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L’Italie recrute des conducteurs marocains : un accord ouvre les portes de l’emploi légal en Europe

Alors que l’Europe fait face à une pénurie aiguë de chauffeurs professionnels, l’Italie franchit un cap en activant un accord bilatéral avec le Maroc qui reconnaît mutuellement les permis de conduire. Ce dispositif, entré en vigueur le 3 juin 2025, ouvre des perspectives inédites aux conducteurs marocains souhaitant travailler légalement en Europe, sans passer par des examens supplémentaires après leur installation.

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Cette avancée intervient dans un contexte critique : le secteur du transport italien est durement touché par une vague de départs à la retraite et par la désaffection des jeunes pour des métiers jugés éprouvants et peu attractifs financièrement. Selon les chiffres de la Confédération italienne des transports (Confartigianato Trasporti), plus de 20.000 chauffeurs de poids lourds manquent à l’appel, notamment pour les livraisons interurbaines et portuaires.

Côté marocain, cet accord s’inscrit dans une stratégie de valorisation des compétences nationales à l’international et de lutte contre le chômage des jeunes, en misant sur une migration professionnelle, légale et encadrée. Il a été accueilli favorablement par les institutions nationales, notamment l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC), qui pilote le projet sur les plans technique et logistique.

Début juillet, une rencontre technique organisée à Casablanca a réuni institutions marocaines et italiennes, ainsi que des représentants de l’Union européenne. L’objectif : harmoniser les programmes de formation marocains avec les standards européens pour faciliter l’intégration des conducteurs sur le marché du travail continental. Les participants ont souligné que cet alignement bénéficierait non seulement à l’insertion des travailleurs à l’étranger, mais aussi à l’amélioration des normes de sécurité routière au Maroc.

Pour de nombreux jeunes marocains, cet accord représente une véritable bouffée d’oxygène. Saïd M., trentenaire originaire de Casablanca, titulaire d’un permis de type C+E, témoigne : « J’ai suivi une formation dans un centre agréé, mais ici au Maroc, les opportunités sont limitées. Cette ouverture vers l’Italie, dans un cadre légal, me permet enfin d’envisager une carrière stable, sans prendre de risques. » Même constat du côté des centres de formation. Aziz Mouni, responsable d’un institut de formation des conducteurs à Casablanca, observe une forte hausse de la demande : « Depuis le début de l’année 2025, nous avons enregistré une augmentation de 40 % des inscriptions. Les jeunes s’informent massivement sur les conditions de travail en Italie et en Allemagne. »

Concrètement, l’accord permet aux nouveaux résidents marocains ou italiens d’utiliser leur permis d’origine pendant une période déterminée, avec possibilité d’échange contre un permis local sans passer d’examen théorique ou pratique. Ce dispositif réduit considérablement les démarches administratives, les coûts et les délais pour les candidats à la mobilité professionnelle. Au-delà de cet aspect, l’accord s’inscrit dans un projet plus vaste de convergence entre les systèmes de formation du Maroc et de l’Union européenne, afin de hisser les compétences marocaines aux standards internationaux.

Pour l’Italie, l’enjeu est aussi stratégique : il s’agit d’éviter une crise logistique majeure en injectant de nouvelles compétences dans un secteur vital pour l’économie, tout en tirant profit du dynamisme et du professionnalisme des travailleurs marocains.
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