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«Oulad Yzza» : les enseignants dénoncent un dénigrement de la profession, l'équipe de la sitcom se défend

La série ramadanesque « Oulad Yzza » crée la polémique en ce début de Ramadan. Les enseignants dénoncent un contenu qui porte atteinte à leur image et exigent des excuses de la part de l'équipe de la sitcom. Le réalisateur Brahim Chkiri rejette ces accusations et dit avoir confiance en la neutralité de la HACA. De son côté, le scénariste Amine Smai se dit « frustré ». 

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Le premier épisode de la série ramadanesque « Ouled Yzza » a provoqué la colère des enseignants. Le syndicat national de l’enseignement (SNE), affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), a adressé une lettre à la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) pour dénoncer ce contenu. Le syndicat exige des excuses officielles de la part de la chaine Al Aoula qui diffuse la sitcom.

Dans sa lettre, le SNE indique : « nous protestons vigoureusement contre l’image que la sitcom donne de l’enseignant et qui ne reflète pas la réalité ni du côté artistique ni au niveau du contenu. Par conséquent, nous vous demandons (HACA) de prendre les mesures qui s’imposent et d’obliger la chaine qui diffuse cette série de présenter des excuses officielles aux femmes et aux hommes de l’Éducation nationale ». D’autres syndicats comme la Fédération libre de l’éducation (FNE) et la Fédération nationale des fonctionnaires de l'enseignement (FNFE) ont également haussé le ton contre « Ouled Yzza ».

Que reprochent les enseignants à « Oulad Yzza » ?

Dans sa plainte, le SNE considère que « le premier épisode de cette série présente de façon dégradante l’enseignant, à grand renfort de stéréotypes contraires à l’éthique professionnelle en cherchant à le transformer en un sujet d’humour grossier au lieu de le présenter comme un exemple à suivre ». Joint par "Le Matin", Mohamed Chahine, chercheur en éducation et acteur syndical, souligne que : « la dévalorisation de l’enseignant dans les médias ne date pas d’hier et que les conséquences de ce phénomène sont lourdes ». Et de préciser que les images dégradantes du professeur restent gravées dans le cerveau de l’élève engendrant parfois un manque de respect envers lui dans la vie réelle. Notre interlocuteur met en garde contre ce type de pratiques et estime que toutes les parties prenantes, y compris les médias, doivent travailler main dans la main pour réussir la réforme du système de l’éducation.

Que répondent le scénariste et le réalisateur de la série ?

« Je rejette ces accusations et cette volonté de censure. C’est frustrant pour moi », déclare à « Le Matin » le scénariste Amine Smai. Ce dernier tient à clarifier que le personnage incarné par l’acteur marocain Abdelfattah Gharbaoui, ne représente pas l’enseignant mais plutôt un homme qui assure de simples cours d’alphabétisation. « Je ne comprends donc pas la réaction des enseignants », s’étonne le scénariste. Il convient de souligner que la maison de production Spectop a publié, ce 15 mars, un communiqué clarifiant ce point de vue au public. Le scénariste Smai ajoute également que la série « Ouled Yzza » relève de la comédie qui exige un scénario et une mise en scène particuliers. « Ceci dit, on pourrait bel et bien avoir un médecin, un infirmier ou même un policier à la place de l’enseignant », explique Amine Smai.

Le réalisateur et producteur marocain, Brahim Chkiri, réfute également les accusations des enseignants. « Franchement, je ne comprends pas ce qu'on reproche à la série. C'est de la comédie et c'est normal qu'il y ait de l'exagération », souligne-t-il. Ce qui se passe actuellement, ajoute-t-il, prouve que dans la société marocaine, nous n'avons pas encore développé ce type d'intelligence qui consiste à rire de soi. « En tout cas, je fais confiance à la HACA en tant qu'institution qui présente toutes les garanties d'impartialité, de neutralité et d'autorité morale pour réguler le secteur de la communication audiovisuelle, public et privé », note-t-il.

Il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois qu’on saisit la HACA pour un tel sujet. En 2021, l’Association nationale des jeunes avocats avait saisi la HACA en lui demandant d’arrêter la diffusion de la série humoristique «Ness Ness» diffusée pendant le mois de Ramadan sur la chaine Al Aoula. Les avocats avaient vivement protesté mais la HACA a considéré que le droit à la liberté de création « doit être garanti, tout particulièrement quand il s’agit d’œuvres de fiction ».
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