est en danger, mais aussi la santé visuelle des Marocains.

Quelles sont, selon vous, les mesures prioritaires pour redresser le secteur de l’optique au Maroc ?

La priorité absolue est l’activation de la Loi 45.13 et la création de l’Ordre des professions pour encadrer et réguler efficacement la profession. Il faut également renforcer le contrôle des établissements de formation, réviser la Loi 00.13 pour éviter les agréments aléatoires et lutter fermement contre les diplômes falsifiés. Enfin, des mesures claires doivent être mises en place pour encadrer les pratiques commerciales et publicitaires illégales. Ces actions sont indispensables pour protéger la profession et garantir une santé visuelle de qualité.

Quelles actions le syndicat envisage-t-il si la situation du secteur ne s’améliore pas ?

Si la situation reste inchangée, nous n’aurons pas d’autre choix que d’intensifier nos actions. Cela inclut l’organisation de sit-in et de manifestations pour faire entendre nos revendications et attirer l’attention des autorités sur l’urgence de la crise. Nous continuerons également à dénoncer les dérives qui mettent en péril la profession et la santé visuelle des Marocains. Il est temps que l’État agisse pour sauver ce secteur vital.

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